Matan Even : le messie fait son talkshow à Hollywood

Au premier abord, on pourrait penser que Matan Even incarne cette figure notoire que l’on connaît à travers la littérature médiévale, le bouffon du roi. Ce personnage dont la parole — à la tonalité pseudo prophétique — semble être déréglée ne relève aucunement de la folie mais de l’art de la performance théâtrale des plus contemporaines. 

L’adolescent s’est notamment fait remarquer lors de la cérémonie de récompenses internationale de jeux vidéo, The Game Awards où il a réussi à s’incruster sur scène puis récupérer le micro pour y annoncer un message des plus absurdes « je voudrais dédier ce prix à mon rabbin orthodoxe réformé Bill Clinton » avant de se faire arrêter par la sécurité.

Depuis, celui que l’on surnomme le « Bill Clinton kid » a enchaîné les interviews jusqu’à se retrouver en direct sur le plateau de NeonSniperPanda, un des streamers les plus suivis sur la plateforme Twitch, entouré d’une brochette de créatrices de contenus pornographiques sur la plateforme Only Fans. Le jeune garçon d’apparence timide  n’a pas sa langue dans sa poche et n’a pas hésité à livrer son opinion sur leur activité « maléfique » puis de s’exclamer : « je ne savais pas que j’allais être assis ici pour parler à un groupe d’analphabètes qui ne savent pas lire ».

Sophia Mina, une des invitées, lui coupe la parole : « tu n’as que 15 ans, qu’est-ce que tu connais ». Ce à quoi Matan Even a aussitôt répliqué : « Tu sais lire ? Nomme 10 livres ». L’influenceuse reste sans voix, il relance, « Ok, alors 3 livres ? », en vain ! 

« Name 10 books »

Une joute verbale où Matan, jeté dans la fosse aux lions, a quitté le costume de l’énième troll qu’on voulait lui faire porter pour embrasser une posture académique, avec le rôle de l’ado intello qui a tout d’un professeur. 

Coup de théâtre grâce à une réplique cinglante devenue la marque de fabrique du jeune comédien qui en a profité pour lancer son émission sous forme de podcast vidéo : The Matan Show.

Ses premiers invités sont Lil Xan, Woah Vicky, Jamahal Hill, Nadia Amine, Sunny Suljic, Mikki Mase, Oneya D’Amelio, ASAP Twelvyy, 24kGoldn — jusqu’à Barry O’Neill, professeur à l’UCLA — des célébrités, certes peu connues en Europe, qui gravitent toutes dans l’univers Hollywoodien.

Dans un décor modique constitué de draps blancs, de chaises et tables pliables avec des micros mal positionnés le jeune animateur tente au cours d’un interrogatoire naïf de déstabiliser et de pousser ses invités, des personnalités plus ou moins célèbres et reconnus dans le monde de la culture Californienne, dans leurs retranchements, testant leur limites de façon habile. 

Accompagné de son acolyte Mikol, qu’il présente comme son co animateur, garde du corps, un étrange personnage taciturne sorte de antihéros saugrenu qui s’intègre parfaitement dans le show. 

Les nombreux silences où Matan Even donne l’impression d’être perdu dans ses notes, ses mimiques feignant la colère, où il fronce les sourcils comme s’il allait s’aliéner, son recoiffage frénétique ou lorsqu’il sort son téléphone portable de façon incongrue — lorsqu’il peine à masquer un rictus ou l’envie d’éclater de rire — créent une ambiance malaisante rappelant parfois les interviews de Raphaël Mezrahi.

« Tout le monde parle, personne n’écoute »

Argent, crypto-monnaie, sports de combat, religion, tatouages, sexualité, politique états-unienne, véganisme… celui qui prétend détenir « un Master de philosophie » a un avis sur tout et ne prend ni gants, ni pincettes avec ses invités.

« Pour qui penses-tu voter aux élections de 2024 ? », « combien gagnes-tu ? » lance-t-il éhonté a Lil Xan, avant de rajouter « le fisc nous regarde » puis de jouer au juste prix du salaire net annuel.

Ainsi, pendant une heure, le petit homme élégamment vêtu s’adonne à vau-l’eau à une logorrhée qu’il maîtrise magnifiquement et qui corrobore le slogan de son émission : « tout le monde parle, personne n’écoute ». 

