Génération « porno-écolo »

Qu’ils sont imaginatifs ces créatifs de Pornhub. À l’heure où tout le monde s’affole pour la planète, voilà une curieuse entreprise reine de l’évasion fiscale — mais pas que — qui rentre dans le bal des tartuffes.

« Aider à protéger les plages et océans contre la pollution […] pour chaque vues, nous ferons une donation à Ocean polymers ». L’intention était bonne, certes ! Jusqu’à ce que n’apparaisse la condition pour un tel don : « regarder l’intégralité de la vidéo sur Pornhub ». Car la holding luxembourgeoise rappelle dans le générique de la bande-annonce sa devise : « Plus c’est sale, mieux c’est » et là, tout est parti en live.

Fier d’annoncer sa nouvelle production cinématographique « Le porno le plus sale » en collaboration avec « Léo et Lulu », un couple français qui se prétend amateur mais dont les équipements et la performance ont de quoi faire saliver les plus professionnels dans l’industrie du X.

Ce duo d’acteurs de films adultes — aussi romantiques, charnels et voluptueux que leur pseudonyme —  qui résume leur état d’esprit « voyager à travers le monde et baiser partout » n’a pas hésité à donner de leur corps sur une plage déserte. La mise en scène est des plus élaborées, les plans de coupes enchaînés à merveille mais l’on s’attardera sur l’illustration des plus pathétiques de la pollution marine avec ce poisson mort gisant entre deux bouteilles en plastique toutes neuves.

Premier geste pour l’écologie, ce placement publicitaire en plan serré de nos french lovers déambulant en maillot de bain, claquettes de piscine Adidas sur le sable de cette plage abandonnée. Plus ils progressent à travers un banc de déchets plastiques, débris et de bouteilles de lessives, etc. plus l’excitation grimpe… La musique d’ambiance vous prend comme dans un film d’horreur et puis soudain, le climax : une bouteille de Coca-Cola qui donne le la aux festivités.

À défaut de prendre les déchets en main, Lulu prend le sexe de Léo en bouche. Copulant aux côtés d’hommes en combinaison contre les risques chimiques siglée Pornhub, équipés de masque de protection respiratoire. Le genre de personnage qui te fait rapidement comprendre que tu n’es pas vraiment au bon endroit et encore moins dans la meilleure des tenues. Loin de se poser les bonnes questions, Léo et Lulu commencent les préliminaires tandis que les figurants ramassent laborieusement ça et là ces déchets étalés sur le littoral.

NETTOYER LA PLANÈTE LE TEMPS D’UNE BRANLETTE

Après cinq minutes de préchauffage, le jeune Léo, au membre impressionnant mais qui peine à se raidir, s’extasie : « ah putain, finalement ». La suite ? Les mots-clés référencés sous la vidéo résument bien les 4 minutes 55 — montre en main — qui suivent : « blonde », « exclusif », « 60 images par secondes », « grosse bite », « hard », « jolie fille », « modèles vérifiés », « publique », « éjac »

Les hommes en combinaison ont terminé leur boulot. Pas un regard, ni même une considération et encore moins un merci de la part des jeunes exhibitionnistes qui partent aussitôt prendre un bain en mer.

Un court métrage grotesque rivalisant fantastiquement avec Cinquantes nuances de Grey qui laisse à désirer eu égard les prises de vues insipides et caricaturales : très gros plans, une fornication déliquescente, dépourvue de sens et encore moins de cadrage. En effet, les jeunes amoureux tiennent à préserver leur anonymat. Soit.

Au-delà d’un porno normé, « Léo et Lulu », les nouvelles idoles des 18-25 ans, ont sans le savoir, lancé une nouvelle vague du « porno écolo ». Une tendance dont découlera très certainement l’émergence de nouveaux producteurs qui exploiteront un nouveau filon : le porno Bio.

Daniel Latif

Pollution : réaction du gouvernement à vitesse “diesel”

pollution paris daniel latifCe samedi 15 mars, Philippe Martin, Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie affirme à propos du pic de pollution avoir “agi dès le premier jour avec des mesures graduées”.

Pourtant, le vendredi 7 mars, le Ministère de la Santé publiait des recommandations sanitaires en prévision d’une période de pics de pollution.

Lundi 10 mars, l’ONG Écologie sans frontière déposait plainte le lendemain contre X pour “mise en danger d’autrui” et dénoncer ainsi “l’inertie des pouvoirs publics” contre la pollution de l’air.

Le seuil d’alerte maximum à la pollution aux particules a été déclenché le mardi 11 mars.

