Salon SNCF Grand voyageur Paris Gare de Lyon : le haut lieu de revendication

Il y a deux catégories de voyageurs : le petit voyageur et le Grand voyageur. Et notre Grand voyageur ne voyage pas pour le plaisir, il fait du Business. À défaut de la carte de fidélité Grand voyageur, c’est la mention que vous devez avoir sur votre billet si vous voulez accéder au Salon grand voyageur TGV Inoui de Paris gare de Lyon. En effet, à la SNCF la Business est plus prestigieuse que la 1ère classe.

Dans la plupart des lounges, il faut grimper au deuxième étage pour trouver un peu de calme. Là, vu le peu de place au rez-de-chaussée, il n’y a pas le choix : il faut monter les escaliers ou prendre l’ascenseur.

À l’étage, le salon vous offre son plus beau panorama sur les panneaux publicitaires Lacoste parfaitement disposés pour vous gâcher la vue et cette immense bâche Longines avec Jennifer Lawrence qui nargue le voyageur — qui va se sustenter à la Brioche Dorée — avec sa montre Longines DolceVita au poignet, légendé et signé par l’émouvant épigraphe : « l’élégance est une attitude ».

Ces boissons sont préparées gratuitement et servies à volonté par la machine Selecta. Oui, oui, vous avez bien lu gratuitement et Selecta dans la même phrase.

Comme celle du Salon de la Gare Montparnasse, le choix y est impressionnant. Ainsi, trois machines réparties dans le salon vous proposent du café en grains Bio et Fair Trade avec une déclinaison improbable autour du café : ristretto, expresso, expresso crème, expresso allongé, double expresso, café ou café américain.

Ceux qui n’aiment pas le café mais qui ont besoin d’une dose de caféine seront également servis avec une déclinaison de cafés gourmands : cappuccino, mocca, café latte, latte macchiato. Enfin, les enfants seront tout émoustillés de découvrir les déclinaisons de duo chocolat, chocolat viennois, chocolat chaud et chocolat blanc. 
Un tel large choix qui n’a rien à envier au plus sophistiqué des distributeurs de boissons chaudes que vous avez pu connaître dans vos années fac. 

Les amateurs de thé ne seront pas laissés pour compte avec un choix des plus alléchants de thés Clipper dont un sachet à la menthe et citron spécialement conçu pour les infusions à froid.

Je vous ai mis la liste exhaustive pour que vous puissiez rapidement faire votre choix. Car ici aussi, il faudra faire la queue et vous n’aurez que peu de temps afin de réussir à vous décider parmi la pléthore de boissons proposées. Et vous le savez bien, le voyageur en train est pressé. Alors imaginez, à quel point le Grand voyageur peut s’impatienter. D’ailleurs, celui derrière-moi s’en agace tellement qu’il me colle de plus en plus.

Ici, vous êtes un peu comme chez Ikea. Vous parcourez des allées de parquet et observez les différents espaces, la variété des canapés, il y a des sièges de taille super size, plus ou moins hauts. Là-bas, des beaux sièges façon Thalys en 1ère agencés en compartiments de train. Une belle illusion qui vous préparera sans doute psychologiquement pour votre voyage.

Un intrigant panneau indique que le salon dispose d’une bibliothèque. Je cherche, en vain. Aucun livre présent sur cette étagère traversante. Une belle diversité de plantes et quelques jeu de société dont un jeu à damier, un Digit — où il faut trouver le bon mouvement. Le Cogitus, le solitaire des jeux de stratégie, n’a pas trouvé preneur, et ce Pontu, avec écrit en gros dessus « fabrication française, artisanale et éco responsable » n’a connu guère de succès, non plus.

« Tac tac tac tac… Aaaahhhhhhhh ! » se soulage un passager qui conclut : « oh ! Ça fait du bien, ça faisait longtemps… Est-ce que je vous dois quelque chose ?
Pas du tout Monsieur, c’est un service que l’on propose au salon ».

Pas de bibliothèque, mais un coin massage où les femmes et hommes d’affaires peuvent venir se détendre avec la vue sur le Hall 1 et ses interminables va-et-vient. 

Au détour des pseudos demi-alcôves qui peinent à masquer les commérages. On peut participer à la conversation de Micheline et Giselle. Ces jeunes demoiselles se sont installées  sur le canapé du milieu, buvant leur café comme si c’était du Calva, elles ricanent à gorges déployées puis entre deux messages envoyés sur WhatsApp et un défilement frénétique de leurs réseaux sociaux ponctuent leurs conversations de « putain », « grave », « j’avoue » et de « ah ouais !? » à tout va. 

Le Monsieur Business sur son ordinateur portable ne tient plus, il décide de changer de place.

En dépit du confort et du standing des vastes fauteuils et de la variété des espaces à vivre, l’envie de m’asseoir n’est pas présente. On regrette définitivement les roulés à la cannelle ou les hot dogs. Car, c’est ce qui manque cruellement à ce salon : de quoi manger ! Et quand on a rien à manger et qu’on a que de la presse à se mettre sous la dent : gare à la rage de dent !

La presse disposée sur des comptoirs est déjà à moitié envolée. Dieu soit loué, les journaux sont sous baguette en bois, personne n’ose encore les décrocher pour les emporter. Deux magazines se battent en duel. Je ne parle pas des catalogues publicitaires Wallpaper * ou de Culture Golf Fairways que personne n’a embarqué, soit en raison de leur poids, soit parce qu’ils sont en anglais…

Il reste deux magazines : Challenges avec sa Une « qui va succéder à Macron ? » et Marianne « ceux qui ont fait dérailler la SNCF ».  Les responsables de ce lounge doivent être sacrément politisés ou avoir une bonne tranche d’auto dérision. 

Un panneau indique « plus de 100 titres de presse en un clic » grâce à une application à télécharger.
Une dame en train de signer le livre d’or : « Sans la presse quotidienne, le salon perd tout son intérêt. Triste. »

Un passager curieux qui lisait le message sur son épaule lui répond aussitôt : « Ils ont voulu la jouer écolo, mais ça marche pas. La presse sur le téléphone s’affiche mal, ça pixelise et c’est mal scanné, on n’arrive pas à lire pas les coins ».

Amusé par ce recueil, je commence à le parcourir. Ce livre, comme son nom l’indique, est une vraie mine d’or. Il se lit en discontinu et affiche clairement ce que pensent les Grands voyageurs, leur philosophie et leurs opinions politiques.