Derrière un amateurisme d’apparence se cache une mécanique bien orchestrée, à la théâtralité d’un match de catch, où professionnels et cascadeurs viennent s’affronter sur le ring et interpréter une nouvelle forme de commedia dell’arte pour étancher la soif et la quête de nouveauté d’un jeune public qui ne regarde plus la télévision. 

Matan Even prétend avoir reçu des propositions de Netflix et Hulu, préfère rester aux manettes de sa petite entreprise marketing, loin de connaître la crise. En effet, le public est au rendez-vous hebdomadairement sur sa chaîne YouTube car il s’agit désormais d’un lieu de passage incontournable pour toute cette nouvelle génération qui brigue une étoile à Hollywood.

Daniel Latif

Ma rencontre avec Anna Wintour

Au détour de la place Vendôme, en pleine fashion week, une foule s’est amassée devant le Ritz. Curieux, j’observe les fashionistas défiler, se prendre en selfie, pavaner avec leurs énormes sacs affichant des prénoms en guise de nom. 

Une limousine Mercedes s’approche devant moi, le chauffeur sort, ouvre la portière et laisse filer cette dame avec qui je tombe nez à nez…

Brigitte Macron ? Impossible, il n’y a pas de gardes du corps. Anna Wintour, pensais je aussitôt tout en saisissant mon boîtier photo pour immortaliser un portrait. Un regard échangé, interdit, je baisse l’appareil, convaincu : « ce n’est pas elle, elle aurait été accompagnée… ».

Elle enfile ses lunettes de soleil, et cette fois, plus de doute : « c’était bien elle ». Filant aussitôt par une entrée dérobée, dégoûté mais encore perplexe, je me rassure sur un éventuel sosie. 

Un couple monégasque arrive et me dit : « vous avez vu Anna Wintour ?
Oui, mais je l’ai ratée.
Rassurez-vous, elle n’aurait probablement pas accepté de faire la photo.

Me voilà rassuré !

Je vérifie grâce une vidéo postée sur X et j’ai la confirmation que c’était bien la papesse de la mode. Sur cette dernière, on voit Kim Kardashian qui a préféré saluer David Beckham et s’asseoir en ignorant Anna Wintour… peut-être qu’elle n’est plus en Vogue ?

Daniel Latif
Illustration : Juliette Chivard

Oppo Find X5, mon nouveau compagnon de vie

« Comment ça ? Tu n’as plus ton BlackBerry ? » me lance-t-on régulièrement depuis quelques mois. Tout cela a commencé suite à un défi d’une attachée de presse qui m’a assuré qu’en essayant le Oppo Find X5, je lâcherais aussitôt mon fidèle BlackBerry Key2. 

J’avoue, j’étais quelque peu sceptique, car il s’agissait d’un modèle et d’un constructeur dont j’avais seulement vaguement entendu parler. Mais lors des premières prises en main du Find X5, son revêtement blanc nacré m’a agréablement surpris. En effet, le doigt glisse le long d’un matériau qui ne laissait pas présager une telle sensation. Un soyeux qui ne fait que renforcer le confort de son usage au quotidien et j’avoue, je me suis surpris à de nombreuses reprises à le caresser, y compris quand il était dans ma poche. De surcroît, le téléphone est de très bonne facture et d’une finition des plus premium.

J’ai rapidement pallié l’absence d’un véritable clavier par une autre technique : le glissé du doigt le long de l’écran. « Mais qu’est-ce que tu bricoles donc ? » : telle est la réplique à laquelle j’ai droit lorsque je rédige cet article sur le Find X5. Pourtant, le mode Swype « existe depuis de nombreuses années » me confirme Gilles Pietri, expert en informatique, mais fait toujours autant halluciner mes voisins lorsqu’ils m’observent en train de prendre des notes sur mon téléphone. Oui, oui, ça marche aussi sur vos iPhone, essayez donc, vous me remercierez plus tard. 

Petit détail, non négligeable, qui vient avec le Oppo, c’est son chargeur « super Vooc » de 80W dont la taille est assez conséquente mais qui permet une charge ultra rapide. Une fois branché, vous restez scotché devant ce compteur digital qui affiche la progression de recharge de façon surréaliste. Comptez une demi-heure pour une recharge complète. Pratique et surprenant, reste juste à savoir combien de cycles de chargement la batterie pourra survivre. Probablement la raison pour laquelle le téléphone passe en charge « optimisée » et beaucoup plus lente lorsque vous laissez l’appareil branché après minuit. 

