Situé à l’autre extrémité de l’aéroport John F. Kennedy, le salon Air France de New-York cache derrière une porte opaque vitrée un lounge inattendu. En effet, un salon en duplex avec dès l’entrée à votre droite, l’espace soin Clarins qui propose vingt minutes de relaxation et un soin du visage.
Le rez-de-chaussée est plein alors l’on prend l’escalator pour accéder à cette extension à l’étage qui offre la plus belle vue sur la piste et les avions, mais surtout sur la Skyline de New-York — particulièrement lors du coucher de soleil.
Le mobilier se compose essentiellement de chaises et tables dans une configuration deux personnes, si bien que vous vous retrouverez rapidement à manquer de place car les passagers aiment à occuper l’autre fauteuil avec leurs sac ou blouson. Car, on déteste tous devoir partager une table avec un inconnu et c’est bien dommage.
Une table et une rotonde sont délimitées par un ruban rouge Sky Priority, et une pancarte indique clairement réservé aux clients Ultimate. Il s’agit du plus haut statut voyageur chez Air France, et les compagnies faisant partie de Sky team, qui voyagent six fois plus qu’un passager Platinum.
Côté buffet, Air France vous propose des plats chauds typiques français comme un bœuf bourguignon, un gratin dauphinois bien chargé de fromage qui file abondamment, du saumon lentement cuit, à la texture fondante, et enfin les incontournables quiches et croque-monsieur.
Les palmiers on ne peut plus étouffe-chrétien, la tarte aux pommes visuellement alléchante qui s’est révélée des plus industrielles, heureusement les madeleines de qualité ont ce goût de reviens-y et se marient parfaitement avec le champagne Joseph Perrier, cuvée Royale, dont la bouteille ventrue et son col serré rappelle ces anciens beaux flacons.
Côté vin rouge, Air France ne plaisante pas et propose un Bourgogne 2022 Joseph Drouhin. On reste dans la région avec cette curiosité, ce Gin de la maison Gabriel Boudier, liquoriste à Dijon depuis 1874.
Après un tel festin, l’envie d’une sieste est des plus tentante, et si en plus vous aviez rendez-vous à l’espace soin Clarins, prenez garde à ne pas vous endormir dans cette bulle de relaxation des plus reposantes.
C’est le moment crépusculaire et l’on a absolument plus l’envie de décoller. Et pourtant, l’embarquement a déjà commencé. Let’s go et bon voyage, comme ils disent ici.
À quelques encablures de Central Park, sur la 5ème avenue, se trouve la Trump Tower. Sous le premier mandat de Donald Trump, les agents des services secrets y montaient la garde en permanence et les visiteurs devaient passer à travers un portique de sécurité avec des contrôles similaires aux aéroports en raison de la présence très régulière du magnat de l’immobilier qui y séjourne notamment les weekend.
Le Président Trump réside désormais à la Maison Blanche à Washington. Il y a toujours une présence policière aux alentours mais plus de contrôle à l’entrée de la Trump Tower.
Assis au bar du restaurant le « Trump Grill » — où trône un tableau du charismatique père de Donald, Fred Trump — je décide de tester le fameux menu « Prix fixe » à 47 dollars. En entrée, c’est salade César ou soupe du jour.
À ma gauche, au bout du comptoir, Jeff, habillé d’un jean Levi’s et d’un pull rose, double chaîne, dont une avec une croix bien pendante, au look typique étasunien. L’homme a un certain flegme, dont l’intonation de voix charismatique, qui rappellerait un personnage tout droit sorti d’une de ces sitcoms US des années 90. Il semble bien connaître la maison et s’entretient régulièrement avec Luca, la directrice du restaurant.
Arrive une dame avec son bonnet sur la tête, qui s’installe à ses côtés. Elle commande une coupe de Champagne, lui a déjà sa pinte de bière. Ils se regardent, se sourient et ont l’air de se connaître puis commencent à échanger des banalités sur leur début de journée quand soudain, la femme retire son bonnet et enlève son manteau : « enchanté, je suis Lisa, je suis de Californie – Pareillement, Jeff, je suis de Pennsylvanie »
Serait-ce un début de « date » après avoir déjà conversé en ligne ou une conversation codée ? Je tends l’oreille, tout en finissant la soupe minestrone.
