Daniel Latif, journaliste de formation, est un photographe originaire de Dijon. Ses influences multiculturelles lui ont forgé un goût pour l’aventure. Déambuler dans Paris pour capter des instants de vie du quotidien avec son appareil photo est quelque chose qu’il a fait depuis toujours.
Cela l’a amené à la rencontre des gens de son quartier, le 17ème arrondissement, et à les prendre en photo avec son BlackBerry au départ. D’ailleurs, il le dit lui-même, « la photographie de portait a réveillé en moi une sensation particulière, une madeleine de Proust qui me pousse à être reporter-photographe depuis mon enfance ».
Jusqu’au jour où il s’équipe d’un appareil professionnel, le Nikon : « Ça y est, c’est fini le BlackBerry ? » lui disent alors ses sujets coutumiers du quartier quand il souhaite faire un nouveau portrait avec son appareil qui ne le quitte plus. « Tout a réellement commencé avec le Nikon qui a radicalement changé mon approche de la photographie » témoigne-t-il. Cela lui a permis d’explorer de nouveaux champs et de repenser autrement l’art du portrait.
Comme Robert Capa ou Vivien Maier, il aime rendre visible l’invisible du quotidien des inconnus qui vivent dans une ville mais en couleurs !
Sa patte : une scénographie authentique qui saisit les modèles en un clic dans leur environnement naturel et ordinaire en jouant des contrastes chromatiques, des décors, des lumières qui s’offrent à lui « en situation ».
Sa règle : ne jamais trahir le réel en rendant compte de ce qu’il y a de meilleur chez les gens. Sa première série de portraits publiée sur Instagram rencontre tout de suite un vif succès. Sûrement parce que Daniel Latif aime les gens et que cela se ressent dans ses photos.
Ses portraits font ressortir quelque chose de réenchanté de l’ordinaire des personnes. Daniel Latif a un parti pris depuis le départ : quand il fait un portait, il refuse d’utiliser tout artifice. Il saisit l’inattendu, le champ aveugle d’un visage. A travers cette série, le photographe nous offre une biographie de la vie des habitants du 17ème .
Ces visages nous livrent les contrastes d’un quartier mais aussi l’existence habituelle de ses habitants. L’amour d’un artisan pour son métier, la joie d’une mère qui se rend au parc, le rituel du petit café d’un homme à la retraite, l’engagement associatif d’un habitant au sein de son quartier. Daniel Latif choisit ses sujets à « l’alchimie du moment », il flirte avec l’inattendu des gens anonymes. Il considère que chacun de nous porte en lui « quelque chose de beau », troublant, touchant qu’il peut dévoiler par son portait.
Son désir boulimique de voir, d’aller chercher cette vérité en chaque personne donne à ses portraits de femmes, d’enfants et d’hommes, une signature visuelle unique qui offre une palette sensible de visages authentiques. Il a un radar inné qui révèle chez les individus ce qu’ils ont de mieux en eux.
Pauline Escande Gauquié, sémiologue spécialiste de l’image,
Maitre de conférences à Sorbonne Université
Visite guidée de l’exposition et critique par Dr. Ry Pierce-Grove, PhD. Cand. en Communication à Columbia University
Exposition hors les murs, à voir au Square des Batignolles dans le 17ème arrondissement de Paris
Plus d’informations ici : Regards Urbains exposition Dan Latif
Une réflexion sur « Exposition « Regards Urbains » par Dan Latif au Square des Batignolles »