Sinon, en usage téléphonique, car c’est censé être son usage principal, même si « de nos jours, plus personne ne prend la peine d’appeler » comme le souligne bien mon ami photographe Cunione. Le Find X5 offre une qualité d’écoute à travers deux écouteurs des plus notoires. Seul reproche qu’on pourrait lui adresser, l’absence de la prise jack, qui m’a bien fait défaut lorsque je me suis retrouvé dans un train et que je voulais éviter de partager mon écoute musicale avec mes voisins. Une avancée dans la technologie, certes, mais une évolution des plus contraignantes qui m’oblige à jeter mes nombreux écouteurs à la poubelle pour passer sur ces fameuses oreillettes Bluetooth qui se déconnectent en permanence et qui vous feront passer pour un technicien Darty… Non merci ! Je survivrai sans musique alors. 

Et côté réseau de téléphonie mobile, le Oppo Find X5 propose naturellement de la 5G, que j’ai pu tester en Autriche et profiter pour la première fois d’une vitesse de transfert à couper le souffle. En France, avec Sosh, la 5G n’est pas encore compatible… C’est pas plus mal, ça préservera ma batterie et mon forfait.

En résumé, c’est un téléphone qu’on apprécie avoir en poche. Mais ce qui m’a finalement convaincu de franchir le cap, c’est d’apprendre que son optique a été développée en collaboration avec Hasselblad. Un atout des plus alléchants lorsqu’on pense à la résolution et l’emblématique piqué des photos prises par Laurent Dufour, photographe membre du collectif Regard parisiens, avec son remarquable appareil photo suédois dont le bruit de déclenchement ne laisse pas indifférent.

L’appareil photo du Find X5, avec son capteur 32 Mpx, permet d’alterner entre un grand angle, angle normal et plus serré lors des prises de vues. Réglé et calibré par Hasselblad, il permet de faire des photos à couper le souffle y compris en basse luminosité ou carrément la nuit.

La configuration des réglages est aussi poussée que celle d’un véritable appareil photo avec le mode « Pro » où vous pourrez régler les ISO, l’exposition, la vitesse d’ouverture, la balance des blancs et même le choix dans le format entre le classique JPG ou du RAW, pour ceux qui veulent rouler des mécaniques. 

Côté vidéo en 4k, il y a la possibilité de régler aussi la profondeur de champ, de quoi permettre de réaliser de beaux clips de très haute qualité — heureusement que le téléphone possède une mémoire de 256 Go ! Le tout sur un écran Full HD qui régale les yeux et donne envie de passer instantanément en HD lorsque l’on regarde des vidéos sur YouTube.

Comme j’aime faire des photos, je l’ai tout naturellement mis à l’épreuve au cours de mes reportages et différents voyages. Résultat : des images à la qualité toujours surprenante quand on pense qu’elles émanent de ce simple appareil. 

Non seulement le Oppo remplace avec brio n’importe quel téléphone, mais en plus, il dispense d’acheter un appareil photo, me disais-je à ce moment où j’étais encore indécis.

Portrait, paysage, voyages, reportages, shooting photo, tranches de vie… voici un florilège, à la façon de cartes postales capturées avec un Oppo Find X5. Sans aucune retouche — ou quelconque artifice — bien évidemment !

Et me voilà forcé d’admettre que l’attachée de presse avait raison : le Find X5 m’a bel et bien fait lâcher mon BlackBerry Key 2.

Daniel Latif
Photos : DL /DR

David Gauquié, l’enchanteur d’un quartier

Il faut flâner dans le quartier des Batignolles pour remarquer sur les murs ce « distributeur gratuit de souhaits pour la semaine »

Une œuvre originale qui s’illustre parmi tout l’insignifiant et vaniteux street art parisien par sa gracieuseté et son authenticité. Moins mystérieux — et moins calorique — qu’un biscuit chinois, plus pragmatique qu’une banale citation d’un sachet de thé Yogi tea et tout simplement plus amusant qu’un horoscope frivole. 

