Parenthèse enchantée au Grand hôtel de la Cloche à Dijon

Les premières foulées dans Dijon ont de quoi déboussoler le touriste qui arrive par la gare. Après avoir longé ce jardin dont l’emblème est un ours polaire, l’on reste frappé par la théâtralité qui règne sur la place Darcy. 

Un arc de Triomphe en guise d’entrée vers le cœur du vieux Dijon, un cinéma à la façade pittoresque mais surtout ce Grand Hôtel la Cloche, une institution qui affiche une façade à la façon d’un château palace. 

Le Grand hôtel de la Cloche ou « La Cloche », pour les intimes, c’est plus qu’un simple cinq étoiles. Ce monument classé incarne un lieu de vie à la hauteur du Palais des ducs de Bourgogne. « Ce lieu qui a une grande empreinte artistique, est un endroit propice où l’on a plaisir d’échanger et créer un moment des plus poétiques » présente Anouchka Dagaeff, Chef de la réception. 

Dès l’entrée, le regard se pose sur ce lustre qui trône majestueusement. En face, un portrait de Gustave Eiffel, dijonnais notoire, peint par l’artiste Yan Pei-Ming, diplômé des Beaux-Arts de Dijon et dijonnais depuis le siècle dernier. 

Le lobby, illuminé par ces grandes baies vitrées, se compose naturellement en quatre recoins différents à la façon de petits salons ouverts, sorte d’antichambre décloisonnées, qui mènent respectivement vers le restaurant, le bar ou vers les chambres. 

Direction les chambres, avec cet ascenseur qui vous gratifie d’un carillon à l’ouverture des portes : « dang, ding, dong ! ». Foulez la moquette, et laissez-vous replonger dans les classiques de la littérature avec ce poème d’Alphonse Lamartine ou ces extraits des romans de Colette. Les rêveurs se laisseront happer par les tableaux présents le long des couloirs. Des apparitions surprenantes et inattendues comme cette reproduction de chefs d’œuvres, telles le Repos de Jean-François Colson, peintre dijonnais. 

L’entrée en Chambre supérieure est des plus épiques notamment lorsque vous apercevez ce dessin agrandi d’une Étude d’oreille et de nez par François Devosge, datant du XVIIIème siècle en guise de tête de lit. Chacune des 88 chambres a sa représentation pittoresque unique, ce qui leur confère un charme des plus singuliers. 

« Le fait d’être un hôtel à taille humaine nous permet de mieux connaître nos clients et de privilégier un accueil personnalisé » détaille Noël Lazarini, Directeur du Grand Hôtel La Cloche.

Six oreillers haut de gamme, en duvet naturel, vous invitent aussitôt à plonger dans le lit queen size. Les rideaux violets parfaitement occultants et une isolation double vitrage pour garantir un sommeil 5 étoiles. Des petites attentions y ont été déposées comme cette boîte de quatre chocolats de fabrication artisanale de la maison Esprit Gourmand. 

Dans la salle de bains, l’hôtel met à disposition ce savon liquide aux polyphénols de Chardonnay. Une singularité développée par Vinésime qui donne une sensation de fraîcheur avec des notes gourmandes et délicieusement toniques, déclinée en lait pour le corps, shampooing et gel douche. 

Rendez-vous est pris pour un accès pendant une heure au Spa by La Cloche. Accessible grâce à un ascenseur dédié, ce qui permet d’enfiler de sa chambre le peignoir et de s’y rendre en toute discrétion au -1. « En Bourgogne, c’est bon signe quand on va à la cave » s’amusait ce client de passage au pavillon de la Cloche pour un séminaire d’entreprise. Se doutait-il que dans le prolongement des salles de déjeuner au sous-sol, se trouvait un havre de paix de 200 m² — en plein cœur de Dijon — aménagé sous les anciennes voûtes de pierre de l’hôtel. Vous voilà en immersion dans un univers dédié au bien-être avec une piscine aux lumières apaisantes avec un coin jacuzzi et couloir de nage à contre-courant. Petite curiosité, cette douche multisensorielle des plus dépaysantes et revigorantes, un sauna et hammam puis un espace de repos avec tisanerie.

Il est temps de regagner notre chambre qui offre une vue imprenable sur la place Darcy, le jardin Darcy illuminé de bleu puis la cathédrale de Saint-Bénigne avec sa flèche, ses clochers et sa toiture traditionnelle en tuile vernissée de Bourgogne. Une vue qui vous fera longuement hésiter à fermer, ou non, les rideaux. 

