Les Vénitiens ne font pas carnaval

Il règne comme une ambiance surréaliste sur le Canal grande à Venise lorsque vous longez à bord d’un Riva ce palais illuminé la nuit. À Ca’Rezzonico, un couple d’amoureux s’embrasse, assis en haut des marches à moitié immergées, déguisés en braqueurs dans la Casa de Papel.

Une touriste anglaise les observe, un paquet de chips à la main, comme si elle était au cinéma. Plus loin, il y a ce faux baron et cette fausse comtesse, costumés comme au bon vieux temps, qui déambulent masqués avec cette nonchalance et dans une démarche fantomatique. Les touristes s’amusent, ils observent, rient et prennent des photos.

Les vénitiens, eux, sont partagés. Les jeunes observent cette effervescence avec scepticisme. « Venise est victime de son succès », souffle Giovanna, vénitienne de naissance. L’afflux de visiteurs complique leur vie et les déplacements au cœur des rues étroites. Les touristes leur  « volent [leur] ville », Les anciens sont plus compréhensifs, comme Bruna, qui porte le titre de Grand-mère des Gondoliers : « c’est beau de voir ces visiteurs venir du monde entier pour perpétuer cette vieille tradition » s’enorgueillit-elle. 

Antonella, assise en terrasse avec sa mère, ricane devant le défilé de toute cette galerie. « Il faut bien s’amuser, je les comprends » philosophe-t-elle même si elle reconnaît que les costumes et personnages incarnés sont « de plus en plus bizarre » lance-t-elle devant ce touriste déguisé en Joker avec une batte de baseball.

« Nous faisions carnaval, se remémore Antonella, mais c’était dans les années 80. Les vénitiens s’habillaient avec des costumes d’époques et allaient dans des soirées exclusives feutrées dans des palaces improbables bordant le Canal. Aujourd’hui, les vénitiens ne font plus carnaval », confesse-t-elle.

Entre « Carnaval » et « Halloween », il faut reconnaître qu’on ne sait plus trop sur quel pied danser. Des masques, de toutes les formes, de tous les goûts et souvent de mauvais goût. Des effrayants, des basiques, des ridicules. Foison d’anges, un Zorro des plus bluffants, un impressionnant Batman ou quelques Spiderman et un sosie presque parfait du Professeur dans la Casa de Papel. On aperçoit aussi certains membres de la famille Windsor, William et Kate, Meghan et Harry échappés de Buckingham Palace qui se déhanchent dans une improbable charcuterie transformée en dancefloor pour la soirée d’ouverture du carnaval.

Il est facile de distinguer les touristes, l’œil rivé sur le GPS cherchant leur hôtel ou un embarcadère, des vrais vénitiens qui vous bousculent rouspétant continuellement : « permesso, permesso ». Veronica, comtesse aux racines italiennes, ne peut s’empêcher de décortiquer les tenues de la plupart des passants. Sensible à l’effort de certains, comme ce jeune acteur sur qui elle a jeté son coup d’œil expert : « ah, il y a du plombé dans sa cape ! Les plis sont maintenus, il y a du volume et il porte un vrai col en fourrure de vison » commente-t-elle. 

Donnant un bon point à ces espagnols et les asiatiques qui jouent le jeu à fond et qui ne se content pas que d’arborer le masque mais qui néanmoins tombent parfois dans le « complètement ridicule, observe-t-elle. Il suffit de regarder ce faux velours de soie, c’est trop transparent. Elle poursuit avec l’analyse de « ces fausses capes froissées » qui lui donnent « envie de louer un costume pour relever le niveau » de la parade.

« Ici, c’est un Carnaval, on ne se déguise pas, on se costume » précise Didier Spang, qui tient le stand Plume NC Design sur la place Campo S. Stefano. Cet éleveur, passionné d’oiseaux, est le seul commerçant non vénitien autorisé à exposer et invité par la Chambre de commerce et de l’artisanat à participer à cette 36ème foire organisée par la ville de Venise.

Ses masques sont entièrement faits à la main, et les prix atteignent pour certains 8000 euros comme pour cette pièce intitulée « Nous deux » : un masque en plume qui a été porté « lors de nombreux défilés Jean-Paul Gaultier et Hermès ».

A l’origine, le carnaval de Venise était « le seul moment où les petites gens se déguisaient et pouvaient faire ce qu’elles voulaient. Elles pouvaient ainsi se mélanger avec ces classes qu’elles ne pouvaient approcher le reste de l’année. C’est pour cela qu’ils se noircissent le tour de l’œil car il ne fallait surtout pas voir un centimètre carré de peau, de peur d’être reconnu » recontextualise Didier Spang.