Derrière cette performance positive, se cache l’œuvre de David Gauquié, producteur de cinéma et de théâtre. Depuis un mois, il placarde incognito ses « distributeurs gratuits d’ondes positives parfois “bons de joie”, “bons d’amour en libre service”, c’est selon l’humeur » avoue celui qui aime signer d’une croix de Cocteau.

Une entreprise bienveillante qui consiste tout simplement à « partager un peu de mon soleil » confie le producteur sensible aux performances artistiques dépourvues de dessein commercial, marketing ou idéologique. 

Pastichant ces petites annonces accrochées dans les boulangeries ou supermarchés, le passant est invité à décrocher une languette sur laquelle un vœu authentique et concis est consigné à la main. « J’écris spontanément de vrais souhaits et toujours positifs » avec une petite touche d’humour, en attestent les mentions « 100 % garantis », « efficace dès lundi » ou encore « 1 par personne ».

À la façon d’un totem porte bonheur, David confère à ces tickets une vocation onirique. « Qu’on y croie ou pas, ça recharge positivement et met les gens dans une bonne disposition » analyse-t-il. Une telle sincérité dans sa création qu’il lui est arrivé de vouloir en découper un pour lui-même.

Il est à peine 11 heures et les étiquettes « savoir se faire confiance », « faire plaisir à un être aimé », « recevoir un sourire solaire » et « sourire à un inconnu » ont déjà été délicatement emportées.

Parmi les bons mots restants, le choix se restreint sur « prendre un risque et réussir »,« acheter un truc qu’on désire tellement », « rencontrer quelqu’un de génial », « avoir une énergie de feu », « vivre un moment de tendresse » ou « gagner au loto ».

Étiquette que j’ai aussitôt décrochée après mûre réflexion sur chacune des autres phrases. Un souhait des plus louables pour quelqu’un qui ne joue pas au loto, mais qui aura au moins le mérite de me faire commencer la journée avec le sourire.

Daniel Latif

Élection présidentielle française 2022

affiches élection présidentielle 2022

« Femme d’État », « le camp des travailleurs », « nous tous »,
pensons que « nos vies valent plus que leurs profits » alors « ensemble changeons d’avenir » car « un autre monde est possible ».

Ayons « le courage de faire » « choisir la liberté » et « faire face » « pour que la France reste la France » : « la France authentique », « la France des Jours heureux »

PUBLICITÉS — POLITIQUES — ET MESSAGES INDUITS NON CONTRACTUELS.

Daniel Latif

Mieux qu’un mois d’août à Paris

Au-delà du surréaliste, le calme qui règne à Paris est des plus insolites : « mieux qu’un mois d’août à Paris » commente Véronique penchée sur son balcon filant au cinquième étage. Un bus vide passe à toute allure, suivi d’un autre des plus fantomatiques, complètement éteint et qui affiche « Sans voyageur ». Les panneaux RATP indiquent que le trafic est perturbé.

Les rues de la capitale sont vides, tout juste clairsemées de quelques passants. Certains marchent au milieu des avenues, téléphone portable à la main pour immortaliser une belle carte postale d’un Paris qui respire à nouveau, par décret.

Hasard du calendrier des travaux ou simple coïncidence, on s’émerveille devant la façade du Palais Bourbon aux « colonnes pimpantes remarque Julien, un photographe parisien. C’est surprenant et d’autant plus rare d’avoir un contexte aussi photogénique » s’enthousiasme-t-il tout en dégainant son appareil photo.  

La place de la Concorde est vide, et pourtant le cliché ne bluffe guère de monde, comme le raconte cet officier de police qui se remémore des airs de dimanche matin. Si Eric et Ramzy voulaient tourner un deuxième opus du film Seuls two, le décor leur serait servi sur un plateau.

Les taxis attendent à la station sur le presque vierge boulevard Saint Germain. Fofana, sort de sa majestueuse berline noire, masque chirurgical autour du cou. On croirait qu’il vient de sortir du bloc opératoire et pourtant cet artisan taxi depuis 28 ans ne fait que profiter du boulevard Saint Germain vide pour se dégourdir les jambes.

