Exposition « Dijon, c’est eux, Dijon, c’est nous »

Dan Latif, journaliste de formation, est un photographe originaire de Dijon. Ses influences multiculturelles lui ont forgé un goût pour la rencontre. Il le dit d’ailleurs lui-même, « la
photographie de portait a réveillé en moi une sensation particulière, une madeleine de Proust qui me pousse à être reporter-photographe depuis mon enfance ». Dan Latif aime les gens et cela se ressent dans ses photos.

En février 2022, il a effectué une exposition de portraits des habitants du quartier des Batignolles
à Paris intitulée « Regards urbains », en partenariat avec la mairie du 17 ème . Fort du grand succès de
cette exposition, Dan Latif a émis le désir de reproduire l’expérience dans sa ville natale qu’il
connait très bien, la ville de Dijon. Son souhait était de dévoiler la diversité culturelle de Dijon entre patrimoine et modernité à travers les portraits de ses habitants. La mairie a soutenu ce projet avec enthousiasme, voyant l’occasion de rendre hommage à tous ces visages dijonnais.

L’exposition « Dijon c’est eux, Dijon c’est nous » met à l’honneur les dijonnais qui font la vie citoyenne de la ville et de ses quartiers. Les portraits choisis montrent la richesse et la diversité des habitant des neuf arrondissements. Dan Latif, dans sa pratique photographique, a un héritage documentaire qui lui vient de son métier de journaliste. Aussi, pour chaque portait, il est allé à la rencontre des dijonnais au hasard, avec une démarche de « reporter du quotidien ». La prise photographique a toujours eu lieu sur le vif, en situation, afin de rendre compte au mieux de chaque personnalité et de sa sincérité.

Exposition sur les grilles du jardin Darcy de Octobre 2023 à Février 2024

Pauline Escande-Gauquié
Commissaire de l’exposition

Matan Even : le messie fait son talkshow à Hollywood

Au premier abord, on pourrait penser que Matan Even incarne cette figure notoire que l’on connaît à travers la littérature médiévale, le bouffon du roi. Ce personnage dont la parole — à la tonalité pseudo prophétique — semble être déréglée ne relève aucunement de la folie mais de l’art de la performance théâtrale des plus contemporaines. 

L’adolescent s’est notamment fait remarquer lors de la cérémonie de récompenses internationale de jeux vidéo, The Game Awards où il a réussi à s’incruster sur scène puis récupérer le micro pour y annoncer un message des plus absurdes « je voudrais dédier ce prix à mon rabbin orthodoxe réformé Bill Clinton » avant de se faire arrêter par la sécurité.

Depuis, celui que l’on surnomme le « Bill Clinton kid » a enchaîné les interviews jusqu’à se retrouver en direct sur le plateau de NeonSniperPanda, un des streamers les plus suivis sur la plateforme Twitch, entouré d’une brochette de créatrices de contenus pornographiques sur la plateforme Only Fans. Le jeune garçon d’apparence timide  n’a pas sa langue dans sa poche et n’a pas hésité à livrer son opinion sur leur activité « maléfique » puis de s’exclamer : « je ne savais pas que j’allais être assis ici pour parler à un groupe d’analphabètes qui ne savent pas lire ».

Sophia Mina, une des invitées, lui coupe la parole : « tu n’as que 15 ans, qu’est-ce que tu connais ». Ce à quoi Matan Even a aussitôt répliqué : « Tu sais lire ? Nomme 10 livres ». L’influenceuse reste sans voix, il relance, « Ok, alors 3 livres ? », en vain ! 

« Name 10 books »

Une joute verbale où Matan, jeté dans la fosse aux lions, a quitté le costume de l’énième troll qu’on voulait lui faire porter pour embrasser une posture académique, avec le rôle de l’ado intello qui a tout d’un professeur. 

Coup de théâtre grâce à une réplique cinglante devenue la marque de fabrique du jeune comédien qui en a profité pour lancer son émission sous forme de podcast vidéo : The Matan Show.

Ses premiers invités sont Lil Xan, Woah Vicky, Jamahal Hill, Nadia Amine, Sunny Suljic, Mikki Mase, Oneya D’Amelio, ASAP Twelvyy, 24kGoldn — jusqu’à Barry O’Neill, professeur à l’UCLA — des célébrités, certes peu connues en Europe, qui gravitent toutes dans l’univers Hollywoodien.

Dans un décor modique constitué de draps blancs, de chaises et tables pliables avec des micros mal positionnés le jeune animateur tente au cours d’un interrogatoire naïf de déstabiliser et de pousser ses invités, des personnalités plus ou moins célèbres et reconnus dans le monde de la culture Californienne, dans leurs retranchements, testant leur limites de façon habile. 

Accompagné de son acolyte Mikol, qu’il présente comme son co animateur, garde du corps, un étrange personnage taciturne sorte de antihéros saugrenu qui s’intègre parfaitement dans le show. 

