Pas le temps de roter dans un moyen courrier

Quand c’est pas dans le lounge, Michel Roth invite aussi à sa table dans les airs à bord d’un Embraer 170. Le ticket d’entrée pour accéder à la cuisine de ce Chef français, Meilleur ouvrier de France et Bocuse d’Or, est au prix d’une carte d’embarquement en Business.

Au menu de ce repas presque gastronomique dans les airs : Crevettes snackées, sauce homardine à l’estragon, riz rouge, champignons et sarrasin grillé.

Pas évident de manger sur son plateau lorsque le voisin de devant a incliné son siège à fond. On se retrouve donc obligé de jouer les acrobates avec les couverts et forcément à en mettre même partout.

La tranche de Cantal AOP et de Saint-Nectaire n’auront pas fait long feu. Surtout avec ce pain cosmique, sorte de bloc sorti des fourneaux de l’espace qui ne donne absolument pas envie mais qui avec ce beurre doux reste passable.

On ne va pas se plaindre, c’est toujours mieux que le pseudo morceau de pain tartiné qu’on refuse volontiers mais qu’on prend quand même parce qu’on a faim.

« PNC niveau 100 », jargonne le pilote à la radio. L’avion entame sa descente, le plateau, lui aussi, suit la trajectoire et commence à pencher.

Les oreilles se bouchent, je n’ai pas encore entamé ce moelleux au chocolat. Je demande une coupe pour accompagner le dessert. L’hôtesse troque mon plateau contre un verre. J’avale en deux temps trois mouvements ce fondant qui n’a pas vraiment fondu.

Dix minutes plus tard, nous atterrissons. Pas même eu le temps d’un café ou d’un thé — ni même de roter. C’est le jeu du moyen courrier.

Allez, salut la compagnie !

« Ici, c’est Napoli »

« Il ne faut pas comparer par rapport aux autres villes que tu peux connaître » me prévient d’emblée Sybille, alors que nous venons de prendre place à bord d’un taxi à l’aéroport.

Assis à l’avant, j’observe ce scooter qui vient de s’arrêter à mon niveau. Deux amoureux, sans casque. Au guidon, un charismatique jeune homme en tee-shirt, prêt à démarrer en trombe, me lance un regard. Une proximité qui embarrasserait l’européen moyen et gênerait les scandinaves. On se regarde et spontanément l’on se dit : « ciaaaooo ! ».

Derrière lui, la demoiselle n’a d’yeux que pour son téléphone. Pianotant à deux mains, complètement absorbée, on admire la désinvolture de la sulfureuse qui ne craint encore moins de faire le sac de sable au premier coup d’accélérateur.

Arrivé devant l’église Sainte Marie, un homme m’observe, le regard défiant et plus qu’insistant. « Buongiorno » lançai-je aussitôt. Son visage s’adoucit et sa voix suave pleine de chaleur enchaîne : « bonjour, je m’appelle Gennaro, d’où venez-vous ?
— Parrigi, rétorquai-je fièrement avec mes maigres connaissances en italien
— Ah, j’aime beaucoup Paris, continue-t-il en français. Surtout le Paris Saint-Germain. C’est votre première visite ici ?
— En Italie non, mais ma première fois ici à Naples
— On n’est pas en Italie, ici c’est Napoli ! »

Car, ici, les portes — surplombées d’imposantes statues — sont hautes et impressionnantes, le porche annonce les prémices de grands palais. L’architecture est théâtrale, les églises foisonnent à chaque coin de rue, et les monuments d’une telle majestuosité qu’ils en ridiculiseraient les plus grands chefs-d’œuvre parisiens.

A Napoli, lors d’une remontée de rues pavées à l’ombre du linge étendu sur les balcons, vous vous enivrez d’une alliance de ces senteurs d’épices et parfums de lessives. 

« Dis-moi ce qui te fait plaisir et je te le cuisine ». On a beau croire qu’il faut s’adapter, mais, ici, on est aux petits soins lorsqu’il s’agit de gastronomie. Comme dans l’épicerie fine, Ciro Amodio, sur la Via Nardones, c’est le patron Enzo, qui prépare toutes les spécialités locales : tartines de tomates du Vesuvio, Mozzarella Bufala, aux côtés d’un très large choix de charcuteries ou encore les friarielli, ce légume typique napolitain.

