Pendant mes RTT où j’étais en PLS à DL des PDF à cause de mes RDV, je dois RSVP au SMS ASAP pour aller aux JO. Je sors la CB pour prendre un billet SNCF D’abord TER puis TGV puis RATP.
Assis en POV devant une MILF qui vit aux US à LA, ancienne DAF pour les GAFAM, elle se prend pour SAS. Elle m’assure que les IA vont MAGA. Après avoir demandé mon ASV OKLM, elle s’écrie SOS lorsque je lui réponds que je n’ai pas SC mais juste IG ou FB, STV.
Elle insiste :
– CDI ? – RAS – LOA, LLD ? – RAF – PEL, ISF ? – JPP, vous êtes du FBI ? – NTM, je suis pas ta BFF, MDR. – OK, LOL.
Elle m’a mis KO, j’ai cru que j’étais en GAV SMLP.
C’est dans ce petit Paris que sont les Batignolles que trois amis se sont accoudés à la fenêtre de leur appartement comme le feraient ces compères dans nos villages.
« Bonne année Monsieur ! lancent-ils en cœur à ce passant qui s’arrête à leur niveau. On aime beaucoup votre chapeau mais par contre il faut arrêter la cigarette. — Merci de prendre soin de moi. Bonne année, vous aussi lance-t-il amusé.
Cela fait deux heures que David, Ludwig et Maxence coiffés de chapeaux canotier présentent leurs vœux à tous ce qui s’approchent. « Si on faisait ça sur un banc, les gens prendraient peur » analyse Maxence. Après avoir passé deux ans en Australie, il se rappelle avoir croisé nombre d’inconnus qui lui ont à chaque fois adressé de chaleureuses salutations alors qu’à Paris tout le monde a peur de tout le monde. « Le bonjour ne devrait pas se cantonner aux voisins de palier » surenchérit David.
« Mes meilleurs vœux Mademoiselle. — Ah, merci c’est gentil, bonne année également… Déjà à l’apéro ? Vous carburez à quoi ? — On est sous BH, t’en veux ? — Non, non, c’est quoi la BH ? — La bonne humeur ! » éclatent-ils de rire.
Ils adaptent les vœux en fonction du client. Avec cette mamie qui promène son chien : « Bonne année Madame, que votre chien puisse voir 2021 ». Deux policiers municipaux arrivent : « Bonne année Messieurs, plein de santé et des PV ! ». Les agents rétorquent, hochant la tête et élevant leur main droite. Plus tard, ils remarquent de loin cet étudiant de l’école hôtelière Vatel marchant de bonne allure en costume : « Lui, ça fait deux fois qu’il passe, il fait des tours de quartiers » observe Maxence qui lance : « Bonne année jeune homme ! Bonne santé et quoi d’autre ? — Du cul, du cul, du cul ! » rétorque hilare l’étudiant.
C’est le moment crépusculaire, le passage se fait rare mais les jeunes parisiens sont toujours autant motivés… « Oui, oui, merci mais vous me l’avez déjà souhaitée, s’étonne cet autre riverain. — Mieux vaut deux fois qu’une !
« Il manquait un endroit où se retrouver et ici on est dans notre salon, mais avec tout le monde » commente Ludwig.
Certains ont leur casque et ne répondent pas, d’autres sont méfiants à l’idée d’être interpellés par un « bonjour ! » aussi impromptu, puis les bons mots fusent. Et ça marche, une fois le « bonne année » souhaité, les piétons quittent leur torpeur et retrouvent aussitôt le sourire. Les enfants répondent spontanément, certains restent coi devant ce trio délirant.
Farceurs dans leur commérage mais toutefois bienveillants dans leur réflexions : « Ah ! C’est bien, il a mis son casque et le gilet jaune » ou encore envers cet utilisateur Vélib’ : « Vous n’avez pas bien verrouillé votre vélo ». Et voici, comment ce trio de jeunes a égayé de façon simple mais non moins surréaliste cette après-midi de janvier 2020 aux Batignolles. La pluie s’invite, la nuit tombe… Avant de repartir, ces trois batignollais m’ont chargé de vous souhaiter « la bonne année et surtout la santé » ! Le message est transmis.