Arrive un jeune homme qui demande s’il peut s’asseoir aux côtés de Lisa. Il commande un « Burger Trump » et un Coca-Cola, puis se joint naturellement à leur conversation, comme s’il était un ami de longue date. Le « Burger Trump » est un burger signature dont la sauce est « spéciale » au « fromage américain ». Pas impressionnant du tout. Le garçon plie son déjeuner, paye et s’en va aussitôt.
Il me reste encore trois alternatives : le « black bean burger », version végétarienne avec sauce Chipotle, fromage américain, avocat et pickles d’oignons. Non, merci ! Le « Cajun chicken sandwich », fromage au poivre, bacon, mayonnaise chipotle et avocat. Bof…
Enfin, le « Prime NY Strip steak », une belle pièce de bœuf recouvert de sauce au poivre, saupoudré de persil et accompagné de frites maison. « C’est le plat préféré de Donald Trump » recommande Luca. Pour ce plat, comptez un supplément de 20 $.
Vient la question cruciale de la cuisson : « rare, s’il vous plaît – Saignant ? – Tout à fait ! » lancé-je impressionné
Pendant ce temps, nos deux amis échangeaient sur leurs vies respectives : « j’étais marié, divorcé, contrairement à mes frères et sœurs, je n’ai fait aucune étude mais j’ai toujours su me débrouiller. Et j’ai pris ma retraite anticipée quand j’ai vu que tout le monde autour de moi disparaissait. C’est à ce moment que j’ai pris conscience qu’il était temps de vivre » confesse Jeff à Lisa qui boit ses paroles…
Arrive le fameux plat préféré du Président Trump. Un verre de vin est offert dans le « prix fixe menu », j’opte pour le verre de Showdown, un vin rouge Cabernet sauvignon de Californie. Un étonnant rouge, à la robe puissante, parfaitement construit, qui inspire le soleil à chaque gorgée, laissant de douces notes sucrées en bouche.
Le fondant du « Prime NY Strip Steak », dont la cuisson parfaitement maîtrisée, sa sauce au poivre mêlée à son jus qui donne encore plus de saveur aux frites, faites maison, ponctué de ce surprenant vin californien m’ont plongé dans un moment hors du temps où je savoure chaque bouchée.
« Ce jeune homme a l’air de se régaler » commente Lisa, qui poursuit dans le récit en détail de son curriculum vitæ avec Jeff, tout en m’observant.
« Cette viande me donne l’envie d’en prendre une bouchée, vous me la recommandez ? Relance-t-elle – Absolument, tout est délicieux ! Habituellement, je n’aime pas les frites mais là je me suis délecté de leur fraîcheur et de leur croustillant. – Ça se voit, je vous observe depuis tout à l’heure et nous autres américains nous mangeons trop vite. Je n’ai jamais vu quelqu’un manger avec autant de raffinement et prendre autant son temps. Ça doit être le côté français. Et de poursuivre, enchanté, moi c’est Lisa et voici Jeff, nous venons de nous rencontrer à l’instant. – Votre proximité, vos regards dégagent une harmonie qui laisse à croire que vous vous connaissez depuis de nombreuses années. – Et pourtant… je viens tout juste de le rencontrer : je me suis approchée pour prendre un verre avec ce monsieur, car il m’intriguait. Vous pensez qu’on va finir ensemble ? – Je perçois une complicité qui vous conduira vers une grande amitié, qui mènera naturellement aux grandes amours.
Lisa semble ravie de connaître ma perception, Jeff en rougit et se rapprochant d’elle : « c’est vrai qu’on s’entend bien alors qu’on vient seulement de se rencontrer », lance-t-il tout émoustillé. Ils se regardent et s’embrassent aussitôt. Le spectacle amoureux est aussi beau que spontané.