 « Ça fait réfléchir… » observe-t-il, en constatant les portes closes du Café de Flore avec des chaises et tables en barricades. À la question, craint-il la proximité avec des clients potentiellement contaminés par le Covid-19 dans son taxi, le chauffeur remet aussitôt son masque sur son nez : « il faut être fataliste, sinon on ne travaille plus » philosophe-t-il.

LE CALENDRIER DE LA PEUR

Un jeune couple marche rapidement sur la rue du Four. « Mais si, ça doit être ouvert » lance-t-elle pour rassurer son bel ami. Approchant de l’angle avec la rue Bonaparte, ils arrivent devant une pharmacie fermée, sans affiche, ni indication d’alternative, alors que l’enseigne aux nombreuses croix vertes lumineuses clignote pourtant. Sur les avenues, seules les croix vertes des pharmacies et les enseignes des tabacs sont illuminées.

Quelques joggers passent, certains arborent un masque. Un couple court à un mètre de distance, mesure de sécurité oblige ou alors c’est juste le deuxième qui n’arrive pas à suivre la cadence du premier ?

Juliette, étudiante à Sciences Po Aix, promène sereinement son chien sur le boulevard. Loin de céder à la panique autour de l’épidémie, elle estime « la vision des masques anxiogène. Ces gens te donnent l’impression que tu as la peste quand tu passes à côté d’eux »

Elle raconte avoir préféré rentrer à Paris pour être au plus près de sa famille. « Les rassemblements ont été limités, ensuite les parcs ont été fermés, puis le discours d’Édouard Philippe a tout précipité. La montée de la peur et la psychose se sont fixées sur la parole de nos dirigeants et elles se sont multipliées sous l’effet des réseaux sociaux créant ainsi un calendrier de la peur » analyse-t-elle.

Alors que le Quai d’Orsay annonce une suspension des liaisons aériennes en Europe jusqu’au 17 avril, le ministre de l’Intérieur implore un confinement jusqu’au 31 mars, au moins… Étonnamment, l’Apple Store du marché Saint-Germain annonce une fermeture « jusqu’au 27 mars ». Des hôtels affichent une fermeture « pour une durée indéterminée », tandis que les kiosques sont fermés « jusqu’à nouvel ordre ».

Le temps s’est arrêté à 12H ce mardi mais le peuple est déjà impatient de retrouver sa liberté.  Il scrute le calendrier des jours prochains, avec une multitude de dates incohérentes et des échéances incertaines, a fortiori extensibles. Seul le compteur qui chiffre les morts et les contaminés continue à bouger.

La population attend la prochaine allocution de Godot ou celle du gouvernement prodigue annonçant la fin d’une « guerre sanitaire » ou plus vraisemblablement un prolongement du confinement dont la date de fin reste inconnue. Adieu les plannings, out les agendas. La France latine vit au jour le jour en rêvant du mois d’août. La seule échéance que les Français attendent, c’est celle de leur libération…

La liberté de se mouvoir. La liberté de contester. La liberté de commenter l’actualité au zinc du bar de son quartier. La liberté de donner son avis en live devant un public en chair et en os qui réagit de vive voix.  La main d’un pote sur son épaule. Le parfum d’une femme qui n’est pas la sienne, le spectacle de la rue, les bruits. Le miroir de l’autre. L’interactivité avec ses 5 sens. Voilà ce qui manque subitement et qui est irremplaçable.

Les smileys sont subitement devenus insuffisants. Il n’aura pas fallu une journée pour se rendre compte que les réseaux sociaux ne créent pas tant de lien que ça et qu’on s’ennuie déjà peu importe les nombreux messages qu’on envoie ou qu’on reçoit.

Le jour de leur libération, les français entreront dans un café voisin, ils serreront des mains qui ne sentent pas le gel hydroalcoolique ou le savon de Marseille, ils plongeront leurs doigts dans le bol de cacahuètes aux milliards de bactéries, ils commanderont un café, une bière ou un verre de vin blanc, ils s’embrasseront, et tout ne sera plus qu’un mauvais souvenir. En attendant, ils appliquent les décrets de leur démocratie chérie et rêvent de jours meilleurs.

Mieux qu’un mois d’août à Paris, en témoignent ces trois canards, sans doute échappés du jardin des Batignolles qui déambulent à 23 heures sur la chaussée place de l’église. Il aura fallu moins de douze heures pour que la nature commence à reprendre ses droits…

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Illustration : Anne-Catherine Belliot

Michou must go on !