Les nombreux silences où Matan Even donne l’impression d’être perdu dans ses notes, ses mimiques feignant la colère, où il fronce les sourcils comme s’il allait s’aliéner, son recoiffage frénétique ou lorsqu’il sort son téléphone portable de façon incongrue — lorsqu’il peine à masquer un rictus ou l’envie d’éclater de rire — créent une ambiance malaisante rappelant parfois les interviews de Raphaël Mezrahi.

« Tout le monde parle, personne n’écoute »

Argent, crypto-monnaie, sports de combat, religion, tatouages, sexualité, politique états-unienne, véganisme… celui qui prétend détenir « un Master de philosophie » a un avis sur tout et ne prend ni gants, ni pincettes avec ses invités.

« Pour qui penses-tu voter aux élections de 2024 ? », « combien gagnes-tu ? » lance-t-il éhonté a Lil Xan, avant de rajouter « le fisc nous regarde » puis de jouer au juste prix du salaire net annuel.

Ainsi, pendant une heure, le petit homme élégamment vêtu s’adonne à vau-l’eau à une logorrhée qu’il maîtrise magnifiquement et qui corrobore le slogan de son émission : « tout le monde parle, personne n’écoute ». 

Derrière un amateurisme d’apparence se cache une mécanique bien orchestrée, à la théâtralité d’un match de catch, où professionnels et cascadeurs viennent s’affronter sur le ring et interpréter une nouvelle forme de commedia dell’arte pour étancher la soif et la quête de nouveauté d’un jeune public qui ne regarde plus la télévision. 

Matan Even prétend avoir reçu des propositions de Netflix et Hulu, préfère rester aux manettes de sa petite entreprise marketing, loin de connaître la crise. En effet, le public est au rendez-vous hebdomadairement sur sa chaîne YouTube car il s’agit désormais d’un lieu de passage incontournable pour toute cette nouvelle génération qui brigue une étoile à Hollywood.

Daniel Latif

Ma rencontre avec Anna Wintour

Au détour de la place Vendôme, en pleine fashion week, une foule s’est amassée devant le Ritz. Curieux, j’observe les fashionistas défiler, se prendre en selfie, pavaner avec leurs énormes sacs affichant des prénoms en guise de nom. 

Une limousine Mercedes s’approche devant moi, le chauffeur sort, ouvre la portière et laisse filer cette dame avec qui je tombe nez à nez…

Brigitte Macron ? Impossible, il n’y a pas de gardes du corps. Anna Wintour, pensais je aussitôt tout en saisissant mon boîtier photo pour immortaliser un portrait. Un regard échangé, interdit, je baisse l’appareil, convaincu : « ce n’est pas elle, elle aurait été accompagnée… ».

Elle enfile ses lunettes de soleil, et cette fois, plus de doute : « c’était bien elle ». Filant aussitôt par une entrée dérobée, dégoûté mais encore perplexe, je me rassure sur un éventuel sosie. 

Un couple monégasque arrive et me dit : « vous avez vu Anna Wintour ?
Oui, mais je l’ai ratée.
Rassurez-vous, elle n’aurait probablement pas accepté de faire la photo.

Me voilà rassuré !

Je vérifie grâce une vidéo postée sur X et j’ai la confirmation que c’était bien la papesse de la mode. Sur cette dernière, on voit Kim Kardashian qui a préféré saluer David Beckham et s’asseoir en ignorant Anna Wintour… peut-être qu’elle n’est plus en Vogue ?

Daniel Latif
Illustration : Juliette Chivard

Salon SNCF Grand voyageur Paris Gare de Lyon : le haut lieu de revendication

Il y a deux catégories de voyageurs : le petit voyageur et le Grand voyageur. Et notre Grand voyageur ne voyage pas pour le plaisir, il fait du Business. À défaut de la carte de fidélité Grand voyageur, c’est la mention que vous devez avoir sur votre billet si vous voulez accéder au Salon grand voyageur TGV Inoui de Paris gare de Lyon. En effet, à la SNCF la Business est plus prestigieuse que la 1ère classe.

Dans la plupart des lounges, il faut grimper au deuxième étage pour trouver un peu de calme. Là, vu le peu de place au rez-de-chaussée, il n’y a pas le choix : il faut monter les escaliers ou prendre l’ascenseur.

À l’étage, le salon vous offre son plus beau panorama sur les panneaux publicitaires Lacoste parfaitement disposés pour vous gâcher la vue et cette immense bâche Longines avec Jennifer Lawrence qui nargue le voyageur — qui va se sustenter à la Brioche Dorée — avec sa montre Longines DolceVita au poignet, légendé et signé par l’émouvant épigraphe : « l’élégance est une attitude ».

Ces boissons sont préparées gratuitement et servies à volonté par la machine Selecta. Oui, oui, vous avez bien lu gratuitement et Selecta dans la même phrase.

Comme celle du Salon de la Gare Montparnasse, le choix y est impressionnant. Ainsi, trois machines réparties dans le salon vous proposent du café en grains Bio et Fair Trade avec une déclinaison improbable autour du café : ristretto, expresso, expresso crème, expresso allongé, double expresso, café ou café américain.