« DIS-MOI CE QUI TE FAIT PLAISIR ET JE TE LE CUISINE »

Un peu plus haut dans la vieille ville, chez Nennella, une ancienne pizzeria, la Margherita est faite avec amour sous vos yeux en trois minutes pour 2,50 euros et l’ingrédient supplémentaire, c’est cadeau ! Un goût disproportionné eu égard son prix, mais surtout une véritable pizza à la cuisson parfaitement maîtrisée qui laissera toutes les autres versions que vous aviez dégusté en France à désirer.

Direction Sano sano. Y déguster une mousse de café glacée et pour les plus gourmands, l’incontournable glace italienne.

C’est la nuit à Napoli, les rues sont calmes et tout va bien. Il fait toujours chaud, en témoigne ces amoureux lovés qui « vont te faire un bébé sur le banc » s’amuse cette touriste française les regardant avec envie. Plus que de l’amour, il s’agit sans doute de passion, au sens le plus noble.

Le temps d’une déambulation nocturne afin de prendre le recul nécessaire et digérer la complexité et la beauté d’une ville des plus authentiques. 

C’est sûrement ça, la dolce vita.

Daniel Latif
Photos : DL/DR

MELT : le Texas s’invite aux Batignolles

Quand on pense au barbecue, on est loin de s’imaginer toute l’institution que représente cette cuisine. Certes, les États-uniens n’ont rien inventé en matière de gastronomie mais lorsqu’il s’agit de viande et de maîtrise de cuisson, les cow-boys savent défendre leur steak. En effet, si, dans l’imaginaire européen, l’on résume grossièrement ce concept à carboniser des saucisses et de la volaille sur un grill en été dans le jardin… dans la pratique, c’est tout un art !

Il faut enlever le gras, assaisonner, laisser reposer la viande pendant 48 heures, la fumer pendant 16 heures, la laisser reposer pendant 30 minutes, la cuire lentement pendant 5 heures, puis encore 30 minutes de repos avant la coupe !


« On est des scientifiques, on surveille la température, contrôle le bois, l’huile. On varie les paramètres en fonction des saisons » explique Alexander Smith, chef New-Yorkais, aux côtés du « pit master » Douglas Herrera. Le pit, c’est cet énorme four à bois, provenant des États-unis qui permet la cuisson lente et à basse température. Douglas et son pit, c’est tout une histoire. Il raconte qu’« aux États-unis, les fours ont tous un nom et celui-ci s’appelle Mariah » parce qu’il l’a reçu pour Noël — au moment où la fameuse chanson de Mariah Carey passait à la radio.
Mariah n’a guère de répit depuis quelques jours, car la préparation des viandes nécessite la présence d’un autre cuisinier la nuit pour s’assurer que la cuisson se passe dans les meilleures conditions.

L’ambiance dans le restaurant est familiale, comme le souligne la disposition des tables.  Des serveurs qui arborent les t-shirt « smoke meat everyday », la bonne humeur et le bon esprit sont de la partie. Le résultat est prodigieux, les viandes fondent dans la bouche.

Accompagné de brocolis, choux de Bruxelles, surprenamment préparés, de pickles d’oignons rouges — un peu de verdure pour se donner bonne conscience ? Les amateurs de brisket, poitrine de bœuf, de beef rib ou de pastrami seront servis. Plus besoin d’aller dans le ranch de George W. Bush au Texas pour pouvoir manger un bon barbecue !

MELT Batignolles
83, rue Legendre
75017 Paris

Daniel Latif

Quand ces Messieurs de la Sorbonne se pavanent à la table de Marie-Jeanne

À deux pas de la Sorbonne, en face d’un petit coin de paradis Corse, se trouve un lieu hors du temps où se retrouvent ces Messieurs de la Sorbonne qui aiment faire bonne chère. N’en déplaise à Richelieu certainement adepte du Cosi s’il était encore en vie, ces Messieurs, eux, aiment se restaurer à la table de Marie-Jeanne pour un banquet des plus gargantuesque.

