KLM Premium Confort : la marche avant la Business Class

Griffée d’une couronne et drapée de bleu céleste, la flotte de la Royale Compagnie est reconnaissable entre toutes. À l’avant du Boeing 777-300, l’on remarque au niveau des fenêtres du cockpit la mention « SkyTeam Air France KLM ». On est certes en famille et pourtant il y a une différence notoire lorsque l’on pénètre à bord. 

L’avion est flambant neuf, l’aile est reluisante comparé à ce qu’on a l’habitude d’avoir sur les flottes Air France où l’on aperçoit parfois des morceaux de l’aile rafistolés qui ont, sur un vol de la compagnie nationale française, sérieusement fait paniquer ma voisine de vol. 

En cabine Economy confort, chez KLM, les genoux ne cognent étonnamment pas le siège de devant — même quand ils sont allongés au maximum. Et il faut le souligner car du haut de mon mètre 86, les vols avec la nouvelle flotte Air France sont devenus insupportables. Alors pourquoi une telle différence entre les deux compagnies aériennes faisant partie du même groupe ? Sans doute parce que les Hollandais sont réputés pour leur grande taille, ce qui est loin d’être un mythe. Partant de ce constat, on peut facilement comprendre ce standard qui a tout d’un avantage des plus notoires pour les passagers en classe Éco. 

La Classe Premium, anciennement Premium Economy, est cette étape intermédiaire avant la fameuse Classe Affaires. Les sièges sont encore plus larges et confortables, chacun a son accoudoir, fini les jeux de coudes diplomatiques et embarrassants avec le voisin. Le dossier ergonomique s’adapte à votre dos et posture. Le maintien des jambes des plus idéal en raison de la configuration fauteuil, ce qui vous donne déjà une assise qui renforce l’effet cocooning. Le siège est inclinable et l’on peut quasiment trouver une position allongée avec les mollets relevés comme dans le fauteuil de Joey et Chandler dans Friends

Devant vous, un espace de rangement pour des bouteilles, un ordinateur ou tablette. Au-dessus, un autre filet de rangement à la fermeture douce pour y ranger un livre ou des lunettes. Un petit loquet se trouve au niveau de l’écran pour y accrocher une veste. Chaque passager a une vraie prise électrique, en plus d’une prise de recharge USB et USB-C. Un vrai casque absorbant avec annulation de bruit est fourni, ce qui a le mérite de rendre le voyage des plus sereins et vous laisser aller à une vraie session d’écoute musicale parmi un choix d’albums des plus variés. 

La sélection de séries télé et filmiques laissant quelque peu à désirer. On regrette fortement l’absence frappante de ces séries télé comme Friends, Will and Grace ou The Nanny. Des classiques de la sitcom états-unienne incontournables, d’autant plus quand on s’envole vers New-York. 

Une offre WiFi est disponible gratuitement et vous propose internet à usage limité aux services de messagerie instantanée mais dont l’envoi et la réception de photos est très lent pour ne pas dire restreint. Pour une utilisation de bande passante permettant l’envoi de mails avec pièces-jointes ou accéder aux services de streaming pour 38 euros. 

Une trousse de toilette, laundry bag, à base de matériaux et textiles recyclés contenant un masque, une brosse à dents en bambou, des bouchons d’oreilles vous est offerte à chaque passager. 

On savait que le temps file dans un lounge à cause de la pléthore d’activités proposées. Ici, le confort notoire et le fait de communiquer en ligne feront passer le voyage encore plus rapidement. 

C’est l’heure du service, avec d’abord un apéritif qui vous est proposé. Pas de Champagne hélas, juste un Cava mais on se laisse séduire par cette intrigante bouteille en forme de tube qui est un Espresso Martini de Bols cocktails. Le célèbre cocktail, ici à base de liqueur de café, Galliano et de ristretto avec une vodka Bols est déjà préparé, il vous suffit de shaker et vous êtes servis. Pour accompagner l’apéro, rien de tel qu’un snacks des plus sains avec ce mélange de noix de cajou, noix et amandes. 

Arrive ensuite le plateau repas. En entrée, crevettes épicées au chili sur un lit de salade de riz sauvage à la mangue et aux tomates séchées, le tout nappé de crème de coco et de raifort. Côté plats chauds, vous avez le choix entre poulet tandoori mariné ou ravioli d’aubergines et légumes et sauce tomates aux herbes. Détail drôle qui va faire hurler les bretons, le vrai beurre non salé et une amusante salière poivrière deux en un. 

À côté, des fromages dont de la tomme de fenugrec, fromage bleu crémeux aux raisins secs et pignons de pin, servis avec des raisins. 

Le meilleur pour la fin, avec une glace au cherry cheesecake de chez Dessert Meesters avec une glace à base de mascarpone, morceaux de cookie et sauce cerise. 

Quelques heures plus tard, un repas léger est également servi avant l’atterrissage. Il s’agit d’une salade de pâtes fraîches Florentine avec concombre, tomate cerise, laitue frisée et olives Taggiasca, garnie de pousses de petits pois. En accompagnement, un délicieux poulet asiatique au sésame puis un gâteau citron-pomme. 