Ceux qui n’aiment pas le café mais qui ont besoin d’une dose de caféine seront également servis avec une déclinaison de cafés gourmands : cappuccino, mocca, café latte, latte macchiato. Enfin, les enfants seront tout émoustillés de découvrir les déclinaisons de duo chocolat, chocolat viennois, chocolat chaud et chocolat blanc. 
Un tel large choix qui n’a rien à envier au plus sophistiqué des distributeurs de boissons chaudes que vous avez pu connaître dans vos années fac. 

Les amateurs de thé ne seront pas laissés pour compte avec un choix des plus alléchants de thés Clipper dont un sachet à la menthe et citron spécialement conçu pour les infusions à froid.

Je vous ai mis la liste exhaustive pour que vous puissiez rapidement faire votre choix. Car ici aussi, il faudra faire la queue et vous n’aurez que peu de temps afin de réussir à vous décider parmi la pléthore de boissons proposées. Et vous le savez bien, le voyageur en train est pressé. Alors imaginez, à quel point le Grand voyageur peut s’impatienter. D’ailleurs, celui derrière-moi s’en agace tellement qu’il me colle de plus en plus.

Ici, vous êtes un peu comme chez Ikea. Vous parcourez des allées de parquet et observez les différents espaces, la variété des canapés, il y a des sièges de taille super size, plus ou moins hauts. Là-bas, des beaux sièges façon Thalys en 1ère agencés en compartiments de train. Une belle illusion qui vous préparera sans doute psychologiquement pour votre voyage.

Un intrigant panneau indique que le salon dispose d’une bibliothèque. Je cherche, en vain. Aucun livre présent sur cette étagère traversante. Une belle diversité de plantes et quelques jeu de société dont un jeu à damier, un Digit — où il faut trouver le bon mouvement. Le Cogitus, le solitaire des jeux de stratégie, n’a pas trouvé preneur, et ce Pontu, avec écrit en gros dessus « fabrication française, artisanale et éco responsable » n’a connu guère de succès, non plus.

« Tac tac tac tac… Aaaahhhhhhhh ! » se soulage un passager qui conclut : « oh ! Ça fait du bien, ça faisait longtemps… Est-ce que je vous dois quelque chose ?
Pas du tout Monsieur, c’est un service que l’on propose au salon ».

Pas de bibliothèque, mais un coin massage où les femmes et hommes d’affaires peuvent venir se détendre avec la vue sur le Hall 1 et ses interminables va-et-vient. 

Au détour des pseudos demi-alcôves qui peinent à masquer les commérages. On peut participer à la conversation de Micheline et Giselle. Ces jeunes demoiselles se sont installées  sur le canapé du milieu, buvant leur café comme si c’était du Calva, elles ricanent à gorges déployées puis entre deux messages envoyés sur WhatsApp et un défilement frénétique de leurs réseaux sociaux ponctuent leurs conversations de « putain », « grave », « j’avoue » et de « ah ouais !? » à tout va. 

Le Monsieur Business sur son ordinateur portable ne tient plus, il décide de changer de place.

En dépit du confort et du standing des vastes fauteuils et de la variété des espaces à vivre, l’envie de m’asseoir n’est pas présente. On regrette définitivement les roulés à la cannelle ou les hot dogs. Car, c’est ce qui manque cruellement à ce salon : de quoi manger ! Et quand on a rien à manger et qu’on a que de la presse à se mettre sous la dent : gare à la rage de dent !

La presse disposée sur des comptoirs est déjà à moitié envolée. Dieu soit loué, les journaux sont sous baguette en bois, personne n’ose encore les décrocher pour les emporter. Deux magazines se battent en duel. Je ne parle pas des catalogues publicitaires Wallpaper * ou de Culture Golf Fairways que personne n’a embarqué, soit en raison de leur poids, soit parce qu’ils sont en anglais…

Il reste deux magazines : Challenges avec sa Une « qui va succéder à Macron ? » et Marianne « ceux qui ont fait dérailler la SNCF ».  Les responsables de ce lounge doivent être sacrément politisés ou avoir une bonne tranche d’auto dérision. 

Un panneau indique « plus de 100 titres de presse en un clic » grâce à une application à télécharger.
Une dame en train de signer le livre d’or : « Sans la presse quotidienne, le salon perd tout son intérêt. Triste. »

Un passager curieux qui lisait le message sur son épaule lui répond aussitôt : « Ils ont voulu la jouer écolo, mais ça marche pas. La presse sur le téléphone s’affiche mal, ça pixelise et c’est mal scanné, on n’arrive pas à lire pas les coins ».

Amusé par ce recueil, je commence à le parcourir. Ce livre, comme son nom l’indique, est une vraie mine d’or. Il se lit en discontinu et affiche clairement ce que pensent les Grands voyageurs, leur philosophie et leurs opinions politiques.

En voici un florilège :

« À bas les VIP, nous sommes tous humains » Anonyme

« Rien n’est trop beau pour la classe ouvrière » Anonyme

«Top d’avoir prévu des espaces pour changer les bébés aussi dans les toilettes homme !» écrit un autre anonyme.