Le chef a été généreux, j’ai eu deux boules de glace au café. Servies dans ce pot en carton « Trump sweets », je me saisis de la cuillère en plastique et prends une bouchée. Lisa ne perd pas le Nord : « je vais vous commander un steak, comme celui du jeune homme qui me donne envie » annonce-t-elle à Luca. – Il est quinze heures Madame, les cuisines sont fermées. »
Jeff lui propose d’aller manger dans un restaurant qu’il connaît dans le quartier, ce qu’elle accepte. Il paye, elle refuse, elle veut payer, il insiste, elle hausse le ton : « Jeff, stop it ! »
Elle demande à la maîtresse des lieux le livre d’or de Trump puis s’éloigne pour y écrire un mystérieux message.
Elle revient et prend Jeff par le bras : « allons-y ! – Qu’as-tu écrit dans le livre d’or ? – Un message personnellement adressé à Donald Trump. M. Trump lit personnellement tous les messages qui y sont inscrits » précise Luca qui referme soigneusement le livre et le range aussitôt.
Eu regard du grand sourire dessiné sur le visage de Luca, on pourrait très probablement penser que Lisa a pris le soin d’informer le Président Trump qu’il devrait adapter les horaires de son restaurant au rythme New-Yorkais.
Quand c’est pas dans le lounge, Michel Roth invite aussi à sa table dans les airs à bord d’un Embraer 170. Le ticket d’entrée pour accéder à la cuisine de ce Chef français, Meilleur ouvrier de France et Bocuse d’Or, est au prix d’une carte d’embarquement en Business.
Au menu de ce repas presque gastronomique dans les airs : Crevettes snackées, sauce homardine à l’estragon, riz rouge, champignons et sarrasin grillé.
Pas évident de manger sur son plateau lorsque le voisin de devant a incliné son siège à fond. On se retrouve donc obligé de jouer les acrobates avec les couverts et forcément à en mettre même partout.
La tranche de Cantal AOP et de Saint-Nectaire n’auront pas fait long feu. Surtout avec ce pain cosmique, sorte de bloc sorti des fourneaux de l’espace qui ne donne absolument pas envie mais qui avec ce beurre doux reste passable.
On ne va pas se plaindre, c’est toujours mieux que le pseudo morceau de pain tartiné qu’on refuse volontiers mais qu’on prend quand même parce qu’on a faim.
« PNC niveau 100 », jargonne le pilote à la radio. L’avion entame sa descente, le plateau, lui aussi, suit la trajectoire et commence à pencher.
Les oreilles se bouchent, je n’ai pas encore entamé ce moelleux au chocolat. Je demande une coupe pour accompagner le dessert. L’hôtesse troque mon plateau contre un verre. J’avale en deux temps trois mouvements ce fondant qui n’a pas vraiment fondu.
Dix minutes plus tard, nous atterrissons. Pas même eu le temps d’un café ou d’un thé — ni même de roter. C’est le jeu du moyen courrier.
« Il ne faut pas comparer par rapport aux autres villes que tu peux connaître » me prévient d’emblée Sybille, alors que nous venons de prendre place à bord d’un taxi à l’aéroport.
Assis à l’avant, j’observe ce scooter qui vient de s’arrêter à mon niveau. Deux amoureux, sans casque. Au guidon, un charismatique jeune homme en tee-shirt, prêt à démarrer en trombe, me lance un regard. Une proximité qui embarrasserait l’européen moyen et gênerait les scandinaves. On se regarde et spontanément l’on se dit : « ciaaaooo ! ».
Derrière lui, la demoiselle n’a d’yeux que pour son téléphone. Pianotant à deux mains, complètement absorbée, on admire la désinvolture de la sulfureuse qui ne craint encore moins de faire le sac de sable au premier coup d’accélérateur.
Arrivé devant l’église Sainte Marie, un homme m’observe, le regard défiant et plus qu’insistant. « Buongiorno » lançai-je aussitôt. Son visage s’adoucit et sa voix suave pleine de chaleur enchaîne : « bonjour, je m’appelle Gennaro, d’où venez-vous ? — Parrigi, rétorquai-je fièrement avec mes maigres connaissances en italien — Ah, j’aime beaucoup Paris, continue-t-il en français. Surtout le Paris Saint-Germain. C’est votre première visite ici ? — En Italie non, mais ma première fois ici à Naples — On n’est pas en Italie, ici c’est Napoli ! »
Car, ici, les portes — surplombées d’imposantes statues — sont hautes et impressionnantes, le porche annonce les prémices de grands palais. L’architecture est théâtrale, les églises foisonnent à chaque coin de rue, et les monuments d’une telle majestuosité qu’ils en ridiculiseraient les plus grands chefs-d’œuvre parisiens.