En voici un florilège :

« À bas les VIP, nous sommes tous humains » Anonyme

« Rien n’est trop beau pour la classe ouvrière » Anonyme

«Top d’avoir prévu des espaces pour changer les bébés aussi dans les toilettes homme !» écrit un autre anonyme.

« Il était une fois un salon grand voyageur agréable, où l’on pouvait lire la presse, boire un coca, une eau gazeuse, un café ou même une bière, feuilleter un magazine. Tout cela est bien loin ! On a l’impression d’être dans une étable, où les vaches, au lieu de ruminer, consultent leurs e-mails. Quelle déchéance ! Je préfère aller au café. Salut ! » s’insurge Jojo le 15/09/23

« Impossible d’accéder à la presse numérique pour les billets 1ere pro ? » 

« La suppression des journaux est fort regrettable. Cette décision unilatérale sans information est un très mauvais signal aux grand voyageurs » écrit Pierre, qui a eu un droit de réponse en dessous : 

« et l’écologie monsieur ? » suivi d’un tampon Salon grand voyageur TGV Inoui Paris Gare de Lyon du 1er septembre 2023.

Ce qui a agacé « CC » qui a lui aussi exercé son droit de réponse sur une page entière : « Où sont passés les journaux, les revues que nous lisions avec délice dans le salon grand voyageur. Même la lecture des journaux sur place n’est plus possible ?

Non, lire la presse sur Internet n’est pas écologique !!! Les outils numériques dévorent l’énergie. Lire sur des petits écrans fusille les yeux, la vision. Et la matérialité du papier, sa sensualité, qu’en faites-vous ? SVP. Remettez les journaux ».

« Merci d’avoir remis les journaux » signe Jph quelques pages plus loin.

Après avoir parcouru autant de petite littérature de gare aux relents plus ou moins propagandiste, à travers certains mots, j’ai préféré prendre le magazine Wallpaper * et quitter le lounge.

Allez, salut la compagnie !

Daniel Latif
Photos : DL /DR

La philosophie de la longévité selon Bang & Olufsen

On a tous connu un ami qui avait une Bang & Olufsen. BO, pour les intimes,  est une marque d’équipement audiovisuels haut de gamme créée en 1925 par deux danois : Peter Bang et Svend Olufsen. Mon premier contact avec une B&O, c’était chez ma grand-mère à Svendborg, au Danemark, avec cette télévision installée sur un pied motorisé qui tournait vers vous lorsqu’on l’allumait avec l’impressionnante télécommande en aluminium, et qui s’éteignait en douceur avec une extinction façon rideau de théâtre. Elle s’intégrait à merveille dans le salon.

Ce qui m’a toujours fasciné chez B&O c’est leur design épuré épousant avec harmonie les architectures et design intérieurs danois.

Presque cent ans après, la référence hifi danoise est toujours en avance sur son temps et veut lancer une nouvelle ère du développement durable. « On veut créer de l’attachement à nos produits en utilisant des matériaux nobles comme du bois solide et de l’aluminium » explique Mads Kogsgaard Hansen, chargé de la Circularité chez B&O.

La « circularité » est un thème cher à la marque danoise, qui veut importer une nouvelle philosophie inspirée du Cradle to Cradle. Selon cette institution, il ne s’agit pas de  blâmer l’activité humaine mais de suggérer de privilégier les énergies renouvelables et de tout utiliser comme ressource afin de faire disparaître la notion de déchet.

Éviter de faire des produits à l’obsolescence programmée  

Qu’est-ce qui fait le prestige d’une marque ? La qualité des finitions, la belle facture mais surtout  sa capacité à traverser plusieurs dizaines d’années. C’est pourquoi Bang&Olufsen veut s’inscrire dans une démarche de circularité et longévité plutôt que d’utiliser le fameux terme pédant—  utilisé à tort et à travers — sustainability.

« On travaille avec la modularité de nos produits, argumente Mads Kogsgaard Hansen, pour permettre de remplacer des parties séparément grâce à des vis ». Ainsi, l’on peut aisément accéder à la batterie pour la changer, y compris changer la carte mère ou ajouter de la mémoire « car la technologie peut évoluer rapidement ». De cette façon, on évite d’avoir un produit dont la durée est dictée par sa batterie. 

La « customisation technique mais aussi cosmétique » est pour l’ingénieur danois la clé pour assurer la longévité d’un produit : c’est ce à quoi s’attache particulièrement la marque Bang & Olufsen, qui cherche à créer des design hors du temps qui ne vieilliront pas et connaîtront plusieurs vies.

Et pour joindre le geste à la parole, Mads Kogsgaard Hansen nous a invité le temps d’un atelier pratique à prendre des tournevis pour remplacer la carte mère d’une enceinte Beosound Level, changer la batterie et en profiter pour la customiser avec un petit défi : recréer l’enceinte de demain.

Après une petite observation des différents produits et de l’univers B&O, j’avoue qu’il manquait une petite touche pour couronner le prestige et l’originalité Bang&Olufsen. Alors, à défaut de pouvoir y apposer un petit drapeau du Danemark, j’ai essayé de faire une enceinte raccord aux couleurs du célèbre Dannebrog.

Voyage dans le temps à bord d’un train spécial

Paris, Gare du Nord, 9h10. Le panneau de départ des grandes lignes indique un « TRAIN SPÉCIAL » association MFPN, à l’heure à la voie 18. 

Il s’agit d’un train touristique affrété par l’association Matériel ferroviaire patrimoine national. Ce matin, c’est Mateo Derosais, habituellement conducteur de train à Paris Saint-Lazare, qui prend les commandes d’une locomotive à la disposition singulière. Il s’agit d’une locomotive diesel, monocabine qui a passé sa carrière à faire du transport de marchandise. Un petit détail attire l’œil du connaisseur : la mention « Dijon – Périgny », son technicentre d’attache, où elle était régulièrement entretenue. 

Cette locomotive immatriculée BB69432 va tracter des voitures inox des années 60 et voiture vertes, type OCEM, des années 30, embarquant 366 passagers : direction Le Tréport. 