Ainsi, le masque conférerait comme dans le célèbre film The Mask avec Jim Carrey, un pouvoir qu’ils n’avaient pas d’habitude. Étonnamment, derrière cette symbolique de la dissimulation, les regards deviennent plus perçants. L’illusion de l’autre l’emporte et les échanges visuels se soutiennent davantage. L’ambiance s’ouvre gaiement, nul besoin d’autre artifices, la troupe de masques entre dans le bal et danse, les uns avec les autres, les uns contre les autres. Car, derrière ce masque, la fantasmagorie opère immédiatement et crée une tension érotique. Les couples se mélangent, s’anonymisent, des clins d’yeux s’échangent furtivement. Perdus dans cet immense Venise, aux ruelles toutes semblables, le doute s’installe. Des regards mystérieux se questionnent, s’interpellent, se jaugent et ils paraissent familiers et essaient de se reconnaître, en vain.

Cette année le thème du carnaval est l’amour. Ça tombe bien, entre les odeurs de toute une gastronomie typique avec des légumes grillés du marché, la mortadelle et les salamis, les vins de la région sans oublier les incontournables Prosecco, Bellini et Spritz, tout est réuni pour faire un formidable banquet où après avoir fait bonne chère, les convives passeront peut-être aux plaisirs de la chair.

Une recette simple pour rester vivant et revoir Venise.

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Ma première fois… dans un Lounge

Il faut se réjouir si vous n’avez que deux terminaux à traverser pour rejoindre le Lounge KLM à Amsterdam Schiphol. L’aéroport étant tellement grand que si vous n’avez qu’une heure de correspondance, l’escale au Lounge peut rapidement se transformer en marathon. Ce jour-là, je suis large, j’ai plus de 4 heures de correspondance, c’est mon anniversaire et le vol que je m’apprête à effectuer va me permettre de passer au statut Gold.

J’arrive devant l’hôtesse KLM, une blonde reconnaissable avec sa tenue bleue emblématique. Je fais les yeux doux et lui explique ma situation, essayant de l’amadouer afin d’obtenir ses faveurs. Aussitôt, un grand sourire s’affiche sur son visage : « Ohhh, félicitations M. Latif et un très joyeux anniversaire alors ! » s’enthousiasme-t-elle. Puis, soudain, l’air grave, elle enchaîne : « malheureusement je ne peux vous faire rentrer dans le lounge et même si vous payez, vous devrez attendre deux heures, car nous sommes en heure de pointe… ».

Si près du but, quelle frustration…

Abasourdi par la rigueur néerlandaise et l’absence d’humanisme de l’hôtesse, je fais demi-tour et ressors. Je ne me dégonfle pas pour autant, et demande au premier passager qui se dirige vers le salon : « puis-je être votre invité ?
— Bien sûr !

Sans même expliquer quoi que ce soit, nous nous dirigeons vers le comptoir, devant la même hôtesse et le jeune homme lui lance : « c’est mon invité ! »

L’hôtesse sourit jaune, me fusille du regard, mais ne dit mot. J’étais un peu gêné toutefois je bouillonnais intérieurement de joie, pour ne pas me confronter à un éventuel deuxième refus.

Ça y est, je pénètre enfin dans mon premier Lounge. Un salon aux allures de Star Trek avec un look faussement futuriste de l’époque qui a très mal vieilli. Il y a de tout : des fauteuils, des canapés, des espaces de travail, des douches, qui ne donnent guère l’envie d’y mettre un doigt de pied, un fax ! — qui ne fonctionne plus, mais qui atteste bien que la décoration ainsi que le mobilier date du siècle dernier. Au fond, vous l’aurez rapidement senti, c’est le coin fumeur. Une bulle d’où s’échappe continuellement les émanations des passagers neurasthéniques à chaque va et vient.

Enfin, il y a cette cuve en inox, sous verre reliée à un tuyau menant à un robinet à pression. L’installation — factice — est toutefois, impressionnante. Normal, c’est Heineken qui régale. Une marque que je suis loin d’affectionner mais comme c’est local, je me laisse tenter. Il y a même un manuel qui vous explique comment servir la bière parfaitement, du rinçage de verre jusqu’au service.

Une blonde quelque peu décevante pour couronner ma première fois, mais surtout une bière reflétant harmonieusement bien l’ambiance régnant dans ce salon à Amsterdam, et qui de surcroît est à l’image de mon nouveau statut Gold : somme toute assez banale. Pour une première expérience, c’est raté.

Allez Proost ! comme diraient les aficionados d’Heineken, et salut la compagnie !

Daniel Latif

La bohème nautique n’existe plus

C’est un beau et grand voilier qui vient de faire son approche sur le port de Kaş, au Sud de la Turquie. Alex effectue la manœuvre d’amarrage. Imperturbable, mais non moins nonchalant, sa barbe bien fournie lui forge ce caractère de presque vieux loup de mer tandis que son regard perçant pourrait faire de lui l’effigie de ce mannequin en poster dans la chambre d’une adolescente.

