Compteur bleu : voyage intemporel autour de l’automobile déstructurée

C’est dans cet espace qui rappelle l’ambiance et inspire la vision d’un paysage lunaire que le visiteur avance à tâtons, suivant des fils guidant vers ces œuvres éparpillées de part et d’autre, à la façon d’une explosion suite à crash. 

Une invitation à explorer le lieu, où les pièces disséminées auraient pu provenir d’un vaisseau spatial, mais Pierlouis Clavel préfère parler d’ « instruments de musique, de mesure ». Cet étudiant aux Beaux-arts de Paris, nous convie le temps d’une performance pour son diplôme de troisième année à un voyage au bout de la ligne électrique.

À travers cette performance intitulée « Compteur bleu », l’artiste nous invite à la réflexion autour d’une énergie devenue « centrale » : l’électricité.

Notre regard est attiré par « Système 60 », « une capsule d’environnement musicale » présente Pierlouis Clavel. Il s’agit d’un micro espace dans lequel sont programmés des « changements d’états générés artificiellement par rapport au souffle, à la lumière et à la proximité du spectateur ».

Entièrement fabriquée à la main, majoritairement à partir d’éléments de récupération, cette boîte à musique, assemblée à la façon d’un Lego, renferme un synthétiseur analogique.

L’œuvre réagit ainsi en fonction des oscillations du courant, « ce qui génère une musique sans début et sans fin » de façon complètement autonome et « tant qu’il y aura de l’électricité » ironise l’artiste. 

« Presque un boulot de carrosserie »

Ensuite, il y a cette portière de BMW série 5 E34, avec son décrochage en pointe, qui incarne l’alliance de « ma pratique plastique avec ma pratique musicale. Et comme j’ai toujours voulu avoir une harpe, j’ai décidé de la construire moi-même » confie Pierlouis Clavel.

C’était presque un boulot de carrosserie, détaille Pierlouis Clavel : « j’ai dégarni les fausses moquettes et le faux simili cuir de la porte pour y glisser les cordes et les mécaniques ainsi qu’un micro ». Le résultat est des plus singuliers avec une harpe sur laquelle l’on peut jouer de la rythmique. 

Également connu sous le pseudonyme de A60, Pierlouis est un mélomane passionné autour de l’univers de l’automobile. Son rêve serait de « raccrocher cette portière à la voiture initiale, rouler à pleine vitesse avec la portière ouverte et voir si les vibrations du vent peuvent faire une harpe éolienne ».

De l’autre bout de la ligne, nous découvrons « Synchro Hz », une enceinte retournée. Une œuvre qui incarne le degré zéro du son de l’électricité et qui tente de répondre à cette ultime question : quel son fait l’électricité ?

Le visiteur est invité à participer à cette expérience en manipulant une manette permettant l’accélération ou ralentissement du flux d’électricité.  

Au fond, se trouve une loge façon pit stop avec deux tenues de pilote de course automobile, un casque. Bref, tout l’attirail emblématique que Pierlouis Clavel enfile pour mettre en musique sa passion pour l’univers du sport auto. Le personnage A60, une sorte de Stieg beaucoup plus judicieux, incarne une vitesse, une autoroute, le chiffre et la lettre. Une immersion dans une bulle où l’on peut écouter sur cette chaîne-hifi les différents titres composés par l’artiste mais surtout une allégorie de l’automobile avec le lecteur CD qui est déjà amené à disparaître.

Le son de l’électricité 

Enfin, il y a « Système A », qui est un « outil de composition et de diffusion particulier » avec son esthétique rétro-futuriste. Rappelant le ghetto-blaster, revisité de façon futuriste, cette pièce à la sonorité particulière émet un son très étouffé, comme en boîte de nuit. Car l’idée de « contenir les sons dans une capsule scellée que l’on peut transporter, recèle cette énergie dangereuse alliant l’électricité et la musique fascine Pierlouis Clavel. Cela pose la question de la dangerosité et l’origine de l’électricité ».

Une approche originale sur la façon dont on écoute le son mais surtout un point de vue qui rappelle ces voitures roulant la musique à fond dont les sonorités aiguës sont coupées. Et comme de nos jours la voiture n’émet presque aucun bruit, sauf une mélodie emblématique artificielle pour avertir les piétons. « J’aime beaucoup l’idée de choisir la sonorité d’une voiture, affirme Pierlouis Clavel. Être compositeur des sons du futur, et s’interroger sur pourquoi ce son-là plutôt qu’un autre ? ». 

Au-delà d’une approche paradoxale autour de la voiture, de l’électricité et a fortiori de la voiture électrique, Pierlouis Clavel avec sa déconstruction de l’automobile pose un regard philosophique et lucide sur le passage à l’électrique qui « ne sauvera pas le monde » mais s’engouffre dans ce qui sera probablement un des futurs enjeux de l’automobile.

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Mazda 2 : le retour aux sources

Qui aurait pu croire qu’avec un modèle d’entrée, compact l’on pouvait faire une voiture sophistiquée et agréable à conduire ? La recette est simple et voici comment le constructeur japonais l’a concrétisée à travers la nouvelle Mazda 2. Soignez le design extérieur, en renforçant la présence de l’auto avec des phares qui lui forgent un regard perçant. Ajoutez-y des lignes horizontales pour asseoir l’autorité de la caisse. A l’intérieur, conservez la sobriété en assurant un choix de coloris qui s’accorde selon les envies.

Et enfin, l’humain ! Ce dernier aspect est essentiel, et chez Mazda, cet esprit se conceptualise selon la philosophie « Jinba Ittaï », en d’autres termes : faire corps avec la voiture. Car chez Mazda, les ingénieurs se sont attachés au soin du conducteur notamment en respectant la position du corps lors de l’assise et en portant une attention particulière à la posture pendant la conduite.

Ainsi, les sièges ne se contentent pas que d’être enveloppés de cuir mais s’assurent d’un maintien du pelvis et de la colonne vertébrale selon sa courbe naturelle. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour les grands voyageurs et ceux qui se bousiller le dos au bureau, ça veut dire beaucoup !

Mais l’effort porté à l’attention des passagers est d’autant plus remarquable sur route, notamment les routes de Grèce où la chaussée est plus que redoutable, les chemins chaotiques. Pendant la conduite, l’on ressent que les suspensions ont été adaptées afin de ne pas brutaliser le corps et absorber les défauts de la route.