Stéphanie, une vacancière ou « touriste du samedi » comme elle aime se présenter, adore embarquer en train car « le train, c’est le voyage ». Et celui-là, ce n’est pas n’importe quel train car ici « pas de QR code à scanner pour ouvrir les affreux portiques. Et en plus, personne ne râle ! » observe-t-elle. Un train où tout le monde est tout sourire, on comprend pourquoi il porte la mention de « train spécial ». 

Son programme, comme pour d’autres n’est pas encore établi. Il s’agit avant tout d’aller au Tréport, ville qu’elle n’a encore jamais visitée. 

A bord des voitures Inox datant des années 70, c’est un voyage dans le temps et un dépaysement complet. Les sièges ont le standing et le confort d’une banquette, les fenêtres s’ouvrent grand et il y a même un contrôleur en uniforme d’antan et montre à gousset. 

A bord de la cabine, le conducteur est assis en position arrière, derrière le long museau de la locomotive. Mateo se réjouit de piloter « un train vivant, qui fait du bruit. Plus contraignant à conduire, car il y a plusieurs choses à surveiller et il faut être à l’écoute de la machine ». 

Surveillant les arrières du convoi, pour vérifier que tout se passe bien, il suit scrupuleusement son plan de route sur son iPad avec les conseils bienveillants de Didier Hanot, ancien conducteur, qui officie comme copilote. Nostalgique, il a même ramené son fascicule horaire de 2005 : « À l’époque, on n’avait pas de tablette, on dessinait notre étude de ligne et toutes ses spécificités »

Le paysage se profile le long des rails, l’on s’échappe de Paris et les stations défilent. On réussit à lire furtivement le nom de l’arrêt : Stade de France. 

« On est à l’heure ? » demande Mateo à Jean-Emmanuel, cadre transport chez SNCF qui lui rétorque : « Oui, on a même de l’avance ! », tout en scrutant sa tablette. 

Les différentes topographies évoluent et se dessinent pendant notre trajet. Les passages à niveau s’enchaînent. Quelques voitures nous gratifient de klaxons en guise de salutation. Des passionnés attendent le long des quais, téléphone en main pour immortaliser notre passage. Des enfants hypnotisés par notre train à l’approche d’un pont commencent à agiter les bras. Le conducteur les salue en sifflant : « TCHIIII TCHHOUUU ! », les voilà aussitôt transportés. 

Nous traversons Beauvais. On reconnaît d’ailleurs cette odeur âcre, caractéristique émanant de l’usine Spontex. 

La voie devient unique, le ballast s’efface peu à peu au profit d’une végétation. Il paraît que la SNCF n’a plus le droit d’enlever ces pans de verdure, au détriment de la sécurité et de la circulation des trains. 

La vue sur l’horizon est dégagée de tout poteau électrique, les chemins de vers serpentent. L’occasion d’admirer les voitures à l’arrière qui épousent la courbe dont cette intrigante voiture postale qui « était accrochée aux trains de voyageurs et servait au tri postal “ambulant” à bord des trains. Pendant les arrêts, les agents de la Poste (PTT) chargeaient et livraient des sacs de courrier et les triaient en roulant » explique Florian, passionné de train et bénévole à l’association MFPN. 

Il y a de surcroît cette voiture verte, bien antérieure à la SNCF, datant de 1930, autrefois nommée la PLM, Paris Lyon Méditerranée. 

12h10. Notre train arrive en gare du Tréport avec un incroyable comité d’accueil en tête de quai. Agents SNCF, chef de gare, voyageurs ou simples curieux nous accueillent tels des passagers venant d’un périple d’un autre siècle. 

Parmi les passagers, nombreux viennent souffler des félicitations aux conducteurs, leur transmettre leur bonheur vécu lors du trajet. Une dame accourt et s’exclame : « il est beau votre train, je peux regarder à l’intérieur ? Je me souviens très bien, pour embarquer c’était pas facile », commente-t-elle sous les yeux ébahis de son mari. Quelques instant plus tard, elle apparait à la fenêtre, s’adressant à son époux : « c’est chouette ! Oh, c’est marrant de retrouver ça… » puis se tournant vers les bénévoles de l’association MFPN, « vous devez être fiers, quand même !? ». Les passionnés, qui ont œuvré depuis des mois avec tout leur cœur, peinent à dissimuler leur joie devant un tel enthousiasme. 

Six heures d’arrêt pendant lesquels les 366 passagers vont pouvoir profiter de la mer. Pendant ce temps, les bénévoles s’affairent à ravitailler la voiture bar restauration, à nettoyer les wagons, les fenêtres, de fond en comble pour que le train soit pimpant pour le retour. Ensuite, il faudra manœuvrer la loco pour la placer en queue de train et repartir à Paris. 

18h40. Notre train repart direction Paris Gare du Nord. Nous retrouvons Stéphanie, qui a eu le temps de visiter Le Tréport et de se balader à Mers. « J’ai assisté à un mariage, je suis allé voir la Vierge et j’ai aperçu une soucoupe volante » affirme-t-elle tout en montrant des clichés sur son téléphone. 

Une escapade des plus improbables et une expérience des plus fluides pour cette voyageuse qui apprécie de pouvoir être « assise à la même place qu’à l’aller » . Ce qui lui permet de remarquer que ses voisins sont nettement plus zen. 

Le prochain train affrété par l’association MFPN partira le 16 décembre, le train spécial Père Noël Express en direction d’Amiens.

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Oppo Find X5, mon nouveau compagnon de vie

« Comment ça ? Tu n’as plus ton BlackBerry ? » me lance-t-on régulièrement depuis quelques mois. Tout cela a commencé suite à un défi d’une attachée de presse qui m’a assuré qu’en essayant le Oppo Find X5, je lâcherais aussitôt mon fidèle BlackBerry Key2. 

J’avoue, j’étais quelque peu sceptique, car il s’agissait d’un modèle et d’un constructeur dont j’avais seulement vaguement entendu parler. Mais lors des premières prises en main du Find X5, son revêtement blanc nacré m’a agréablement surpris. En effet, le doigt glisse le long d’un matériau qui ne laissait pas présager une telle sensation. Un soyeux qui ne fait que renforcer le confort de son usage au quotidien et j’avoue, je me suis surpris à de nombreuses reprises à le caresser, y compris quand il était dans ma poche. De surcroît, le téléphone est de très bonne facture et d’une finition des plus premium.

