Matan Even : le messie fait son talkshow à Hollywood

Au premier abord, on pourrait penser que Matan Even incarne cette figure notoire que l’on connaît à travers la littérature médiévale, le bouffon du roi. Ce personnage dont la parole — à la tonalité pseudo prophétique — semble être déréglée ne relève aucunement de la folie mais de l’art de la performance théâtrale des plus contemporaines. 

L’adolescent s’est notamment fait remarquer lors de la cérémonie de récompenses internationale de jeux vidéo, The Game Awards où il a réussi à s’incruster sur scène puis récupérer le micro pour y annoncer un message des plus absurdes « je voudrais dédier ce prix à mon rabbin orthodoxe réformé Bill Clinton » avant de se faire arrêter par la sécurité.

Depuis, celui que l’on surnomme le « Bill Clinton kid » a enchaîné les interviews jusqu’à se retrouver en direct sur le plateau de NeonSniperPanda, un des streamers les plus suivis sur la plateforme Twitch, entouré d’une brochette de créatrices de contenus pornographiques sur la plateforme Only Fans. Le jeune garçon d’apparence timide  n’a pas sa langue dans sa poche et n’a pas hésité à livrer son opinion sur leur activité « maléfique » puis de s’exclamer : « je ne savais pas que j’allais être assis ici pour parler à un groupe d’analphabètes qui ne savent pas lire ».

Sophia Mina, une des invitées, lui coupe la parole : « tu n’as que 15 ans, qu’est-ce que tu connais ». Ce à quoi Matan Even a aussitôt répliqué : « Tu sais lire ? Nomme 10 livres ». L’influenceuse reste sans voix, il relance, « Ok, alors 3 livres ? », en vain ! 

« Name 10 books »

Une joute verbale où Matan, jeté dans la fosse aux lions, a quitté le costume de l’énième troll qu’on voulait lui faire porter pour embrasser une posture académique, avec le rôle de l’ado intello qui a tout d’un professeur. 

Coup de théâtre grâce à une réplique cinglante devenue la marque de fabrique du jeune comédien qui en a profité pour lancer son émission sous forme de podcast vidéo : The Matan Show.

Ses premiers invités sont Lil Xan, Woah Vicky, Jamahal Hill, Nadia Amine, Sunny Suljic, Mikki Mase, Oneya D’Amelio, ASAP Twelvyy, 24kGoldn — jusqu’à Barry O’Neill, professeur à l’UCLA — des célébrités, certes peu connues en Europe, qui gravitent toutes dans l’univers Hollywoodien.

Dans un décor modique constitué de draps blancs, de chaises et tables pliables avec des micros mal positionnés le jeune animateur tente au cours d’un interrogatoire naïf de déstabiliser et de pousser ses invités, des personnalités plus ou moins célèbres et reconnus dans le monde de la culture Californienne, dans leurs retranchements, testant leur limites de façon habile. 

Accompagné de son acolyte Mikol, qu’il présente comme son co animateur, garde du corps, un étrange personnage taciturne sorte de antihéros saugrenu qui s’intègre parfaitement dans le show. 

Les nombreux silences où Matan Even donne l’impression d’être perdu dans ses notes, ses mimiques feignant la colère, où il fronce les sourcils comme s’il allait s’aliéner, son recoiffage frénétique ou lorsqu’il sort son téléphone portable de façon incongrue — lorsqu’il peine à masquer un rictus ou l’envie d’éclater de rire — créent une ambiance malaisante rappelant parfois les interviews de Raphaël Mezrahi.

« Tout le monde parle, personne n’écoute »

Argent, crypto-monnaie, sports de combat, religion, tatouages, sexualité, politique états-unienne, véganisme… celui qui prétend détenir « un Master de philosophie » a un avis sur tout et ne prend ni gants, ni pincettes avec ses invités.

« Pour qui penses-tu voter aux élections de 2024 ? », « combien gagnes-tu ? » lance-t-il éhonté a Lil Xan, avant de rajouter « le fisc nous regarde » puis de jouer au juste prix du salaire net annuel.

Ainsi, pendant une heure, le petit homme élégamment vêtu s’adonne à vau-l’eau à une logorrhée qu’il maîtrise magnifiquement et qui corrobore le slogan de son émission : « tout le monde parle, personne n’écoute ». 

Derrière un amateurisme d’apparence se cache une mécanique bien orchestrée, à la théâtralité d’un match de catch, où professionnels et cascadeurs viennent s’affronter sur le ring et interpréter une nouvelle forme de commedia dell’arte pour étancher la soif et la quête de nouveauté d’un jeune public qui ne regarde plus la télévision. 

