Accrobsession

Pendant mes RTT où j’étais en PLS à DL des PDF à cause de mes RDV, je dois RSVP au SMS ASAP pour aller aux JO. Je sors la CB pour prendre un billet SNCF D’abord TER puis TGV puis RATP.

Assis en POV devant une MILF qui vit aux US à LA, ancienne DAF pour les GAFAM, elle se prend pour SAS. Elle m’assure que les IA vont MAGA. Après avoir demandé mon ASV OKLM, elle s’écrie SOS lorsque je lui réponds que je n’ai pas SC mais juste IG ou FB, STV.

Elle insiste : 

– CDI ?
– RAS
– LOA, LLD ?
– RAF
– PEL, ISF ?
– JPP, vous êtes du FBI ?
– NTM, je suis pas ta BFF, MDR.
– OK, LOL.

Elle m’a mis KO, j’ai cru que j’étais en GAV SMLP.

Parentalités…

Ils s’appellent Scooby-Doo, Milou, Rex ou Lassie et dans l’imaginaire du XXème siècle, ils étaient les vedettes du petit écran. Aujourd’hui, la fiction dépasse la réalité, le chien n’est plus un animal de compagnie, il est devenu un membre à part entière de la famille. Sur le carnet du vétérinaire, ils s’appellent Frankie, Robert ou encore Monsieur Philibert mais dans la rue, au quotidien, leurs « papa et maman » les surnomment volontiers « mon bébé », « ma fille ».

Ils défraient la chronique à travers le monde. Notamment, lorsque Lady Gaga promet 500 000 dollars de récompense pour retrouver Koji et Gustav, ses deux bouledogues français kidnappés lors d’une balade. Ou encore, Commander, le berger allemand du président Joe Biden qui s’en est pris à de nombreuses reprises au personnel de la Maison Blanche et aux membres des services secrets.

L’idée d’un tel ouvrage est venue à l’esprit d’Helder Vinagre « lors d’un séjour à Deauville où énormément de personnes se baladent paradant avec leur petit chien dans des sacs parfois de grandes marques ». Les instants d’après, il remarque un autre chien confortablement assis dans une poussette alors que l’enfant essaie de marcher péniblement. Frappé par cette scène, Helder Vinagre se remémore ces nombreux clichés, pris lors de ses balades avec le collectif Regards parisiens, qui foisonnent dans ses archives et qui interpellent sur « la place de l’enfant et de l’animal dans la famille ».

Assiste-t-on à la fin de la période de l’enfant roi au profit d’une nouvelle ère où le chien serait le roi ?

Une série de photographies des plus originales qui reflète les mœurs de notre société. Car, de nos jours, on donnerait tout pour le toutou. En effet, tant d’années après les avoir personnifiés, le rapport des forces a basculé.

Insatisfaits de réclamer perpétuellement l’attention de leurs maîtres, les chiens ont quitté l’habit de seconds rôles pour devenir le centre de l’attraction. Une déification qui pousse l’humain à leur ouvrir même des pages Instagram pour suivre et aimer leur moindres faits et gestes de leurs vies de chiens.

À travers ce beau livre, les scènes de notre quotidien, habilement capturées par Helder Vinagre, suscitent de nombreux questionnements et ouvrent le champ des hypothèses. Est-ce — vraiment — l’homme qui promène son chien ? Qui est réellement au centre de la photo ? La relation entre le maître et son compagnon animal serait-elle le fruit d’une construction dans un imaginaire collectif à travers les médias ?

Les sujets, ici, incarnent une dualité inséparable. Celle de l’animal et de son maître ou l’inverse ? Qui promène qui ? Qui dirige la balade ?

Plus qu’une œuvre qui s’inscrirait dans la tradition d’observation Balzacienne, il s’agit d’une anthologie qui pose les bases d’une expérimentation scientifique qui vient corroborer la posture et le regard du médecin qu’est le Docteur Helder Vinagre — qui sans le savoir a lancé les prémices d’une réflexion socio-culturelle.

Parentalités est non seulement l’illustration éblouissante d’une mise en abîme photographique et d’une observation sociologique du monde dans lequel on vit, mais également une invitation au lecteur à s’interroger sur l’évolution de la place du compagnon animal et à se forger sa propre opinion. 

De surcroît, il s’agit du parachèvement d’une exposition qui a eu lieu à la maison de la culture d’Avintes au Portugal en février 2024 qui a suscité beaucoup d’intérêt à la fois sociologique, philosophique et même éthologique auprès du public.
Laissez-vous guider, le temps d’une déambulation, dans un enchevêtrement d’observations complexes mais délicates où Helder Vinagre s’affranchit du simple cadre de photographe et se pose a fortiori comme photojournaliste.