À deux pas de la Sorbonne, en face d’un petit coin de paradis Corse, se trouve un lieu hors du temps où se retrouvent ces Messieurs de la Sorbonne qui aiment faire bonne chère. N’en déplaise à Richelieu certainement adepte du Cosi s’il était encore en vie, ces Messieurs, eux, aiment se restaurer à la table de Marie-Jeanne pour un banquet des plus gargantuesque.

Table de Marie Jeanne

Face à une rôtisserie à l’ancienne fonctionnant à chaînes mais ne faisant pas encore partie de la Chaîne des Rôtisseurs… Poulets, agneaux, bœufs, veaux ou bien cochons, teintés de beurre, dorent doucement et longuement grâce aux soins et sous l’œil attentif de Gatien, le rôtisseur en chef, qui derrière le bar lequel domine la salle, découpe et assaisonne les mets exquis.
Tandis que les cerveaux intellectuels bouillonnent et s’enflamment, les braises de la rôtisserie crépitent, produisant ainsi une mélodie apaisante.

C’est autour d’une longue table en bois de cèdre du Liban, dans une atmosphère intimiste et à la décoration rappelant une forêt bucolique et onirique, que les grands esprits se rencontrent et organisent leurs réunions au sommet tout en y dégustant viandes et volailles, accompagnées de pommes de terres croquantes et fondantes avec leur ail en chemise, ainsi qu’en entrée des beignets de courgette façon Marie-Jeanne Andréani.

Ces Messieurs de la Sorbonne, c’est Olivier Andréani et Charlotte qui les accueillent chaleureusement que ce soit le midi ou le soir. Et lorsqu’on leur demande quelle est l’histoire de ce restaurant ces derniers rétorquent ensemble :
« c’est une longue histoire », sans doute une histoire de cœur où la bonne cuisine française maison se mêle à la simplicité et à un savoir-faire familial inégalable.

Depuis ce jour, sous l’œil attentif des Anciens, ces Messieurs ne se sont plus donnés rendez-vous place des Grands Hommes mais bien à la table de Marie-Jeanne.

Daniel Latif

La Table de Marie-Jeanne
4, rue Toullier
75005 Paris
tel. 01 42 49 87 31
www.latabledemariejeanne.fr

La crêpe au Grand Marnier : nouveau symbole de Saint-Tropez ?

St TropezIl règne comme un parfum de gourmandise au détour des remparts, dans le cœur du vieux Saint-Tropez, loin des yachts vaniteux. C’est en flânant à travers ces petites ruelles atypiques que l’on est attiré, non pas par le chant des sirènes mais par l’odeur enivrante en provenance de l’enseigne Grand Marnier.

Grand Marnier Saint TropezCela fait plus de 35 ans que Roger, responsable de la boutique, réveille les papilles des nombreux touristes et célébrités qui viennent déguster d’authentiques crêpes faites maison. Tous les sens sont en ébullition et l’on s’enchante au son du crépitement du beurre sur les plaques. Le geste assuré, Roger la saupoudre de sucre et y verse subtilement du Grand Marnier puis la plie aussitôt en triangle.

Crepe Grand MarnierLes plus gourmands pourront rajouter à convenance de la fameuse liqueur d’orange avec l’immense bouteille qui trône sur le comptoir. Pour varier les plaisirs, les épicuriens peuvent déguster des crêpes au sucre, ou avec un large choix de confitures, au chocolat blanc ou noir, mais pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit de fabrication maison à partir de grands crus Barry.

Roger connaît presque tout le monde et salue chaleureusement les passants et habitués. Au-delà d’une classique tarte Tropézienne, la ville de Saint-Tropez regorge de nombreuses autres merveilles… et qui sait ? Vous pourrez très certainement avoir l’occasion d’en déguster une aux côtés de célébrités.