« Il était une fois un salon grand voyageur agréable, où l’on pouvait lire la presse, boire un coca, une eau gazeuse, un café ou même une bière, feuilleter un magazine. Tout cela est bien loin ! On a l’impression d’être dans une étable, où les vaches, au lieu de ruminer, consultent leurs e-mails. Quelle déchéance ! Je préfère aller au café. Salut ! » s’insurge Jojo le 15/09/23

« Impossible d’accéder à la presse numérique pour les billets 1ere pro ? » 

« La suppression des journaux est fort regrettable. Cette décision unilatérale sans information est un très mauvais signal aux grand voyageurs » écrit Pierre, qui a eu un droit de réponse en dessous : 

« et l’écologie monsieur ? » suivi d’un tampon Salon grand voyageur TGV Inoui Paris Gare de Lyon du 1er septembre 2023.

Ce qui a agacé « CC » qui a lui aussi exercé son droit de réponse sur une page entière : « Où sont passés les journaux, les revues que nous lisions avec délice dans le salon grand voyageur. Même la lecture des journaux sur place n’est plus possible ?

Non, lire la presse sur Internet n’est pas écologique !!! Les outils numériques dévorent l’énergie. Lire sur des petits écrans fusille les yeux, la vision. Et la matérialité du papier, sa sensualité, qu’en faites-vous ? SVP. Remettez les journaux ».

« Merci d’avoir remis les journaux » signe Jph quelques pages plus loin.

Après avoir parcouru autant de petite littérature de gare aux relents plus ou moins propagandiste, à travers certains mots, j’ai préféré prendre le magazine Wallpaper * et quitter le lounge.

Allez, salut la compagnie !

Daniel Latif
Photos : DL /DR

La philosophie de la longévité selon Bang & Olufsen

On a tous connu un ami qui avait une Bang & Olufsen. BO, pour les intimes,  est une marque d’équipement audiovisuels haut de gamme créée en 1925 par deux danois : Peter Bang et Svend Olufsen. Mon premier contact avec une B&O, c’était chez ma grand-mère à Svendborg, au Danemark, avec cette télévision installée sur un pied motorisé qui tournait vers vous lorsqu’on l’allumait avec l’impressionnante télécommande en aluminium, et qui s’éteignait en douceur avec une extinction façon rideau de théâtre. Elle s’intégrait à merveille dans le salon.

Ce qui m’a toujours fasciné chez B&O c’est leur design épuré épousant avec harmonie les architectures et design intérieurs danois.

Presque cent ans après, la référence hifi danoise est toujours en avance sur son temps et veut lancer une nouvelle ère du développement durable. « On veut créer de l’attachement à nos produits en utilisant des matériaux nobles comme du bois solide et de l’aluminium » explique Mads Kogsgaard Hansen, chargé de la Circularité chez B&O.

La « circularité » est un thème cher à la marque danoise, qui veut importer une nouvelle philosophie inspirée du Cradle to Cradle. Selon cette institution, il ne s’agit pas de  blâmer l’activité humaine mais de suggérer de privilégier les énergies renouvelables et de tout utiliser comme ressource afin de faire disparaître la notion de déchet.

Éviter de faire des produits à l’obsolescence programmée  

Qu’est-ce qui fait le prestige d’une marque ? La qualité des finitions, la belle facture mais surtout  sa capacité à traverser plusieurs dizaines d’années. C’est pourquoi Bang&Olufsen veut s’inscrire dans une démarche de circularité et longévité plutôt que d’utiliser le fameux terme pédant—  utilisé à tort et à travers — sustainability.

« On travaille avec la modularité de nos produits, argumente Mads Kogsgaard Hansen, pour permettre de remplacer des parties séparément grâce à des vis ». Ainsi, l’on peut aisément accéder à la batterie pour la changer, y compris changer la carte mère ou ajouter de la mémoire « car la technologie peut évoluer rapidement ». De cette façon, on évite d’avoir un produit dont la durée est dictée par sa batterie. 

La « customisation technique mais aussi cosmétique » est pour l’ingénieur danois la clé pour assurer la longévité d’un produit : c’est ce à quoi s’attache particulièrement la marque Bang & Olufsen, qui cherche à créer des design hors du temps qui ne vieilliront pas et connaîtront plusieurs vies.

Et pour joindre le geste à la parole, Mads Kogsgaard Hansen nous a invité le temps d’un atelier pratique à prendre des tournevis pour remplacer la carte mère d’une enceinte Beosound Level, changer la batterie et en profiter pour la customiser avec un petit défi : recréer l’enceinte de demain.

Après une petite observation des différents produits et de l’univers B&O, j’avoue qu’il manquait une petite touche pour couronner le prestige et l’originalité Bang&Olufsen. Alors, à défaut de pouvoir y apposer un petit drapeau du Danemark, j’ai essayé de faire une enceinte raccord aux couleurs du célèbre Dannebrog.

Oppo Find X5, mon nouveau compagnon de vie

« Comment ça ? Tu n’as plus ton BlackBerry ? » me lance-t-on régulièrement depuis quelques mois. Tout cela a commencé suite à un défi d’une attachée de presse qui m’a assuré qu’en essayant le Oppo Find X5, je lâcherais aussitôt mon fidèle BlackBerry Key2. 