Le lendemain, on ouvre les fenêtres du balcon Haussmannien et l’on se dit que l’on aimerait bien se réveiller tous les matins avec cette vue. 

C’est l’heure du petit-déjeuner qui a lieu dans le restaurant de l’hôtel. On mesure la qualité d’un hôtel, par la qualité de son petit déjeuner. 

On retrouve les éternels classiques croissants et pains au chocolat ou encore les œufs brouillés et du bacon, aux côtés des références sucrées comme les crêpes, le pain perdu, gaufres et pancakes au sirop d’érable. 

Les jus fraîchement pressés de pamplemousse, citron, orange, également un jus detox alliant pomme, mangue et gingembre. Des fruits frais ou secs, des dattes jusqu’au saumon fumé, le choix est des plus variés. 

Très attachés au fait maison, les artisans de la Cloche ont poussé le soin jusqu’à confectionner leur propre pâtes à tartiner. Les confitures bio de framboise, abricot, clémentines, fraise rhubarbe, de Noël avec poire, coings, épices mais Cassis sont aussi faites maison. 

Un très large choix parmi le buffet qui va des verrines au lait d’amande et graines de chia jusqu’au jambon persillé. 

Aucune envie n’a été oubliée notamment quand on aperçoit ce « Coin bourguignon » avec du pain d’épices, fait maison, lui aussi avec la recette que vous pourrez emporter avec vous. 

Sans oublier, le véritable délice de pommard, ce fromage frais de lait de vache entouré de graines de moutarde et un cake au cassis maison.

Pour les curieux qui n’auraient pas eu le temps de la goûter, deux pots de moutarde de Dijon classique et à l’ancienne en grains de la moutarderie Edmond Fallot. 

L’omelette délicatement préparée, à votre goût, est délicieuse. Une belle assiette haut en couleur et saveurs, qui invite même, avec l’arrivée des beaux jours, à se poser à l’extérieur dans la cour, idéale pour émerger en douceur dans ce coin de nature et profiter pleinement de ce petit déjeuner de Duc qui en ferait gémir l’ours d’Orlinski.

Pour continuer l’évasion au Bar de La Cloche autour d’un Kir

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Daniel Latif
Photos : DL /DR

Les amoureux de la gastronomie sont servis à La Cloche

Le Bar by La Cloche est en matinée un salon de thé qui séduit beaucoup par sa configuration pour y donner des rendez-vous d’affaire, pour y travailler au calme, assis parmi un large choix de fauteuils sofas, canapés — de quoi échapper à l’ambiance open space ou tout simplement pour y prendre le café, servi avec son sucrier façon boulier, aux côtés de chouquettes, sablés ou de meringues, ce qui varie très régulièrement en fonction des pâtisseries du jour — qui sont faites sur place. Le bar est surplombé par un inspirant tableau Les Hasards heureux de l’escarpolette peint par Jean-Honoré Fragonard.

En fin d’après-midi, c’est le moment idéal pour y savourer un Kir au Bar by La Cloche. Cette spécialité dijonnaise inventée par le Chanoine Félix Kir, dont la vraie recette se compose d’un tiers de crème de cassis de chez Boudier et deux tiers de vin blanc, « attention au vin blanc, c’est de l’aligoté » précise Julien Philbert. Sa seule déclinaison est en Kir Royal, servie ici avec du Champagne Lallier. Servi aux côtés d’olives Kalamata, avec un accompagnement de wasabi et de noix torréfiées, mélanges sucrés salés ou gressins à l’huile d’olive, qui varient régulièrement, car vous êtes dans le berceau de la gastronomie. 

Julien Philbert s’est attaché à élaborer « une carte accessible autant au client dijonnais qu’à une clientèle internationale ». Le cocktail le plus demandé s’intitule le Pornstar Martini, « un grand classique onctueux très demandé, une alliance de vodka infusée à la vanille, du citron, un vrai fruit de la passion, servi avec son shooter de Champagne » présente-t-il. 