Matan Even prétend avoir reçu des propositions de Netflix et Hulu, préfère rester aux manettes de sa petite entreprise marketing, loin de connaître la crise. En effet, le public est au rendez-vous hebdomadairement sur sa chaîne YouTube car il s’agit désormais d’un lieu de passage incontournable pour toute cette nouvelle génération qui brigue une étoile à Hollywood.

Daniel Latif

El Profesor malgré lui

« Je pense qu’on te l’a déjà dit ? », « tu connais la Casa de Papel ? » ou « c’est fou parce que tu ressemble trop au Professeur », que ce soit au supermarché, dans la rue et même à l’étranger… A force d’entendre cette même ritournelle ou de déclencher l’hilarité des caissières, je suis allé voir à quoi ressemblait Alvaro Morte, l’acteur espagnol qui incarne le fameux « El Profesor » dans cette célèbre série Netflix connue sous le nom de Money Heist. Soit, mais je ne suis pas convaincu. « Tu dois le voir dans le contexte de la Casa de Papel » m’assure-t-on encore.

Alors que j’arpentais les allées de la porte de Versailles à l’occasion de la Paris Game Week, je croisais quelques Cosplayer, ces fans qui incarnent des personnages fantastiques, issus de comics ou autres jeux-vidéo qui ont marqué des générations. Il y a notamment Lara Croft du jeu Tomb Raider, Mario et Luigi du célèbre jeu de Super Nintendo ou encore l’agent des forces spéciales Bandit de Rainbow Six siege. Toutefois, ils restent assez minoritaires dans l’affluence de cette convention, car il s’agit ici principalement d’un rassemblement de jeunes « geek qui n’ont pas cette culture du déguisement, contrairement à la Japan Expo ou Paris Manga et Sci-Fi Show » analyse Adrien, venu spécialement de Rouen pour l’événement dans son costume de personnage de la confrérie d’Assasin’s Creed.

Culture du déguisement, certes, mais pas question de s’approvisionner dans les boutiques officielles de merchandising. Tous ces fans qui donnent vie à leurs personnages fantastiques ont poussé le détail des ressemblances en confectionnant eux-même leurs costumes. Tout est presque fait maison, à partir de tissus récupérés, cousus main comme ces protège tibias recouverts de simili cuir ou ces armes factices en carton ou bois poncé, dont certaines ont été mises en consigne par les vigiles, car trop réalistes.

Plus qu’un travail d’artisan minutieux, il s’agit également d’une performance d’acteur comme Allan, ce fan venu du Sud incarnant le soldat Link dans Zelda, qui interprète avec brio le chant du temps et des bois perdus à l’ocarina, une flûte en forme de tête d’oie. Une envoûtante mélodie qui attire les connaisseurs qui viennent spontanément faire une vidéo ou l’abordent pour un bon mot, un brin nostalgique de cette « belle période » rétro.

Toujours en pleine déambulation, j’aperçois les fameux malfaiteurs de la Casa de Papel. Vêtus d’une combinaison rouge arborant le masque de Dali, l’un d’eux se retourne et m’observe. Coïncidence ou non, il s’agit du moment idoine pour vérifier si la ressemblance avec le chef de la bande de voleurs est notoire. Je fais un signe de la main. Aussitôt, le personnage masqué accourt et m’embrasse : « El Profesor ! Où étiez-vous passé ? Vous nous avez manqué », je reste interdit devant autant d’émotion, « je suis Athènes » me lance naturellement Carole qui se cache derrière le masque. Arrive un deuxième braqueur qui lui aussi me prend dans ses bras : « moi c’est Huston, quel est le plan professeur ? ».

« Athènes et Huston » n’existent pas dans la série, mais ce couple est tellement fan qu’ils se sont créé leurs propres personnages. La scène est surréaliste. Un visiteur, iPhone en main, s’approche : « on peut faire une photo ? ». Et c’est ainsi que s’est improvisé, au cœur de la Paris Game Week, un retournement de situation improbable pour des personnages qui se retrouvent braqués devant les nombreux objectifs des aficionados de tous âges et différentes contrées venus poser comme otages aux côtés des protagonistes de la Casa de Papel et du Professeur, malgré lui. 

Une heure après, l’effervescence de la séance photo redescend. Je rejoins mes confrères Alexandre et Alexandra puis leur raconte mon improbable aventure. Tous deux me scrutent attentivement : « maintenant que tu le dis, ouais, il y a un air… ». Amusés et troublés par la ressemblance, ils s’enquièrent : « mais, tu leur as dit que ce n’était pas toi le Professeur ? ».