Préface du livre de Helder Vinagre, Parentalités…

Ceci n’est pas un livre de photos

Il est une attitude qui manque cruellement à notre décennie. Une délicatesse que l’on retrouve chez les pianistes qui, d’une main de maître, effleurent les touches d’un piano. Un geste que les peintres exécutent lorsqu’ils brossent des figures à travers une toile. Une caresse perceptible dans le cinéma d’antan et sa poétique des plus romantiques.

Aujourd’hui, cet inframince ne se perçoit guère dans notre quotidien et encore moins dans les grandes villes comme Paris, où le foisonnement et l’agitation annihilent cette légèreté tant recherchée.

Il faut avoir du cœur et a fortiori une remarquable sensibilité pour arriver à prendre du recul, puis à prendre le temps de percevoir, dans un Paris aussi foisonnant, ces petits gestes emplis de charme et d’affection. 

Il en faut de l’insouciance de nos jours pour faire un tel ouvrage. Car ceci n’est pas un simple livre de photos. Il s’agit d’une invitation au lecteur — qu’il soit parisien, voyageur, ancré, de passage — à redécouvrir cette sensation d’émerveillement, de surprise, par l’intermédiaire du regard de Laurent Dufour sur sa ville de naissance : Paris.

Mieux qu’un commun recueil de photographies de rues, il s’agit d’un ouvrage prodigieux invitant à l’observation et la méditation autour du monde dans lequel on vit grâce à une mise en abyme en toute subtilité. 

À la recherche de cette légèreté perdue, faite d’instants suspendus de douceur ou de vie, il parcourt depuis les années 2000, la ville lumière dont il n’éprouve aucune lassitude. Tel Balzac, il dépeint ce foisonnement d’humains au quotidien, qu’il observe à partir de son Petit observatoire de la vie parisienne. Sans le savoir, et tel un scientifique, il en a compilé un Petit carnet d’une vie parisienne. Toujours dans une envie de nous faire plonger dans la vraie capitale et de nous en montrer les Coulisses. Ce piéton à Paris n’en est pas à son premier coup d’essai et signe ici une œuvre des plus nobles, consistant à faire vivre ces photographies sur du papier et à en faire renaître la sensualité originelle.

À travers ce florilège de photographies prises spontanément, Laurent Dufour invite à partager un Paris pittoresque avec cette insouciance retrouvée, fruit d’une observation hebdomadaire pendant ses balades avec le collectif Regards parisiens.

Un Paris authentique, cinématographique parfois nostalgique que Laurent Dufour a suspendu avec délicatesse et immortalisé sur film avec son emblématique Hasselblad 500 C/M ou l’un de ses nombreux appareils photos.

Des parisiens in situ qui défilent dans un décor sublimé, des rêveurs assis dans un jardin, déambulant à travers l’emblématique capitale mondiale, affairés sur leurs téléphones portables, assis à la terrasse d’un café ou tout simplement en train de lire sur un banc… Un théâtre émouvant qui fait jeter un autre regard sur ce et ceux qui nous entourent, que l’on peine parfois à imaginer ainsi, avec autant de douceur et de bienveillance Le photographe a su capter des perspectives surprenantes, des instants parfois insolites, un point de vue frappant ou un panachage de couleurs et lumières éblouissantes que le spectateur parisien s’amusera à découvrir ou redécouvrir au fil des pages, non moins que l’étranger qui rêve ou ne rêve pas encore de notre capitale. Un beau livre qui permettra aussi, sans doute, aux historiens des temps futurs de s’immerger dans le Paris de ce début de siècle, d’en retrouver l’ambiance, de frôler du regard les hommes et les femmes ordinaires qui y ont vécu.

Laissez-vous donc guider à travers le regard affectueux mais des plus sincères de Laurent Dufour, qui a forgé ces cartes postales d’un temps en alliant harmonieusement le photojournalisme et la photographie romantique mais non moins historique.

C’est sûrement ça, l’insouciance retrouvée.

Préface du livre de Laurent Dufour, Paris ou l’insouciance retrouvée

Photo : Laurent Dufour

Exposition « Dijon, c’est eux, Dijon, c’est nous »

Dan Latif, journaliste de formation, est un photographe originaire de Dijon. Ses influences multiculturelles lui ont forgé un goût pour la rencontre. Il le dit d’ailleurs lui-même, « la
photographie de portait a réveillé en moi une sensation particulière, une madeleine de Proust qui me pousse à être reporter-photographe depuis mon enfance ». Dan Latif aime les gens et cela se ressent dans ses photos.

En février 2022, il a effectué une exposition de portraits des habitants du quartier des Batignolles
à Paris intitulée « Regards urbains », en partenariat avec la mairie du 17 ème . Fort du grand succès de
cette exposition, Dan Latif a émis le désir de reproduire l’expérience dans sa ville natale qu’il
connait très bien, la ville de Dijon. Son souhait était de dévoiler la diversité culturelle de Dijon entre patrimoine et modernité à travers les portraits de ses habitants. La mairie a soutenu ce projet avec enthousiasme, voyant l’occasion de rendre hommage à tous ces visages dijonnais.