Tant de charisme qui fait déjà saliver ces trois sulfureuses polonaises dont l’attention ne se porte plus que sur le skipper :
« Vous venez d’où ? Lui demande l’une d’elles
— De Corse… » lance-t-il fièrement.
Les yeux des filles scintillent aussitôt. 
— Que faites-vous dans la vie ?
— Je suis navigateur et poète, termine-t-il légèrement agacé par la question.
— Ça doit être la belle vie de voguer à travers le globe au gré de vos envies ? »

Taciturne, il sourit et reste pensif…

Certes, changer tous les jours de cadre et rencontrer de nouvelles personne c’est le bon côté de la navigation. Peut-être « un des derniers aspect qui persiste encore aujourd’hui ». Même s’il est passionné de nautisme, Alex regrette cette période où existait encore la « belle aventure » que tout le monde fantasme encore, cette « bohème nautique », aujourd’hui,  n’existe plus.

En effet, autrefois « on arrivait avec un rafiot ou un bateau des plus minimaliste et on se posait comme un pirate dans un coin du port ». Aujourd’hui, prendre la mer cela reste une grande aventure mais « c’est devenu une vraie industrie où tout est question de fric ». Il enchaîne du tac au tac : « entre les délais d’attente pour le contrôle d’entrée dans chaque pays, qui varient entre 4 à 5 heures, puis les taxes ainsi que les frais de ports qui peuvent atteindre les 1 000 euros. Tout ceci, ajouté aux frais de carburant mais aussi d’équipements. Sur ce bateau de 4 millions d’euros, il y a 400 000 euros juste pour les voiles. De surcroît, le bateau doit s’équiper d’un système de navigation GPS, d’un téléphone satellite et de radios pour être assuré, « les assurances sont très regardantes car ça chiffre très vite si tu abîmes le quai ou le yacht d’un voisin » précise le jeune capitaine. 

À la question de « l’écologie dans tout cela ? », il soupire et lève les yeux au ciel. Entre les plastiques des bateaux qui ne sont pas recyclables, les solvants de construction, la peinture au cuivre que l’on met sur les coques pour éviter que les algues s’accrochent, les particules de peintures sur la coque et enfin les diesels des bateaux…  « On est loin de préserver notre planète », se lamente-t-il. 

Ce qui le désole le plus lorsqu’il vogue, c’est qu’« il ne se passe pas deux secondes sans croiser un sac plastique y compris les déchets organiques qui ne se biodégraderont jamais ».

Et la carte postale paradisiaque d’une étape pour se baigner nu dans une eau bleue turquoise est aussitôt balayée par ce cliché qu’il montre sur son téléphone avec ces vingt bateaux en Grèce qui ont jeté leurs eaux sales en pleine mer : « tu ne peux plus te baigner, il y a des boulettes de caca partout ! »

Rares sont les moments de navigation où l’on jouit au gré du vent, au gré des courants… Et pour cause, la navigation est loin d’être un long fleuve tranquille. Il se remémore les conditions difficiles, ces moments où l’eau était mouvementée, ces états de fatigue qui mènent aux moments d’hallucinations que Homère retranscrit parfaitement avec Ulysse dans L’Odyssée .

Tous ces petits détails qui ont le don de rendre cette mer des plus amères.

Daniel Latif
Photos : Alexandre Merlet /DR

Frayeur andalouse

« Je ne sais pas où on va, mais on y va » s’inquiétait Alain dans ce van où régnait un silence insupportable. Étienne était scotché sur son téléphone, tandis que Ben s’était endormi. Les autres passagers étaient plongés dans une torpeur. Lobotomisés, figés, le regard vide, ils subissaient la conduite robotisée d’un chauffeur taciturne, complètement absorbé, roulant à tombeau ouvert sur cette autoroute sans fin en direction de nulle part.

Soudain, le van s’arrêta à cette station essence dans une zone désertique. Ils étaient loin de l’ambiance festive et de cette ritournelle « Vamos a la Playa » qu’ils avaient en tête lorsqu’ils voulurent fuir la sinistre rentrée en quête de profiter des derniers instants d’été sur une plage abandonnée.

Étienne, armé de son boîtier Canon emprunta un chemin étroit en vue de faire quelques photos à la façon d’un explorateur. Alain, toujours à la recherche du cliché parfait pour faire rager ses collègues le suivit. Ben, ne sachant que faire, emboîta également le pas sans grande conviction. Tous les trois progressaient, au gré des cheminements chaotiques, suivant leur intuition, persuadés qu’ils trouveraient un petit coin de paradis.

Après plusieurs minutes de marche, à plaisanter et refaire le monde, ils ont, sans même prêter attention à leur itinéraire, traversé un ponton, longé de nombreuses éoliennes et se sont engagés sur une route de montagne balisée d’un mystérieux fléchage jaune.