L’argument ultime qui portera le plaisir de conduite à son acmé reste tout simplement la boîte de vitesse mécanique et un moteur SkyActiv-G M Hybrid 1,5l 90 ch des plus réactifs. En effet, il n’y a rien de plus délectable que de passer soi-même les 6 rapports et de surcroît, tirer le frein à main comme avant !

Voilà comment une Mazda 2, une auto au gabarit assez petit, s’affranchit des préjugés et réussit à incarner l’image parfaite de ce que l’on pourrait qualifier de voiture européenne premium de référence.

Encore une des rares automobiles qui rentre dans les critères d’excellence au niveau d’esthétique puis de la conduite et qui respecte harmonieusement bien l’approche humaine. Plus qu’une recette qui marche, une voiture qui roule !

Daniel Latif

Le rituel de l’Aston Martin

« Un monstre t’attend », me répond Étienne lorsque je lui annonce mon approche de la gare de Lyon. Pris dans une torpeur, je me souvenais de cette Porsche GT3 RS et j’essayais d’imaginer à quoi pouvait ressembler le deus ex machina qui pouvait m’attendre. Perdu dans mes pensées, je tombais nez-à-nez avec une créature aux allures chimériques. Une gueule béante aussi inquiétante que la figure de Nemesis dans Resident Evil. Une silhouette élancée qui fait ressurgir des réminiscences de créatures fantasmagoriques où s’entremêlent un félin qui se tapit, prêt à l’attaque et des lignes agressives qui lui forgent un corps de requin-tigre, le tout sculpté à la façon d’une batmobile.

« Fais pas semblant de ne pas me voir » soupire Étienne. Non pas que je ne reconnaisse plus personne quand je vois une Aston, mais difficile de ne pas être perturbé devant tant d’ostentation. En effet, cette divinité anglaise se prénomme DBS et porte la mention « ASTON MARTIN », c’est écrit ainsi sur son coffre.

Comme d’habitude, l’ouverture de la porte se fait en poussant délicatement la targette, pour ensuite la tirer vers soi. Entrer dans cette Aston Martin DBS c’est plus qu’un rituel, c’est une gestuelle synchronisée que seuls quelques connaisseurs maîtrisent : on pivote sur ses pieds afin d’y poser le séant en premier, puis l’on ramène les jambes naturellement, sans oublier bien évidemment le léger sourire et surtout, en dépit de l’assise ultra basse et la première chute quelque peu acrobatique, de garder l’allure flegmatique. Car, il ne faut pas l’oublier — ce n’est pas une surprise — en si bonne compagnie, on vous observe !

Démarrage canon et accélération catapulte, la simple balade se transforme en ballade avec un orchestre cylindrique en V12 de 725 chevaux. Un moteur 5,2l twin turbo qui vous mènera inévitablement à la prochaine station essence. Mais à ce prix-là, il vaut mieux oublier car quand on aime, on ne compte pas.

Le franchissement de dos d’ânes se fait en deux temps, d’abord les roues avant qui abordent le ralentisseur en biais puis l’on redresse aussitôt pour ramener l’arrière train. Un déhanché envoûtant qui a le don de ne pas laisser indifférent les passants, y compris les plus grands danseurs de l’Opéra Garnier.

Alors comme à l’habitude, nous mettons le cap sur l’obélisque qui règne en bas des Champs-Élysées où différents siècles de notre histoire se font écho. Au cœur de cette place de la Concorde, où règne le chaos du trafic et l’omniprésence des travaux, nous remarquons ces petits détails, sous le capot, qui rendent cette dame anglaise des plus raffinées comme ce bouchon d’huile couleur or ou cette plaque sur le moteur où est gravé le nom de l’ingénieur Paul O’Brien qui vient par sa signature attester la qualité du « fait à la main en Angleterre ».

Mathilde est venue de Bourgogne pour les vacances et pour l’instant, la seule attraction qui captive son attention ce sont ces étriers de frein rouge siglés Aston Martin. « Ah ! C’est pas très classe » me lance cette étudiante en mode, qui me voit peiner à sortir de la DBS Superleggera. Je l’invite donc à prendre place à bord et de tenter une sortie plus charismatique. En vain, l’étudiante avoue être  « déstabilisée » dans cet univers sulfureux, foisonnant de « boutons et commandes », où l’on est « assis plus bas que la porte »

Emma et Louise, sont Alsaciennes et ont subitement délaissé leurs trottinettes pour venir approcher ce cabriolet grisant. « Félin ou requin ? », à la question philosophique où je ne parvenais pas à m’accorder avec Étienne, elles ont tranché, ça sera « la tête d’un félin et le corps d’un requin ». Ne perdant pas le nord, les demoiselles s’installent à bord de la majestueuse et appairent aussitôt leur téléphone via Bluetooth pour se laisser bercer le temps d’un coup de cœur musical dans une parenthèse impromptue au son de Grace Vanderwaal –  Ur so beautiful.

Les deux places étant loin de se libérer, j’essaie tant bien que mal de m’installer à l’arrière dans un recoin avec des sièges trompe l’œil parfaits pour les enfants ou punir un ami…

La pluie s’invite soudainement. Or, nous sommes toujours en train de disserter sur la forme du museau dessinée par les nervures sur le capot en contraste avec ces branchies latérales et l’aileron arrière qui parachèveront la représentation d’un requin tigre. Et les filles recapotent incognito pour une immersion totale avec les enceintes Bang & Olufsen. 
Il est l’heure de repartir mais nos belles amies ne sont pas du même avis. « C’est difficile d’en sortir » se lamentent les demoiselles, nous faisant les yeux doux. Emma et Louise seraient-elles sujettes à une soudaine flemme aux allures de mauvaise volonté ou auraient-elles donc peur d’effectuer cette contorsion théâtrale afin de s’extirper du cabriolet ?  Probablement les deux… C’est sûrement ça le rite de l’Aston Martin !