L’exposition « Dijon c’est eux, Dijon c’est nous » met à l’honneur les dijonnais qui font la vie citoyenne de la ville et de ses quartiers. Les portraits choisis montrent la richesse et la diversité des habitant des neuf arrondissements. Dan Latif, dans sa pratique photographique, a un héritage documentaire qui lui vient de son métier de journaliste. Aussi, pour chaque portait, il est allé à la rencontre des dijonnais au hasard, avec une démarche de « reporter du quotidien ». La prise photographique a toujours eu lieu sur le vif, en situation, afin de rendre compte au mieux de chaque personnalité et de sa sincérité.

Exposition sur les grilles du jardin Darcy de Octobre 2023 à Février 2024

Pauline Escande-Gauquié
Commissaire de l’exposition

Copenhagen Distortion : et la rue devint Festival

Il est 9h du matin à Copenhague, quand soudain dans le quartier de Vesterbro retentit un « SCHHLLLAAKKBOOOMM ». L’on se dit qu’il s’agit encore d’un feu d’artifice et pourtant, en ce mercredi 1er juin, les danois n’ont rien de particulier à célébrer. Des visages surgissent à travers les fenêtres des immeubles de la rue Skydebanegade, à deux encablures de Kødbyen — littéralement le quartier de la viande, sorte de halles géantes où les bouchers et autres grossistes en viandes fournissaient les grandes cuisines et institutions.

Un camion est stationné en pleine rue, deux hommes et une femme vêtus de noir s’affairent à décharger des grilles le long des immeubles. L’une tend les grilles, le second les installent et le troisième verrouille le tout d’un coup de visseuse et s’enfuient aussitôt. « Ça y est, ils nous reconfinent encore » bougonne un résident. 

Arrive une autre équipe qui apposent des bannières publicitaire pour la nouvelle série Amazon « The Boys », en dessous de ces dernières une série de gouttières auxquelles sont reliées un entrelacs de tuyaux jaunes qu’ils enfoncent dans la bouche d’égout avoisinante. Et voilà, le tour est joué, les pissotières sponsorisées sont installées aux premières loges, les voisins sont ravis !

Félix, un Copenhagois, s’enthousiasme d’avance : « demain, c’est le premier jour de Copenhagen Distortion, ça va être la folie dans tout le quartier ». Et pour cause, « cela fait deux ans qu’on a pas eu d’édition de ce festival de musique » qui accapare les rues de la capitale avec différentes scènes où chanteurs, danseurs et DJ enchaînent leur show.

Le lendemain matin, la pluie diluvienne et le calme dans les rues laissent à croire que le Festival n’aura pas lieu… seul un bus scolaire rebadgé Skålebussen, le bus de la santé, et l’omniprésence des toilettes de chantier dans le long de la rue Halmtorvet laissent à croire qu’il va se passer quelque chose pourtant les danois sont encore au bureau. Ce n’est qu’à 17h que l’afflux des passants, chacun une cannette ou bouteille à la main, certains ont carrément une palette de bières, d’autres qui ont grand soif transportent des sceaux qui laissent transparaître un liquide jaune fluo, dans lequel a été parsemé quelques pailles. 

Après l’homme qui danse avec un ananas à la main, rencontre avec Eliott qui se promène avec un panneau stationnement interdit. Un accessoire qui a le mérite d’attirer non seulement les regards mais la sympathie de nombreux festivaliers et lui assure définitivement le titre de « Party entertainer ».

La foule commence à s’aliéner au son du duo de DJ Namunel et Tripolism, concentrés à mixer de la techno sur leurs platines. Le centre a quasiment été bouclé, plus aucune voiture ne circule, car la rue est bondée et c’est bien « le seul moment où vous verrez un danois marcher en pleine rue car ici, tout le monde respecte les règles : le piéton, le cycliste et l’automobiliste sans exception » explique Thomas, mais là « c’est le chaos » reconnait-il en portant son vélo de compétition pour essayer de se frayer un chemin à travers la foule pour regagner son domicile.

Pendant que certains célèbrent, d’autres se frottent les mains. Parmi la foule de festivaliers qui affluent de la gare, des individus déambulent le long des raveurs avec leur vélo triporteur ou armés de gros sacs transparents. Tels des pickpockets, ils sont à l’affût et dès qu’ils aperçoivent une canette de bière, de soda ou tout ce qui contient une consigne, ils ramassent frénétiquement ce précieux contenant à tout va.

« C’est fini ? » lance Omar à ce couple qui a posé nonchalamment leurs bouteilles à leurs pieds. À peine, eurent-ils le temps de hocher la tête qu’il avait déjà saisi les deux flacons, les retournant pour en vider le restant de liquide et aussitôt dans le sac, il continue à scruter les moindre recoins à la recherche de la moindre canette. « Les bouteilles en plastique rapportent le plus, faut faire attention que les canettes de bière ne soient pas écrasées et parfois les étiquettes sont arrachées ou viennent de Suède donc on peut plus les retourner en magasin, celles-la je ne les ramasse pas » détaille-t-il à l’affût du prochain précieux trésor que beaucoup de danois jettent négligemment.