Crêperie Grand Marnier
Rue des Remparts, 83990 Saint-Tropez

Daniel Latif

La Rosa dei Venti : le restaurant qui ne perd pas le Nord

Rosa dei Venti Claudio di Blasi“Encore et toujours un italien…”. Pour mettre fin à cette éternelle litanie, il faut se rendre à la Rosa dei Venti, à deux pas du square des Batignolles. Un décor sobre mais chic où l’agencement des banquettes, les hublots, puis le choix élégant de la vaisselle nous plongent dans l’ambiance d’un yacht de luxe. Au seuil, une rose des vents indique les différents points cardinaux, si l’on suit la direction Sud-Est, l’on aperçoit ce tableau d’un voilier avec au premier plan le Château de l’Œuf et derrière, le Vésuve. Il n’y a pas de doutes, l’on fait cap sur Naples. Le temps d’une croisière pour apprécier les spécialités napolitaines avec notamment de nombreux produits de la mer, mais il y a également les classiques comme la fameuse pizza Margherita entre autres spécialités dont quelques péchés mignons tels que les gnocchi à la truffe et au speck.

“À NAPLES, SI L’ON FAIT MAL À MANGER DANS UN RESTAURANT, VOUS RISQUEZ VOTRE VIE”

La Rosa dei VentiAprès Pulcinella, La Locanda de Pulcinella et Il Padrino, Vittorio Scala ne s’arrête pas en si bon chemin et ouvre son quatrième restaurant : La Rosa dei Venti. Ce passionné de cuisine en a tout simplement marre “de ces restaurants italiens qui font n’importe quoi !”, c’est pour cela qu’il s’attache à importer ses produits d’Italie, de privilégier le “fait maison” pour offrir des plats frais et de qualité. Car “à Naples, si l’on fait mal à manger dans un restaurant, vous risquez votre vie” raconte Mario Veraldi, un ancien Chef de cuisine. Cette passion pour la cuisine se ressent dans l’assiette car on y retrouve toute la chaleur du sud de l’Italie.

La Rosa dei VentiLa Rosa dei Venti est encore l’un de ces établissements où l’on prend le temps de laisser s’épanouir un bon vin du soleil, boisé et puissant, dans une somptueuse carafe. Voilà qui pourra s’accorder à merveille avec la variété des plats proposés à la carte. Ainsi, l’on revient avec plaisir redécouvrir les traditionnels délices italiens cuisinés avec perfection. Les habitués sont du même avis, les compliments foisonnent ! Le Chef Claudio Di Blasi y est pour beaucoup. Ce dernier n’hésite pas à venir en salle et, de sa cabine aux allures de voilier, il part à la rencontre des clients afin de s’assurer que tout va bien et pour parler de ses plats.
Alors certes, “Encore italien et toujours un italien…” Mais pas n’importe lequel !

Daniel Latif

La Rosa dei Venti
172, rue Cardinet
75017 Paris
tel. 01 46 27 58 77

L’imposture de Kadir Nurman : quand le “créateur” du kebab n’est qu’un simple importateur

Depuis quatre jours, une effervescence règne autour de la disparition de Kadir Nurman, le soi-disant “père du kebab”. Selon les nombreux articles qui lui rendent hommage, Kadir Nurman l’aurait inventé en 1972 à Berlin-Ouest et “n’a jamais pensé à breveter sa création”. Nicolas Turabik précurseur du Döner Kebap à Angoulême et fondateur de Cappadoce kebapDes affirmations qui agacent Nicolas Turabik, patron du restaurant Cappadoce Kebap à Angoulême, qui essaie tant bien que mal de rétablir la vérité auprès de ses clients. En effet, le “kebab” dans sa forme la plus connue aujourd’hui, que l’on surnomme à tort “sandwich grec”, existe “depuis des centaines d’années”. Kadir Nurman a tout simplement importé en Allemagne ce qui se faisait en Turquie. A l’origine, le döner kebap (sic), qui signifie littéralement “viande grillée qui tourne”, est bel et bien présent depuis le début de l’empire ottoman, si ce n’est pas plus.

Contrairement à ce que l’on peut penser en France, où l’on sert habituellement de la viande de poulet, de veau ou encore de dinde, le döner kebap est traditionnellement fait avec de la viande d’agneau. Celle-ci est coupée en de longues tranches, servies dans une assiette sans aucun accompagnement, et non en lambeaux déposés en vrac aux côtés de salades, tomates, oignons recouverts d’une sauce blanche dans un pain.