J’avoue, j’étais quelque peu sceptique, car il s’agissait d’un modèle et d’un constructeur dont j’avais seulement vaguement entendu parler. Mais lors des premières prises en main du Find X5, son revêtement blanc nacré m’a agréablement surpris. En effet, le doigt glisse le long d’un matériau qui ne laissait pas présager une telle sensation. Un soyeux qui ne fait que renforcer le confort de son usage au quotidien et j’avoue, je me suis surpris à de nombreuses reprises à le caresser, y compris quand il était dans ma poche. De surcroît, le téléphone est de très bonne facture et d’une finition des plus premium.

J’ai rapidement pallié l’absence d’un véritable clavier par une autre technique : le glissé du doigt le long de l’écran. « Mais qu’est-ce que tu bricoles donc ? » : telle est la réplique à laquelle j’ai droit lorsque je rédige cet article sur le Find X5. Pourtant, le mode Swype « existe depuis de nombreuses années » me confirme Gilles Pietri, expert en informatique, mais fait toujours autant halluciner mes voisins lorsqu’ils m’observent en train de prendre des notes sur mon téléphone. Oui, oui, ça marche aussi sur vos iPhone, essayez donc, vous me remercierez plus tard. 

Petit détail, non négligeable, qui vient avec le Oppo, c’est son chargeur « super Vooc » de 80W dont la taille est assez conséquente mais qui permet une charge ultra rapide. Une fois branché, vous restez scotché devant ce compteur digital qui affiche la progression de recharge de façon surréaliste. Comptez une demi-heure pour une recharge complète. Pratique et surprenant, reste juste à savoir combien de cycles de chargement la batterie pourra survivre. Probablement la raison pour laquelle le téléphone passe en charge « optimisée » et beaucoup plus lente lorsque vous laissez l’appareil branché après minuit. 

Sinon, en usage téléphonique, car c’est censé être son usage principal, même si « de nos jours, plus personne ne prend la peine d’appeler » comme le souligne bien mon ami photographe Cunione. Le Find X5 offre une qualité d’écoute à travers deux écouteurs des plus notoires. Seul reproche qu’on pourrait lui adresser, l’absence de la prise jack, qui m’a bien fait défaut lorsque je me suis retrouvé dans un train et que je voulais éviter de partager mon écoute musicale avec mes voisins. Une avancée dans la technologie, certes, mais une évolution des plus contraignantes qui m’oblige à jeter mes nombreux écouteurs à la poubelle pour passer sur ces fameuses oreillettes Bluetooth qui se déconnectent en permanence et qui vous feront passer pour un technicien Darty… Non merci ! Je survivrai sans musique alors. 

Et côté réseau de téléphonie mobile, le Oppo Find X5 propose naturellement de la 5G, que j’ai pu tester en Autriche et profiter pour la première fois d’une vitesse de transfert à couper le souffle. En France, avec Sosh, la 5G n’est pas encore compatible… C’est pas plus mal, ça préservera ma batterie et mon forfait.

En résumé, c’est un téléphone qu’on apprécie avoir en poche. Mais ce qui m’a finalement convaincu de franchir le cap, c’est d’apprendre que son optique a été développée en collaboration avec Hasselblad. Un atout des plus alléchants lorsqu’on pense à la résolution et l’emblématique piqué des photos prises par Laurent Dufour, photographe membre du collectif Regard parisiens, avec son remarquable appareil photo suédois dont le bruit de déclenchement ne laisse pas indifférent.

L’appareil photo du Find X5, avec son capteur 32 Mpx, permet d’alterner entre un grand angle, angle normal et plus serré lors des prises de vues. Réglé et calibré par Hasselblad, il permet de faire des photos à couper le souffle y compris en basse luminosité ou carrément la nuit.

La configuration des réglages est aussi poussée que celle d’un véritable appareil photo avec le mode « Pro » où vous pourrez régler les ISO, l’exposition, la vitesse d’ouverture, la balance des blancs et même le choix dans le format entre le classique JPG ou du RAW, pour ceux qui veulent rouler des mécaniques. 

Côté vidéo en 4k, il y a la possibilité de régler aussi la profondeur de champ, de quoi permettre de réaliser de beaux clips de très haute qualité — heureusement que le téléphone possède une mémoire de 256 Go ! Le tout sur un écran Full HD qui régale les yeux et donne envie de passer instantanément en HD lorsque l’on regarde des vidéos sur YouTube.

Comme j’aime faire des photos, je l’ai tout naturellement mis à l’épreuve au cours de mes reportages et différents voyages. Résultat : des images à la qualité toujours surprenante quand on pense qu’elles émanent de ce simple appareil. 

Non seulement le Oppo remplace avec brio n’importe quel téléphone, mais en plus, il dispense d’acheter un appareil photo, me disais-je à ce moment où j’étais encore indécis.

Portrait, paysage, voyages, reportages, shooting photo, tranches de vie… voici un florilège, à la façon de cartes postales capturées avec un Oppo Find X5. Sans aucune retouche — ou quelconque artifice — bien évidemment !

