La philosophie de la longévité selon Bang & Olufsen

On a tous connu un ami qui avait une Bang & Olufsen. BO, pour les intimes,  est une marque d’équipement audiovisuels haut de gamme créée en 1925 par deux danois : Peter Bang et Svend Olufsen. Mon premier contact avec une B&O, c’était chez ma grand-mère à Svendborg, au Danemark, avec cette télévision installée sur un pied motorisé qui tournait vers vous lorsqu’on l’allumait avec l’impressionnante télécommande en aluminium, et qui s’éteignait en douceur avec une extinction façon rideau de théâtre. Elle s’intégrait à merveille dans le salon.

Ce qui m’a toujours fasciné chez B&O c’est leur design épuré épousant avec harmonie les architectures et design intérieurs danois.

Presque cent ans après, la référence hifi danoise est toujours en avance sur son temps et veut lancer une nouvelle ère du développement durable. « On veut créer de l’attachement à nos produits en utilisant des matériaux nobles comme du bois solide et de l’aluminium » explique Mads Kogsgaard Hansen, chargé de la Circularité chez B&O.

La « circularité » est un thème cher à la marque danoise, qui veut importer une nouvelle philosophie inspirée du Cradle to Cradle. Selon cette institution, il ne s’agit pas de  blâmer l’activité humaine mais de suggérer de privilégier les énergies renouvelables et de tout utiliser comme ressource afin de faire disparaître la notion de déchet.

Éviter de faire des produits à l’obsolescence programmée  

Qu’est-ce qui fait le prestige d’une marque ? La qualité des finitions, la belle facture mais surtout  sa capacité à traverser plusieurs dizaines d’années. C’est pourquoi Bang&Olufsen veut s’inscrire dans une démarche de circularité et longévité plutôt que d’utiliser le fameux terme pédant—  utilisé à tort et à travers — sustainability.

« On travaille avec la modularité de nos produits, argumente Mads Kogsgaard Hansen, pour permettre de remplacer des parties séparément grâce à des vis ». Ainsi, l’on peut aisément accéder à la batterie pour la changer, y compris changer la carte mère ou ajouter de la mémoire « car la technologie peut évoluer rapidement ». De cette façon, on évite d’avoir un produit dont la durée est dictée par sa batterie. 

La « customisation technique mais aussi cosmétique » est pour l’ingénieur danois la clé pour assurer la longévité d’un produit : c’est ce à quoi s’attache particulièrement la marque Bang & Olufsen, qui cherche à créer des design hors du temps qui ne vieilliront pas et connaîtront plusieurs vies.

Et pour joindre le geste à la parole, Mads Kogsgaard Hansen nous a invité le temps d’un atelier pratique à prendre des tournevis pour remplacer la carte mère d’une enceinte Beosound Level, changer la batterie et en profiter pour la customiser avec un petit défi : recréer l’enceinte de demain.

Après une petite observation des différents produits et de l’univers B&O, j’avoue qu’il manquait une petite touche pour couronner le prestige et l’originalité Bang&Olufsen. Alors, à défaut de pouvoir y apposer un petit drapeau du Danemark, j’ai essayé de faire une enceinte raccord aux couleurs du célèbre Dannebrog.

Carte postale automobile

Je reçois ce sms mystérieux d’Étienne : « possible que je fasse une session photo Paris by night » . Le rendez-vous est pris place de la Concorde.

C’est le moment crépusculaire, Étienne, appareil photo en main, est déjà en train d’immortaliser la Porsche GT3 RS dans cette place aménagée exclusivement pour les automobilistes. « On ne sait pas faire des places à Paris, il n’y a plus cette place où l’on se rencontre » regrette Alex, ce natif parisien en pleine déambulation. En effet, il reste très difficile pour les passants de saisir et apprécier cette place où l’on a vue à la fois sur l’Assemblée nationale, la tour Eiffel, l’ambassade des États-Unis d’Amérique, l’Automobile Club de France, l’église de la Madeleine, le jardin des Tuileries et trois immenses bâches publicitaires pour le dernier téléphone Samsung Galaxy.

Trois étudiants en école d’ingénieur aéronautique, en train d’admirer chaque angle de la sulfureuse, dissertant sur les mécaniques de la GT3 RS ont fini par s’interroger pour savoir si le prix des trois immenses pancartes publicitaires qui brisent l’harmonie de ce beau Paris la nuit pouvait couvrir les frais d’acquisition d’une telle supercar.

Le soir, le charme opère dans la capitale. La circulation est fluide, on reprend plaisir à se déplacer à travers la ville.

ILS N’ONT D’YEUX QUE POUR ELLE…

Qu’ils soient parisiens, policiers, de passage, passionnés, touristes et même experts, comme ce pilote qui travaille pour le constructeur allemand… ils n’ont d’yeux que pour elle ! Mais ce sont essentiellement des femmes, qui veulent absolument avoir leur photo aux côté de ce bijou automobile.

Tous, on fait le détour et pris le temps de venir l’admirer, l’approcher, discuter puis saisir cette carte postale automobile d’une Porsche GT3 RS dans Paris, la nuit.

Nous prenons la direction de la rue Mouffetard. Tous les commerces sont fermés, les quelques lanternes éclairent les poubelles disséminées ça et là devant les rideaux de fer. Bercé par la généreuse mélodie du 6 cylindres de 520 chevaux qui résonne sur les pavés et façades extérieures. Il est minuit passé, l’heure est à la flânerie pour ces couples qui défilent dans ce  cadre singulier qui rappelle l’ambiance ténébreuse du jeu vidéo Batman returns sur Super Nintendo. Soudain, surgit à l’angle de la rue de l’Arbalète cette femme tout droit sortie d’un Cosplay habillée en Harley Quinn, qui, scotchée au téléphone s’interrompt et lance : « attends, je te laisse, il y a une voiture… euh, je te rappelle ! ».

harley quinn

Aussitôt elle enchaîne : « Oh hé, salut bébé ! ». La glace est aussitôt brisée. Puis, cette étudiante à la Sorbonne nouvelle soulève sans le savoir une question certes anodine mais non moins philosophique : « M&M’s ou Wasabi ? ». Nous consultons le regard professionnel du photographe, la réponse fuse : « wasabi ! ».

Le débat est lancé, les passants sondés et les réponses ont de quoi déconcerter : « Tortue Ninja, mojito, guacamole ou pomme granny »
Et voilà comment une créature à l’aileron notoire a, l’espace d’une nuitée, intrigué, rapproché les gens, amusé et surtout fédéré les couples dans une vision surréaliste de l’amour qu’ils auront immortalisé à la façon d’une carte postale où l’élément central n’est ni une place, ni un monument mais ni plus ni moins qu’une automobile. Maintenant place à l’amour.

Daniel Latif
Photos : Étienne Rovillé /DL /DR