Lounge Extime : le salon casher Beth Din

Loin du tumulte du terminal 2B, se cache le salon d’aéroport : Extime lounge. Un vaste salon feutré où les assises compartimentées à la façon d’un train. Chaque fauteuil a sa petite table et deux prises à disposition. L’espace est d’autant plus optimisé avec des tables qui s’imbriquent au-dessus des sièges. 

Un premier coin buffet avec salade coleslaw, salade boulgour, salade de fruits, betterave, pickles, olives. Le buffet est appétissant et donne envie de se servir. Un frigo avec des bouteilles d’eau de source de montagne roche des écrins. Une attention qui manque grandement pour les voyageurs. En soda vous avez le choix avec des canettes de Coca-Cola, Orangina, Fuzetea, 7up, Schweppes Tonic, San Pellegrino et bières Heineken en bouteilles. Les machines à café sont des plus récentes et vous proposent enfin du bon café servi dans toutes ses déclinaisons possibles. 

Il y a ce buffet chaud, qui surprend par la qualité et l’originalité des plats servis. Bœuf en sauce curry, fondant comme tout et ce poulet sauce citron, le tout agrémenté de pâtes sauce pesto savamment dosé. Petite touche saine, ces brocolis vapeur qui vont rassurer mon winter body. Des desserts individuels et recherchés comme cette crème catalane ou ce tiramisu au Nutella. Des yaourts à la grecque Yaos, et des crèmes Baiko. 

Mais la vraie curiosité dans ce Lounge Extime c’est ce coin casher réservé aux passagers de la compagnie El Al. Aujourd’hui, en entrée, au choix, il y a la petite salade niçoise vegan, pissaladière vegan, sandwich club au thon en salade. Pour le plat de résistance, pavé de saumon grillé avec mini penne ou cubes de saumon rôtis sauce teriyaki ou encore salade quinoa. Pour le dessert, un succulent duo chocolat à la noix de coco ou tartelette à la pêche et aux éclats d’amandes.

Enfin, un repas délicieux qui donne envie de se resservir. De surcroît, le menu change tous les mois. Tous les plats servis sont de fabrication artisanale par le traiteur Noblesse, sous le contrôle du Beth Din de Paris. Il y a également une sélection de vins casher le pessa’h par Bokobsa avec du vin blanc et du vin rouge : Marquis de la Goulette, Chablis les marronniers, Cellier des Daulphins, Château d’Arveyres, entre autres. Il ne manque plus qu’un verre de boukha bokobsa pour finir en beauté. 

Le salon s’étend sur de nombreux espaces séparés par des alcôves. Et dans le fond, à gauche, se trouve cette mystérieuse porte qui indique « VIP Lounge ».  Un lounge dans le lounge  — réservé aux chefs d’État et autres grandes personnalités — où vous aurez l’impression de pénétrer dans un escape game sur le thème de l’Orient Express avec un choix de fauteuils et mobiliers des plus raffinés qui donnent vue sur la piste d’aéroport et les avions. 

L’embarquement du vol pour Tel-Aviv débute…

Shabbat shalom et salut la compagnie !

Daniel Latif

Accrobsession

Pendant mes RTT où j’étais en PLS à DL des PDF à cause de mes RDV, je dois RSVP au SMS ASAP pour aller aux JO. Je sors la CB pour prendre un billet SNCF D’abord TER puis TGV puis RATP.

Assis en POV devant une MILF qui vit aux US à LA, ancienne DAF pour les GAFAM, elle se prend pour SAS. Elle m’assure que les IA vont MAGA. Après avoir demandé mon ASV OKLM, elle s’écrie SOS lorsque je lui réponds que je n’ai pas SC mais juste IG ou FB, STV.

Elle insiste : 

– CDI ?
– RAS
– LOA, LLD ?
– RAF
– PEL, ISF ?
– JPP, vous êtes du FBI ?
– NTM, je suis pas ta BFF, MDR.
– OK, LOL.