Et me voilà forcé d’admettre que l’attachée de presse avait raison : le Find X5 m’a bel et bien fait lâcher mon BlackBerry Key 2.

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Les chaises musicales façon Air France

Une semaine avant mon vol, j’ouvre l’application Air France pour m’assurer d’être bien assis côté hublot. « Clic, clic et clac » : 6F, voilà mon siège choisi. Quelques jours avant l’enregistrement, je vérifie le plan de cabine et je vois le siège 5F disponible. Et hop ! J’avance tel un ninja et je prends place juste derrière le rideau qui sépare la Business de l’Economy

Le jour du check-in est arrivé. Un message apparaît : « Votre siège a été modifié.

Nous sommes désolés, votre numéro de siège a été changé pour des raisons  opérationnelles. Votre nouveau siège est le : 04F. Si vous le souhaitez, vous pouvez réserver un autre siège. »

4F, « woop woop », j’ai été surclassé ! Alors certes, sur un vol interne — comme aiment bien se plaindre les éternels Cassandre, c’est pas la folie mais c’est toujours ce petit confort de pris. 

Un autre siège ? Pas folle la guêpe, non merci. 

Le jour de gloire est arrivé. Un œil sur la carte d’embarquement et je me vois rétrogradé en 8F. Ah bon !? Pourtant le message persiste bien et affiche que je suis toujours en 4F. Qui croire ? Le site air France ou l’application ? Pour en avoir le cœur net, je vais au comptoir, je montre le message et l’hôtesse reste confuse également. 

Merci Air France pour la fausse joie. Échec et mat, l’algorithme et la bêtise artificielle ont gagné. Et comme une surprise peut en cacher une autre, mon vol vient d’être retardé d’une heure et dans la foulée vient de disparaître des écrans.

Je quitte mon siège au salon, on m’invite à m’asseoir sur la chaise du service client. On me rebook sur le prochain vol à 12h40. À la bonne heure, cette fois-ci on m’annonce que je suis en 3F mais à bord d’un Embraer… et la déchéance ne s’arrête pas en si bon chemin : me voici relégué au terminal 2G !

Voilà comment le jeu des chaises musicales peut rapidement vous faire tomber de Charybde en Scylla.

Allez, salut la compagnie !

Daniel Latif
Illustration : Juliette Chivard

David Gauquié, l’enchanteur d’un quartier

Il faut flâner dans le quartier des Batignolles pour remarquer sur les murs ce « distributeur gratuit de souhaits pour la semaine »

Une œuvre originale qui s’illustre parmi tout l’insignifiant et vaniteux street art parisien par sa gracieuseté et son authenticité. Moins mystérieux — et moins calorique — qu’un biscuit chinois, plus pragmatique qu’une banale citation d’un sachet de thé Yogi tea et tout simplement plus amusant qu’un horoscope frivole. 

Derrière cette performance positive, se cache l’œuvre de David Gauquié, producteur de cinéma et de théâtre. Depuis un mois, il placarde incognito ses « distributeurs gratuits d’ondes positives parfois “bons de joie”, “bons d’amour en libre service”, c’est selon l’humeur » avoue celui qui aime signer d’une croix de Cocteau.

Une entreprise bienveillante qui consiste tout simplement à « partager un peu de mon soleil » confie le producteur sensible aux performances artistiques dépourvues de dessein commercial, marketing ou idéologique. 

Pastichant ces petites annonces accrochées dans les boulangeries ou supermarchés, le passant est invité à décrocher une languette sur laquelle un vœu authentique et concis est consigné à la main. « J’écris spontanément de vrais souhaits et toujours positifs » avec une petite touche d’humour, en attestent les mentions « 100 % garantis », « efficace dès lundi » ou encore « 1 par personne ».

À la façon d’un totem porte bonheur, David confère à ces tickets une vocation onirique. « Qu’on y croie ou pas, ça recharge positivement et met les gens dans une bonne disposition » analyse-t-il. Une telle sincérité dans sa création qu’il lui est arrivé de vouloir en découper un pour lui-même.

Il est à peine 11 heures et les étiquettes « savoir se faire confiance », « faire plaisir à un être aimé », « recevoir un sourire solaire » et « sourire à un inconnu » ont déjà été délicatement emportées.

Parmi les bons mots restants, le choix se restreint sur « prendre un risque et réussir »,« acheter un truc qu’on désire tellement », « rencontrer quelqu’un de génial », « avoir une énergie de feu », « vivre un moment de tendresse » ou « gagner au loto ».

Étiquette que j’ai aussitôt décrochée après mûre réflexion sur chacune des autres phrases. Un souhait des plus louables pour quelqu’un qui ne joue pas au loto, mais qui aura au moins le mérite de me faire commencer la journée avec le sourire.