A Napoli, lors d’une remontée de rues pavées à l’ombre du linge étendu sur les balcons, vous vous enivrez d’une alliance de ces senteurs d’épices et parfums de lessives.
« Dis-moi ce qui te fait plaisir et je te le cuisine ». On a beau croire qu’il faut s’adapter, mais, ici, on est aux petits soins lorsqu’il s’agit de gastronomie. Comme dans l’épicerie fine, Ciro Amodio, sur la Via Nardones, c’est le patron Enzo, qui prépare toutes les spécialités locales : tartines de tomates du Vesuvio, Mozzarella Bufala, aux côtés d’un très large choix de charcuteries ou encore les friarielli, ce légume typique napolitain.
« DIS-MOI CE QUI TE FAIT PLAISIR ET JE TE LE CUISINE »
Un peu plus haut dans la vieille ville, chez Nennella, une ancienne pizzeria, la Margherita est faite avec amour sous vos yeux en trois minutes pour 2,50 euros et l’ingrédient supplémentaire, c’est cadeau ! Un goût disproportionné eu égard son prix, mais surtout une véritable pizza à la cuisson parfaitement maîtrisée qui laissera toutes les autres versions que vous aviez dégusté en France à désirer.
Direction Sano sano. Y déguster une mousse de café glacée et pour les plus gourmands, l’incontournable glace italienne.
C’est la nuit à Napoli, les rues sont calmes et tout va bien. Il fait toujours chaud, en témoigne ces amoureux lovés qui « vont te faire un bébé sur le banc » s’amuse cette touriste française les regardant avec envie. Plus que de l’amour, il s’agit sans doute de passion, au sens le plus noble.
Le temps d’une déambulation nocturne afin de prendre le recul nécessaire et digérer la complexité et la beauté d’une ville des plus authentiques.
Quand on pense au barbecue, on est loin de s’imaginer toute l’institution que représente cette cuisine. Certes, les États-uniens n’ont rien inventé en matière de gastronomie mais lorsqu’il s’agit de viande et de maîtrise de cuisson, les cow-boys savent défendre leur steak. En effet, si, dans l’imaginaire européen, l’on résume grossièrement ce concept à carboniser des saucisses et de la volaille sur un grill en été dans le jardin… dans la pratique, c’est tout un art !
Il faut enlever le gras, assaisonner, laisser reposer la viande pendant 48 heures, la fumer pendant 16 heures, la laisser reposer pendant 30 minutes, la cuire lentement pendant 5 heures, puis encore 30 minutes de repos avant la coupe !
« On est des scientifiques, on surveille la température, contrôle le bois, l’huile. On varie les paramètres en fonction des saisons » explique Alexander Smith, chef New-Yorkais, aux côtés du « pit master » Douglas Herrera. Le pit, c’est cet énorme four à bois, provenant des États-unis qui permet la cuisson lente et à basse température. Douglas et son pit, c’est tout une histoire. Il raconte qu’« aux États-unis, les fours ont tous un nom et celui-ci s’appelle Mariah » parce qu’il l’a reçu pour Noël — au moment où la fameuse chanson de Mariah Carey passait à la radio.
Mariah n’a guère de répit depuis quelques jours, car la préparation des viandes nécessite la présence d’un autre cuisinier la nuit pour s’assurer que la cuisson se passe dans les meilleures conditions.
L’ambiance dans le restaurant est familiale, comme le souligne la disposition des tables. Des serveurs qui arborent les t-shirt « smoke meat everyday », la bonne humeur et le bon esprit sont de la partie. Le résultat est prodigieux, les viandes fondent dans la bouche.
Accompagné de brocolis, choux de Bruxelles, surprenamment préparés, de pickles d’oignons rouges — un peu de verdure pour se donner bonne conscience ? Les amateurs de brisket, poitrine de bœuf, de beef rib ou de pastrami seront servis. Plus besoin d’aller dans le ranch de George W. Bush au Texas pour pouvoir manger un bon barbecue !