Daniel Latif
Photos : Étienne Rovillé /DL /DR

Frayeur andalouse

« Je ne sais pas où on va, mais on y va » s’inquiétait Alain dans ce van où régnait un silence insupportable. Étienne était scotché sur son téléphone, tandis que Ben s’était endormi. Les autres passagers étaient plongés dans une torpeur. Lobotomisés, figés, le regard vide, ils subissaient la conduite robotisée d’un chauffeur taciturne, complètement absorbé, roulant à tombeau ouvert sur cette autoroute sans fin en direction de nulle part.

Soudain, le van s’arrêta à cette station essence dans une zone désertique. Ils étaient loin de l’ambiance festive et de cette ritournelle « Vamos a la Playa » qu’ils avaient en tête lorsqu’ils voulurent fuir la sinistre rentrée en quête de profiter des derniers instants d’été sur une plage abandonnée.

Étienne, armé de son boîtier Canon emprunta un chemin étroit en vue de faire quelques photos à la façon d’un explorateur. Alain, toujours à la recherche du cliché parfait pour faire rager ses collègues le suivit. Ben, ne sachant que faire, emboîta également le pas sans grande conviction. Tous les trois progressaient, au gré des cheminements chaotiques, suivant leur intuition, persuadés qu’ils trouveraient un petit coin de paradis.

Après plusieurs minutes de marche, à plaisanter et refaire le monde, ils ont, sans même prêter attention à leur itinéraire, traversé un ponton, longé de nombreuses éoliennes et se sont engagés sur une route de montagne balisée d’un mystérieux fléchage jaune.

Arrivés au sommet de la montagne, leur seule gratification fut cette vue imprenable sur un paysage lunaire, où l’on devine des volcans dans le fond surplombant ce paysage rocheux et désertique qui s’étend tel une immense cuvette, avec ce chemin tortueux qui mène vers un point d’eau verdâtre — le genre de bassin où tu n’oserais pas te baigner sans une combinaison de protection radioactive. Alain envoie cette carte postale énigmatique signée d’un très laconique « Nevada ou Oklahoma ? » à son amie qui lui répond aussitôt : « paysage très glauque, Nevada plutôt, ou carrément terres au Turkménistan ». Et pourtant, ils voulaient juste profiter de la Playa à Malaga.

Le vent se lève, un immense nuage noir se dessine à l’horizon, le temps se couvre et l’orage gronde. Les trois amis ne savent ni où ils sont, ni où aller pour s’abriter. Un éclair les affole, ils courent en direction de cette cabane, tout est fermé. Mitoyen à cette petite maison, un poste de station électrique des plus lugubres et encore moins rassurant qui rappelle une scène du jeu vidéo Resident Evil. Un pick-up Mitsubishi L200 couleur Sun Flare orange est garé non loin, ouvert, alors les aventuriers y pénètrent histoire de laisser passer la bourrasque. Et voilà, comment ils prirent place sans le savoir à bord du tout nouveau Mitsubishi L200.

Nevada ou Oklahoma ? Non, on est bel et bien à Malaga

Les clients lui reprochaient quelque chose de « timide » alors le constructeur aux trois diamants a voulu lui redonner un caractère « plus masculin et plus fort ». Ainsi, et même s’il n’a pas pris 1 millimètre, le nouveau L200 garde la même signature stylistique mais voit son capot rehaussé. Qu’il roule sous la pluie, la neige ou à travers un nuage de poussière, impossible de ne pas le remarquer avec son nouvel éclairage LED à l’avant et à l’arrière. Désormais, il chausse des jantes plus grosses de 18 pouces et embarquant un nouveau moteur 2,2l diesel de 150 ch relié à une nouvelle boîte mécanique de 6 rapports. 

Voulant fermer la fenêtre, Alain appuya par réflexe sur le bouton start, et à la grande surprise générale le contact s’établit, le tableau de bord prit vie. « S’il y a le contact, ça veut dire qu’il y a les clés quelque part… », en effet, la clé intelligente se trouvait dans la boîte à gant. Ne cherchant pas à comprendre, il appaire son smartphone au système multimédia. Son téléphone sonne, c’est l’amie Pauline qui habite dans la région, il décroche : « T’es à Malaga ? 
— Presque !
— Mais t’es où, t’es à côté de quoi ?
— Si je savais ?! Attends, je t’envoie une photo…
— Hannn, qu’est-ce que tu fous là-bas ?! C’est une zone abandonnée, les mecs ont commencé un projet de construction de parc aquatique…
— Quels mecs ?
— Justement, on ne sait pas, ils ont disparu quand ils ont découvert que la zone était irradiée et ont tout laissé en plan ».

Un silence s’installe, les trois lurons font moins les malins et se regardent… Pauline reprend d’une voix sérieuse : « il y a eu une crise immobilière, il y règne un microclimat et les gens n’osent plus y aller à cause de cette légende urbaine andalouse…
— Comment ça ? 
— Tout le pueblo se demande encore pourquoi les enfants n’ont pas le droit de s’y aventurer…
— Pourtant, on y a trouvé un pick-up Mitsubishi L200, le tout nouveau !
— Je peux pas t’expliquer au téléphone mais faut pas rester là…

La radio s’allume, et un bulletin d’alerte prévient d’un changement brutal de climat. Greta avait peut-être raison ? Le message recommandait aux conducteurs la plus grande vigilance.

Ni une, ni deux… Ben prit le volant et démarra en trombe. Étonnamment, il était super à l’aise dans la conduite de l’imposant pick-up de 5,30m de longueur et 2m de large. Il s’était toutefois bien gardé d’expliquer que le L200 était équipé de pléthore d’aides à la conduite qui en facilitait sa prise en main, y compris dans des situations off-road. En effet, d’un tour de molette, l’on peut aisément passer de deux à quatre roues motrices. Enclenchant ainsi le mode 4H pour les routes accidentées et conditions dangereuses, il pouvait progresser ainsi jusqu’à plus de 170 km/h.

Après plusieurs kilomètres à errer, ils croisent le seul panneau dans ce paysage surréaliste : « zona de seguridad ». Mais à l’horizon, toujours rien, sauf des virages et des routes à perte de vue. « Heureusement que le GPS est là, s’enthousiasme Alain, enfin presque, pondère-t-il, nous sommes sur la “Route sans nom” ».