Elle m’a mis KO, j’ai cru que j’étais en GAV SMLP.

À la recherche de la Powerade perdue

Paris, Arena Sud, au cœur du Hall 1 du parc des expositions de la porte de Versailles, où a lieu, entre autres, le salon de l’agriculture, se déroule un match de volley-ball qui oppose la France aux États-Unis.

Pendant la rencontre, les joueuses, les entraîneurs, y compris les équipes techniques et autres assistants de match, tirent des frigos des bouteilles de Powerade couleur bleu flashy. 

Une ou deux gorgées et hop la pseudo gourde est aussitôt jetée ou posée nonchalamment aux côtés d’une dizaine d’autres. La boisson de Coca-Cola dont le Nutriscore est estampillé « D », évoque des souvenirs d’adolescence d’une limonade au citron fade et édulcorée. 

À qui est cette bouteille ? Celle-ci a été à peine entamée, celle-là est à moitié, cette autre complètement déformée… la collection de trophées en plastique commence à grandir, tout comme l’envie d’en boire une, malgré son goût qui laisse à désirer. 

Allez les bleues 

Les périodes de jeu s’enchaînent. Les françaises sont tout de rouge vêtues pourtant la foule crie : « Allez les bleues ! ». Ce qui n’arrange rien à ma soudaine soif. En effet, je scrute encore et toujours les cadavres de bouteilles jouxtant les pleines. La publicité dépasse le stade subliminal, la soif n’est plus psychologique, vite il me faut une Powerade. À ce stade du match, les équipes marketing ont réussi leur coup et se hissent déjà en demi-finale des jeux olymfrics

Fin du match, le temps de saluer les joueuses, j’aperçois une dame qui balaye toutes les bouteilles, sans distinction, y compris les pleines, du bras dans deux grosses poubelles. 

Peinant à sortir le sac de la poubelle, je lui viens en aide en maintenant le collecteur au sol. 

« merci Monsieur, lance-t-elle soulagée. 
– Je vous en prie. Je peux vous prendre une bouteille de Powerade s’il vous plaît ?
– Ah non, c’est pas possible…
– Même pas celle-ci, encore pleine ?
– Non, on jette tout à la poubelle…
– Et même celle-là ?
– Non, si je vous en donne une, je vais devoir en donner à tout le monde.
– C’est pas parce que je vous viens en aide pour tenir la poubelle que tout le monde va vous venir en aide. Vous me la donnez discrètement et ça passe incognito. »

Madame reste catégorique : « c’est non »

Un agent de sécurité et un bénévole, témoins de la scène me glissent à l’oreille de tenter ma chance auprès d’une autre personne. 

Apparaît à cet instant, un jeune homme tirant une valise glacière siglée Powerade : « Monsieur, s’il vous plaît ?
– Oui, bonjour ?
– Bonjour, puis-je vous demander une Powerade ? »

Il esquisse un petit sourire, hoche de la tête en guise d’approbation et se penche dans son petit frigo pour attraper une bouteille quand soudain, « Madame Non » apercevant la scène crie : « Nooon !!! Il ne faut pas lui en donner, non, non !!! ». Le jeune homme, éhonté et interdit, repose aussitôt la bouteille et affiche une moue désolée. 

Une potion magique réservée aux sportifs olympiques

Je me dis qu’il faut respecter les règles du jeu du marketing et aller en acheter une dans les stands mitoyens. Un tour, deux tours, rien… Coca, Fanta, Sprite mais pas de Powerade. Je sors et me dirige vers un Franprix, un autre, rien non plus. Direction Carrefour, en rade également. 

Ce n’est qu’aux Sables d’Olonne que j’aperçois au détour de rayons la fameuse boisson couleur bleue lessive. J’en saisis une et je lis sur l’étiquette qu’il est « recommandé de consommer cette boisson dans le cadre d’un effort musculaire intense ». 