J’avoue, j’ai complètement oublié !

Daniel Latif
Photos : DL /DR
Illustration : Carole Sauret

Le jour où j’ai arrêté de regarder la télévision

Télévision MosaiqueLongtemps je me suis couché de mauvaise humeur…

J’avoue, à peine réveillé, j’étais déjà devant « Télématin ». « Coucou c’est nous ! », encore lui à la tête de l’émission ? Il est vrai que « Tout le monde veut prendre sa place ». Décidément toujours entouré de ses « Z’amours » et des mêmes invités présentés comme la « Nouvelle star ». J’ai donc petit déjeuné devant les éditions du matin « Non Stop »… Soudain, la présentatrice m’ordonne : « Restez avec nous, après la pub… », «Taratata ! ». S’en suit l’habituel « Zapping », le temps s’écoule à une vitesse et il est déjà « Midi en France ».

Mais comme cela ne m’a point suffit, je me retrouve à regarder « La Nouvelle édition ». Voyant que l’appétence du fait divers n’en finit point, je décide d’écouter quelques bonnes nouvelles dans « Le 13h » de Jean-Pierre Pernaut mais aussitôt on m’a demandé « Allô docteurs ? », « Comment ça va bien ? » puis fait « Toute une histoire »… Après tout, si je veux fuir la sinistrose omniprésente dans l’actualité « c’est mon choix ». J’ai voulu éteindre le poste de télévision mais c’était en pleine « Édition spéciale » avec une « Enquête exclusive » alors on m’a gentiment averti : « Touche pas à mon poste ! ».

« Le Grand journal » et le « Petit journal », victimes de « L’Effet Papillon », s’y sont donné à cœur joie et ont affiché des « Guignols » prétendument en train de faire l’Info. Après avoir été mis à rude épreuve, j’ai fui les « Esprits criminels » et je me suis échappé du « Fort Boyard » pour aller chez « Les filles d’à côté ».
Prenant mon courage à deux mains, je leur annonçai que « J’irai dormir chez vous », c’est « Ce soir (ou jamais !) », elles m’ont rétorqué que c’était « Zone interdite » alors «On ne va pas se mentir », j’ai traîné avec « Galzi jusqu’à minuit ».
« Bref », encore une fois, « on n’est pas couché ! »

Daniel Latif
Illustration : Cunione

Première journée de la langue française : et le CSA se réveilla enfin !

Olivier-SchrameckLe 3 mars 2015, Olivier Schrameck, Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, semblait bien amusé lors de son discours d’introduction pour la conférence de presse de présentation de la première journée de la langue française dans les médias audiovisuels.
Selon ce dernier, cette journée est la concrétisation “d’une idée née fin 2013 lors d’un colloque du CSA sur l’avenir de la langue française”.

PARTIE DE RIGOLADE AU CSA

Mais alors pourquoi une telle euphorie ? Sans doute, se rappelait-il cette loi datant du 30 septembre 1986 qui dispose que le Conseil veille « à la défense et à l’illustration de la langue française » dans la communication audiovisuelle. Olivier-Schrameck-Patrice-GelinetEn effet, ce n’est que 30 ans après qu’une initiative tente de “fédérer, inciter, promouvoir plutôt que de contraindre et de réglementer”. Des propos qui sonnent comme un aveu d’impuissance et qui surprennent lorsque l’on se rend compte que l’autorité de régulation de l’audiovisuel en appelle au bon vouloir des chaînes de radio et de télé.
De quoi rire jaune, quand on pense qu’au Québec, un office de la langue française existe depuis 1961 et veille à ce que le français soit la langue normale et habituelle du travail, des communications, du commerce et des affaires.

FAIS CE QUE JE DIS, PAS CE QUE JE FAIS

Patrice Gélinet, membre du CSA et Président du groupe de travail Langue française et francophonie dénonce “l’utilisation systématique de mots étrangers, essentiellement anglais, quand ils ont un équivalent en français soi-disant parce que ça fait chic car c’est à la mode”. Il en profite également pour rappeler à l’ordre de façon pédagogue quelques mauvais élèves : “Pourquoi mettre à l’antenne un morning plutôt qu’une matinale ? N’est-ce pas Le Mouv’ ?”. Un des concernés, Frédéric Schlesinger, son directeur, rit du bout des lèvres.