Ce n’est que le jeudi 13 mars que Philippe Martin, annonce la gratuité des Vélib’ et Autolib’. Paradoxalement, le Ministère de la Santé, recommande d’éviter “les activités physiques et sportives, autant en plein air qu’à l’intérieur”. De plus, selon une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), “l’habitacle ne protège pas de la pollution, bien au contraire. On respire, dans les voitures, un air largement plus pollué que sur les trottoirs.”

Et si tout le monde dérogeait à la règle ?

Il faudra attendre le lundi 17 mars pour que la Préfecture de Police mette en œuvre un dispositif de circulation alternée. “Je ne serai pas concerné car j’ai deux voitures, l’une dont le chiffre est pair et l’autre impair” se conforte Damien, agent administratif, qui habite la Plaine Saint-Denis. Avec une contravention de seulement 22 euros et une éventuelle immobilisation du véhicule, cette mesure semble d’ores et déjà peu dissuasive voire inefficace. En effet, il suffit de consulter la liste exhaustive des exceptions bénéficiant d’une dérogation au dispositif de circulation alternée pour comprendre que cela ne changera presque rien :

– véhicules électriques

– voitures particulières transportant trois personnes au moins (covoiturage),

– véhicules légers immatriculés à l’étranger,

– camionnettes (VUL),

– bennes, engins de manutention et véhicules transportant des matériaux destinés aux chantiers ou en provenant,

– véhicules de transport en commun des lignes régulières, cars de desserte des gares et aérogares

agréés, transports scolaires, transports collectifs de salariés, autocars de tourisme,

– voitures de tourisme avec chauffeur et taxis,

– véhicules de services de police, de gendarmerie, des forces armées, de la brigade de sapeurs

pompiers de Paris et des services d’incendie et de secours,

– véhicules des SAMU et des SMUR,

– véhicules des professions médicales et paramédicales, ambulances, véhicules de la protection et de la sécurité civiles, de la Croix Rouge, de transports sanitaires, de livraisons pharmaceutiques,

– véhicules d’intervention urgente assurant une mission de service public,

– véhicules de dépannage des différents corps de métiers,

– véhicules destinés à l’entretien de la voirie et de son nettoiement,

– véhicules assurant l’enlèvement et le ramassage des ordures,

– véhicules postaux et de transport de fonds,

– véhicules d’approvisionnement des marchés, des commerces d’alimentation, des cafés et restaurants, et véhicules effectuant des livraisons de denrées périssables,

– véhicules frigorifiques, porte-voitures et camions-citernes,

– véhicules des agents de la direction des journaux officiels et de la SACI-JO dont les heures de prise ou de fin de service ne sont pas couvertes par le fonctionnement des transports en commun,

– véhicules des agents d’exploitation ou d’entretien de la SNCF, de la RATP, de l’OPTILE, ainsi que des professionnels dont les heures de prise ou de fin de service ne sont pas couvertes par le fonctionnement des transports en commun,

– véhicules des établissements d’enseignement de la conduite automobile,

– véhicules des professionnels effectuant des opérations de déménagement,

– véhicules de transport de journaux,

– tracteurs et machines agricoles et véhicules de transport d’animaux,

– véhicules des GIG et des GIC, ou conduits ou transportant des handicapés ou des personnes à mobilité réduite,

– véhicules des titulaires de la carte d’identité professionnelle de journaliste et des représentants de commerce, véhicules de commerciaux salariés et agents commerciaux ne bénéficiant pas de la carte professionnelle de représentant de commerce,

– véhicules des salariés de la presse,

– véhicules de transport funéraire.

“La santé doit primer”

Un représentant du parti Europe Ecologie-Les Verts, affirme que “la santé doit primer”. Hélas, le gouvernement favorise toujours fiscalement et incite les français à privilégier les motorisations diesel en lui attribuant des bonus écologiques. Cela, en dépit des manifestations et actions de l’association France Nature Environnement, qui depuis des années sensibilise l’opinion publique sur les effets néfastes pour l’environnement des particules fines émises par les véhicules diesels. Cette dernière a notamment organisé, il y a deux ans, une opération de graffiti inversé au Trocadéro et le long de la Seine pour montrer qu’il est plus facile de nettoyer un mur qu’un poumon. Or, Philippe Martin, Ministre de l’Écologie, ne peut ignorer les dangers du gazole pour la toxicité de ses particules (50 fois plus importante que celle d’un moteur à essence).

Avec ses “mesures graduées”, bien trop tardives et on constate un gouvernement qui ré-”agi” de façon trop lente… Coincée par les lobbies, mollesse ou mise en route lente des réformes ? La politique du gouvernement aura au moins le mérite d’être proportionnelle à l’action d’un moteur diesel.

Daniel Latif
Photo : DL, D.R.