Cette épitaphe, comme un énième message pour me convaincre que cette Powerade ne me serait d’aucune aide.

Daniel Latif
Photo : DL /DR

Carte postale d’été

À l’heure où plus personne ne prend la délicatesse de s’écrire, à l’heure où les correspondances postales riment avec un autre temps que les moins de vingt ans ne peuvent connaître…

Voici, encore mieux qu’une carte postale, une parenthèse où se conjuguent les sons, les images mêlés à un doux parfum d’été. Au-delà de la performance théâtrale, cette synesthésie des plus intimistes s’intitule « J’avoue » et a réuni, autour de Daniel Latif, un cœur des plus prometteurs, le groupe Confessions. Avec au chant : Selen Karlikaya, Georgie Brown, Zara Asatrian, au piano Jazz Cuti, à la basse Adrien Legleye et Tudi Cariou à la batterie en direct de la plage de Saint-Nazaire.

Laissez-vous embarquer par cette vue imprenable sur l’océan atlantique, une caresse estivale, un rêve à observer et une douceur pour les oreilles orchestré par La Voix et Craig.

Une production Wolface pour Fréquence 3

Parentalités…

Ils s’appellent Scooby-Doo, Milou, Rex ou Lassie et dans l’imaginaire du XXème siècle, ils étaient les vedettes du petit écran. Aujourd’hui, la fiction dépasse la réalité, le chien n’est plus un animal de compagnie, il est devenu un membre à part entière de la famille. Sur le carnet du vétérinaire, ils s’appellent Frankie, Robert ou encore Monsieur Philibert mais dans la rue, au quotidien, leurs « papa et maman » les surnomment volontiers « mon bébé », « ma fille ».

Ils défraient la chronique à travers le monde. Notamment, lorsque Lady Gaga promet 500 000 dollars de récompense pour retrouver Koji et Gustav, ses deux bouledogues français kidnappés lors d’une balade. Ou encore, Commander, le berger allemand du président Joe Biden qui s’en est pris à de nombreuses reprises au personnel de la Maison Blanche et aux membres des services secrets.

L’idée d’un tel ouvrage est venue à l’esprit d’Helder Vinagre « lors d’un séjour à Deauville où énormément de personnes se baladent paradant avec leur petit chien dans des sacs parfois de grandes marques ». Les instants d’après, il remarque un autre chien confortablement assis dans une poussette alors que l’enfant essaie de marcher péniblement. Frappé par cette scène, Helder Vinagre se remémore ces nombreux clichés, pris lors de ses balades avec le collectif Regards parisiens, qui foisonnent dans ses archives et qui interpellent sur « la place de l’enfant et de l’animal dans la famille ».

Assiste-t-on à la fin de la période de l’enfant roi au profit d’une nouvelle ère où le chien serait le roi ?

Une série de photographies des plus originales qui reflète les mœurs de notre société. Car, de nos jours, on donnerait tout pour le toutou. En effet, tant d’années après les avoir personnifiés, le rapport des forces a basculé.

Insatisfaits de réclamer perpétuellement l’attention de leurs maîtres, les chiens ont quitté l’habit de seconds rôles pour devenir le centre de l’attraction. Une déification qui pousse l’humain à leur ouvrir même des pages Instagram pour suivre et aimer leur moindres faits et gestes de leurs vies de chiens.

À travers ce beau livre, les scènes de notre quotidien, habilement capturées par Helder Vinagre, suscitent de nombreux questionnements et ouvrent le champ des hypothèses. Est-ce — vraiment — l’homme qui promène son chien ? Qui est réellement au centre de la photo ? La relation entre le maître et son compagnon animal serait-elle le fruit d’une construction dans un imaginaire collectif à travers les médias ?

Les sujets, ici, incarnent une dualité inséparable. Celle de l’animal et de son maître ou l’inverse ? Qui promène qui ? Qui dirige la balade ?