Un calme saisissant règne sur la rue Caulaincourt. Les néons du café Au Rêve, brillent d’un bleu turquoise éclatant. En terrasse, Jean-Michel, un habitué, prend son café et observe les quelques badauds qui attendent déjà devant le cimetière Saint-Vincent . « Ce sont des places en or, vous êtes aux premières loges pour l’arrivée de Michou » lance une voisine. Intrigué, il commence à discuter avec les autres clients : « Brigitte Macron sera aussi présente » lui apprend un Montmartrois.

Alicia, professeur d’espagnol, est venue rendre hommage à ce personnage truculent que « tout le monde connaît ». Arrivent deux Poulbot, figures emblématiques, aux côtés de quelques membres de la République de Montmartre, reconnaissables par leur habits traditionnels composés de chapeau, cape, arborant l’écharpe rouge et une imposante médaille. Admirative devant un tel folklore, elle poursuit : « en Espagne aussi nous sommes traditionalistes, et c’est important, sinon on ne sait pas d’où on vient et on perd ses racines ». Regrettant de ne pas avoir eu le temps d’aller assister à son spectacle, « le cabaret, c’est comme notre flamenco. C’est une partie du patrimoine parisien qui s’en va, mais c’est une partie de nous qui meurt aussi » se désole-t-elle.

UNE PARTIE DU PATRIMOINE PARISIEN QUI S’EN VA

Un important dispositif de sécurité écarte la foule pour faire place à un corbillard, fraîchement repeint pour l’occasion aux couleurs de Michou. Alexandre, photographe qui passait par hasard, observe la scène : « il laisse plus qu’un souvenir, une trace dans ce quartier. C’est quelqu’un qui avait compris que l’être était autre chose que le paraître. C’était un Pedro Almodóvar avant l’heure ». 

Ce qui revient le plus souvent, au-delà de l’aspect culturel et artistique, c’est sa personnalité et sa générosité : « tous les gens qui venaient dans son cabaret, c’était des amis, il ne les prenaient pas pour des clients. Michou discutait, il était content de faire des photos avec eux » souligne Any d’Avray, créatrice de perruque. « Il maintenait les années populaires, faisait bouger tout le quartier et vivre encore le cabaret ».

« On reste optimiste, mais ça ne sera plus jamais la même chose… ». Arnaud, le patron du Nazir se rappelle avec émotion ses nombreuses visites dans son établissement : « c’est un monument historique qui a beaucoup fait pour tout le quartier et surtout les anciens ».
Ses proches, ses amis étaient tous réunis dans la bonne humeur et la convivialité. « On s’y attendait, et il nous disait : « j’espère que tu viendras à mon enterrement ». Ainsi, tout était préparé pour que son enterrement soit un moment d’amitié et de commémoration. Roger Dangueuger, ancien patron du cabaret « Chez ma cousine » et ami de Michou se remémore : « il disait que le cabaret ne lui survivra pas et pourtant, il y a toujours trois mois de réservations enregistrées, alors on espère que ça nous permettra de le garder encore un petit peu avec nous ».

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Génération « porno-écolo »

Qu’ils sont imaginatifs ces créatifs de Pornhub. À l’heure où tout le monde s’affole pour la planète, voilà une curieuse entreprise reine de l’évasion fiscale — mais pas que — qui rentre dans le bal des tartuffes.

« Aider à protéger les plages et océans contre la pollution […] pour chaque vues, nous ferons une donation à Ocean polymers ». L’intention était bonne, certes ! Jusqu’à ce que n’apparaisse la condition pour un tel don : « regarder l’intégralité de la vidéo sur Pornhub ». Car la holding luxembourgeoise rappelle dans le générique de la bande-annonce sa devise : « Plus c’est sale, mieux c’est » et là, tout est parti en live.

Fier d’annoncer sa nouvelle production cinématographique « Le porno le plus sale » en collaboration avec « Léo et Lulu », un couple français qui se prétend amateur mais dont les équipements et la performance ont de quoi faire saliver les plus professionnels dans l’industrie du X.