Pour eux, c’est juste une couronne, mais pour moi à la fin de soirée ça fait un bon billet, surtout pendant ces événements raconte ce chasseur canettes. « L’écologie a bon dos » ricane-t-il, le nomb re de canettes ou bouteilles explosées est hallucinant, et « tout ça c’est de l’argent qu’on ne récupérera jamais ».

Existe-t-il plus grand plaisir que de se balader dans la rue et voir s’improviser sous vos yeux un festival auquel vous êtes non seulement invités mais de surcroît en famille ?

Bienvenue à Copenhague, au Festival Distortion Copenhagen où la scène se passe, à travers plusieurs quartiers, où la rue est enfin à vous.

Pluie et 11 degrés annonce la météo… Mais il en faut bien plus pour effrayer les danois. Parapluie, bottes et cirés, tel est le thème de l’étonnant défilé permanent de festivaliers qui affluent de la gare. Malgré la grisaille, les danois gardent le sourire.

Fini la galère des billets, ceux que tout le monde achète un an en avance pour finir par les revendre sur Facebook l’avant veille. Finis les chichis des attachés de presse qui rivalisent admirablement bien avec les videurs de boîte de nuit des années 80.

C’est gratuit et tout le monde est le bienvenu, avec ou sans sa boisson ! Enfin, contrairement à d’autres festival en France, le bon esprit est omniprésent et il n’y a pas de relou qui ne tiennent plus debout. Pas surprenant, vous êtes au pays du « hygge » où l’ambiance en famille règne.

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Exposition « Regards Urbains » par Dan Latif au Square des Batignolles

Dan Latif

Daniel Latif, journaliste de formation, est un photographe originaire de Dijon. Ses influences multiculturelles lui ont forgé un goût pour l’aventure. Déambuler dans Paris pour capter des instants de vie du quotidien avec son appareil photo est quelque chose qu’il a fait depuis toujours.

Cela l’a amené à la rencontre des gens de son quartier, le 17ème  arrondissement, et à les prendre en photo avec son BlackBerry au départ. D’ailleurs, il le dit lui-même, « la photographie de portait a réveillé en moi une sensation particulière, une madeleine de Proust qui me pousse à être reporter-photographe depuis mon enfance ».

Jusqu’au jour où il s’équipe d’un appareil professionnel, le Nikon : « Ça y est, c’est fini le BlackBerry ? » lui disent alors ses sujets coutumiers du quartier quand il souhaite faire un nouveau portrait avec son appareil qui ne le quitte plus. « Tout a réellement commencé avec le Nikon qui a radicalement changé mon approche de la photographie » témoigne-t-il. Cela lui a permis d’explorer de nouveaux champs et de repenser autrement l’art du portrait.

Comme Robert Capa ou Vivien Maier, il aime rendre visible l’invisible du quotidien des inconnus qui vivent dans une ville mais en couleurs !

Sa patte :  une scénographie authentique qui saisit les modèles en un clic dans leur environnement naturel et ordinaire en jouant des contrastes chromatiques, des décors, des lumières qui s’offrent à lui « en situation ».

Sa règle : ne jamais trahir le réel en rendant compte de ce qu’il y a de meilleur chez les gens. Sa première série de portraits publiée sur Instagram rencontre tout de suite un vif succès. Sûrement parce que Daniel Latif aime les gens et que cela se ressent dans ses photos.

Ses portraits font ressortir quelque chose de réenchanté de l’ordinaire des personnes. Daniel Latif a un parti pris depuis le départ : quand il fait un portait, il refuse d’utiliser tout artifice. Il saisit l’inattendu, le champ aveugle d’un visage. A travers cette série, le photographe nous offre une biographie de la vie des habitants du 17ème .

Ces visages nous livrent les contrastes d’un quartier mais aussi l’existence habituelle de ses habitants. L’amour d’un artisan pour son métier, la joie d’une mère qui se rend au parc, le rituel du petit café d’un homme à la retraite, l’engagement associatif d’un habitant au sein de son quartier. Daniel Latif choisit ses sujets à « l’alchimie du moment », il flirte avec l’inattendu des gens anonymes. Il considère que chacun de nous porte en lui « quelque chose de beau », troublant, touchant qu’il peut dévoiler par son portait.

Son désir boulimique de voir, d’aller chercher cette vérité en chaque personne donne à ses portraits de femmes, d’enfants et d’hommes, une signature visuelle unique qui offre une palette sensible de visages authentiques. Il a un radar inné qui révèle chez les individus ce qu’ils ont de mieux en eux.