Plus qu’une œuvre qui s’inscrirait dans la tradition d’observation Balzacienne, il s’agit d’une anthologie qui pose les bases d’une expérimentation scientifique qui vient corroborer la posture et le regard du médecin qu’est le Docteur Helder Vinagre — qui sans le savoir a lancé les prémices d’une réflexion socio-culturelle.

Parentalités est non seulement l’illustration éblouissante d’une mise en abîme photographique et d’une observation sociologique du monde dans lequel on vit, mais également une invitation au lecteur à s’interroger sur l’évolution de la place du compagnon animal et à se forger sa propre opinion. 

De surcroît, il s’agit du parachèvement d’une exposition qui a eu lieu à la maison de la culture d’Avintes au Portugal en février 2024 qui a suscité beaucoup d’intérêt à la fois sociologique, philosophique et même éthologique auprès du public.
Laissez-vous guider, le temps d’une déambulation, dans un enchevêtrement d’observations complexes mais délicates où Helder Vinagre s’affranchit du simple cadre de photographe et se pose a fortiori comme photojournaliste.

Préface du livre de Helder Vinagre, Parentalités…

Bang & Olufsen redonne vie au Beosound 9000C

« On ne veut pas quitter les années 90, on veut les intégrer à notre époque », lance Mads Kogsgaard Hansen, responsable de la circularité chez Bang & Olufsen entre deux platines CD Beosound 9000. L’une date de 1996 et l’autre de 2024. 

Celle de 2024 est estampillée d’un numéro gravé en bas à droite : 9 / 200. Il s’agit d’une réédition limitée de l’emblématique Beosound 9000C pour Recreated Classics. 

Car, l’esprit chez Bang & Olufsen est de « montrer qu’on peut façonner des produits qui peuvent durer longtemps et s’inscrire dans un schéma circulaire » affirme Mads Kogsgaard Hansen. Ce programme lancé en 2020 avec les platines vinyles veut insuffler un nouveau mouvement qui va au-delà du simple seconde vie, il s’agit de l’éternel retour de la mode. 

En fonction de l’état du système musical, tout est nettoyé, restauré et remplacé si besoin. 

Le Beosound system n’est pas qu’un simple lecteur CD, « c’est un système de son cool » nous montre Mads Kogsgaard Hansen. 

L’idée était de profiter de la beauté visuelle des CD, tout en pouvant créer un système de playlist sans avoir à continuellement changer de CD pour une écoute fluide, passer d’un disque à l’autre plus vite qu’une Ferrari.

Nostalgique mais pas borné

Cette émulation de Beosound 9000C peut se coupler sur les nouvelles enceintes sans fil Beolab 28, pour écouter votre station de radio ou service de streaming préféré. 

À la façon d’une bibliothèque, les invités peuvent aussitôt percevoir votre style et goûts musicaux puis se laisser hypnotiser par le laser illuminant le disque qui tourne pour vous replonger l’espace d’un instant dans un moment hors du temps. 

C’est sans doute ça, le vrai plaisir de réécouter de la bonne vieille — mais vraie — musique sur CD. 

Daniel Latif
Photos : Warren Dupuy /DR

Ceci n’est pas un livre de photos

Il est une attitude qui manque cruellement à notre décennie. Une délicatesse que l’on retrouve chez les pianistes qui, d’une main de maître, effleurent les touches d’un piano. Un geste que les peintres exécutent lorsqu’ils brossent des figures à travers une toile. Une caresse perceptible dans le cinéma d’antan et sa poétique des plus romantiques.

Aujourd’hui, cet inframince ne se perçoit guère dans notre quotidien et encore moins dans les grandes villes comme Paris, où le foisonnement et l’agitation annihilent cette légèreté tant recherchée.

Il faut avoir du cœur et a fortiori une remarquable sensibilité pour arriver à prendre du recul, puis à prendre le temps de percevoir, dans un Paris aussi foisonnant, ces petits gestes emplis de charme et d’affection. 