LE “KEBAB” DANS SA FORME LA PLUS CONNUE AUJOURD’HUI, SURNOMMÉ À TORT “SANDWICH GREC”, EXISTE “DEPUIS DES CENTAINES D’ANNÉES”

Le patron du Cappadoce Kebap regrette ainsi la confusion autour du mot “kebab” car cela ne renvoie pas nécessairement au döner kebap. En effet, il existe plusieurs types de kebap : le dürüm kebap où la viande est enroulée avec un choix d’accompagnement dans de la pâte feuilletée appelée Yufka ; le şiş (prononcez chiche) kebap où les morceaux de viande sont en brochettes ; l’Urfa kebap est fait à base de viande hachée et étalée sur une broche, grillée ensuite sur des braises ; l’Adana kebap quant à lui est un Urfa kebap en version épicée.

Les “kebab” sont légion à travers la France et étonnamment manger un “döner” n’a pas vraiment bonne image dans l’hexagone. Que ce soit pour des raisons d’hygiène, de qualité de viande ou d’ambiance dans ces restaurants, la meilleure façon d’apprécier un döner kebap est tout simplement d’aller en Turquie. La référence se trouve à Istanbul chez Beyti, où de nombreuses personnalités comme Li Xiannian, Richard Nixon, Jimmy Carter, Jacques Chirac, Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, etc. y ont même fait un détour pour apprécier l’authentique Döner Kebab.

Daniel Latif

Nos adresses :
Cappadoce Kebap
3 rampe d’Aguesseau
Angoulême
Tel. 05 45 94 92 69

Beyti
Orman Sok. No:8 – Florya
Istanbul
Tel. +90 212 66 32 990

Bayramoğlu Döner
Cumhuriyet Cad./seyfi Baba Sk No:2 – Kavacık
Istanbul
Tel. +90 216 413 0045

Matsuri : tant que tu mates, tu souris

Le restaurant Matsuri, situé rue de Richelieu dans le 1er arrondissement de Paris, est le premier à avoir importé en 1986 le principe du convoyeur de sushis. C’est un lieu confiné, les meubles et la décoration rappellent la cantine d’Ikéa. Assis le long du tapis roulant qui défile en continu à travers la salle tel un serpent, on observe la procession mécanique des assiettes aux contours colorés (déconseillé aux daltoniens, risque de surprises au moment de l’addition), elles ont aléatoirement un couvercle transparent — le reflet de ce dernier offre un étrange ballet de méduses au plafond — d’autres, découvertes, mettent en valeur ce long cheveu ornant deux makis saumon qui vient d’entamer son deuxième tour…

“C’est combien le rouge ? Ah non… et le vert ? Trois euros ?” Voici l’éternelle question qui rythme les conversations des clients. Un groupe d’amis à la table mitoyenne empile les couvercles et rangent les assiettes de façon optimale pour continuer le repas. Les bons comptes font les bons amis, ils s’affairent à répartir les assiettes pour savoir combien ils auront chacun à payer au lieu de prendre le temps et savourer les plats. Étonnamment, l’on voit plus d’assiettes rouges, à 5 euros, défiler que des jaunes, à 2 euros. Lorsque les serveurs remarquent qu’il y a trop d’assiettes rouges sur le convoyeur qui ne partent pas, ils placent quelques assiettes jaunes pour relancer l’appétit des plus radins.

C’EST LE PRIX À PAYER POUR UNE INFIDÉLITÉ AVEC SON HABITUEL RESTAURANT JAPONAIS

Matsuri est le lieu idéal pour les masochistes qui veulent jouer le temps d’un repas les comptables et se persuader d’entamer une diète à cause des prix déraisonnables. Trois morceaux de saumon ou deux malheureuses brochettes au fromage fondu pour 5 euros chacun, 2 euros la salade de choux. C’est le prix à payer pour une infidélité avec son habituel restaurant japonais.

