Vanité automobile

Audi RS3Un bolide noir vrombit dans Paris. Les passants se figent… Les conversations des clients en terrasse en sont perturbées. Difficile d’ignorer cette ultra sportive qui arrive avec fracas.

Derrière le « cerceau » : Mathias, pilote de course aguerri. En copilote : moi ! Pas très rassuré, accroché à la poignée de son RS3. « Non, pas par la droite ! » lancé-je au coureur qui se lamente régulièrement que « c’est le salon de la tortue ».

Pas de climatisation, « ça réduit les performances ». Cependant, le son de la radio est à fond. « Hit music only » laisse place à la publicité. Je m’empresse aussitôt de baisser le volume pour atténuer l’effet « kéké ». J’ouvre la fenêtre : « Ah bah bravo !!! » nous sermonne une mamie que le pilote laisse traverser.

« C’EST LE SALON DE LA TORTUE ! »

L’échappement se laisse aller à la râlerie et aux éclats à travers ces petites ruelles.
Des vocalises que notre compétiteur effectue tel un virtuose. Le visage de Mathias s’illumine, c’est son moment de gloire. Du moins, c’est ce qu’il croit. Je persiste dans une tonalité des plus moralistes, tel un moniteur d’auto-école : « C’est limité à 30 ! ».

Une frénésie aliénante, de la vanité automobile à son plus haut mépris. Rendant le paysage inintelligible et le voyage angoissant. De la frime… Me direz-vous ? Inexistante, en effet personne n’a eu le temps de réaliser ce qu’il vient de se passer. Des piétons frustrés, car persuadés de tomber nez à nez avec une Lamborghini. Que nenni, ce n’est qu’une Audi !

Daniel Latif