Le voyage vaut le détour avec KLM car il s’agit de la même famille qu’Air France, ainsi vous bénéficiez toujours des avantages des Miles et XP puis vous faites l’expérience d’un voyage avec un personnel chaleureux, très attentionné et soucieux de tout mettre en place pour que le voyageur passe un vol dans les meilleures conditions.

Le contrat de confiance

La demoiselle habillée tout de rose assise à côté de moi, tape frénétiquement sur son MacBook rose dont le thème Gmail est dans les mêmes tons… Sa conversation téléphonique, des plus indiscrètes, se rythme aux « clic, clic, clic » de ses ongles sur le clavier de son ordinateur. 

« Pouvez-vous jeter un œil à mes affaires svp ? » me missionna-t-elle dans son plus bel accent États-unien. À peine avais-je hoché de la tête, que Miss California avait déjà tourné les affreuses pantoufles moumoute-rose-flashy qui « coûtent une blinde » selon une consœur spécialiste dans la mode. 

Je ne bouge plus, tel un ninja observant les alentours, je retiens mon souffle et fixe son MacBook entrouvert comme une sentinelle. L’ordinateur n’est même pas en veille et ses deux iPhone trônent sur les accoudoirs du fauteuil à côté de son sac… Je me sentais encore plus responsable de ses affaires, alors je décidais de remplir mon job aussi sérieusement que son investissement dans ses faux ongles. 

Elle revint dix minutes plus tard avec une coupe de Cava et un bol de cacahuètes puis me gratifia d’un très succinct : « thank you », ce merci automatique que tu échappes nonchalamment à un concierge d’hôtel… À la différence que ce dernier aurait eu un petit tips ou une éventuelle deuxième coupe en guise de pourboire, à défaut d’une preuve inframince de convivialité.

Elle a vraiment pris la confiance, je crois. 

J’aurai pourtant pu être le plus grand bandit de la terre ? Et si j’avais voulu connaître les secrets industriels sur la sélection des prochains tissus qui vont augurer les saisons à venir des Fashion week ?

Et si j’avais voulu remplacer mon Mac — du même coloris — dont la batterie a gonflé et qu’Apple ne veut pas échanger, car ces derniers ont perdu leur dignité depuis la disparition de Steve Jobs ?

Je me résolus à aller chercher moi-même quelque rafraîchissement et fis un petit tour dans le salon de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol. Notre mistinguette lobotomisée par son écran ne daigna à peine me proposer de surveiller mon sac, elle se contenta d’un clin d’œil orné de son plus hypocrite sourire à l’américaine. Un tour, deux tours et un troisième parce que cette correspondance était quelque peu laborieuse mais surtout j’avais envie de ces fameux bonbons à la réglisse, qu’il n’y avait plus… 

Je revins à ma place. Mademoiselle Rose, en pleine conférence audio avec son casque sur la tête, n’avait que faire de mes affaires. Quand j’aperçus ce voisin en face de moi, qui me fit lui aussi un clin d’œil, pointant ostensiblement son MacBook Pro, me faisant comprendre qu’il prenait congé… Me revoilà, Macbooksitter malgré moi.

Ma ressemblance avec le célèbre Professeur dans la Casa de Papel, inspirerait-elle aussitôt une confiance aveugle de mon voisinage ? 

Car, si j’avais endossé le rôle au-delà de l’habit de moine, j’aurais déjà ouvert un Apple Store… Et si j’avais été un grand pirate j’aurais siphonné toutes ses données…
Mais comme je ne suis qu’un gentil petit passager, j’ai attendu qu’il revienne pour respecter ce contrat — tacite — de confiance. 

Un contrat que je commençais à théoriser, me rappelant une ancienne conversation avec un directeur d’exploitation d’un salon Air France. Celui-ci avait halluciné à l’idée que je laisse mon bagage le temps d’une course au duty free : « il y a peu de vols dans les salons, mais mieux vaut ne pas tenter le diable » m’avait-il prévenu, car « une fois le méfait commis, il est déjà trop tard ».

Celui qui voudra voler mon sac ne sera pas déçu du voyage, car ce que j’ai de précieux reste sur moi.

Quoi qu’il en soit, même si la confiance règne, la morale de l’histoire c’est de ne pas laisser ses affaires sans surveillance. Alors comme le dit Tonton David, je « passe le message à ton voisin ».

Allez, salut la compagnie !

Ma première fois… dans un Lounge

Il faut se réjouir si vous n’avez que deux terminaux à traverser pour rejoindre le Lounge KLM à Amsterdam Schiphol. L’aéroport étant tellement grand que si vous n’avez qu’une heure de correspondance, l’escale au Lounge peut rapidement se transformer en marathon. Ce jour-là, je suis large, j’ai plus de 4 heures de correspondance, c’est mon anniversaire et le vol que je m’apprête à effectuer va me permettre de passer au statut Gold.