Ce duo d’acteurs de films adultes — aussi romantiques, charnels et voluptueux que leur pseudonyme —  qui résume leur état d’esprit « voyager à travers le monde et baiser partout » n’a pas hésité à donner de leur corps sur une plage déserte. La mise en scène est des plus élaborées, les plans de coupes enchaînés à merveille mais l’on s’attardera sur l’illustration des plus pathétiques de la pollution marine avec ce poisson mort gisant entre deux bouteilles en plastique toutes neuves.

Premier geste pour l’écologie, ce placement publicitaire en plan serré de nos french lovers déambulant en maillot de bain, claquettes de piscine Adidas sur le sable de cette plage abandonnée. Plus ils progressent à travers un banc de déchets plastiques, débris et de bouteilles de lessives, etc. plus l’excitation grimpe… La musique d’ambiance vous prend comme dans un film d’horreur et puis soudain, le climax : une bouteille de Coca-Cola qui donne le la aux festivités.

À défaut de prendre les déchets en main, Lulu prend le sexe de Léo en bouche. Copulant aux côtés d’hommes en combinaison contre les risques chimiques siglée Pornhub, équipés de masque de protection respiratoire. Le genre de personnage qui te fait rapidement comprendre que tu n’es pas vraiment au bon endroit et encore moins dans la meilleure des tenues. Loin de se poser les bonnes questions, Léo et Lulu commencent les préliminaires tandis que les figurants ramassent laborieusement ça et là ces déchets étalés sur le littoral.

NETTOYER LA PLANÈTE LE TEMPS D’UNE BRANLETTE

Après cinq minutes de préchauffage, le jeune Léo, au membre impressionnant mais qui peine à se raidir, s’extasie : « ah putain, finalement ». La suite ? Les mots-clés référencés sous la vidéo résument bien les 4 minutes 55 — montre en main — qui suivent : « blonde », « exclusif », « 60 images par secondes », « grosse bite », « hard », « jolie fille », « modèles vérifiés », « publique », « éjac »

Les hommes en combinaison ont terminé leur boulot. Pas un regard, ni même une considération et encore moins un merci de la part des jeunes exhibitionnistes qui partent aussitôt prendre un bain en mer.

Un court métrage grotesque rivalisant fantastiquement avec Cinquantes nuances de Grey qui laisse à désirer eu égard les prises de vues insipides et caricaturales : très gros plans, une fornication déliquescente, dépourvue de sens et encore moins de cadrage. En effet, les jeunes amoureux tiennent à préserver leur anonymat. Soit.

Au-delà d’un porno normé, « Léo et Lulu », les nouvelles idoles des 18-25 ans, ont sans le savoir, lancé une nouvelle vague du « porno écolo ». Une tendance dont découlera très certainement l’émergence de nouveaux producteurs qui exploiteront un nouveau filon : le porno Bio.

Daniel Latif

Il reste encore du poisson


L’histoire a tout d’un poisson d’avril, et pourtant… Les media ont saisi dans leur filets un « beau poissonnet ». Pour certains, il s’agirait même de caviar. Au vu du gabarit, l’on est sur un Béluga survitaminé en Oméga 3. Dépourvu d’OGM ? Sans garantie du gouvernement.

Notoirement connu par ses Chefs, pour ses qualités de vrai poisson nettoyeur : les petites larves, c’est son affaire.
Mais sa spécialité : les menues sardines qui nagent à contre courant. Après leur avoir mis deux pains, il en fait du Filet-O-Fish. Un petit péché mignon l’a perdu. Autrefois, heureux comme un poisson dans l’eau… Maintenant, il est presque sur le grill.

Le Chef Maquereau reste muet comme une carpe. Il ne se fait aucun sushi, car il a envoyé son Colombo pour noyer le poisson. Pendant ce temps-là, dans les bas-fonds espadons et piranhas se chargent d’appeler au calme et de respecter la tranquillité de leur écosystème.

Comme à son habitude, le banc de poissons tournera en rond dans son bocal, et, contrairement aux éléphants, même s’il n’est pané de la dernière pluie, oubliera rapidement.

Marre d’être pris pour des andouilles, d’aucuns auront beau crier « cétacé » !

Rassurez-vous, il reste encore de l’anguille et du requin.