CSA francophonie

Il faut le reconnaître l’écran publicitaire intitulé “dites-le en français”, diffusé lundi 16 mars, sur de nombreuses chaînes de télévision à l’occasion de la journée de la langue française a eu le don de faire rire aux larmes. Pourquoi donc ? Parce qu’il était diffusé juste après la chronique économique de Claire Fournier sur i>télé, intitulée : La fin du “french bashing” ?
Patrice Gélinet le rappelle, “le rôle (du) CSA dans le domaine de la langue, n’est pas un gendarme, ni un censeur, mais il veille, comme la loi le lui impose, à la défense de la langue française”.

“Le français doit revenir à la mode” ajoute-t-il et ce message devrait s’adresser aux publicitaires qui semblent être toujours réticents sur les traductions. En effet, il n’est pas anormal que la publicité s’harmonise et respecte également la langue des consommateurs qu’elle cible. “Quand un mot anglais ou allemand est utilisé” un cahier des charges impose qu’il soit sous titré mais que les “publicitaires s’arrangent souvent pour que ces sous-titres soient si petits que personne ne puisse les lire”.
On peut le noter avec “La Box Power by Numericable”, ou Nissan dont le slogan “Innovation that excites” est traduit par “Innover autrement” alors que dans la version québécoise l’on a “Innover pour exalter”.

LE CSA ET L’ACADÉMIE FRANÇAISE SE RENVOIENT LA BALLE

Cependant, au sein de l’Académie Française, des commissions placées sous l’autorité du Premier ministre ont pour rôle de trouver des équivalences pour les termes dans l’informatique, le sport, l’automobile, le nucléaire… Ces dernières proposent des termes et une fois que l’Académie les valide, ils paraissent au Journal officiel et — théoriquement — les organismes publics doivent utiliser ces termes.

De plus, l’Académie Française décortique sur son site, dans la rubrique “dire, ne pas dire”, un certain de nombre de fautes couramment faites, des emplois fautifs, des anglicismes, des extensions de sens abusives et propose un certains nombre de termes qui peuvent être utilisés à la place. On pensera notamment aux usages de plus en plus banalisés des titres féminisés à tort et à travers comme “ambassadrice” qui désigne la femme de l’ambassadeur ou encore l’usage regrettable du terme “écrivaine”, “auteure” ou encore “professeure”. Or, nombre de ministres passent outre les recommandations en vue de préserver “une réelle égalité entre les hommes et les femmes dans la vie politique et économique” en rendant “indispensable la préservation de dénominations collectives et neutres, donc le maintien du genre non marqué chaque fois que l’usage le permet. Le choix systématique et irréfléchi de formes féminisées établit au contraire, à l’intérieur même de la langue, une ségrégation qui va à l’encontre du but recherché”.

Hélas, cette institution n’a pas de puissance de police, ni de force contraignante et que tout dépend encore une fois du bon vouloir des administrations. Espérons que cette semaine de la Langue française et de la Francophonie, où nombreuses émissions se dérouleront sous la Coupole de l’Académie française, permettra de mettre fin à ce dialogue de sourds entre le CSA et les Immortels. Outre Atlantique, la Cour du Québec ne rit pas du tout et n’hésite pas à condamner jusqu’à 1 500 dollars canadiens (1100 euros) tout contrevenant qui omettrait d’employer le français. Les démarches sont des plus simples car l’Office propose de déposer une plainte par voie électronique en utilisant un formulaire en ligne ou un numéro de téléphone. On ne badine pas avec le français au Canada.

Daniel Latif

Sponsoring à Roland Garros : A vos marques, rets… gagnez !

Au détour des allées de Roland Garros, non loin des salons privés du Village Roland Garros, où les grands patrons négocient de futurs gros contrats, un responsable du sponsoring chez Peugeot observe curieusement les panneaux de publicité, sa mission est de “vérifier la bonne visibilité des bannières”. Difficile d’ignorer, même pour ceux qui ne seraient jamais rentrés sur un court, que Peugeot est sponsor du tournoi quand on voit la flotte de deux cents véhicules dédiés au transport des joueurs et du public qui fourmille depuis la Porte d’Auteuil.

La publicité à Roland Garros foisonne sous toutes ses formes : sur le court, la chaise de l’arbitre est marquée de haut en bas Perrier, le panneau qui affiche la vitesse du service des joueurs est fourni par IBM et le match est chronométré par Longines. Si l’on lève la tête vers le ciel, l’on aperçoit une caméra aérienne, sous la réplique miniature d’un Airbus A380 de la compagnie aérienne Emirates Airlines, qui fournit les images vues du ciel et perturbe accessoirement Ryan Harrison qui, même si “les deux joueurs doivent faire avec. C’est comme ça”, attribue sa défaite face à John Isner à cause de “cette caméra [qui] bouge beaucoup. C’est assez gros, ce n’est pas facile de voir que quelque chose qui s’apparente à un avion passe aussi près de vous”.