Il en faut de l’insouciance de nos jours pour faire un tel ouvrage. Car ceci n’est pas un simple livre de photos. Il s’agit d’une invitation au lecteur — qu’il soit parisien, voyageur, ancré, de passage — à redécouvrir cette sensation d’émerveillement, de surprise, par l’intermédiaire du regard de Laurent Dufour sur sa ville de naissance : Paris.

Mieux qu’un commun recueil de photographies de rues, il s’agit d’un ouvrage prodigieux invitant à l’observation et la méditation autour du monde dans lequel on vit grâce à une mise en abyme en toute subtilité. 

À la recherche de cette légèreté perdue, faite d’instants suspendus de douceur ou de vie, il parcourt depuis les années 2000, la ville lumière dont il n’éprouve aucune lassitude. Tel Balzac, il dépeint ce foisonnement d’humains au quotidien, qu’il observe à partir de son Petit observatoire de la vie parisienne. Sans le savoir, et tel un scientifique, il en a compilé un Petit carnet d’une vie parisienne. Toujours dans une envie de nous faire plonger dans la vraie capitale et de nous en montrer les Coulisses. Ce piéton à Paris n’en est pas à son premier coup d’essai et signe ici une œuvre des plus nobles, consistant à faire vivre ces photographies sur du papier et à en faire renaître la sensualité originelle.

À travers ce florilège de photographies prises spontanément, Laurent Dufour invite à partager un Paris pittoresque avec cette insouciance retrouvée, fruit d’une observation hebdomadaire pendant ses balades avec le collectif Regards parisiens.

Un Paris authentique, cinématographique parfois nostalgique que Laurent Dufour a suspendu avec délicatesse et immortalisé sur film avec son emblématique Hasselblad 500 C/M ou l’un de ses nombreux appareils photos.

Des parisiens in situ qui défilent dans un décor sublimé, des rêveurs assis dans un jardin, déambulant à travers l’emblématique capitale mondiale, affairés sur leurs téléphones portables, assis à la terrasse d’un café ou tout simplement en train de lire sur un banc… Un théâtre émouvant qui fait jeter un autre regard sur ce et ceux qui nous entourent, que l’on peine parfois à imaginer ainsi, avec autant de douceur et de bienveillance Le photographe a su capter des perspectives surprenantes, des instants parfois insolites, un point de vue frappant ou un panachage de couleurs et lumières éblouissantes que le spectateur parisien s’amusera à découvrir ou redécouvrir au fil des pages, non moins que l’étranger qui rêve ou ne rêve pas encore de notre capitale. Un beau livre qui permettra aussi, sans doute, aux historiens des temps futurs de s’immerger dans le Paris de ce début de siècle, d’en retrouver l’ambiance, de frôler du regard les hommes et les femmes ordinaires qui y ont vécu.

Laissez-vous donc guider à travers le regard affectueux mais des plus sincères de Laurent Dufour, qui a forgé ces cartes postales d’un temps en alliant harmonieusement le photojournalisme et la photographie romantique mais non moins historique.

C’est sûrement ça, l’insouciance retrouvée.

Préface du livre de Laurent Dufour, Paris ou l’insouciance retrouvée

Photo : Laurent Dufour

Exposition « Dijon, c’est eux, Dijon, c’est nous »

Dan Latif, journaliste de formation, est un photographe originaire de Dijon. Ses influences multiculturelles lui ont forgé un goût pour la rencontre. Il le dit d’ailleurs lui-même, « la
photographie de portait a réveillé en moi une sensation particulière, une madeleine de Proust qui me pousse à être reporter-photographe depuis mon enfance ». Dan Latif aime les gens et cela se ressent dans ses photos.