Daniel Latif
Illustration : Camille Gaudefroy

« J’ai un nouveau BlackBerry ! »


Imaginez la tête de mon entourage lorsqu’ils ont aperçu l’étonnant mobile dans mes mains :
« Ah ! Enfin, tu as changé de tél… ?!
– Oui, j’ai un nouveau BlackBerry ! »

Cette réplique, aussi surprenante que cela puisse paraître, n’est ni un oxymore, ni une blague.

Après six ans de bons et loyaux services, mon BlackBerry Q10, n’a toujours pas rendu l’âme, contrairement aux nombreux iPhone qu’il a côtoyés.
Ayant survécu à de nombreuses chutes spectaculaires, deux élections présidentielles, françaises et étasuniennes, c’est vous dire la puissance du choc — et je ne vous parle pas des nombreuses moqueries et autres quolibets qu’il a notamment essuyés !

Six ans ! C’est long et ça a de quoi faire rager tous mes collègues qui, voyant le fidèle Q10 toujours aussi vaillant, voulaient se cotiser pour m’acheter un iPhone. Gardez bien cette généreuse intention, car elle vous sera des plus utiles lorsqu’il s’agira de remplacer le vôtre dans quelques mois, ou à la prochaine mise à jour !

Je me garderai de tomber dans l’éloge du KEYone, au risque de faire rager les aficionados de la Pomme ou passer pour un actionnaire de la marque. Mais il est difficile de ne pas s’enthousiasmer devant la résolution et l’affichage de l’écran, tout comme la qualité des photos capturées.

PLUS QUE DE LA FIDÉLITÉ, UNE CONVICTION

La sécurité est toujours au cœur des préoccupations chez BlackBerry mobile qui se targue de produire « l’appareil mobile le plus sécurisé au monde ». Et pour cause, le téléphone est doté de l’application « DTEK » qui se charge d’analyser en permanence le téléphone et vous informe en cas d’activité anormale.

Fidèle à l’esprit BlackBerry d’antan, le KEYone est doté d’une LED, customisable, clignotant à souhait pour vous avertir d’un nouveau message ou toute autre activité que vous auriez pu rater sans avoir à déverrouiller le téléphone… c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup !

Promis, je ne m’étendrai pas non plus sur le clavier intelligent, et l’on ne s’attardera point sur la sensation de caresse des plus agréables lors de la frappe… Je reste cependant bluffé par la durée de vie de sa batterie. Même quand j’oublie de le recharger, le lendemain, il tient la journée !

D’aucuns se réjouiront du fait que le KEYone soit 100 % Android. Les puristes reconnaîtront que la transition entre l’OS BlackBerry et Android reste quelque peu déroutante et nécessite un temps d’adaptation. L’avantage : on peut télécharger la ribambelle d’applications des plus inutiles sur ce bijou.

Autre nouveauté du KEYone, le déverrouillage à empreinte digitale qui est une option très pratique lors d’usage intensif. Dernière nouveauté majeure, le téléphone n’est plus fabriqué au Canada, mais en Chine suite à un rachat. La différence est des moindres, l’on passe ainsi de BlackBerry à « BlackBerry Mobile ».
Bref ! Il a presque tout d’un iPhone, sauf le manque d’authenticité !

DIFFÉRENT, MAIS PAS BÊTEMENT DIFFÉRENT

Un smartphone reflète la personnalité de son propriétaire. Des goûts et des couleurs, on ne discute pas. Mais dans un marché complètement uniformisé, le BlackBerry reste la meilleure alternative pour affirmer, plus ou moins, son caractère.

Son design sobre mais chic incarne l’état d’esprit de la mûre. Car BlackBerry Mobile n’a pas les mêmes ambitions qu’Apple avec son iPhone. Sa rareté, en fait un gage de qualité et lui confère du cachet. En effet, à titre de comparaison avec le nombre de mobiles en circulation, avoir un BlackBerry serait l’équivalent de voyager en Première classe à bord d’un avion, alors que l’iPhone, en raison de son incroyable popularité, conférerait un statut de voyageur en classe Business pour ne pas dire Premium économique.

Être différent, sans nécessairement vouloir être bêtement différent. C’est sans doute, ce qui fait l’essence du KEYone et a fortiori ce qui explique pourquoi — encore aujourd’hui — je persiste et signe avec mon BlackBerry !

Daniel Latif