J’ai rapidement pallié l’absence d’un véritable clavier par une autre technique : le glissé du doigt le long de l’écran. « Mais qu’est-ce que tu bricoles donc ? » : telle est la réplique à laquelle j’ai droit lorsque je rédige cet article sur le Find X5. Pourtant, le mode Swype « existe depuis de nombreuses années » me confirme Gilles Pietri, expert en informatique, mais fait toujours autant halluciner mes voisins lorsqu’ils m’observent en train de prendre des notes sur mon téléphone. Oui, oui, ça marche aussi sur vos iPhone, essayez donc, vous me remercierez plus tard. 

Petit détail, non négligeable, qui vient avec le Oppo, c’est son chargeur « super Vooc » de 80W dont la taille est assez conséquente mais qui permet une charge ultra rapide. Une fois branché, vous restez scotché devant ce compteur digital qui affiche la progression de recharge de façon surréaliste. Comptez une demi-heure pour une recharge complète. Pratique et surprenant, reste juste à savoir combien de cycles de chargement la batterie pourra survivre. Probablement la raison pour laquelle le téléphone passe en charge « optimisée » et beaucoup plus lente lorsque vous laissez l’appareil branché après minuit. 

Sinon, en usage téléphonique, car c’est censé être son usage principal, même si « de nos jours, plus personne ne prend la peine d’appeler » comme le souligne bien mon ami photographe Cunione. Le Find X5 offre une qualité d’écoute à travers deux écouteurs des plus notoires. Seul reproche qu’on pourrait lui adresser, l’absence de la prise jack, qui m’a bien fait défaut lorsque je me suis retrouvé dans un train et que je voulais éviter de partager mon écoute musicale avec mes voisins. Une avancée dans la technologie, certes, mais une évolution des plus contraignantes qui m’oblige à jeter mes nombreux écouteurs à la poubelle pour passer sur ces fameuses oreillettes Bluetooth qui se déconnectent en permanence et qui vous feront passer pour un technicien Darty… Non merci ! Je survivrai sans musique alors. 

Et côté réseau de téléphonie mobile, le Oppo Find X5 propose naturellement de la 5G, que j’ai pu tester en Autriche et profiter pour la première fois d’une vitesse de transfert à couper le souffle. En France, avec Sosh, la 5G n’est pas encore compatible… C’est pas plus mal, ça préservera ma batterie et mon forfait.

En résumé, c’est un téléphone qu’on apprécie avoir en poche. Mais ce qui m’a finalement convaincu de franchir le cap, c’est d’apprendre que son optique a été développée en collaboration avec Hasselblad. Un atout des plus alléchants lorsqu’on pense à la résolution et l’emblématique piqué des photos prises par Laurent Dufour, photographe membre du collectif Regard parisiens, avec son remarquable appareil photo suédois dont le bruit de déclenchement ne laisse pas indifférent.

L’appareil photo du Find X5, avec son capteur 32 Mpx, permet d’alterner entre un grand angle, angle normal et plus serré lors des prises de vues. Réglé et calibré par Hasselblad, il permet de faire des photos à couper le souffle y compris en basse luminosité ou carrément la nuit.

La configuration des réglages est aussi poussée que celle d’un véritable appareil photo avec le mode « Pro » où vous pourrez régler les ISO, l’exposition, la vitesse d’ouverture, la balance des blancs et même le choix dans le format entre le classique JPG ou du RAW, pour ceux qui veulent rouler des mécaniques. 

Côté vidéo en 4k, il y a la possibilité de régler aussi la profondeur de champ, de quoi permettre de réaliser de beaux clips de très haute qualité — heureusement que le téléphone possède une mémoire de 256 Go ! Le tout sur un écran Full HD qui régale les yeux et donne envie de passer instantanément en HD lorsque l’on regarde des vidéos sur YouTube.

Comme j’aime faire des photos, je l’ai tout naturellement mis à l’épreuve au cours de mes reportages et différents voyages. Résultat : des images à la qualité toujours surprenante quand on pense qu’elles émanent de ce simple appareil. 

Non seulement le Oppo remplace avec brio n’importe quel téléphone, mais en plus, il dispense d’acheter un appareil photo, me disais-je à ce moment où j’étais encore indécis.

Portrait, paysage, voyages, reportages, shooting photo, tranches de vie… voici un florilège, à la façon de cartes postales capturées avec un Oppo Find X5. Sans aucune retouche — ou quelconque artifice — bien évidemment !

Et me voilà forcé d’admettre que l’attachée de presse avait raison : le Find X5 m’a bel et bien fait lâcher mon BlackBerry Key 2.

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Excursion à bord d’un train pas comme les autres

Paris, Gare Saint-Lazare. Le panneau d’affichage des départs grandes lignes indique un train TER 801205 sans destination pour un départ à 08h58. Quelques instants plus tard, l’affichage en gare indique qu’il s’agit du train des Planches opéré par l’Amicale des agents de Paris Saint-Lazare, une association de cheminots et passionnés de chemin de fer, entre autres, qui œuvrent pour la restauration et la conservation du patrimoine ferroviaire roulant. 

Ce matin, une foule s’est amassée sur la voie 27 pour admirer la « 17016 », ou la 16 pour les intimes. Une locomotive électrique emblématique de la gare Paris Saint-Lazare, reconnaissable par sa robe tricolore. Datant des années 60, Il s’agit du dernier modèle existant et encore roulant. Celle-ci tracte des voitures en inox, sauvegardées et entretenues par le MFPN, une autre association de passionnés de train, le Matériel Ferroviaire Patrimoine National. 

Ils sont 209 passagers — le sourire aux lèvres, certains émus — prêts à embarquer à bord d’un train d’antan un pour un aller retour à Deauville sur la journée. L’effervescence est telle que même des agents de la sûreté ont fait le détour pour immortaliser « le beau bébé ». Cette belle locomotive qui attire tous les regards a été réformée en 2015 car elle nécessitait trop d’entretien au quotidien. 

Un voyage dans le temps

Départ à l’heure pile, nous roulons littéralement cheveux aux vents. En effet, ici, pas de tergiversations autour de la climatisation, les fenêtres s’ouvrent en grand grâce à une molette. 

Les wagons, des voitures DEV Inox coach, sont le résultat d’une belle ingénierie française, construits par Carel Fouché & co. En plus des trois voitures, il y a la voiture bar qui peut aussi s’aménager en bar discothèque grâce à ses spots multicolores au toit.