À deux pas de la Sorbonne, en face d’un petit coin de paradis Corse, se trouve un lieu hors du temps où se retrouvent ces Messieurs de la Sorbonne qui aiment faire bonne chère. N’en déplaise à Richelieu certainement adepte du Cosi s’il était encore en vie, ces Messieurs, eux, aiment se restaurer à la table de Marie-Jeanne pour un banquet des plus gargantuesque.
À deux pas de la Sorbonne, en face d’un petit coin de paradis Corse, se trouve un lieu hors du temps où se retrouvent ces Messieurs de la Sorbonne qui aiment faire bonne chère. N’en déplaise à Richelieu certainement adepte du Cosi s’il était encore en vie, ces Messieurs, eux, aiment se restaurer à la table de Marie-Jeanne pour un banquet des plus gargantuesque.
Face à une rôtisserie à l’ancienne fonctionnant à chaînes mais ne faisant pas encore partie de la Chaîne des Rôtisseurs… Poulets, agneaux, bœufs, veaux ou bien cochons, teintés de beurre, dorent doucement et longuement grâce aux soins et sous l’œil attentif de Gatien, le rôtisseur en chef, qui derrière le bar lequel domine la salle, découpe et assaisonne les mets exquis.
Tandis que les cerveaux intellectuels bouillonnent et s’enflamment, les braises de la rôtisserie crépitent, produisant ainsi une mélodie apaisante.
C’est autour d’une longue table en bois de cèdre du Liban, dans une atmosphère intimiste et à la décoration rappelant une forêt bucolique et onirique, que les grands esprits se rencontrent et organisent leurs réunions au sommet tout en y dégustant viandes et volailles, accompagnées de pommes de terres croquantes et fondantes avec leur ail en chemise, ainsi qu’en entrée des beignets de courgette façon Marie-Jeanne Andréani.
Ces Messieurs de la Sorbonne, c’est Olivier Andréani et Charlotte qui les accueillent chaleureusement que ce soit le midi ou le soir. Et lorsqu’on leur demande quelle est l’histoire de ce restaurant ces derniers rétorquent ensemble : « c’est une longue histoire », sans doute une histoire de cœur où la bonne cuisine française maison se mêle à la simplicité et à un savoir-faire familial inégalable.
Depuis ce jour, sous l’œil attentif des Anciens, ces Messieurs ne se sont plus donnés rendez-vous place des Grands Hommes mais bien à la table de Marie-Jeanne.
Il règne comme un parfum de gourmandise au détour des remparts, dans le cœur du vieux Saint-Tropez, loin des yachts vaniteux. C’est en flânant à travers ces petites ruelles atypiques que l’on est attiré, non pas par le chant des sirènes mais par l’odeur enivrante en provenance de l’enseigne Grand Marnier.
Cela fait plus de 35 ans que Roger, responsable de la boutique, réveille les papilles des nombreux touristes et célébrités qui viennent déguster d’authentiques crêpes faites maison. Tous les sens sont en ébullition et l’on s’enchante au son du crépitement du beurre sur les plaques. Le geste assuré, Roger la saupoudre de sucre et y verse subtilement du Grand Marnier puis la plie aussitôt en triangle.
Les plus gourmands pourront rajouter à convenance de la fameuse liqueur d’orange avec l’immense bouteille qui trône sur le comptoir. Pour varier les plaisirs, les épicuriens peuvent déguster des crêpes au sucre, ou avec un large choix de confitures, au chocolat blanc ou noir, mais pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit de fabrication maison à partir de grands crus Barry.
Roger connaît presque tout le monde et salue chaleureusement les passants et habitués. Au-delà d’une classique tarte Tropézienne, la ville de Saint-Tropez regorge de nombreuses autres merveilles… et qui sait ? Vous pourrez très certainement avoir l’occasion d’en déguster une aux côtés de célébrités.