Étienne aperçoit un troupeau de brebis égarées, n’ayant peur de rien, il veut immortaliser cette scène mais ces dernières prennent la fuite à leur approche. La route devient de plus en plus étroite, Ben persiste à malmener ses coéquipiers dans sa conduite de vive allure, n’hésitant pas à écraser les freins renforcés car il est ralenti par les trous qui secouent les passagers — toujours pas malades : « Là, je suis en conduite rallye avec un pickup ». Le contexte est plus que bizarre. En effet, Ben, casquette Che Guevara vissée sur la tête, arrive à faire le commentaire de sa conduite pour rassurer ses amis agrippés aux poignées, tout en restant concentré sur sa performance. Il n’en demeure pas moins ébloui par la fiabilité à toute épreuve du Mitsubishi L200 et de son comportement routier : « elle encaisse grave !!! ». 

La montée est rude mais le L200 ne faiblit pas. Les voilà à une intersection. Il y a un panneau STOP — on se demande encore à quoi bon il peut servir… Le GPS se met enfin à causer : « Allez vers le Nord ». Le Nord, le nord… mais encore ?!

Enfin, ils finissent par franchir des grilles. L’odeur des champs d’oliviers bordant les routes est la confirmation qu’ils ont enfin retrouvé un peu de civilisation ou presque. Ils arrivent enfin au point de rendez-vous, devant l’hôtel la Bobadilla mais toujours personne en vue. « Chlack, boum », le bruit venait de l’arrière du pickup : « il est super chouette ce L200 les garçons ! ». C’était Pauline, qui n’a pas pu s’empêcher de grimper à l’arrière dans la benne. « Ben dis-donc, vous en faites une drôle de tête ?
— On a cru qu’on ne sortirait pas vivants de cette vallée de la mort.
— Mais que vous êtes sots, répliqua-t-elle pouffant de rire. T’étais dans les parages, alors je me suis dit, tant qu’à faire, ramène-voir ce nouveau Mitsu ».

Réalisant enfin qu’il n’y avait aucune légende urbaine, encore moins de projet abandonné dans une zone radioactive et que tout ceci n’était que du « pipeau laser », les trois garçons restèrent sans voix. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’y a pas que les montagnards, exploitants agricoles et artisans en construction pour s’amouracher de ce pickup iconique pour sa robustesse et sa résistance notoire.
« Bon allez, on y va à la Playa ? » lança-t-elle dans son entrain.

Quelle coquine cette Pauline !

Daniel Latif
Photos : Étienne Rovillé / DL /DR

Mazda MX-5 « 30e anniversaire » : que du lourd, rien de relou

« Quelle est ta préférée ? » me lança soudainement Lola, émue par ce défilé incessant de superbes cars et autres grosses cylindrées. Démonstration de force ou bisous sur les muscles, difficile de faire un choix… Puis, au milieu de cette parade, tout en me tendant le spray de crème solaire, arrive une trentaine de Mazda MX-5 : « voilà ma favorite ! » lui assuré-je.

De toutes les sulfureuses présentes sur le circuit de Zandvoort, Lola peinait à croire que mon cœur ne balançait pas pour ces Porsche GT3 RS, BMW March M1 ou encore cette Audi R8 Safety Car qu’elle ne cessait d’admirer. Qui aurait cru qu’un simple petit roadster, équipé d’un moteur 2.0L de 184 ch puisse déclencher depuis 1989 une passion chez les puristes de l’automobile ?

Et pour fêter ses 30 ans, et plus d’un million d’unités produites à travers le monde, Mazda a sorti une édition MX-5 spéciale « 30th anniversary » limitée à 3 000 exemplaires. Reconnaissable par son badge latéral et numéroté, mais surtout par sa couleur « Racing Orange » qui a le mérite de créer le débat. Au choix sur la palette colorimétrique, certains s’irritent d’y voir la teinte de « l’opérateur de télécommunication qui en a volé le nom », le coloris « des supermarchés Migros », l’enseigne « Point.P » pour ce Monsieur adepte du bricolage, tandis que cet aficionado du cabriolet la trouve « bourrée de vitamines » ou pour les plus enthousiastes, dont je fais partie : « Orange Lamborghini ».

La réussite et la longévité de ce que les intimes surnomment affectueusement la « Miata » serait le fruit d’une collaboration entre un « journaliste automobile et les ingénieurs de chez Mazda en vue d’élaborer le roadster prodigue » confesse Philippe Geffroy, Président de Mazda France, qui nous expose la recette du cahier des charges : « un design attractif, un poids contenu et une propulsion avec un moteur en position centrale à l’avant ».

Le résultat sur route est plus que bluffant et rend la voiture très agile, ce qui lui permet de tenir remarquablement bien l’allure dans les virages. Assis bas, très bas, on se prend au jeu de retrouver le fameux plaisir de conduire et de passer les rapports avec cette adorable, mais non moins précise et onctueuse, boîte de vitesse 6 rapports.

Lorsque vous pénétrez à bord de la Mazda MX-5, édition 30ème anniversaire, vous avez cette sensation de vous lover dans une voiture où règne le cuir et l’alcantara avec cette touche discrète des surpiqûres s’étendant le long des portes puis le volant en passant par le levier de vitesses — poussant le souci du détail jusqu’à customiser les étriers de freins à disque Brembo en orange également. Toute cette architecture optimisée, pour le plaisir de conduire, répond à un état d’esprit propre au constructeur japonnais : « jinba ittai », autrement dit : la volonté de faire corps avec la voiture.

Elle a ce côté qui rappelle un bolide de course, mais ici, ce serait un jouet qu’on n’aurait pas envie de mettre sur un circuit. Un cabriolet donnant l’envie de s’échapper, partir en road-trip à travers ces villages et montagnes sur la route des Grandes Alpes. Voir les paysages défiler, s’arrêter puis observer ce troupeau de moutons et prendre le temps de s’émerveiller devant les pâturages. Se plonger dans les Rêveries du conducteur solitaire à bord d’une Mazda MX-5 et en croiser cette dame à bord d’une MX-5 de génération précédente, qui ne manquera pas de vous saluer spontanément. À La recherche de ce truc perdu, ce petit signe de reconnaissance qui vous fait ressentir plus que de la chaleur humaine : l’esprit de famille. Voilà de quoi très certainement inspirer Claude Lelouch dans le tournage d’un prochain long métrage, qui sait ?