Car, le voyage en train c’est très souvent l’occasion d’y casser la croûte. Les prix sont raisonnables et la queue ne réduit pas. A l’intérieur des wagons, l’espace est vaste, les sièges sont d’un confort notoire, les noms des passagers sont inscrits sur le haut des sièges. 

« C’est une locomotive que j’ai toujours vue depuis mon enfance, on ne peut pas être insensible à ce bruit-là » s’anime Anne-Cécile, une jeune fille passionnée par les vieux trains, qui se réjouit à l’idée de pouvoir remonter dans ce train qu’elle empruntait tous les tous jours entre Pontoise et Cormeilles-en-Parisis pour ses études. 

Le conducteur titulaire du train s’appelle François Dayan. Il est reconnaissable par sa blouse bleue de travail et préfère qu’on l’appelle « mécanicien » car à l’époque il y avait un chauffeur qui « prenait le charbon et le mettait dans la locomotive puis le mécanicien qui conduisait »

Ce jour-là, il a confié la conduite du convoi à Benoît de Saint Victor, conducteur en formation, qu’il épaule aux côtés de Jérémy Capdeville, cadre transport à la SNCF qui supervise le trajet.  

C’est la deuxième fois que Benoît se retrouve aux commandes de ce train historique. Au fil des kilomètres, le convoi atteint sa vitesse maximale de 120 km/h, une première pour son jeune conducteur qui est étudiant en ingénierie ferroviaire à l’Estaca. « Je suis comme un gosse, mais avec pas mal de responsabilités sur le dos », confie-t-il. 

« Le problème de ces bagnoles, c’est que le frein est hyper mordant » explique François Dayan qui connait « Poupée » par cœur, car il est en grande partie responsable de son entretien. Cheminot depuis 1991, il regrette ne plus avoir une telle locomotive au quotidien : « dans les trains complètement aseptisés d’aujourd’hui, tout se fait avec des écrans d’ordinateurs » détaille-t-il tout en profitant d’une courbe pour jeter un œil par la fenêtre, voir s’il n’y a pas d’anomalie et que tout va bien. 

La grande famille de la SNCF

« Tchouuu tchiiii tchouu » siffle le train que l’on croise, les conducteurs se saluent car à la SNCF on est en famille. Un autre plus loin nous revisite la Cucaracha avec son klaxon, l’effet sur les pilotes en cabine est garanti.

Il y a également les ferrovipathes qui foisonnent tout le long de notre parcours. Sur les ponts, à travers les champs ou aux gares… tous attendent patiemment l’arrivée du train des Planches en espérant pouvoir saisir le meilleur des clichés photo. « Eh ben, quel succès ! » souffle Jérémy Capdeville devant un tel rassemblement qui le laisse sans voix. 

Nous sommes au point kilométrique 47, « Ah mais c’est Romain !? ». Le jeune homme en question fait un signe de la main, il s’en voit gratifié d’un « Tchou Tchou ». Le train file à fière allure, les conducteurs arrêtés aux différents passages à niveau sont sortis de leurs voitures et restent admiratifs au passage de notre convoi. 

Le train marque l’arrêt à Mantes-la-Jolie. Retour à la voiture bar, où la file d’attente pour les boissons, cafés et croissants ne désemplit pas. Une boisson semble remporter un franc succès auprès des voyageurs, il s’agit d’un jus de pomme normand et artisanal. Autre curiosité, ce cidre normand artisanal de la ferme de Ruelles qui a remporté la médaille d’argent au Grand concours agricole 2020. 

Il y a trois types de voyageurs remarquables : ceux qui rêvent, admiratifs devant un paysage défilant inlassablement, comme Anne-Cécile qui trouve que « c’est un sacrilège de faire une autre activité que d’observer le paysage »

Ceux qui inspectent minutieusement chaque recoin du train, des rideaux jusqu’aux consignes de sécurité d’époque. Des observateurs contemplatifs, comme Brigitte, qui affectionne les voyages en train car « c’est un lieu de rencontre où [elle] aime observer la vie des gens ». Elle nourrit son imaginaire de ces tranches de vie : « je voyage à l’intérieur, en observant mes compagnons de route, tout en voyageant à l’extérieur » philosophe la conseillère en recrutement. 

Puis il y a les jargonneurs, comme Philippe Brunard, retraité de la conduite de trains à Saint Lazare, qui explique à son fils les coulisses d’un trajet d’apparence simple mais qui recèle une telle organisation logistique en amont. 

« Attention à ta tête, alors là, tu vas voir un TIV, Tableau indicateur de vitesse de chantier. Tu vois le tableau blanc de reprise ? Quand le dernier véhicule franchit ce point, il est libéré de sa limitation de vitesse » commente, avec un brin de nostalgie, celui qui conduisait autrefois cette locomotive 17016. 

Quand le conducteur devient contrôleur 

Mateo Derosais est conducteur de train mais aujourd’hui, il voyage entre les voitures, habillé en chef de bord. Portant fièrement la casquette d’époque arborant le logo de la SNCF d’avant guerre, il regarde l’heure, c’est le moment de faire une annonce aux voyageurs : « mesdames, messieurs, votre attention s’il vous plaît, dans quelques instants votre train entrera en gare de Lisieux… Mesdames et messieurs, Lisieux, cinq minutes d’arrêt », raccroche-t-il avec émotion. 

Nous arrivons enfin à Deauville, quasiment avec le même temps qu’un train classique. Sur place, le chef de gare et Anne-Claire, une contrôleuse, sont sur le quai. Ils tiennent absolument à monter à bord de ce train pas comme les autres. 

Anne-Claire reste admirative de ces passionnés et ferrus de trains et leur annonce sitôt descendue de la locomotive : « je veux réserver pour le train de Noël ! ». Un trajet extraordinaire qui aura lieu le 2 décembre et qui aura pour destination Lille. 

Accourt un homme avec son appareil photo : « belle machine, c’est vous qui m’avez sonné à Bonneville-sur-Iton ? » s’amuse Jean-Denis, passionné depuis 1980 par tous les trains touristiques, qui connaît tous les horaires et passages de train par cœur. Alors que les passionnés restent sur le bord de route et que les touristes sont dans le train, Jean-Denis a parcouru 98 kilomètres, juste pour apercevoir de près cette emblématique locomotive. Une chose est sûre, c’est qu’il a roulé bon train. 