Le responsable du Bar by La Cloche a poussé le soin du détail pour choyer les clients parmi le choix des confortables assises. Ces deux fauteuils cuir cognac vous feront prendre place sous le grognement de l’ours sauvage de Richard Orlinski qui n’a pas osé affronter l’ours Pompon, l’original que l’on a croisé plus tôt au jardin Darcy. Pour les indécis, il y a cet intrigant mais non moins impressionnant canapé bleu, en semi rotonde futuriste, minimaliste, épuré et élégant. Il y a de surcroît un petit coin sous une alcôve qui offre des assises plus lounge et enveloppantes en hauteur pour une ou deux personnes. Ici, pas de numéros de table, elles sont désignées par des lettres. Ainsi, la Table B se trouve aux côtés du piano. 

L’apéritif terminé, nous prenons naturellement la direction du Restaurant by La Cloche, qui offre une vue sur la cour intérieure et les jardins avec cette réinterprétation de l’ours Pompon par Orlinski. 

Ce qui caractérise d’autant plus son charme, c’est le contraste dans cet hôtel avec « cette façade historique imposante,  et le côté moderne et décontracté à l’intérieur du bar et du restaurant » dépeint précisément Noël Lazarini. Un lieu qu’il chérit particulièrement car ce diplômé d’une école hôtelière en Corse, a « gardé un affect pour la restauration » par sa formation mais surtout sa passion. C’est pourquoi il s’est attaché à mettre un accent particulier sur la gastronomie avec le Chef Laurent Peugeot, distingué par 1 étoile au guide Michelin avec le restaurant Le Charlemagne situé près de Beaune, à qui il a confié l’élaboration de la carte du restaurant de la Cloche. 

Pour Noël Lazarini, la gastronomie c’est « faire vivre une expérience et créer une émotion », c’est le souci de l’inframince, l’ultra petit détail qui va au-delà de l’assiette comme l’accueil, l’atmosphère, l’ambiance musicale, le choix de la vaisselle, etc. Des petites attentions qui ont déjà porté leurs fruits car « nous avons décroché une toque au Gault et Millau en quelque mois et nous figurons dans la sélection du guide Michelin parmi les 30 restaurants à découvrir en début d’année » se réjouit le directeur de l’institution dijonnaise.

A peine installé, le Chef vous sert des canapés pour accompagner l’apéritif avec une gougère au Brillat-savarin fromage on ne peut plus local, à côté d’une polenta frite avec une mousse de foie de pigeon et un cromesquis de patate douce. 

Des amuse-bouches viennent ensuite s’assurer d’une douce transition entre l’apéritif et le souper avec ces billes de tapioca et saumon fumé. 

En entrée, le choix se porte sur le homard bleu de Bretagne, gelée Kaffir lime, pomelos, main de bouddha, accompagné de pickles de légumes et de sa touche d’exotique, qui se marie parfaitement avec un vin blanc Montagny, Haute-Côte de Beaune, aux traits dorés. 

La spécialité typique bourguignonne à tester dans ce restaurant, c’est le pigeon de Corton, cuisses en croquette, carottes des sables et Sriracha. Un plat qui n’a rien à voir avec l’oiseau des villes de notre imaginaire, mais plutôt une espèce particulière dans un élevage précis, très prisé des connaisseurs et gastronomes qui veulent retrouver une viande semblable au canard, plus foncée, avec un goût plus corsé, dans le style gibier. 

Les amateurs de belles viandes trouveront leur bonheur avec le filet de bœuf Angus maturé 30 jours, accompagné de betterave, ail noir et d’un surprenant jaune d’œuf confit, des plus délicats. Sous les conseils du sommelier, un verre de Crozes-hermitage, de chez Laurent Combier, vieilli en fûts en béton pour lier cette belle pièce en harmonie avec un vin très structuré, légèrement épicé et puissant qui inspire des notes de réglisses et poivre noir. 

Pour les puristes, une sélection de fromages de chez « Alain Hess, maître fromager », pour les plus classiques le dessert avec, entre autres, ce rouleau de mangue avec une crème glacée coco à l’intérieur, accompagné d’un savoureux sablé puis d’une glace à la mangue. 

La chef pâtissière vous offrira, pour accompagner le thé ou café, des mignardises. Ce soir-là, c’est entremets à la fraise accompagnés d’une truffe chocolat café et d’une pâte de fruits à la fraise, pour terminer en beauté ce repas divin.

Découvrir le Grand Hôtel de La Cloche ses chambres et son Spa
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Daniel Latif
Photos : DL /DR