Partir à montagne ou la mer, peu importe, pourvu que l’on décapote. Insouciants, cheveux aux vents, avec le bon son des neuf enceintes Bose — y compris dans les oreilles grâce aux haut-parleurs intégrés dans les appuis-tête. Tout cela, évidemment, sans oublier de se protéger… au risque de cramer et devenir orange comme la bagnole !

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Carte postale automobile

Je reçois ce sms mystérieux d’Étienne : « possible que je fasse une session photo Paris by night » . Le rendez-vous est pris place de la Concorde.

C’est le moment crépusculaire, Étienne, appareil photo en main, est déjà en train d’immortaliser la Porsche GT3 RS dans cette place aménagée exclusivement pour les automobilistes. « On ne sait pas faire des places à Paris, il n’y a plus cette place où l’on se rencontre » regrette Alex, ce natif parisien en pleine déambulation. En effet, il reste très difficile pour les passants de saisir et apprécier cette place où l’on a vue à la fois sur l’Assemblée nationale, la tour Eiffel, l’ambassade des États-Unis d’Amérique, l’Automobile Club de France, l’église de la Madeleine, le jardin des Tuileries et trois immenses bâches publicitaires pour le dernier téléphone Samsung Galaxy.

Trois étudiants en école d’ingénieur aéronautique, en train d’admirer chaque angle de la sulfureuse, dissertant sur les mécaniques de la GT3 RS ont fini par s’interroger pour savoir si le prix des trois immenses pancartes publicitaires qui brisent l’harmonie de ce beau Paris la nuit pouvait couvrir les frais d’acquisition d’une telle supercar.

Le soir, le charme opère dans la capitale. La circulation est fluide, on reprend plaisir à se déplacer à travers la ville.

ILS N’ONT D’YEUX QUE POUR ELLE…

Qu’ils soient parisiens, policiers, de passage, passionnés, touristes et même experts, comme ce pilote qui travaille pour le constructeur allemand… ils n’ont d’yeux que pour elle ! Mais ce sont essentiellement des femmes, qui veulent absolument avoir leur photo aux côté de ce bijou automobile.

Tous, on fait le détour et pris le temps de venir l’admirer, l’approcher, discuter puis saisir cette carte postale automobile d’une Porsche GT3 RS dans Paris, la nuit.

Nous prenons la direction de la rue Mouffetard. Tous les commerces sont fermés, les quelques lanternes éclairent les poubelles disséminées ça et là devant les rideaux de fer. Bercé par la généreuse mélodie du 6 cylindres de 520 chevaux qui résonne sur les pavés et façades extérieures. Il est minuit passé, l’heure est à la flânerie pour ces couples qui défilent dans ce  cadre singulier qui rappelle l’ambiance ténébreuse du jeu vidéo Batman returns sur Super Nintendo. Soudain, surgit à l’angle de la rue de l’Arbalète cette femme tout droit sortie d’un Cosplay habillée en Harley Quinn, qui, scotchée au téléphone s’interrompt et lance : « attends, je te laisse, il y a une voiture… euh, je te rappelle ! ».

harley quinn

Aussitôt elle enchaîne : « Oh hé, salut bébé ! ». La glace est aussitôt brisée. Puis, cette étudiante à la Sorbonne nouvelle soulève sans le savoir une question certes anodine mais non moins philosophique : « M&M’s ou Wasabi ? ». Nous consultons le regard professionnel du photographe, la réponse fuse : « wasabi ! ».

Le débat est lancé, les passants sondés et les réponses ont de quoi déconcerter : « Tortue Ninja, mojito, guacamole ou pomme granny »
Et voilà comment une créature à l’aileron notoire a, l’espace d’une nuitée, intrigué, rapproché les gens, amusé et surtout fédéré les couples dans une vision surréaliste de l’amour qu’ils auront immortalisé à la façon d’une carte postale où l’élément central n’est ni une place, ni un monument mais ni plus ni moins qu’une automobile. Maintenant place à l’amour.

Daniel Latif
Photos : Étienne Rovillé /DL /DR

Grand Prix de F1 : Roulez jeunesse !

Il régnait une certaine effervescence dans la région de Bandol ce mercredi 19 juin. Les voitures s’amassent et peinent à progresser en raison des travaux. Toutes se dirigent vers le stade Deferrari où va se dérouler un match caritatif pour l’association Jules Bianchi. Ce soir-là, le casting des joueurs annonce un match assez surréaliste : Charles Leclerc, Pierre Gasly, Daniel Elena, Dorian Boccolacci, Fabien Barthes, Daniel Ricciardo et Tex. L’on s’enthousiasme même que Youri Djorkaeff sera de la partie. « Il ne manque plus que Zizou » s’amuse un spectateur dans les tribunes. Même si Zinedine Zidane « est du coin », la rencontre se fera sans la légende française du football. Quant à Djorkaeff, il aura tout simplement fait faux bond, laissant Barthes, qui à cette occasion semble beaucoup plus à l’aise sur le terrain que dans les cages.

L’association Jules Bianchi a pour but d’honorer la mémoire du jeune pilote de Formule 1 et « d’apporter tout le soutien nécessaire aux personnes qui ont vu basculer leur vie et dont le moral est essentiel pour garder l’espoir ».

Photo : Guillaume Nedelec

C’est donc dans le bel esprit et la nostalgie que les équipes se sont réunies autour du ballon. Un véritable match de 90 min où Jean-Jacques Gasly, le père du jeune pilote F1 Red Bull, raconte comment son fils a été bouleversé par la disparition de son ami qu’il garde toujours auprès de son cœur. En témoigne l’inscription sur son casque « JB17» preuve que Jules est toujours dans sa mémoire. « De vraies valeurs, une filiation et un état d’esprit qui a poussé Pierre a faire ce match de foot » raconte le père admiratif de l’ascension de son fils qui a décroché son premier contrat à 11 ans.

Pascale Gasly, sa mère, confesse avoir été « au début terrorisée par la notion de risque qui existe toujours », puis « on s’y habitue, quand on voit un enfant qui a autant d’énergie et de volonté, on ne peut pas le décevoir. Il faut accepter qu’il vive de sa passion » relativise-t-elle.