Cette fois-ci, j’arrête, vraiment ! Et c’est à ce moment-là, qu’apparaissent trois appétissants makis frits. Je réfléchis, allez, je craque pour trois euros. Trop tard, un autre client s’empare de l’assiette sous mes yeux. Je m’arme de patience, trois tours de tapis roulant plus tard les makis frits n’arrivent toujours pas, il faudra commander auprès du serveur. Fin du repas, je me dirige vers les toilettes qui se trouvent dans la cuisine derrière le chef qui prépare les assiettes. La feuille d’entretien indique que les toilettes n’ont pas été nettoyés depuis trois heures…

On demande l’addition, une fois, deux fois, trois fois… Entre temps, une assiette de saumon vient vous narguer et vous hésitez… Quatre fois ! Le saumon n’aura pas eu raison de vous. Le défilé des plats qui était au début ludique et appétissant devient irritant puis on remet en cause le principe du convoyeur de sushis : et pourquoi pas un rollercoaster de sushis, tant qu’on y est ? On paye, on reste sur sa faim.

Daniel Latif

Ces Food Trucks qui veulent être le King du Burger

À l’heure où l’on nous assène qu’il faut manger sain et équilibré et que les établissements de restauration rapide ont mauvaise réputation, l’arrivée de Burger King ne changera guère la tendance. D’aucuns avoueront leur envie secrète mais non moins persistante de “croquer un bon gros burger bien – fat –. Cependant, les aficionados semblent être devenus plus exigeants sur la qualité de leurs sandwichs et délaissent les austères fastfoods reflétant l’image de malbouffe au profit de camions ambulants où les hamburgers sont faits de façon artisanale, sous leurs yeux.

À Paris, il existe plusieurs recours pour soulager ce péché de gourmandise états-unien. Depuis un an, deux camions itinérants, ou plutôt “Food Trucks” comme ils disent, se partagent l’essentiel du marché parisien. Il y a tout d’abord le Camion qui fume qui se revendique être le premier fournisseur de Burger ambulant à la New Yorkaise. De l’autre côté, il y a également “le premier Food truck” mais celui-là sert des burgers californiens bios.

Pour les trouver, il faut de la patience car vous devez les pister à travers Twitter et leurs sites internet. Cela peut s’avérer frustrant s’il vous vient une soudaine envie d’hamburger et qu’après de longues heures d’attente, un message vous donne rendez-vous dans deux jours suite à “un problème technique”.

“CE PETIT ÉCART… NE LE DITES PAS À MA FEMME !”

Il est 11h35, place du marché saint honoré. L’odeur du burger se propage à travers la place. Le Camion du Cantine Cali’ est installé face au Razowski. Pour Jordan Feilder, le fondateur et patron du Cali’ “c’est comme aux États-Unis”, cette concurrence n’est pas déloyale et les employés de l’un des meilleurs restaurants de Burgers de Paris y vont même pour manger. Serge digère patiemment et regarde amusé la file d’attente qui se crée sur la place du Marché Saint-Honoré malgré un soleil de plomb. Cela lui “rappelle l’esprit et le concept des baraques à frites” sauf qu’on “remplace la saucisse par du bœuf”. En effet, il habite dans “le ch’Nord” et hasard ou non, sa promenade dans le quartier de la place Vendôme coïncidait avec l’heure de service… “Ne le dites pas à femme !”, culpabilise-t-il mollement car elle lui impose un régime strict, mais “comme elle n’est pas là”, il s’est permis “ce petit écart”.

A peine le “Cali Classic” commandé, qu’il faut régler (9 euros le burger seul, 11 euros avec les frites et la mayonnaise faites maison). Servi dans sa barquette, emballé dans son papier, le burger californien est gros, difficile à prendre en main et se désassemble facilement. Composé de : bœuf bio, “vrai” cheddar, bacon, tomates, oignons rouges, pickles, avocat. C’est délicieux ! Les petits estomacs peineront à le finir. Sans doute repus par les frites irrésistibles.

Le camion qui fume se trouve principalement le soir face au cinéma MK2 Bibliothèque François Mitterrand. Dans un quartier quasiment désert où les commerces et restaurants sont rares, l’on est surpris par la file d’attente qui mène au camion. Il arrive parfois même que Pedro, le manager, vienne informer les derniers venus qu’il “n’aura pas suffisamment de steak pour tout le monde”. Ma première visite se résumait donc à un échec, mais l’envie de Burger me pressa aussitôt chez Schwartz’s Deli, une référence parmi les restaurants de Burger.