Daniel Latif

Nikon ZFC : Le retour vers le futur du boîtier nostalgique

Illustration Juliette Chivard

« Tu t’es remis à l’argentique ? » telle est l’interrogation à laquelle j’ai droit lorsque l’on aperçoit mon appareil Nikon ZFC. Car la ressemblance avec le Nikon FA, FE et surtout le FM2, l’iconique réflex argentique des années 1980 est frappante. À la différence que le mien est entièrement hybride. Ce qui signifie qu’il n’y a pas besoin de pellicule mais juste d’une carte SD.

Comme pour un film, le choix de la carte reste primordial car le ZFC fait des photos et des vidéos de très haute qualité, c’est pourquoi j’ai opté pour une carte Lexar Professional 800x SDHC™/SDXC™ UHS-I BLUE Series, qui, au-delà de sa capacité de stockage des plus notoires de 256 Go, est étanche à l’eau, résistante aux chocs, températures, vibrations et rayons X. Un détail à ne pas du tout négliger, au risque de perdre l’essence même de votre travail. Un support des plus robustes — garanti 10 ans — mais surtout une carte dont la technologie permet une capture des images et un transfert des fichiers à très haute vitesse. 

Dan Latif par Laurent Dufour

De surcroît, le Nikon ZFC existe en plusieurs coloris noir, gris, turquoise, noisette, anthracite, bordeaux, bleu minéral, vert olive et même moutarde puis en ambre, blanc, beige. Avec toutes ces combinaisons, il sera difficile de croiser quelqu’un avec la même couleur de boîtier. J’avoue, je le voulais en rose, mais il n’y en avait plus…

Mais il faut reconnaître qu’au-delà de son esthétique rétro qui bluffe les plus connaisseurs, il est en parfait raccord avec ma veste verte. 

Certes, le ZFC n’est pas doté d’un capteur plein format, mais il permet de faire des photos et vidéos en Full HD et 4K, ce qui est largement suffisant. Il faudra retenir qu’un objectif 50 mm aura l’effet d’un 75 mm une fois monté dessus.

En photographe puriste, je préfère mon 35 mm. Léger et ultra-résistant, capable de capturer un moment, un lieu ou un sujet. Et ça tombe bien car grâce à la bague FTZ, le Nikon ZFC est compatible avec mon ancien objectif 35 mm DX.

Qui dit appareil à l’ancienne, dit une autre prise en main du boîtier, ce qui invite à une nouvelle approche photographique et a fortiori à essayer de nouveaux angles photos. Cela n’enlève en rien son aspect simple et pratique, notamment son poids qui est un atout notoire au quotidien. 

INDISPENSABLE POUR UN VOYAGE SOLITAIRE

Autre atout que j’ai pu constater lors de mes déplacements en France ou à l’étranger, c’est qu’il brise aussitôt la glace grâce à son look. « J’adore ton appareil », « belle couleur », « c’est une customisation ? » ou encore « mon grand-père avait le même », me gratifie-t-on régulièrement lors de mes promenades. 

Son apparence similaire au Nikon argentique dans sa version on ne peut plus rétro lui confère une bienveillance et incarne dans l’imaginaire des passants l’image toujours enthousiaste du reporter d’antan, un journaliste certes, mais « un journaliste du bon côté », honnête et non un vulgaire photographe. Un look qui intimide moins les sujets et passe beaucoup plus incognito quand vous l’utilisez en public.

Son écran numérique peut se retourner, pour tous les adeptes du selfie. Moi, je trouve ça pratique pour le protéger pendant les déplacements. 

Les réglages de vitesse d’obturation, de la sensibilité des ISO peuvent se faire grâce aux molettes en aluminium comme sur un appareil photo Nikon d’antan — ce qui est assez pratique quand on porte des gants.

Un autre aspect, quelque peu trivial, mais qui est toutefois remarquable : le bruit du déclencheur. De quoi compenser son côté entièrement numérique et donner l’illusion de l’argentique tout en invitant à la réflexion avant de déclencher.

Ses matériaux et sa couleur, et l’usage que j’en fais quotidiennement  me rappellent ces carnets précieux que l’on emporte partout avec soi pour y consigner des souvenirs. Ici, la noblesse de l’apparence du ZFC égale celle d’un Moleskine sur lequel on capture plus que de simples clichés, des témoins d’une époque vus et croqués par un boîtier nostalgique. 

Daniel Latif
Illustration : Juliette Chivard
Photos : DL – Portrait de Dan par Laurent Dufour /DR

Lounge Prague Erste : l’antichambre du lounge

C’est en déambulant à travers l’aéroport de Prague que je suis tombé par hasard sur cet escalier rouge qui mènerait selon les rumeurs au lounge. 

Me voilà en train de progresser le long de ce couloir, quand soudain à gauche, je vois deux hôtesses derrière un bureau surélevé, trônant devant deux énormes drapeaux, l’un européen, l’autre tchèque. 