Pierre a fait son premier tour de kart à 6 ans, « à l’époque, il ne voulait pas s’arrêter » rigole encore son père. Il se souvient lorsque Pierre avait neuf ans : « on lui a offert son premier kart. C’était un Honda, équipé d’un moteur de tondeuse à gazon, 4 temps, extrêmement fiable ». Le petit Pierre voulait faire du hockey sur glace, puis a fait du foot jusqu’à neuf ans mais il préfère le karting. Alors, il demande « quelles sont les études à faire pour être pilote de F1 ? ». La réponse du père fuse : « des études ! ». Et il le réaffirme encore aujourd’hui : « chez nous, les études ça compte ! ». La maman est tout aussi exigeante : « tu dois être le premier de la classe », une condition pour pouvoir s’adonner librement à ses passions.

Son passé de footballeur, explique certainement les bonnes conditions physiques de Pierre Gasly qui n’a rien lâché pendant le match. Ce qui n’a pas rassuré son coach Pyry Salmela, préparateur physique et mental, qui craignait une blessure avant le début du Grand Prix de Formule 1 au Castellet.

Deux jours plus tard, toujours dans la région de Bandol, plus précisément aux alentours de la plaine du camps sur le chemin du circuit Paul-Ricard au Castellet, le ballet des hélicoptères, la présence des gendarmes à tous les carrefours, leurs fourgons garés sur les rond-points, les nombreux agents de sécurité au gilet jaune multi poches et lunettes de soleil, planqués dans les chemins de forêt, foison d’autres véhicules de la gendarmerie et Bac alignés ça et là dans le circuit ou encore cette moto de la Police nationale garée dans la zone média prouvent bien qu’il règne un parfum de tension.

« Même si l’entrée du circuit est embouteillée, ce n’est rien comparé à l’année précédente » explique David, un reporter espagnol. « Un plan a été élaboré sur les axes routiers autour du circuit puis implémenté dans Waze avec la collaboration de quatre de leurs ingénieurs présents dans le centre d’opération et de décision, détaille Pierre Guyonnet-Duperat, responsable média et communication pour le Grand Prix de France. Un travail en amont afin d’éviter la catastrophe connue l’année passée. Ces derniers œuvrent avec l’ensemble des services de gendarmerie, police et secours pour assurer la mobilité ainsi que la fluidité du trafic routier. »

De gros moyens déployés, mais aussi la présence et le soutien de personnalités, comme Christian Estrosi et de nombreux acteurs du monde de l’automobile qui ont permis le financement du budget de ce deuxième Grand Prix. Car les retombées économiques pour la région, les commerces ou encore les fans de sport automobile ne sont pas des moindres.

Les efforts mis en œuvre ne s’arrêtent pas là. Des initiatives singulières ont été mises en place pour « rendre la Formule 1 accessible pour tous et lui redonner ce côté populaire ». Car « on n’avait pas de sorties à l’école pour aller voir la F1 » jalouse secrètement ce passionné s’exclamant devant un groupe scolaire. Ces jeunes primaires, collégiens et quelques lycéens ont eu la chance de pouvoir vivre le temps d’une journée « une immersion dans le monde de la Formule 1, ses métiers, les coulisses avec une visite en bus impérial du circuit. De quoi donner un vent de fraîcheur aux paddocks » se félicite Pierre Guyonnet-Duperat.

Et c’est au milieu de ce paysage hors du temps, à l’atmosphère typique French Riviera, que les spectateurs prennent place dans les tribunes. F1, F2, F3, Clio Cup, la piste ne s’arrête jamais et il y en a pour tous les goûts. Pierlouis Clavel, étudiant aux Beaux-arts de Paris, a fait le déplacement pour suivre le Grand Prix. Observateur attentif, au-delà de la compétition, il en décortique toute la poétique de la course ainsi : « le goudron noir transpire et tente de déformer les lignes colorées qui courent si vite, tanguent si bien et filent tout le long d’un paysage digne d’une aquarelle de chaleur et d’odeur sur fond sombre. Le tout rythmé au son qui strie et s’échappe dans les houles chaudes ».

Pendant ce temps, en salle de presse, les journalistes retiennent leur souffle. Les yeux rivés sur la piste, les écrans télé. Les plus spécialistes, comme Jean-Louis Moncet, journaliste sportif spécialisé dans le sport automobile, se focalisent sur leur tablette affichant les chronos. La course vient seulement de commencer et ça souffle déjà.

« Ah joli, c’est presque un record » commente le célèbre présentateur de la Formule 1 sur TF1, Canal + et Auto Plus. Ce n’est pas à son premier Grand Prix et pourtant, il garde toujours cet émerveillement et peine à dissimuler son admiration lorsque l’équipe Red Bull parvient à changer les pneus de Pierre Gasly en 2,1 secondes. Puis, il reste sidéré devant les performances chrono de Lewis Hamilton à bord de sa Mercedes : « Mais, va-t-il s’arrêter de battre le meilleur tour en course ? C’est incroyable, il veut leur casser la tête !? » martèle Jean-Louis Moncet, les yeux rivés sur les écrans, tout en inscrivant les timings sur son carnet.

« Quand tu vois les performances et la maîtrise de Hamilton, tu ne peux que constater que c’est le meilleur » reconnaît Guillaume Nedelec, spécialiste F1 pour Ouest France. Las de constater que c’est toujours le même qui gagne, il regrette une politique hygiéniste qui tend vers l’aseptisation de ce sport. S’attaquant aux sanctions et pénalités en course, il reste convaincu qu’en dépit des décisions risquées que prennent les pilotes, ces dernières ne risquent pas la vie des autres : « on oublie que sur un circuit, ce n’est pas la route. En voulant évacuer le danger au maximum, alors qu’à 300 km/h il est nécessairement présent, l’on tend à rendre les courses plus fastidieuses ».

Un point de vue que nombre de spécialistes et journalistes partagent. Car, si cette course a pu être « probablement ennuyeuse, il ne s’agit là que d’un épisode sur 21 » philosophe Jean-Louis Moncet. 