Pauline Escande Gauquié, sémiologue spécialiste de l’image,
Maitre de conférences à Sorbonne Université

Visite guidée de l’exposition et critique par Dr. Ry Pierce-Grove, PhD. Cand. en Communication à Columbia University

Exposition hors les murs, à voir au Square des Batignolles dans le 17ème arrondissement de Paris

Plus d’informations ici : Regards Urbains exposition Dan Latif

Compteur bleu : voyage intemporel autour de l’automobile déstructurée

C’est dans cet espace qui rappelle l’ambiance et inspire la vision d’un paysage lunaire que le visiteur avance à tâtons, suivant des fils guidant vers ces œuvres éparpillées de part et d’autre, à la façon d’une explosion suite à crash. 

Une invitation à explorer le lieu, où les pièces disséminées auraient pu provenir d’un vaisseau spatial, mais Pierlouis Clavel préfère parler d’ « instruments de musique, de mesure ». Cet étudiant aux Beaux-arts de Paris, nous convie le temps d’une performance pour son diplôme de troisième année à un voyage au bout de la ligne électrique.

À travers cette performance intitulée « Compteur bleu », l’artiste nous invite à la réflexion autour d’une énergie devenue « centrale » : l’électricité.

Notre regard est attiré par « Système 60 », « une capsule d’environnement musicale » présente Pierlouis Clavel. Il s’agit d’un micro espace dans lequel sont programmés des « changements d’états générés artificiellement par rapport au souffle, à la lumière et à la proximité du spectateur ».

Entièrement fabriquée à la main, majoritairement à partir d’éléments de récupération, cette boîte à musique, assemblée à la façon d’un Lego, renferme un synthétiseur analogique.

L’œuvre réagit ainsi en fonction des oscillations du courant, « ce qui génère une musique sans début et sans fin » de façon complètement autonome et « tant qu’il y aura de l’électricité » ironise l’artiste. 

« Presque un boulot de carrosserie »

Ensuite, il y a cette portière de BMW série 5 E34, avec son décrochage en pointe, qui incarne l’alliance de « ma pratique plastique avec ma pratique musicale. Et comme j’ai toujours voulu avoir une harpe, j’ai décidé de la construire moi-même » confie Pierlouis Clavel.

C’était presque un boulot de carrosserie, détaille Pierlouis Clavel : « j’ai dégarni les fausses moquettes et le faux simili cuir de la porte pour y glisser les cordes et les mécaniques ainsi qu’un micro ». Le résultat est des plus singuliers avec une harpe sur laquelle l’on peut jouer de la rythmique. 

Également connu sous le pseudonyme de A60, Pierlouis est un mélomane passionné autour de l’univers de l’automobile. Son rêve serait de « raccrocher cette portière à la voiture initiale, rouler à pleine vitesse avec la portière ouverte et voir si les vibrations du vent peuvent faire une harpe éolienne ».

De l’autre bout de la ligne, nous découvrons « Synchro Hz », une enceinte retournée. Une œuvre qui incarne le degré zéro du son de l’électricité et qui tente de répondre à cette ultime question : quel son fait l’électricité ?

Le visiteur est invité à participer à cette expérience en manipulant une manette permettant l’accélération ou ralentissement du flux d’électricité.  

Au fond, se trouve une loge façon pit stop avec deux tenues de pilote de course automobile, un casque. Bref, tout l’attirail emblématique que Pierlouis Clavel enfile pour mettre en musique sa passion pour l’univers du sport auto. Le personnage A60, une sorte de Stieg beaucoup plus judicieux, incarne une vitesse, une autoroute, le chiffre et la lettre. Une immersion dans une bulle où l’on peut écouter sur cette chaîne-hifi les différents titres composés par l’artiste mais surtout une allégorie de l’automobile avec le lecteur CD qui est déjà amené à disparaître.

Le son de l’électricité 

Enfin, il y a « Système A », qui est un « outil de composition et de diffusion particulier » avec son esthétique rétro-futuriste. Rappelant le ghetto-blaster, revisité de façon futuriste, cette pièce à la sonorité particulière émet un son très étouffé, comme en boîte de nuit. Car l’idée de « contenir les sons dans une capsule scellée que l’on peut transporter, recèle cette énergie dangereuse alliant l’électricité et la musique fascine Pierlouis Clavel. Cela pose la question de la dangerosité et l’origine de l’électricité ».

Une approche originale sur la façon dont on écoute le son mais surtout un point de vue qui rappelle ces voitures roulant la musique à fond dont les sonorités aiguës sont coupées. Et comme de nos jours la voiture n’émet presque aucun bruit, sauf une mélodie emblématique artificielle pour avertir les piétons. « J’aime beaucoup l’idée de choisir la sonorité d’une voiture, affirme Pierlouis Clavel. Être compositeur des sons du futur, et s’interroger sur pourquoi ce son-là plutôt qu’un autre ? ». 

Au-delà d’une approche paradoxale autour de la voiture, de l’électricité et a fortiori de la voiture électrique, Pierlouis Clavel avec sa déconstruction de l’automobile pose un regard philosophique et lucide sur le passage à l’électrique qui « ne sauvera pas le monde » mais s’engouffre dans ce qui sera probablement un des futurs enjeux de l’automobile.