Crêperie Grand Marnier
Rue des Remparts, 83990 Saint-Tropez
“Encore et toujours un italien…”. Pour mettre fin à cette éternelle litanie, il faut se rendre à la Rosa dei Venti, à deux pas du square des Batignolles. Un décor sobre mais chic où l’agencement des banquettes, les hublots, puis le choix élégant de la vaisselle nous plongent dans l’ambiance d’un yacht de luxe. Au seuil, une rose des vents indique les différents points cardinaux, si l’on suit la direction Sud-Est, l’on aperçoit ce tableau d’un voilier avec au premier plan le Château de l’Œuf et derrière, le Vésuve. Il n’y a pas de doutes, l’on fait cap sur Naples. Le temps d’une croisière pour apprécier les spécialités napolitaines avec notamment de nombreux produits de la mer, mais il y a également les classiques comme la fameuse pizza Margherita entre autres spécialités dont quelques péchés mignons tels que les gnocchi à la truffe et au speck.
“À NAPLES, SI L’ON FAIT MAL À MANGER DANS UN RESTAURANT, VOUS RISQUEZ VOTRE VIE”
Après Pulcinella, La Locanda de Pulcinella et Il Padrino, Vittorio Scala ne s’arrête pas en si bon chemin et ouvre son quatrième restaurant : La Rosa dei Venti. Ce passionné de cuisine en a tout simplement marre “de ces restaurants italiens qui font n’importe quoi !”, c’est pour cela qu’il s’attache à importer ses produits d’Italie, de privilégier le “fait maison” pour offrir des plats frais et de qualité. Car “à Naples, si l’on fait mal à manger dans un restaurant, vous risquez votre vie” raconte Mario Veraldi, un ancien Chef de cuisine. Cette passion pour la cuisine se ressent dans l’assiette car on y retrouve toute la chaleur du sud de l’Italie.
La Rosa dei Venti est encore l’un de ces établissements où l’on prend le temps de laisser s’épanouir un bon vin du soleil, boisé et puissant, dans une somptueuse carafe. Voilà qui pourra s’accorder à merveille avec la variété des plats proposés à la carte. Ainsi, l’on revient avec plaisir redécouvrir les traditionnels délices italiens cuisinés avec perfection. Les habitués sont du même avis, les compliments foisonnent ! Le Chef Claudio Di Blasi y est pour beaucoup. Ce dernier n’hésite pas à venir en salle et, de sa cabine aux allures de voilier, il part à la rencontre des clients afin de s’assurer que tout va bien et pour parler de ses plats.
Alors certes, “Encore italien et toujours un italien…” Mais pas n’importe lequel !
Daniel Latif
La Rosa dei Venti
172, rue Cardinet
75017 Paris
tel. 01 46 27 58 77
Depuis quatre jours, une effervescence règne autour de la disparition de Kadir Nurman, le soi-disant “père du kebab”. Selon les nombreux articles qui lui rendent hommage, Kadir Nurman l’aurait inventé en 1972 à Berlin-Ouest et “n’a jamais pensé à breveter sa création”. Des affirmations qui agacent Nicolas Turabik, patron du restaurant Cappadoce Kebap à Angoulême, qui essaie tant bien que mal de rétablir la vérité auprès de ses clients. En effet, le “kebab” dans sa forme la plus connue aujourd’hui, que l’on surnomme à tort “sandwich grec”, existe “depuis des centaines d’années”. Kadir Nurman a tout simplement importé en Allemagne ce qui se faisait en Turquie. A l’origine, le döner kebap (sic), qui signifie littéralement “viande grillée qui tourne”, est bel et bien présent depuis le début de l’empire ottoman, si ce n’est pas plus.
Contrairement à ce que l’on peut penser en France, où l’on sert habituellement de la viande de poulet, de veau ou encore de dinde, le döner kebap est traditionnellement fait avec de la viande d’agneau. Celle-ci est coupée en de longues tranches, servies dans une assiette sans aucun accompagnement, et non en lambeaux déposés en vrac aux côtés de salades, tomates, oignons recouverts d’une sauce blanche dans un pain.
