Hyundai, le nouveau Dom Juan coréen met le grappin sur l’Europe

“Il faut prononcer ‘Hiyoundé’ c’est pas ‘Iyoundaïe’ ni même ‘Oundaye’”, ironise Deok-Jeong Im, Président de Hyundai Motor France, qui parle remarquablement le français. Ce nom signifie en coréen : modernité. On aurait aussi pu le prononcer à ma façon : ‘You’n’daïe’, un romantique “Toi et moi” dans la langue de Shakespeare : You and I. On aurait pu… si les relations entre Hyundai et le gouvernement français étaient au beau fixe ! Car en ce moment la chansonnette que fredonne le Ministre du redressement productif est plutôt dans le registre du “Without you”. En effet, le 26 septembre 2012, Arnaud Montebourg dénonçait “les français qui achètent des Hyundai et des Kia”, enchérissant qu’ils ne contribuaient qu’à renforcer “une forme de dureté sociale”.
En dépit de cette invective, et du fait que la Garde des Sceaux Christiane Taubira ait déclaré dans son patrimoine une Hyundai datant de 2008, les relations sont toujours quelque peu embarrassantes et la marque coréenne “souffre d’un déficit de notoriété important en France” selon M. Im.

Hyundai veut conquérir la France et est prêt à tout pour la courtiser. Cela passe tout d’abord par une “adaptation au goût des français et des européens” de leur production. Pour mieux épouser le marché français, les motorisations diesel ont été favorisées mais Hyundai reste très attentif sur l’évolution de l’avantage fiscal de ce carburant et se tient prêt à rééquilibrer sa production de versions essence. Certes Hyundai, avec la i30, n’a pas raflé le titre de la voiture de l’année 2013 mais la direction compte revenir à la charge en 2014, mettant le cap cette fois-ci sur la première place du podium. En s’attaquant aux marques déjà bien installées comme Volkswagen, avec la Golf, Hyundai veut réaffirmer son positionnement de constructeur de véhicules modernes et premium tout en étant à la fois accessibles. Le constructeur sud coréen veut se revendiquer européen car une partie de ses modèles sont fabriqués en République tchèque et en Turquie puis n’exclut pas une éventuelle production en France prochainement…

LE PACTE HYUNDAI : POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE

Ce nouveau constructeur européen se veut grand seigneur, il propose ainsi une indécente garantie avec kilométrage illimité, l’assistance dépannage et le contrôle annuel gratuit pendant 5 ans. Un triple soufflet qui a de quoi inquiéter tous ses rivaux. En guise d’ultime séduction, Hyundai veut rassurer ses nouveaux clients en leur offrant également une assurance perte d’emploi. Fini le Pôle emploi, avec le constructeur s’engage, dans le cadre d’un Pacte, à accompagner son client en cas de difficultés, pour le meilleur et pour le pire. Ici, la voiture sera plus qu’un simple moyen de locomotion, mieux qu’un conjoint, elle sera votre coach et vous promet une réinsertion sur le marché de l’emploi.

Suivons les conseils d’Arnaud Montebourg et regardons “ce qu’il y a derrière les vitres de la voiture”. “L’inconvénient quand les équipement sont foisonnants, lance Stéphane Godefroy, chef de gamme Hyundai Motor France, c’est qu’ils ne tiennent pas sur un seul slide Powerpoint”. L’on se demande ce qui pourrait se cacher derrière cette volonté d’un constructeur aussi attentionné et prêt à tant d’efforts pour se faire accepter auprès de sa future clientèle. Cette voiture a tout d’une grande : un écran GPS tactile, une boîte de vitesses à six rapports, pédaliers façon aluminium, aide au démarrage en côte, une caméra de recul, un toit ouvrant panoramique…
Un nouveau venu qui veut se placer au même niveau que ses rivaux avec quasiment les même tarifs, voilà de quoi rassurer les inquiétudes du Ministre du redressement productif qui craignait une concurrence déloyale. Face à tant de projets enthousiastes, où Hyundai tel le nouveau Dom Juan s’est attaché, avec ténacité et détermination, à montrer son réel investissement au-delà du simple coup marketing et souhaite obtenir l’occasion de faire ses preuves. Difficile de s’opposer à une telle union.

Daniel Latif