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Le retour de Lula Nonyme

Si le personnage de Lula Nonyme ne vous dit rien, ne cherchez pas plus, vous n’avez probablement pas connu l’époque d’Internet 1.0. Cette héroïne de bande dessinée s’est forgée sous la plume de Frédéric Berria, pionnier blogueur à l’époque où Facebook n’avait pas encore imposé ses diktats dans nos usages sur le web.

Ce graphiste a toujours eu la fibre du dessin. Déjà à 17 ans, il avait loué un kiosque dans la galerie commerciale Compans-Caffarelli de Toulouse où il faisait des portraits ou des caricatures des passants et clients. Quelques années après, il rejoint la capitale et commence à travailler chez Take-Two, maison mère de Rockstar qui a sorti le fameux jeu vidéo Grand theft auto (GTA).

Un jour de 2005, alors qu’il rêvassait dans un bar en terrasse apercevant une « adulescente » qui passait avec une jupe au-dessus de son jean : « Surpris par cette nouvelle mode, j’ai griffonné la fille » se souvient Frédéric. Le jeune graphiste dessine spontanément à ses heures perdues sur des post-it : Lula Postit venait de naître. Une première planche est publiée sur son blog promettant d’« inénarrables aventures de la petite fille qui squatte [son] pense-bête ».

DU POST-IT À LA BANDE DESSINÉE

Très rapidement, la jeune Lula s’ennuie toute seule dans son carré de papier. Elle rêve d’un animal de compagnie « intelligent, petit et mignon avec de la force dans le caractère ». Son créateur fait alors entrer sur scène Günther, un petit cochon gris quelque peu râleur, une tortue japonaise nommée Fuyutsuki, Zach, un félin taciturne — à l’opposé de Salem, le chat dans Sabrina l’apprentie sorcière — puis un bébé : Pomme, le petit frère de Lula, « né sur une feuille vierge et immaculée, un peu comme Jésus, mais sans le folklore ».

Un an plus tard, Frédéric Berria signe désormais les croquis d’une sobre lettre entourée d’underscores  _F_. Très rapidement le cochon se fait remarquer et un éditeur propose à Frédéric de sortir un livre. Lula change son patronyme et devient Lula Nonyme,  car « Post-it ça ne plaisait pas à la marque 3M qui voyait un parasitage », et s’échappe de sa petite case jaune avec ses compagnons pour s’épanouir en grand format bande dessinée en 2008 à travers 94 pages. 

« STEVE JOBS A TUÉ MON JEU »

L’univers de Günther sera par la même occasion décliné en jeu vidéo en animation Flash. « 15 000 joueurs ont testé le jeu en moins d’une semaine dès sa sortie », un tel succès a naturellement poussé Frédéric Berria à sortir : Little Pig Adventure 2, un deuxième opus entièrement développé par ses soins, de la programmation jusqu’à la création sonore, où le cochon doit faire le plein de Crépitos pour progresser plus vite, tout en évitant des sentinelles et obstacles, le tout chronométré.

Même si l’on peut trouver encore des traces de ses jeux sur le net, il est désormais difficile d’y rejouer car les différents navigateurs ne prennent dorénavant plus en charge Flash Player depuis le 31 décembre 2020, pire encore, ces derniers l’ont même bloqué depuis cette année suite à l’abandon définitif de son propriétaire Adobe. « Steve Jobs a tué mon jeu » plaisante-t-il aujourd’hui. En effet, le patron d’Apple avait, pour des raisons de sécurité mais aussi de stabilité, banni la technologie Flash sur les appareils mobiles et tablettes à la pomme. 

DU POST-IT À LA TABLETTE GRAPHIQUE

Les années ont passé, Frédéric Berria a lancé en 2012 l’agence de communication Pencil Park, une agence couteau suisse qui crée du contenu pour tous les supports. À la fin du premier confinement, son crayon le démange, « profitant d’une période de creux », l’artiste en a profité pour faire revivre ses illustres personnages ultra-minimalistes.

Lula et sa famille ont franchi le cap de la modernité et s’affichent sur Instagram et Facebook. Grand aficionado du format comic strip, sa référence ultime reste Calvin and Hobbes illustrée par Bill Watterson, bande dessinée publiée quotidiennement dans le New York Times. « Je me force à raconter mes histoires, gags ou tranches de vie en une ou quatre cases à cause des contraintes d’affichage sur Facebook » soupire-t-il.

Le style de ses dessins a évolué, « je fais des essais pour représenter le caractère hyper dynamité de Lula, je travaille sa chevelure notamment son emblématique swing. Je ne la maîtrise pas encore tout à fait » avoue l’artiste. Alternant à la fois entre Günther et la jeune fille aux cheveux rouges, tantôt dans sa tête ou dans son univers, l’on se délecte quotidiennement à retrouver ses personnages touchants, voire attachants.

