Lorsque l’on me proposa d’y aller pour déjeuner, je me suis demandé : est-ce du masochisme d’aller au Relais de l’Entrecôte ?
Quand on pense qu’il y a, hors certains jours de chance, entre 40 minutes et 1h30 d’attente pour avoir une table dans cette fameuse enseigne…
On peut clairement dire, oui, c’est du grand n’importe quoi !
Georges * (son nom a été modifié) est un habitué qui fréquente l’établissement depuis 40 ans. Il connaît, et est connu de, toutes les serveuses, leur fait même la bise. Il me confie qu’il souffre de problèmes de dos et a la station debout pénible : “Ouais, ici c’est comme ça, on ne m’apporte même pas une chaise” se lamente-t-il, déplorant le fait qu’il ait à s’asseoir sur le paillasson.
On est loin du dicton : ” Le client est roi !”.
Se faire imposer une formule où l’on n’a pas de choix : salade aux noix suivie d’une entrecôte découpée en tranches accompagnée de frites et d’une fameuse sauce secrète.
En effet, il faut vraiment être sûr de soi !
Pour le dessert, l’on vous tend deux cartes : l’une ne contient que des photos d’une sélection de desserts, sans légende, et l’autre carte comporte une liste exhaustive des douceurs. A vous de relier les éléments et de deviner le nom ou les ingrédients de cette coupe alléchante.
Quel désarroi !
Les serveuses sont tellement impatientes de vous débarrasser qu’en guise de digestif, elles vous apporteront le terminal carte bleue à côté du café. Même pas le temps de sucrer le café que vous venez déjà de régler.
Il y a de quoi rester coi !
C’est dans ces moments-là qu’on se dit que la “douloureuse” porte bien son nom… Il est temps de partir, le restaurant ne désemplit pas et d’autres clients attendent désespérément une table.
Décidément, là il faut aimer se faire du mal, ce n’est pas la joie !
Certes, il faut être un peu maso mais on a tellement bien mangé que l’on y reviendra volontiers se faire maltraiter !
Daniel Latif
Illustration : Camille Gaudefroy