J’arrive devant l’hôtesse KLM, une blonde reconnaissable avec sa tenue bleue emblématique. Je fais les yeux doux et lui explique ma situation, essayant de l’amadouer afin d’obtenir ses faveurs. Aussitôt, un grand sourire s’affiche sur son visage : « Ohhh, félicitations M. Latif et un très joyeux anniversaire alors ! » s’enthousiasme-t-elle. Puis, soudain, l’air grave, elle enchaîne : « malheureusement je ne peux vous faire rentrer dans le lounge et même si vous payez, vous devrez attendre deux heures, car nous sommes en heure de pointe… ».

Si près du but, quelle frustration…

Abasourdi par la rigueur néerlandaise et l’absence d’humanisme de l’hôtesse, je fais demi-tour et ressors. Je ne me dégonfle pas pour autant, et demande au premier passager qui se dirige vers le salon : « puis-je être votre invité ?
— Bien sûr !

Sans même expliquer quoi que ce soit, nous nous dirigeons vers le comptoir, devant la même hôtesse et le jeune homme lui lance : « c’est mon invité ! »

L’hôtesse sourit jaune, me fusille du regard, mais ne dit mot. J’étais un peu gêné toutefois je bouillonnais intérieurement de joie, pour ne pas me confronter à un éventuel deuxième refus.

Ça y est, je pénètre enfin dans mon premier Lounge. Un salon aux allures de Star Trek avec un look faussement futuriste de l’époque qui a très mal vieilli. Il y a de tout : des fauteuils, des canapés, des espaces de travail, des douches, qui ne donnent guère l’envie d’y mettre un doigt de pied, un fax ! — qui ne fonctionne plus, mais qui atteste bien que la décoration ainsi que le mobilier date du siècle dernier. Au fond, vous l’aurez rapidement senti, c’est le coin fumeur. Une bulle d’où s’échappe continuellement les émanations des passagers neurasthéniques à chaque va et vient.

Enfin, il y a cette cuve en inox, sous verre reliée à un tuyau menant à un robinet à pression. L’installation — factice — est toutefois, impressionnante. Normal, c’est Heineken qui régale. Une marque que je suis loin d’affectionner mais comme c’est local, je me laisse tenter. Il y a même un manuel qui vous explique comment servir la bière parfaitement, du rinçage de verre jusqu’au service.

Une blonde quelque peu décevante pour couronner ma première fois, mais surtout une bière reflétant harmonieusement bien l’ambiance régnant dans ce salon à Amsterdam, et qui de surcroît est à l’image de mon nouveau statut Gold : somme toute assez banale. Pour une première expérience, c’est raté.

Allez Proost ! comme diraient les aficionados d’Heineken, et salut la compagnie !

Daniel Latif

Air France is in the air : mi pub, mi… Traîtrise !

Cela faisait quelques temps que Mr & Mrs Smith dansaient sur la corde raide. Eu égard de la délicate position et la posture non moins académique qui invite à la décadence, il est toutefois difficile de qualifier la danse à laquelle notre couple s’adonne. S’agit-il d’une Rumba ? Serait-ce du Paso Doble ? Même Mia Frye et Wade Robson ne savent plus trop sur quel pied danser… Le petit chaperon dont le manteau rouge Tango, bière et sirop de grenadine, fait Air France is in the air Mobiledéjà saliver notre jeune cavalier à la veste couleur Valse, ce mélange de bière et menthe, qui laisse Madame sceptique.

« EN VUE DU DÉCOLLAGE DES BÉNÉFICES, NOUS VOUS PRIONS DE VOUS SERRER LA CEINTURE »

Car notre Dame a l’habitude de chaperonner ces Messieurs. En effet, elle est à la direction d’une entité où l’humain n’est que sa ressource. Ces élégants stewards, elle les collectionne, les fait défiler, tourner en bourrique — au gré de ses humeurs et besoins — elle a l’embarras du choix. Protégeant jalousement de la main droite sa cassette dorée, qu’elle a enchaîné à son cou, elle en appelle à la retenue : « nous vous prions de vous serrer la ceinture ». Le jeune homme qui se voyait déjà naviguer en Concorde se retrouve cloué au sol. Fini la période faste et les avancées technologiques, l’heure est aux petites économies. Son bras droit, pilier vital servant d’appui à l’administration exécutive, devra désormais composer de la main gauche… Et une chose est sûre, Monsieur est loin de mener la danse.

« PNC À LA PORTE… DÉSARMEMENT DES SLOGANS… VÉRIFICATION DE LA COHORTE OPPOSÉE »

N’ayant que faire des revendications somme toute des plus légitimes « travailler plus, gagner plus », toujours dans le plus grand dédain, faisant mine d’écouter les caprices de son interlocuteur, elle dégaine son smartphone en guise de plan B « Et clic ! Je lui prends un billet ! » simple vers la première issue de secours… Ainsi, alors qu’elle a « en vue le décollage des bénéfices », le « PNC est à la porte ». Aussitôt, elle charme les syndicats et opère un « désarmement des slogans » puis dans la foulée « vérifie la cohorte opposée ». Et Hop! Bon vent. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent. Désormais, elle peut pleinement s’affairer à s’envoyer en l’air.

Daniel Latif