Au-delà du running gag, Frédéric Berria nous invite à une réflexion, humblement, sans prétention, mais avec une finesse dans sa prose et une pointe de nostalgie où il introduit subtilement des références à ses influences, comme une chanson dans la tête, ou à des incontournables du cartoon et de la pop-culture : The Simpsons, Scooby-Doo et Superman entre autres…

À la question d’un prochain album de bande dessinée, Frédéric s’amuse : « cela n’est pas le but recherché mais s’il y a un lectorat conséquent, on verra. Pour l’instant, je m’amuse ». Pour que l’œuvre devienne réalité, vous savez ce qui vous reste à faire…

Daniel Latif
Photo : DL /DR
Dessins : Frédéric Berria

Les Vénitiens ne font pas carnaval

Il règne comme une ambiance surréaliste sur le Canal grande à Venise lorsque vous longez à bord d’un Riva ce palais illuminé la nuit. À Ca’Rezzonico, un couple d’amoureux s’embrasse, assis en haut des marches à moitié immergées, déguisés en braqueurs dans la Casa de Papel.

Une touriste anglaise les observe, un paquet de chips à la main, comme si elle était au cinéma. Plus loin, il y a ce faux baron et cette fausse comtesse, costumés comme au bon vieux temps, qui déambulent masqués avec cette nonchalance et dans une démarche fantomatique. Les touristes s’amusent, ils observent, rient et prennent des photos.

Les vénitiens, eux, sont partagés. Les jeunes observent cette effervescence avec scepticisme. « Venise est victime de son succès », souffle Giovanna, vénitienne de naissance. L’afflux de visiteurs complique leur vie et les déplacements au cœur des rues étroites. Les touristes leur  « volent [leur] ville », Les anciens sont plus compréhensifs, comme Bruna, qui porte le titre de Grand-mère des Gondoliers : « c’est beau de voir ces visiteurs venir du monde entier pour perpétuer cette vieille tradition » s’enorgueillit-elle. 

Antonella, assise en terrasse avec sa mère, ricane devant le défilé de toute cette galerie. « Il faut bien s’amuser, je les comprends » philosophe-t-elle même si elle reconnaît que les costumes et personnages incarnés sont « de plus en plus bizarre » lance-t-elle devant ce touriste déguisé en Joker avec une batte de baseball.

« Nous faisions carnaval, se remémore Antonella, mais c’était dans les années 80. Les vénitiens s’habillaient avec des costumes d’époques et allaient dans des soirées exclusives feutrées dans des palaces improbables bordant le Canal. Aujourd’hui, les vénitiens ne font plus carnaval », confesse-t-elle.

Entre « Carnaval » et « Halloween », il faut reconnaître qu’on ne sait plus trop sur quel pied danser. Des masques, de toutes les formes, de tous les goûts et souvent de mauvais goût. Des effrayants, des basiques, des ridicules. Foison d’anges, un Zorro des plus bluffants, un impressionnant Batman ou quelques Spiderman et un sosie presque parfait du Professeur dans la Casa de Papel. On aperçoit aussi certains membres de la famille Windsor, William et Kate, Meghan et Harry échappés de Buckingham Palace qui se déhanchent dans une improbable charcuterie transformée en dancefloor pour la soirée d’ouverture du carnaval.

Il est facile de distinguer les touristes, l’œil rivé sur le GPS cherchant leur hôtel ou un embarcadère, des vrais vénitiens qui vous bousculent rouspétant continuellement : « permesso, permesso ». Veronica, comtesse aux racines italiennes, ne peut s’empêcher de décortiquer les tenues de la plupart des passants. Sensible à l’effort de certains, comme ce jeune acteur sur qui elle a jeté son coup d’œil expert : « ah, il y a du plombé dans sa cape ! Les plis sont maintenus, il y a du volume et il porte un vrai col en fourrure de vison » commente-t-elle. 

Donnant un bon point à ces espagnols et les asiatiques qui jouent le jeu à fond et qui ne se content pas que d’arborer le masque mais qui néanmoins tombent parfois dans le « complètement ridicule, observe-t-elle. Il suffit de regarder ce faux velours de soie, c’est trop transparent. Elle poursuit avec l’analyse de « ces fausses capes froissées » qui lui donnent « envie de louer un costume pour relever le niveau » de la parade.

« Ici, c’est un Carnaval, on ne se déguise pas, on se costume » précise Didier Spang, qui tient le stand Plume NC Design sur la place Campo S. Stefano. Cet éleveur, passionné d’oiseaux, est le seul commerçant non vénitien autorisé à exposer et invité par la Chambre de commerce et de l’artisanat à participer à cette 36ème foire organisée par la ville de Venise.

Ses masques sont entièrement faits à la main, et les prix atteignent pour certains 8000 euros comme pour cette pièce intitulée « Nous deux » : un masque en plume qui a été porté « lors de nombreux défilés Jean-Paul Gaultier et Hermès ».