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Les chaises musicales façon Air France

Une semaine avant mon vol, j’ouvre l’application Air France pour m’assurer d’être bien assis côté hublot. « Clic, clic et clac » : 6F, voilà mon siège choisi. Quelques jours avant l’enregistrement, je vérifie le plan de cabine et je vois le siège 5F disponible. Et hop ! J’avance tel un ninja et je prends place juste derrière le rideau qui sépare la Business de l’Economy

Le jour du check-in est arrivé. Un message apparaît : « Votre siège a été modifié.

Nous sommes désolés, votre numéro de siège a été changé pour des raisons  opérationnelles. Votre nouveau siège est le : 04F. Si vous le souhaitez, vous pouvez réserver un autre siège. »

4F, « woop woop », j’ai été surclassé ! Alors certes, sur un vol interne — comme aiment bien se plaindre les éternels Cassandre, c’est pas la folie mais c’est toujours ce petit confort de pris. 

Un autre siège ? Pas folle la guêpe, non merci. 

Le jour de gloire est arrivé. Un œil sur la carte d’embarquement et je me vois rétrogradé en 8F. Ah bon !? Pourtant le message persiste bien et affiche que je suis toujours en 4F. Qui croire ? Le site air France ou l’application ? Pour en avoir le cœur net, je vais au comptoir, je montre le message et l’hôtesse reste confuse également. 

Merci Air France pour la fausse joie. Échec et mat, l’algorithme et la bêtise artificielle ont gagné. Et comme une surprise peut en cacher une autre, mon vol vient d’être retardé d’une heure et dans la foulée vient de disparaître des écrans.

Je quitte mon siège au salon, on m’invite à m’asseoir sur la chaise du service client. On me rebook sur le prochain vol à 12h40. À la bonne heure, cette fois-ci on m’annonce que je suis en 3F mais à bord d’un Embraer… et la déchéance ne s’arrête pas en si bon chemin : me voici relégué au terminal 2G !

Voilà comment le jeu des chaises musicales peut rapidement vous faire tomber de Charybde en Scylla.

Allez, salut la compagnie !

Daniel Latif
Illustration : Juliette Chivard

David Gauquié, l’enchanteur d’un quartier

Il faut flâner dans le quartier des Batignolles pour remarquer sur les murs ce « distributeur gratuit de souhaits pour la semaine »

Une œuvre originale qui s’illustre parmi tout l’insignifiant et vaniteux street art parisien par sa gracieuseté et son authenticité. Moins mystérieux — et moins calorique — qu’un biscuit chinois, plus pragmatique qu’une banale citation d’un sachet de thé Yogi tea et tout simplement plus amusant qu’un horoscope frivole. 

Derrière cette performance positive, se cache l’œuvre de David Gauquié, producteur de cinéma et de théâtre. Depuis un mois, il placarde incognito ses « distributeurs gratuits d’ondes positives parfois “bons de joie”, “bons d’amour en libre service”, c’est selon l’humeur » avoue celui qui aime signer d’une croix de Cocteau.

Une entreprise bienveillante qui consiste tout simplement à « partager un peu de mon soleil » confie le producteur sensible aux performances artistiques dépourvues de dessein commercial, marketing ou idéologique. 

Pastichant ces petites annonces accrochées dans les boulangeries ou supermarchés, le passant est invité à décrocher une languette sur laquelle un vœu authentique et concis est consigné à la main. « J’écris spontanément de vrais souhaits et toujours positifs » avec une petite touche d’humour, en attestent les mentions « 100 % garantis », « efficace dès lundi » ou encore « 1 par personne ».

À la façon d’un totem porte bonheur, David confère à ces tickets une vocation onirique. « Qu’on y croie ou pas, ça recharge positivement et met les gens dans une bonne disposition » analyse-t-il. Une telle sincérité dans sa création qu’il lui est arrivé de vouloir en découper un pour lui-même.

Il est à peine 11 heures et les étiquettes « savoir se faire confiance », « faire plaisir à un être aimé », « recevoir un sourire solaire » et « sourire à un inconnu » ont déjà été délicatement emportées.

Parmi les bons mots restants, le choix se restreint sur « prendre un risque et réussir »,« acheter un truc qu’on désire tellement », « rencontrer quelqu’un de génial », « avoir une énergie de feu », « vivre un moment de tendresse » ou « gagner au loto ».

Étiquette que j’ai aussitôt décrochée après mûre réflexion sur chacune des autres phrases. Un souhait des plus louables pour quelqu’un qui ne joue pas au loto, mais qui aura au moins le mérite de me faire commencer la journée avec le sourire.

Daniel Latif

Nikon ZFC : Le retour vers le futur du boîtier nostalgique

Illustration Juliette Chivard

« Tu t’es remis à l’argentique ? » telle est l’interrogation à laquelle j’ai droit lorsque l’on aperçoit mon appareil Nikon ZFC. Car la ressemblance avec le Nikon FA, FE et surtout le FM2, l’iconique réflex argentique des années 1980 est frappante. À la différence que le mien est entièrement hybride. Ce qui signifie qu’il n’y a pas besoin de pellicule mais juste d’une carte SD.

Comme pour un film, le choix de la carte reste primordial car le ZFC fait des photos et des vidéos de très haute qualité, c’est pourquoi j’ai opté pour une carte Lexar Professional 800x SDHC™/SDXC™ UHS-I BLUE Series, qui, au-delà de sa capacité de stockage des plus notoires de 256 Go, est étanche à l’eau, résistante aux chocs, températures, vibrations et rayons X. Un détail à ne pas du tout négliger, au risque de perdre l’essence même de votre travail. Un support des plus robustes — garanti 10 ans — mais surtout une carte dont la technologie permet une capture des images et un transfert des fichiers à très haute vitesse. 

Dan Latif par Laurent Dufour

De surcroît, le Nikon ZFC existe en plusieurs coloris noir, gris, turquoise, noisette, anthracite, bordeaux, bleu minéral, vert olive et même moutarde puis en ambre, blanc, beige. Avec toutes ces combinaisons, il sera difficile de croiser quelqu’un avec la même couleur de boîtier. J’avoue, je le voulais en rose, mais il n’y en avait plus…

Mais il faut reconnaître qu’au-delà de son esthétique rétro qui bluffe les plus connaisseurs, il est en parfait raccord avec ma veste verte. 