J’aperçois au loin des canapés et des fauteuils sur lesquels des hôtesses de la compagnie nationales se sont affalées. L’une d’entre elle, me fait son plus grand sourire et coucou, je réponds et m’approche timidement. Sa collègue se lève aussitôt pour me prévenir : « désolée Monsieur, c’est un lounge présidentiel.
– Ah bon ? Le président est là ?
Lancé-je tout en scrutant au loin, ne voyant que des hôtesses de l’air.
– En fait, non,
bredouille-t-elle, mais comme il n’y a pas de personnalités ministérielles prévues aujourd’hui, on laisse les collègues se reposer avant leur vol. »

Quelle délicatesse… c’est pas en France qu’on aurait un tel soin. 
Dommage, j’aurai bien testé ce salon présidentiel avec cette belle compagnie. Je continue mon périple et arrive enfin au Erste Premier lounge. 

Je scanne ma carte d’embarquement, visiblement ça ne passe pas : 
– Vous êtes quel statut Monsieur ? m’interroge l’hôtesse
– Platinum, Madame
– Ah oh oui, bien sûr, allez-y…
Soupire t-elle en pointant les deux directions
– Vous me conseillez l’aile gauche ou l’aile droite ?
– Le lounge de droite est le meilleur

Je lui fais entièrement confiance mais comme les autres collègues journalistes de sont déjà installés à gauche, je n’ai pas le choix que de suivre comme un mouton. Tous les collègues sont assis les uns sur les autres sur des banquettes dans un coin du fond du lounge. 

Je décide de m’installer dans ce carré mitoyen où se trouvent quatre fauteuils blancs. Une collègue se met à côté de moi et part téléphoner. Deux verres coca-cola et une assiette vides traitent sur les accoudoirs des canapés en face. Probablement des restes qui n’ont pas été débarrassés. 

Mes affaires posées, je retourne vers le lounge de droite. L’hôtesse avait bien raison, ici il y a plus de place et un buffet assez garni, des pâtes à la sauce tomate, des plateaux fromage et salamis qui ont l’air de bonne fabrication et locaux. Un frigo avec une vitre transparente façon cave à vin mais les bouteilles de vin à l’intérieur sont à bouchon en vis. Tu sais déjà que tu es loin d’y avoir un grand cru et encore moins un cru tout court. Des grandes bouteilles de jus concentrés de la marque Cappy qui ne donnent pas envie non plus. Deux énormes bols de popcorn, l’un doit être sucré, l’autre salé, je suppose car je n’ai absolument pas l’envie de tester. 

« Tu trouves ton bonheur ? » me lance ce collègue qui dépose son verre et son assiette sur un chariot. Me voyant des plus dubitatifs mais n’attendant même pas ma réponse, celui-ci repart illico avec sa deuxième assiette. 

Il est inscrit sur le chariot que les passagers sont invités à débarrasser leur vaisselle et verres sales eux-mêmes. Tiens donc, on est chez Mc Donald’s ici ? Ce chariot trône lui-même devant une porte sur laquelle on peut lire : « premier private lounge », un lounge privatif « uniquement pour vous » avec un bar tout compris, et des « toilettes séparées ». À la bonne heure, manquerait plus qu’on ait les toilettes intégrés au siège. 

Je retourne m’installer dans le salon de gauche quand j’aperçois une valise grise, ornée d’une étiquette Platinum et d’une belle pochette avec un porte clé de cigare Cohiba. Mes affaires ont été quelque peu poussées et à la place quelqu’un a posé une soupe. 

« Ce sont vos affaires ? » me lance dans un anglais à l’accent à couper au couteau, cet homme à la montre suisse dont la couleur or est des plus éblouissantes :
– Vous, vous êtes français ?
– Oui
, réplique-t-il soulagé de parler en français
Ce sont mes affaires, en effet ! Lancé-je tout en m’asseyant
Je pensais que vos affaires étaient sur le siège d’à côté, alors je me suis permis de m’installer
Ce sont les affaires de ma collègue, mais vous pouvez deviner par la présence de cet autre sac qu’il y a une deuxième personne ici
Et votre collègue, elle n’est pas là, vous n’étiez pas là… bafouille-t-il
Je peux aller me servir au buffet le temps d’un instant ?
Mais où est donc votre collègue ?
– Elle est là, elle discute avec les autres collègues…
– Et vous vous étalez dans tout le salon ?
– Monsieur,
m’agaçais-je, nous sommes dix, comment voulez-vous faire avec une configuration de quatre fauteuils ?
Voilà, c’est ça les Français, ça se tient mal en France… mais à l’étranger vous êtes pires !
Votre remarque ne m’atteint pas, j’ai suffisamment de maturité pour ne pas me vexer
Vous trouvez ça normal, votre comportement dans ce salon ? Insiste-t-il. D’ailleurs, vous faites quoi à Prague ?
Je suis journaliste et j’écris un livre sur les lounges d’aéroport. 

Le monsieur reste interdit :
– Les lounges, comme celui-ci ?
– Tout à fait, et vous m’inspirez une belle histoire à raconter 
– Ah bah, vous parlerez de ces français insupportables alors,
persiste-t-il.

Je lui demande son nom. Étonnement, il me tend sa carte puis s’adoucit et me demande mon âge. « J’ai trois filles dont une à marier » murmure-t-il.

Comme quoi, un père qui vous rencarde avec sa fille… sur un malentendu, ça peut marcher ?

Allez, salut la compagnie !