A l’origine, le carnaval de Venise était « le seul moment où les petites gens se déguisaient et pouvaient faire ce qu’elles voulaient. Elles pouvaient ainsi se mélanger avec ces classes qu’elles ne pouvaient approcher le reste de l’année. C’est pour cela qu’ils se noircissent le tour de l’œil car il ne fallait surtout pas voir un centimètre carré de peau, de peur d’être reconnu » recontextualise Didier Spang.

Ainsi, le masque conférerait comme dans le célèbre film The Mask avec Jim Carrey, un pouvoir qu’ils n’avaient pas d’habitude. Étonnamment, derrière cette symbolique de la dissimulation, les regards deviennent plus perçants. L’illusion de l’autre l’emporte et les échanges visuels se soutiennent davantage. L’ambiance s’ouvre gaiement, nul besoin d’autre artifices, la troupe de masques entre dans le bal et danse, les uns avec les autres, les uns contre les autres. Car, derrière ce masque, la fantasmagorie opère immédiatement et crée une tension érotique. Les couples se mélangent, s’anonymisent, des clins d’yeux s’échangent furtivement. Perdus dans cet immense Venise, aux ruelles toutes semblables, le doute s’installe. Des regards mystérieux se questionnent, s’interpellent, se jaugent et ils paraissent familiers et essaient de se reconnaître, en vain.

Cette année le thème du carnaval est l’amour. Ça tombe bien, entre les odeurs de toute une gastronomie typique avec des légumes grillés du marché, la mortadelle et les salamis, les vins de la région sans oublier les incontournables Prosecco, Bellini et Spritz, tout est réuni pour faire un formidable banquet où après avoir fait bonne chère, les convives passeront peut-être aux plaisirs de la chair.

Une recette simple pour rester vivant et revoir Venise.

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Michou must go on !

Un calme saisissant règne sur la rue Caulaincourt. Les néons du café Au Rêve, brillent d’un bleu turquoise éclatant. En terrasse, Jean-Michel, un habitué, prend son café et observe les quelques badauds qui attendent déjà devant le cimetière Saint-Vincent . « Ce sont des places en or, vous êtes aux premières loges pour l’arrivée de Michou » lance une voisine. Intrigué, il commence à discuter avec les autres clients : « Brigitte Macron sera aussi présente » lui apprend un Montmartrois.

Alicia, professeur d’espagnol, est venue rendre hommage à ce personnage truculent que « tout le monde connaît ». Arrivent deux Poulbot, figures emblématiques, aux côtés de quelques membres de la République de Montmartre, reconnaissables par leur habits traditionnels composés de chapeau, cape, arborant l’écharpe rouge et une imposante médaille. Admirative devant un tel folklore, elle poursuit : « en Espagne aussi nous sommes traditionalistes, et c’est important, sinon on ne sait pas d’où on vient et on perd ses racines ». Regrettant de ne pas avoir eu le temps d’aller assister à son spectacle, « le cabaret, c’est comme notre flamenco. C’est une partie du patrimoine parisien qui s’en va, mais c’est une partie de nous qui meurt aussi » se désole-t-elle.

UNE PARTIE DU PATRIMOINE PARISIEN QUI S’EN VA

Un important dispositif de sécurité écarte la foule pour faire place à un corbillard, fraîchement repeint pour l’occasion aux couleurs de Michou. Alexandre, photographe qui passait par hasard, observe la scène : « il laisse plus qu’un souvenir, une trace dans ce quartier. C’est quelqu’un qui avait compris que l’être était autre chose que le paraître. C’était un Pedro Almodóvar avant l’heure ». 

Ce qui revient le plus souvent, au-delà de l’aspect culturel et artistique, c’est sa personnalité et sa générosité : « tous les gens qui venaient dans son cabaret, c’était des amis, il ne les prenaient pas pour des clients. Michou discutait, il était content de faire des photos avec eux » souligne Any d’Avray, créatrice de perruque. « Il maintenait les années populaires, faisait bouger tout le quartier et vivre encore le cabaret ».

« On reste optimiste, mais ça ne sera plus jamais la même chose… ». Arnaud, le patron du Nazir se rappelle avec émotion ses nombreuses visites dans son établissement : « c’est un monument historique qui a beaucoup fait pour tout le quartier et surtout les anciens ».
Ses proches, ses amis étaient tous réunis dans la bonne humeur et la convivialité. « On s’y attendait, et il nous disait : « j’espère que tu viendras à mon enterrement ». Ainsi, tout était préparé pour que son enterrement soit un moment d’amitié et de commémoration. Roger Dangueuger, ancien patron du cabaret « Chez ma cousine » et ami de Michou se remémore : « il disait que le cabaret ne lui survivra pas et pourtant, il y a toujours trois mois de réservations enregistrées, alors on espère que ça nous permettra de le garder encore un petit peu avec nous ».

Daniel Latif
Photos : DL /DR