Certes, le ZFC n’est pas doté d’un capteur plein format, mais il permet de faire des photos et vidéos en Full HD et 4K, ce qui est largement suffisant. Il faudra retenir qu’un objectif 50 mm aura l’effet d’un 75 mm une fois monté dessus.

En photographe puriste, je préfère mon 35 mm. Léger et ultra-résistant, capable de capturer un moment, un lieu ou un sujet. Et ça tombe bien car grâce à la bague FTZ, le Nikon ZFC est compatible avec mon ancien objectif 35 mm DX.

Qui dit appareil à l’ancienne, dit une autre prise en main du boîtier, ce qui invite à une nouvelle approche photographique et a fortiori à essayer de nouveaux angles photos. Cela n’enlève en rien son aspect simple et pratique, notamment son poids qui est un atout notoire au quotidien. 

INDISPENSABLE POUR UN VOYAGE SOLITAIRE

Autre atout que j’ai pu constater lors de mes déplacements en France ou à l’étranger, c’est qu’il brise aussitôt la glace grâce à son look. « J’adore ton appareil », « belle couleur », « c’est une customisation ? » ou encore « mon grand-père avait le même », me gratifie-t-on régulièrement lors de mes promenades. 

Son apparence similaire au Nikon argentique dans sa version on ne peut plus rétro lui confère une bienveillance et incarne dans l’imaginaire des passants l’image toujours enthousiaste du reporter d’antan, un journaliste certes, mais « un journaliste du bon côté », honnête et non un vulgaire photographe. Un look qui intimide moins les sujets et passe beaucoup plus incognito quand vous l’utilisez en public.

Son écran numérique peut se retourner, pour tous les adeptes du selfie. Moi, je trouve ça pratique pour le protéger pendant les déplacements. 

Les réglages de vitesse d’obturation, de la sensibilité des ISO peuvent se faire grâce aux molettes en aluminium comme sur un appareil photo Nikon d’antan — ce qui est assez pratique quand on porte des gants.

Un autre aspect, quelque peu trivial, mais qui est toutefois remarquable : le bruit du déclencheur. De quoi compenser son côté entièrement numérique et donner l’illusion de l’argentique tout en invitant à la réflexion avant de déclencher.

Ses matériaux et sa couleur, et l’usage que j’en fais quotidiennement  me rappellent ces carnets précieux que l’on emporte partout avec soi pour y consigner des souvenirs. Ici, la noblesse de l’apparence du ZFC égale celle d’un Moleskine sur lequel on capture plus que de simples clichés, des témoins d’une époque vus et croqués par un boîtier nostalgique. 

Daniel Latif
Illustration : Juliette Chivard
Photos : DL – Portrait de Dan par Laurent Dufour /DR

Lounge Prague Erste : l’antichambre du lounge

C’est en déambulant à travers l’aéroport de Prague que je suis tombé par hasard sur cet escalier rouge qui mènerait selon les rumeurs au lounge. 

Me voilà en train de progresser le long de ce couloir, quand soudain à gauche, je vois deux hôtesses derrière un bureau surélevé, trônant devant deux énormes drapeaux, l’un européen, l’autre tchèque. 

J’aperçois au loin des canapés et des fauteuils sur lesquels des hôtesses de la compagnie nationales se sont affalées. L’une d’entre elle, me fait son plus grand sourire et coucou, je réponds et m’approche timidement. Sa collègue se lève aussitôt pour me prévenir : « désolée Monsieur, c’est un lounge présidentiel.
– Ah bon ? Le président est là ?
Lancé-je tout en scrutant au loin, ne voyant que des hôtesses de l’air.
– En fait, non,
bredouille-t-elle, mais comme il n’y a pas de personnalités ministérielles prévues aujourd’hui, on laisse les collègues se reposer avant leur vol. »

Quelle délicatesse… c’est pas en France qu’on aurait un tel soin. 
Dommage, j’aurai bien testé ce salon présidentiel avec cette belle compagnie. Je continue mon périple et arrive enfin au Erste Premier lounge. 

Je scanne ma carte d’embarquement, visiblement ça ne passe pas : 
– Vous êtes quel statut Monsieur ? m’interroge l’hôtesse
– Platinum, Madame
– Ah oh oui, bien sûr, allez-y…
Soupire t-elle en pointant les deux directions
– Vous me conseillez l’aile gauche ou l’aile droite ?
– Le lounge de droite est le meilleur

Je lui fais entièrement confiance mais comme les autres collègues journalistes de sont déjà installés à gauche, je n’ai pas le choix que de suivre comme un mouton. Tous les collègues sont assis les uns sur les autres sur des banquettes dans un coin du fond du lounge. 

Je décide de m’installer dans ce carré mitoyen où se trouvent quatre fauteuils blancs. Une collègue se met à côté de moi et part téléphoner. Deux verres coca-cola et une assiette vides traitent sur les accoudoirs des canapés en face. Probablement des restes qui n’ont pas été débarrassés. 

Mes affaires posées, je retourne vers le lounge de droite. L’hôtesse avait bien raison, ici il y a plus de place et un buffet assez garni, des pâtes à la sauce tomate, des plateaux fromage et salamis qui ont l’air de bonne fabrication et locaux. Un frigo avec une vitre transparente façon cave à vin mais les bouteilles de vin à l’intérieur sont à bouchon en vis. Tu sais déjà que tu es loin d’y avoir un grand cru et encore moins un cru tout court. Des grandes bouteilles de jus concentrés de la marque Cappy qui ne donnent pas envie non plus. Deux énormes bols de popcorn, l’un doit être sucré, l’autre salé, je suppose car je n’ai absolument pas l’envie de tester. 

« Tu trouves ton bonheur ? » me lance ce collègue qui dépose son verre et son assiette sur un chariot. Me voyant des plus dubitatifs mais n’attendant même pas ma réponse, celui-ci repart illico avec sa deuxième assiette. 

Il est inscrit sur le chariot que les passagers sont invités à débarrasser leur vaisselle et verres sales eux-mêmes. Tiens donc, on est chez Mc Donald’s ici ? Ce chariot trône lui-même devant une porte sur laquelle on peut lire : « premier private lounge », un lounge privatif « uniquement pour vous » avec un bar tout compris, et des « toilettes séparées ». À la bonne heure, manquerait plus qu’on ait les toilettes intégrés au siège. 