En février 2022, il a effectué une exposition de portraits des habitants du quartier des Batignolles
à Paris intitulée « Regards urbains », en partenariat avec la mairie du 17 ème . Fort du grand succès de
cette exposition, Dan Latif a émis le désir de reproduire l’expérience dans sa ville natale qu’il
connait très bien, la ville de Dijon. Son souhait était de dévoiler la diversité culturelle de Dijon entre patrimoine et modernité à travers les portraits de ses habitants. La mairie a soutenu ce projet avec enthousiasme, voyant l’occasion de rendre hommage à tous ces visages dijonnais.

L’exposition « Dijon c’est eux, Dijon c’est nous » met à l’honneur les dijonnais qui font la vie citoyenne de la ville et de ses quartiers. Les portraits choisis montrent la richesse et la diversité des habitant des neuf arrondissements. Dan Latif, dans sa pratique photographique, a un héritage documentaire qui lui vient de son métier de journaliste. Aussi, pour chaque portait, il est allé à la rencontre des dijonnais au hasard, avec une démarche de « reporter du quotidien ». La prise photographique a toujours eu lieu sur le vif, en situation, afin de rendre compte au mieux de chaque personnalité et de sa sincérité.

Exposition sur les grilles du jardin Darcy de Octobre 2023 à Février 2024

Pauline Escande-Gauquié
Commissaire de l’exposition

Matan Even : le messie fait son talkshow à Hollywood

Au premier abord, on pourrait penser que Matan Even incarne cette figure notoire que l’on connaît à travers la littérature médiévale, le bouffon du roi. Ce personnage dont la parole — à la tonalité pseudo prophétique — semble être déréglée ne relève aucunement de la folie mais de l’art de la performance théâtrale des plus contemporaines. 

L’adolescent s’est notamment fait remarquer lors de la cérémonie de récompenses internationale de jeux vidéo, The Game Awards où il a réussi à s’incruster sur scène puis récupérer le micro pour y annoncer un message des plus absurdes « je voudrais dédier ce prix à mon rabbin orthodoxe réformé Bill Clinton » avant de se faire arrêter par la sécurité.

Depuis, celui que l’on surnomme le « Bill Clinton kid » a enchaîné les interviews jusqu’à se retrouver en direct sur le plateau de NeonSniperPanda, un des streamers les plus suivis sur la plateforme Twitch, entouré d’une brochette de créatrices de contenus pornographiques sur la plateforme Only Fans. Le jeune garçon d’apparence timide  n’a pas sa langue dans sa poche et n’a pas hésité à livrer son opinion sur leur activité « maléfique » puis de s’exclamer : « je ne savais pas que j’allais être assis ici pour parler à un groupe d’analphabètes qui ne savent pas lire ».

Sophia Mina, une des invitées, lui coupe la parole : « tu n’as que 15 ans, qu’est-ce que tu connais ». Ce à quoi Matan Even a aussitôt répliqué : « Tu sais lire ? Nomme 10 livres ». L’influenceuse reste sans voix, il relance, « Ok, alors 3 livres ? », en vain ! 

« Name 10 books »

Une joute verbale où Matan, jeté dans la fosse aux lions, a quitté le costume de l’énième troll qu’on voulait lui faire porter pour embrasser une posture académique, avec le rôle de l’ado intello qui a tout d’un professeur. 

Coup de théâtre grâce à une réplique cinglante devenue la marque de fabrique du jeune comédien qui en a profité pour lancer son émission sous forme de podcast vidéo : The Matan Show.

Ses premiers invités sont Lil Xan, Woah Vicky, Jamahal Hill, Nadia Amine, Sunny Suljic, Mikki Mase, Oneya D’Amelio, ASAP Twelvyy, 24kGoldn — jusqu’à Barry O’Neill, professeur à l’UCLA — des célébrités, certes peu connues en Europe, qui gravitent toutes dans l’univers Hollywoodien.