Au pied des juges de ligne, se trouve un crocodile, qui vient renforcer les nombreux crocos visibles sur leurs tenues. Ces alligators à la mâchoire grande ouverte, prêts à croquer les orteils des arbitres, sont très certainement à l’origine de beuglements entendus pendant le match. En effet, ces derniers sortent différents types de cris comme des “MwOUUUUooHH”, “WOAaHhh” au lieu d’annoncer simplement “faute !”.

Mis à part le coût d’un tel événement sportif, il faut garder à l’esprit que le tournoi génère beaucoup de bénéfices. Il suffit juste de prendre en compte le prix de certaines prestations et l’on atteint des montants faramineux : le « Pass Semaine » pour assister aux matchs sur le court Chatrier à partir de 861 €, des loges (à partir de 4 personnes) à 60 000 euros la quinzaine en catégorie « Or », comprenant diverses prestations telles qu’un voiturier, concierge, etc. puis des infrastructures au sein du Village avec un prix d’entrée d’un million d’euros avec de surcroît un contrat triennal à partir de 335 000 € Hors taxes… La bâche BNP Paribas occupant toute la largeur du fond du court corrobore bien le fait qu’il s’agit d’une affaire d’argent.

Pendant que Nadal replace minutieusement ses deux bouteilles Vittel. L’écran géant affiche une bouteille de Perrier sur le côté gauche et l’on entend un “Pschiiit… Ahhh !”. Ce jingle récurrent à chaque pause dans les matches interpelle mon voisin Bruno Monsaingeon, réalisateur et violoniste, qui se plaint de ce genre de manipulation subliminale qui donne soif : “On est loin des stratégies agressives comme lors des matches de Super Bowl mais on bêtifie le spectateur avec ce genre d’opérations”.

Lors de la conférence du Trophée des Légendes au Village Roland Garros, l’attachée de presse Pauline Lambertini insiste bien auprès des journalistes : “Il s’agit du Trophée des Légendes… Perrier ! Faut pas oublier Perrier”. Promis, on n’oubliera pas la boisson du sportif.

Les sponsors des tennismen sont-ils à l’image du jeu des joueurs à Roland Garros ?

Au-delà du tableau des scores, vérifions si le résultat à l’issue du match est vraiment à la hauteur du choc des sponsors :

Chez les Dames, en demi finale Maria Sharapova alias l’ambassadrice de Porsche avec sa 911 Carrera S a enfumé la carte American Express de Victoria Azarenka qui manifestement n’a pas bu suffisamment de Red Bull (6-1 / 2 – 6 / 6 – 4). Hélas les services à 184 km/h de la joueuse Russe restent très loin des 301 km/h que le bolide de Zuffenhausen peut atteindre. Mascha finit par s’incliner face au numéro 1 mondial des produits professionnels pour les ongles : OPI ou Serena Williams, pour les intimes (6 – 4 / 6 – 4). La 911 blanche s’est faite repeindre, à 200 km/h, au vernis couleur terre battue, portée par Serena pendant la quinzaine.

Du côté des Messieurs, Jo-Wilfried Tsonga n’a pas partagé son Kinder Bueno avec Roger Federer. La barre chocolatée de Ferrero a étonnamment réussi à dérégler la Rolex du joueur Suisse et à la lui piquer en lui volant la vedette, l’arborant ostensiblement à son bras pendant les interviews télé.

Le lendemain, Novak Djokovic exhibant son maillot Uniqlo, fait de matières techniques et innovatrices jamais utilisées sur des textiles, dont les couleurs sortent du lot, n’a pas pu s’imposer face à Nike. Le géant des chaussures sportives lui a fait la nique (6 – 4 / 3 – 6 / 6 – 1 / 6 – 7(3) / 9 – 7).

La Finale s’est jouée entre Espagnols avec David Ferrer à bord de sa Peugeot face à Rafael Nadal conduisant un Sportage du constructeur automobile Kia, un autre sponsor parmi tant d’autres (6 – 3 / 6 – 2 / 6 – 3). Visiblement, le Crossover sud-coréen s’est imposé aisément sur terre battue.

Le Majorquin vainqueur pour la huitième fois du tournoi de Roland-Garros dédiera sa victoire tout d’abord à ses sponsors, sa famille puis enfin à son coach, kiné et entraineur physique. Ces derniers lui répondront : « De Nadal » !

Daniel Latif
Illustration : Segolene Haehnsen