Chez Schwartz’s, coup de chance, on m’installe rapidement. Mon cœur penche aussitôt pour le Yankee Burger. 17 euros pour ce burger avec des champignons, du cheddar, du bacon, des oignons caramélisés le tout accompagné d’une salade, de coleslaw, de frites ou galette de pomme de terre. Un burger tellement énorme qu’il faut l’attaquer méthodiquement avec des couverts. Au-delà d’avoir une table et une chaise pour y manger, l’atout de Schwartz’s réside dans la qualité du service. En effet, les serveurs sont aux petits soins avec vous. On ne se plaindra pas que lorsque ces derniers viennent spontanément et systématiquement vous apporter une carafe d’eau fraîche filtrée une fois terminée. Dernier détail, et pas des moindres, la moutarde américaine sucrée French’s, absente chez nombre de concurrents dont Razowski.

LE CAMION QUI SE REVENDIQUE NEW YORKAIS PROPOSE ÉTONNAMMENT DES PORTIONS “FRANÇAISES”

La semaine d’après, je retourne au Camion qui fume. Une heure avant le début du service, Pablo me conseille de gouter le “Burger BBQ”, le plus prisé des clients. Une file d’attente commence à se créer et attire les plus curieux désireux de “casser la croûte suivi d’un cinoche”. Les frites noircies baignant dans l’huile et le sel m’ont laissé perplexe. Je suis enfin servi et découvre un petit burger, au pain brioché que j’ai englouti en quelques minutes. Le camion qui se revendique New Yorkais propose étonnement des portions “françaises”, sans doute pour inviter à poursuivre sur un dessert. L’on reste sur sa faim.

Si l’on compare les prix des deux Food Trucks, manger bio ne coûte pas forcément plus cher. Le fait de voir son burger préparé sous les yeux ainsi que l’affichage d’éventuelles mentions bio font moins culpabiliser les clients qui n’hésitent pas à revenir toutes les semaines sans nécessairement se préoccuper des apports caloriques. Ces derniers se rassurent ainsi : “c’est sans doute gras, mais comparé au Mac-do il y a moins ou presque pas d’ajouts chimiques dans les produits”.

Liv Schleimann, une nutritionniste avertie sur les dangers de cette nourriture dite saine m’informe que “lors des périodes de fortes chaleurs, l’on ne peut guère vérifier si la chaîne du froid a été bien respectée et qu’il y a un risque d’intoxication alimentaire notamment à cause des salmonelles”.

SI TU NE VIENS PAS À CANTINE CALIFORNIA, CANTINE CALIFORNIA VIENDRA À TOI.

A ce prix-là, les plus économes se demanderont s’il n’est pas plus avantageux de faire des burgers soi-même à la maison et vanteront les mérites du burger fait chez soi car l’on y met ce que l’on veut et c’est plus ou moins diététique mais non moins convivial. Jordan Feilders a même pensé à eux et leur livre les secrets… pour le prix d’un burger.

Cantine California, Jordan Feilders et Virginie Garnier, Hachette Pratique, 2013

Daniel Latif
Illustration : Cunione

Lanson White Label, le Champagne personnalisable

Pour l’été, Lanson habille sa champenoise de blanc chic cérémonial. Baptisée White Label, ce flacon se trouve parfaitement assorti pour faire pétiller le très célèbre Dîner en Blanc à travers le monde.

Lanson invite à déguster et à personnaliser le vin de 14 juillet en y glissant, selon l’humeur, une framboise, une feuille de menthe pour créer un vin de champagne unique et à votre goût.
Si votre envie de customisation est encore plus poussée, vous pourrez profiter du revêtement blanc pour rendre la bouteille encore plus unique en laissant exprimer votre talent de poète ou d’artiste.

Les puristes pourront l’apprécier nature et ressentir la subtilité des arômes vifs et fruités. Le White Label accompagnera à merveille un cheese cake aux fruits rouges.

Daniel Latif
Photo : Sylvester Djualim