LE « KEBAB » DANS SA FORME LA PLUS CONNUE AUJOURD’HUI, SURNOMMÉ À TORT « SANDWICH GREC », EXISTE « DEPUIS DES CENTAINES D’ANNÉES »
Le patron du Cappadoce Kebap regrette ainsi la confusion autour du mot “kebab” car cela ne renvoie pas nécessairement au döner kebap. En effet, il existe plusieurs types de kebap : le dürüm kebap où la viande est enroulée avec un choix d’accompagnement dans de la pâte feuilletée appelée Yufka ; le şiş (prononcez chiche) kebap où les morceaux de viande sont en brochettes ; l’Urfa kebap est fait à base de viande hachée et étalée sur une broche, grillée ensuite sur des braises ; l’Adana kebap quant à lui est un Urfa kebap en version épicée.
Les “kebab” sont légion à travers la France et étonnamment manger un “döner” n’a pas vraiment bonne image dans l’hexagone. Que ce soit pour des raisons d’hygiène, de qualité de viande ou d’ambiance dans ces restaurants, la meilleure façon d’apprécier un döner kebap est tout simplement d’aller en Turquie. La référence se trouve à Istanbul chez Beyti, où de nombreuses personnalités comme Li Xiannian, Richard Nixon, Jimmy Carter, Jacques Chirac, Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, etc. y ont même fait un détour pour apprécier l’authentique Döner Kebab.
Le restaurant Matsuri, situé rue de Richelieu dans le 1er arrondissement de Paris, est le premier à avoir importé en 1986 le principe du convoyeur de sushis. C’est un lieu confiné, les meubles et la décoration rappellent la cantine d’Ikéa. Assis le long du tapis roulant qui défile en continu à travers la salle tel un serpent, on observe la procession mécanique des assiettes aux contours colorés (déconseillé aux daltoniens, risque de surprises au moment de l’addition), elles ont aléatoirement un couvercle transparent — le reflet de ce dernier offre un étrange ballet de méduses au plafond — d’autres, découvertes, mettent en valeur ce long cheveu ornant deux makis saumon qui vient d’entamer son deuxième tour…
“C’est combien le rouge ? Ah non… et le vert ? Trois euros ?” Voici l’éternelle question qui rythme les conversations des clients. Un groupe d’amis à la table mitoyenne empile les couvercles et rangent les assiettes de façon optimale pour continuer le repas. Les bons comptes font les bons amis, ils s’affairent à répartir les assiettes pour savoir combien ils auront chacun à payer au lieu de prendre le temps et savourer les plats. Étonnamment, l’on voit plus d’assiettes rouges, à 5 euros, défiler que des jaunes, à 2 euros. Lorsque les serveurs remarquent qu’il y a trop d’assiettes rouges sur le convoyeur qui ne partent pas, ils placent quelques assiettes jaunes pour relancer l’appétit des plus radins.
C’EST LE PRIX À PAYER POUR UNE INFIDÉLITÉ AVEC SON HABITUEL RESTAURANT JAPONAIS
Matsuri est le lieu idéal pour les masochistes qui veulent jouer le temps d’un repas les comptables et se persuader d’entamer une diète à cause des prix déraisonnables. Trois morceaux de saumon ou deux malheureuses brochettes au fromage fondu pour 5 euros chacun, 2 euros la salade de choux. C’est le prix à payer pour une infidélité avec son habituel restaurant japonais.
Cette fois-ci, j’arrête, vraiment ! Et c’est à ce moment-là, qu’apparaissent trois appétissants makis frits. Je réfléchis, allez, je craque pour trois euros. Trop tard, un autre client s’empare de l’assiette sous mes yeux. Je m’arme de patience, trois tours de tapis roulant plus tard les makis frits n’arrivent toujours pas, il faudra commander auprès du serveur. Fin du repas, je me dirige vers les toilettes qui se trouvent dans la cuisine derrière le chef qui prépare les assiettes. La feuille d’entretien indique que les toilettes n’ont pas été nettoyés depuis trois heures…
On demande l’addition, une fois, deux fois, trois fois… Entre temps, une assiette de saumon vient vous narguer et vous hésitez… Quatre fois ! Le saumon n’aura pas eu raison de vous. Le défilé des plats qui était au début ludique et appétissant devient irritant puis on remet en cause le principe du convoyeur de sushis : et pourquoi pas un rollercoaster de sushis, tant qu’on y est ? On paye, on reste sur sa faim.