Daniel Latif

Zandvoort vibre au rythme de la Verstappenmania

Il y a quelque chose de fascinant en Hollande. Ici l’on se veut écolo et l’on est fier de rouler à vélo à travers ces routes fleuries de belles plantes. Et pourtant, il suffit d’une compétition de sport automobile sponsorisée par Jumbo — l’équivalent des magasins U en France — pour que les habitants de ce petit pays s’aliènent et enfilent ce sweat-shirt bleu foncé floqué Mobil1, Red Bull avec la casquette qui va avec. Avec une fréquentation de plus de 100 000 personnes dont plus de la moitié se sont habillés comme les ingénieurs de l’écurie au taureau rouge. Tous, petits et grands, ont enfilé le costume à l’effigie du numéro 33, leur héros national : super Max Verstappen.

Même le Président de la Fédération internationale de l’Automobile (FIA), Jean Todt, invité d’honneur de la Coupe du monde de voitures de tourisme (WTCR) reconnaît être fasciné « de voir autant de personnes sur le circuit historique habillées aux couleurs de Red Bull ».


Le paradoxe ne s’arrête pas en si bon chemin. En effet, il s’étend encore plus lorsque l’on prend conscience que le circuit historique de Zandvoort se situe en plein milieu des dunes face au bord de la plage.

Cette course des Pays-Bas, c’est l’événement à ne pas rater et les hollandais ont, pour l’occasion, pris un jour de congé. Les tribunes sont pleines à craquer y compris les dunes environnantes qui foisonnent de spectateurs. Car, les places sont loin d’être bradées : 75 euros pour bénéficier d’un siège dans les gradins. Certains ont bénéficié d’une petite réduction parce qu’ils ont fait leurs courses chez Jumbo. Un engouement des plus « religieux » corrobore un confrère belge.

L’espace d’un instant, le patriotisme, la raison néerlandaise s’est éteinte au profit des pétarade moteurs, plaisir animal, difficilement explicable et de la frénésie mécanique.

Un engouement qui ne touche pas que les hommes. En effet, les femmes ont pu rouler des mécaniques lors d’une course qui leur est dédiée : la Ladies GT race. Ainsi, des néerlandaises de tous niveaux et horizons, dont quelques grands noms du paysages audiovisuel hollandais comme la présentatrice Eva Koreman, la réalisatrice et Miss Univers Kim Kötter, la championne olympique de patinage de vitesse Antoinette de Jong ou la Miss Nederland Jessie Jazz Vuijk, pour les plus célèbres, ont pu s’affronter dans une course de ventes dames à bord de Citroën C1, Toyota Aygo, Peugeot 107.

Leur récompense était de taille car elles ont été honorées par la présence des comparses Pierre Gasly et Max Verstappen, venus remettre les trophées et amuser la galerie entre deux courses avec leur Formule 1 Aston Martin Red Bull motorisée Honda… reconnaissable par cette musique si particulière que l’on compare à un « miaulement ».

Honda Motor, constructeur indépendant, est toujours le premier constructeur mondial de moteurs avec 23 millions d’unités vendues à travers le monde, avec l’auto, la moto, la motomarine, l’avion (Jet Honda), les produits d’équipement pour jardins…

Le motoriste japonais s’est engagé depuis plusieurs années dans ce championnat du monde de voitures de tourisme pour s’en servir également d’image tout en sachant que les courses sont très accessibles pour un large public.

Des performances remarquables grâce au pilote argentin Esteban Guerrieri qui a pu lors de ce championnat remporter la Course 2 à bord de sa Honda Civic Type R TCR et ainsi offrir une seconde victoire pour son écurie ALL-INKL.COM Münnich Motorsport et cette écurie est actuellement en tête du championnat.

Cette compétition, « c’est un laboratoire d’expérience » plutôt que de se restreindre à un centre de recherche. Une batterie de tests pratiques, grandeur nature dont le but est de perfectionner leurs autos : « tout ce qui est testé ici est mis en application sur nos voitures de production » explique Aurélie Litzler, attachée de presse automobile chez Honda France.

Honda va au-delà de l’aspect purement sport automobile et s’attache à créer notamment une bonne ambiance où règne le bel esprit. Ainsi, la marque nippone a permis à Tiago Monteiro, pilote automobile Honda et Randy de Puniet, pilote moto, de prendre le temps et d’échanger leur destrier le temps pendant la course WTCR en Slovaquie. Un moment unique où Honda a réussi à rapprocher l’univers du sport auto et la moto d’endurance.

Après la Slovaquie, le challenge à Zandvoort était de rapprocher d’autres grands noms du sport auto « qui se connaissent mais qui n’ont jamais l’occasion de se rencontrer » explique-t-on chez Honda. Et c’est grâce à l’enthousiasme de ses équipes que deux pilotes Formule 1 Red Bull Pierre Gasly et Max Verstappen ont pu prendre le temps d’échanger avec Tiago Monteiro, qui vient de reprendre après un grave accident en essai privé à Barcelone, accompagné de son fils Noah qui a déjà réalisé des podiums en kart.

Un autre défi brillamment relevé par Honda qui démontre une fois de plus que le sport automobile c’est avant tout des moments de complicité, de respect, les uns vis-à-vis des autres. Car, au-delà d’une passion du sport mécanique, ou tout autre fierté chauvine, pour ne pas dire nationaliste il y a surtout une vraie vie de famille.

La fête aura été complète avec l’annonce d’un prochain grand prix de F1 à Zandvoort pour 2020, sans oublier la victoire de la Hollande à l’Eurovision.

Daniel Latif

Design week Milan : la quête du renouveau de la créativité

« Qui a peur du design ? » le slogan de cette affiche publicitaire dans les rues de Milan, pourrait résonner comme un aveu d’orgueil, et pourtant… Ne leur parlez pas de « fashion week », de « design week » ou encore moins de « semaine de la gastronomie ». Toutes ces manifestations, ne changeront rien à la classe des Milanais.

Car la classe, on l’a ou on l’a pas… En l’occurrence, dans le chef-lieu de la Lombardie, il n’y a pas de débat. Pour s’en convaincre, il suffit de flâner le long de la galerie commerçante historique de prestige ; La Galleria Vittorio Emanuele II qui renferme sous un imposant dôme, une architecture de style néo-classique à tendance baroque du XIXème siècle, une multitude de magasins, restaurants rappelant la galerie du Louvre à Paris.