Dans un décor modique constitué de draps blancs, de chaises et tables pliables avec des micros mal positionnés le jeune animateur tente au cours d’un interrogatoire naïf de déstabiliser et de pousser ses invités, des personnalités plus ou moins célèbres et reconnus dans le monde de la culture Californienne, dans leurs retranchements, testant leur limites de façon habile. 

Accompagné de son acolyte Mikol, qu’il présente comme son co animateur, garde du corps, un étrange personnage taciturne sorte de antihéros saugrenu qui s’intègre parfaitement dans le show. 

Les nombreux silences où Matan Even donne l’impression d’être perdu dans ses notes, ses mimiques feignant la colère, où il fronce les sourcils comme s’il allait s’aliéner, son recoiffage frénétique ou lorsqu’il sort son téléphone portable de façon incongrue — lorsqu’il peine à masquer un rictus ou l’envie d’éclater de rire — créent une ambiance malaisante rappelant parfois les interviews de Raphaël Mezrahi.

« Tout le monde parle, personne n’écoute »

Argent, crypto-monnaie, sports de combat, religion, tatouages, sexualité, politique états-unienne, véganisme… celui qui prétend détenir « un Master de philosophie » a un avis sur tout et ne prend ni gants, ni pincettes avec ses invités.

« Pour qui penses-tu voter aux élections de 2024 ? », « combien gagnes-tu ? » lance-t-il éhonté a Lil Xan, avant de rajouter « le fisc nous regarde » puis de jouer au juste prix du salaire net annuel.

Ainsi, pendant une heure, le petit homme élégamment vêtu s’adonne à vau-l’eau à une logorrhée qu’il maîtrise magnifiquement et qui corrobore le slogan de son émission : « tout le monde parle, personne n’écoute ». 

Derrière un amateurisme d’apparence se cache une mécanique bien orchestrée, à la théâtralité d’un match de catch, où professionnels et cascadeurs viennent s’affronter sur le ring et interpréter une nouvelle forme de commedia dell’arte pour étancher la soif et la quête de nouveauté d’un jeune public qui ne regarde plus la télévision. 

Matan Even prétend avoir reçu des propositions de Netflix et Hulu, préfère rester aux manettes de sa petite entreprise marketing, loin de connaître la crise. En effet, le public est au rendez-vous hebdomadairement sur sa chaîne YouTube car il s’agit désormais d’un lieu de passage incontournable pour toute cette nouvelle génération qui brigue une étoile à Hollywood.

Daniel Latif

Ma rencontre avec Anna Wintour

Au détour de la place Vendôme, en pleine fashion week, une foule s’est amassée devant le Ritz. Curieux, j’observe les fashionistas défiler, se prendre en selfie, pavaner avec leurs énormes sacs affichant des prénoms en guise de nom. 

Une limousine Mercedes s’approche devant moi, le chauffeur sort, ouvre la portière et laisse filer cette dame avec qui je tombe nez à nez…

Brigitte Macron ? Impossible, il n’y a pas de gardes du corps. Anna Wintour, pensais je aussitôt tout en saisissant mon boîtier photo pour immortaliser un portrait. Un regard échangé, interdit, je baisse l’appareil, convaincu : « ce n’est pas elle, elle aurait été accompagnée… ».

Elle enfile ses lunettes de soleil, et cette fois, plus de doute : « c’était bien elle ». Filant aussitôt par une entrée dérobée, dégoûté mais encore perplexe, je me rassure sur un éventuel sosie. 

Un couple monégasque arrive et me dit : « vous avez vu Anna Wintour ?
Oui, mais je l’ai ratée.
Rassurez-vous, elle n’aurait probablement pas accepté de faire la photo.

Me voilà rassuré !

Je vérifie grâce une vidéo postée sur X et j’ai la confirmation que c’était bien la papesse de la mode. Sur cette dernière, on voit Kim Kardashian qui a préféré saluer David Beckham et s’asseoir en ignorant Anna Wintour… peut-être qu’elle n’est plus en Vogue ?

Daniel Latif
Illustration : Juliette Chivard