Je retourne m’installer dans le salon de gauche quand j’aperçois une valise grise, ornée d’une étiquette Platinum et d’une belle pochette avec un porte clé de cigare Cohiba. Mes affaires ont été quelque peu poussées et à la place quelqu’un a posé une soupe. 

« Ce sont vos affaires ? » me lance dans un anglais à l’accent à couper au couteau, cet homme à la montre suisse dont la couleur or est des plus éblouissantes :
– Vous, vous êtes français ?
– Oui
, réplique-t-il soulagé de parler en français
Ce sont mes affaires, en effet ! Lancé-je tout en m’asseyant
Je pensais que vos affaires étaient sur le siège d’à côté, alors je me suis permis de m’installer
Ce sont les affaires de ma collègue, mais vous pouvez deviner par la présence de cet autre sac qu’il y a une deuxième personne ici
Et votre collègue, elle n’est pas là, vous n’étiez pas là… bafouille-t-il
Je peux aller me servir au buffet le temps d’un instant ?
Mais où est donc votre collègue ?
– Elle est là, elle discute avec les autres collègues…
– Et vous vous étalez dans tout le salon ?
– Monsieur,
m’agaçais-je, nous sommes dix, comment voulez-vous faire avec une configuration de quatre fauteuils ?
Voilà, c’est ça les Français, ça se tient mal en France… mais à l’étranger vous êtes pires !
Votre remarque ne m’atteint pas, j’ai suffisamment de maturité pour ne pas me vexer
Vous trouvez ça normal, votre comportement dans ce salon ? Insiste-t-il. D’ailleurs, vous faites quoi à Prague ?
Je suis journaliste et j’écris un livre sur les lounges d’aéroport. 

Le monsieur reste interdit :
– Les lounges, comme celui-ci ?
– Tout à fait, et vous m’inspirez une belle histoire à raconter 
– Ah bah, vous parlerez de ces français insupportables alors,
persiste-t-il.

Je lui demande son nom. Étonnement, il me tend sa carte puis s’adoucit et me demande mon âge. « J’ai trois filles dont une à marier » murmure-t-il.

Comme quoi, un père qui vous rencarde avec sa fille… sur un malentendu, ça peut marcher ?

Allez, salut la compagnie !

Salon Air France CDG 2F : Souriez, vous avez été surclassé !

Il a bien changé le salon Air France du terminal 2F à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Fini le choix cornélien entre ces lounges de bas étage qui se trouvaient en bout de terminaux avec une répartition inégale, car tout le monde se dirige naturellement vers le plus près de sa porte d’embarquement. Désormais le nouveau lounge se situe au milieu, les flemmards seront servis.

Meilleure répartition, certes, sauf que tout le monde s’est agglutiné au rez-de-chaussée. Forcément, on se dirige vers l’étage en empruntant un vertigineux escalier dont les marches ont été disposées de telle sorte que si vous ne les enjambez pas deux par deux, l’on pensera que vous performez un menuet ou tout simplement que vous boitez. 

Le buffet du haut est quasi vide. Un passage en bas vous fait comprendre qu’il y a plus de choix ici. Il y a notamment ce chef qui vous sert des œufs brouillés, pas très appétissants. Alors vous vous rabattez sur ces pancakes arrosés de sirop d’érable. Vous remontez les manger à l’étage et comme ils étaient bons, vous redescendez vous resservir. 

Étonnant qu’il n’y en ait pas à l’étage, peut-être que ces crêpes québécoises avaient la flemme de prendre les escaliers ? Quoi qu’il en soit, eu égard, la quantité de calories que vous avez ingurgité, vous vous donnez bonne conscience avec le peu de marche sur vous venez d’effectuer. 

Le matin s’annonce calme et serein, avec ce magnifique lever du soleil qui s’offre sous devant yeux. Voilà de quoi se réjouir d’être venu aussi tôt. Quand soudain, vous percevez le bruit infernal d’un train en approche. Me serai-je trompé de destination, aurais-je confondu la gare du Nord et l’aéroport ? Que nenni, Monsieur et Madame sont en train de divertir bébé avec ces vidéos de tchoutchou, celles où des mordus de trains ont dû patienter quatre heures de bon matin pour voir défiler sur ce viaduc cette locomotive désormais classée au patrimoine ferroviaire. 

La grande nouveauté de salon 2F réside dans le fait qu’il y ait un espace de soin Clarins Traveller SPA, ouvert même le mercredi ! Dans cet espace zen, moins feutré que celui du terminal 2E, ce matin-là, c’est le sosie d’Ada Wong, célèbre espionne du jeu vidéo Resident Evil, qui vous prodiguera un soin à base de plusieurs crèmes. Un instant hors du temps, de 20 minutes, entièrement gratuit.

Hélas, l’étrange musique de fond — qui colle parfaitement à l’ambiance inquiétante du jeu de zombies — ne suffira pas à couvrir les sanglots de ce bébé rythmés par le tri des couverts, jetés nonchalamment de cœur avec ce tintamarre continu de vaisselle que l’on disposerait de la façon la plus indélicate provenant de l’étage inférieur du salon. 

A cette ambiance sonore chaotique, les quatre spots halogènes situés au-dessus de vous parachèveront cette sensation de subir un interrogatoire de police pendant un petit déjeuner à l’hôtel. 

Si vous parvenez à faire abstraction de tout ceci, vous profiterez très certainement de ce massage des mains, prolongé jusqu’au bout des doigts en passant par la paume suivi de ce délicat massage des épaules prolongé jusqu’en haut du cou. 

Et si vous êtes, comme moi, dépourvu de cette éblouissante capacité d’abnégation et de torpeur venue d’outre tombe, vous vous rassurez en vous rappelant que vous avez pu faire partie de cette vingtaine de privilégiés qui ont pu avoir un créneau dans cette prestigieuse institution du soin à la française.

Ayez l’air faussement détendu et zen au sortir du cabinet, pour encore mieux faire jalouser cette dame qui n’a pas eu la chance de trouver un créneau disponible avant l’embarquement.

La même attitude que vous adopteriez si vous appreniez qu’on vous a surclassé. Alors, vous souriez, mais pas trop quand même, hein ! Vous n’êtes qu’en Premium Economy. Eh ouais, faut pas abuser non plus…

Allez, salut la compagnie !