Le constat est frappant. Les Milanais sont aussi chic et clinquants que dans ces publicités Dolce & Gabbana. Ici, l’on ne court pas — encore moins quand on est en retard. L’on marche d’un pas sûr, posé et tranquille. Tels des figurants flegmatiques, mais non moins charismatiques, les passants vont et viennent sereinement. Le Milanais ne se prend pas au sérieux mais prend tout avec le cœur, pour ne pas dire … amour !

Avec, entre autres, une cathédrale à l’architecture emblématique. Un éclairage radieux qui fait ressortir le panachage ocre, brique et jaune moutarde. Enfin, la circulation y est étonnamment fluide et les arbres sont fleuris. La ville de Milan, semble sortie tout droit d’un film.

Autant d’arguments qui ont attiré les designers de chez Honda pour venir chercher l’inspiration dans ce haut-lieu historique et culturel. De ce séjour idyllique, est née la neuvième génération de la Honda Civic.

Et c’est en partie pour cette raison, mais également dans une volonté de confronter les idées pour trouver de nouvelles solutions pour parfaire une évolution, qui s’inscrirait dans le sens d’une émulation automobile, que Honda a décidé de participer pour la première fois à la célèbre Design week.

Exposant ainsi dans la rue Tortona son nouveau petit bijou : le Honda « e Prototype ». Sa couleur blanc mat perlé, harmonic white myst, qui reflète une lumière bleutée invite à la caresse. L’on y voit de nombreuses réminiscences de voitures iconiques mais non moins sportives telles qu’une 205 par exemple.

A l’intérieur c’est vraiment la voiture du futur. Une sensation confirmée par la présence d’un écran panoramique, c’est le règne du digital.
Tellement futuriste que les rétroviseurs ont disparu au profit d’appendices latéraux équipés de caméras qui diffusent en permanence sur des écrans l’image d’un rétroviseur.
Heureusement une belle et massive planche en bois vient contraster et faire office de planche de bord. Autre souci du détail : les ceintures de sécurité y sont customisées de couleur marron.

Un prototype qui fascine et plaît : « un panda futuriste, hyper mignon, rien de superflu et ils ont osé un logo qui s’éclaire » s’enthousiasme Pierlouis Clavel, étudiant aux Beaux-arts de Paris. Une initiative des plus coquettes qui ne risque pas de se concrétiser « notamment en Europe où ce logo illuminé sera interprété comme une publicité » regrette Ken Sahara, chef du design extérieur.
Pierlouis Clavel poursuit l’analyse de cette compacte du futur, notant cette petite « folie de la part du constructeur » qui y a inclus un bloc noir destiné à accueillir le câble de recharge sur le capot.

Pour l’intérieur de cette nouvelle Honda ePrototype, les designers japonais nous confient avoir séjourné en Scandinavie à la recherche des éléments qui permettent le bien-être à bord. Un condensé du célèbre concept de « hygge » pour apporter une harmonie notoire à l’intérieur de l’auto.

Modeste et humble, le constructeur japonais reconnaît son côté quelque peu trop rationnel et cherche ainsi avec cette première participation à la design week une opportunité de faire quelque chose de vraiment différent de ce qu’ils ont pu faire auparavant : « ajouter une atmosphère émotionnelle, mettre plus de rêve et d’émotion ». Ils peuvent dorénavant compter sur les italiens pour ajouter cette facette à leurs véhicules.

Daniel Latif

Mazda 3 : le coup de foudre existe toujours


Chez Mazda, pas besoin de blabla ou d’autres phrases surfaites : « on aime tout simplement les voitures ». Et dans ce dessein — on ne peut plus honnête — « nous avons en avons produit la continuation de ce qu’on aime : la conduite ! » lance tout naturellement Klaus Hüllen, chef des relations presse de Mazda Motor Europe.

Tout le comité directoire de Mazda, ici présent, le sait « elle va faire la différence » — en témoigne leur attitude détendue et sereine. D’autant qu’il s’agit d’une étape concrète dans « notre stratégie de montée en gamme » et que le produit est entièrement en phase avec leurs objectifs. De surcroît, dans le rang des journalistes, l’avis est unanime, ces derniers, y compris les plus réticents sont séduits par cette nouvelle Mazda 3.

Assurance mais modestie tout de même, lorsque Wojciech Halarewicz, Vice-président de la Communication chez Mazda Motor Europe confesse à son tour : « personne ne croyait à notre projet, celui de créer un objet de désir universel». Il s’arrête brièvement, sans doute le coup de l’émotion, regarde ses collègues au premier rang et s’enthousiasme « mais aujourd’hui, nous sommes ici pour vous présenter cette quatrième génération de la Mazda 3 »

En effet, le résultat est plus que probant. La nouvelle Mazda 3 a du charisme, et au-delà de l’image, le plaisir de conduite est réellement présent.
Ses lignes acérées, son arrière bombé évoquent des réminiscences pour certains d’Alfa Roméo, son capot naturellement enclin forge des traits d’Aston Martin ou encore la classe d’une Volvo… Mazette, elle en fait tourner des têtes !

L’association du moteur Skyactiv-G 2.0 développant 122 ch et de la boîte de vitesses et sa position optimisée opère harmonieusement bien. Décuplant le plaisir de conduire, on se délecte de chaque passage des rapports, rétrogradant même par excès de zèle… Ce qui crée une envie d’échappatoire, à bord d’une auto légère mais non moins agile.

Quand l’intention est honnête, le résultat ne peut que suivre dans cette direction. le constructeur japonais décortique son essence qui repose sur une philosophie essentiellement axée sur l’humain.

Parfaitement lovés dans ces sièges cuir qui maintiennent parfaitement, bercés dans un cocon des plus feutrés équipé d’un système de sonorisation de 12 haut-parleurs Bose.
L’habitacle reste dans l’esthétique minimaliste, avec une finition intérieure et des matériaux de choix haut de gamme, où l’on a enlevé le superflu, prenant soin de diriger les instruments de navigation en direction du conducteur.

Le parachèvement de tout cet art réside dans sa couleur rouge « Burgundy », une robe certes envoûtante qui en raison de son appellation finira par vous convaincre de mettre aussitôt le cap vers la Bourgogne. Destination qui, en complément de son glamour, sera assurément l’atout ultime pour décheniller !

Daniel Latif