Arrivés au sommet de la montagne, leur seule gratification fut cette vue imprenable sur un paysage lunaire, où l’on devine des volcans dans le fond surplombant ce paysage rocheux et désertique qui s’étend tel une immense cuvette, avec ce chemin tortueux qui mène vers un point d’eau verdâtre — le genre de bassin où tu n’oserais pas te baigner sans une combinaison de protection radioactive. Alain envoie cette carte postale énigmatique signée d’un très laconique « Nevada ou Oklahoma ? » à son amie qui lui répond aussitôt : « paysage très glauque, Nevada plutôt, ou carrément terres au Turkménistan ». Et pourtant, ils voulaient juste profiter de la Playa à Malaga.

Le vent se lève, un immense nuage noir se dessine à l’horizon, le temps se couvre et l’orage gronde. Les trois amis ne savent ni où ils sont, ni où aller pour s’abriter. Un éclair les affole, ils courent en direction de cette cabane, tout est fermé. Mitoyen à cette petite maison, un poste de station électrique des plus lugubres et encore moins rassurant qui rappelle une scène du jeu vidéo Resident Evil. Un pick-up Mitsubishi L200 couleur Sun Flare orange est garé non loin, ouvert, alors les aventuriers y pénètrent histoire de laisser passer la bourrasque. Et voilà, comment ils prirent place sans le savoir à bord du tout nouveau Mitsubishi L200.

Nevada ou Oklahoma ? Non, on est bel et bien à Malaga

Les clients lui reprochaient quelque chose de « timide » alors le constructeur aux trois diamants a voulu lui redonner un caractère « plus masculin et plus fort ». Ainsi, et même s’il n’a pas pris 1 millimètre, le nouveau L200 garde la même signature stylistique mais voit son capot rehaussé. Qu’il roule sous la pluie, la neige ou à travers un nuage de poussière, impossible de ne pas le remarquer avec son nouvel éclairage LED à l’avant et à l’arrière. Désormais, il chausse des jantes plus grosses de 18 pouces et embarquant un nouveau moteur 2,2l diesel de 150 ch relié à une nouvelle boîte mécanique de 6 rapports. 

Voulant fermer la fenêtre, Alain appuya par réflexe sur le bouton start, et à la grande surprise générale le contact s’établit, le tableau de bord prit vie. « S’il y a le contact, ça veut dire qu’il y a les clés quelque part… », en effet, la clé intelligente se trouvait dans la boîte à gant. Ne cherchant pas à comprendre, il appaire son smartphone au système multimédia. Son téléphone sonne, c’est l’amie Pauline qui habite dans la région, il décroche : « T’es à Malaga ? 
— Presque !
— Mais t’es où, t’es à côté de quoi ?
— Si je savais ?! Attends, je t’envoie une photo…
— Hannn, qu’est-ce que tu fous là-bas ?! C’est une zone abandonnée, les mecs ont commencé un projet de construction de parc aquatique…
— Quels mecs ?
— Justement, on ne sait pas, ils ont disparu quand ils ont découvert que la zone était irradiée et ont tout laissé en plan ».

Un silence s’installe, les trois lurons font moins les malins et se regardent… Pauline reprend d’une voix sérieuse : « il y a eu une crise immobilière, il y règne un microclimat et les gens n’osent plus y aller à cause de cette légende urbaine andalouse…
— Comment ça ? 
— Tout le pueblo se demande encore pourquoi les enfants n’ont pas le droit de s’y aventurer…
— Pourtant, on y a trouvé un pick-up Mitsubishi L200, le tout nouveau !
— Je peux pas t’expliquer au téléphone mais faut pas rester là…

La radio s’allume, et un bulletin d’alerte prévient d’un changement brutal de climat. Greta avait peut-être raison ? Le message recommandait aux conducteurs la plus grande vigilance.

Ni une, ni deux… Ben prit le volant et démarra en trombe. Étonnamment, il était super à l’aise dans la conduite de l’imposant pick-up de 5,30m de longueur et 2m de large. Il s’était toutefois bien gardé d’expliquer que le L200 était équipé de pléthore d’aides à la conduite qui en facilitait sa prise en main, y compris dans des situations off-road. En effet, d’un tour de molette, l’on peut aisément passer de deux à quatre roues motrices. Enclenchant ainsi le mode 4H pour les routes accidentées et conditions dangereuses, il pouvait progresser ainsi jusqu’à plus de 170 km/h.

Après plusieurs kilomètres à errer, ils croisent le seul panneau dans ce paysage surréaliste : « zona de seguridad ». Mais à l’horizon, toujours rien, sauf des virages et des routes à perte de vue. « Heureusement que le GPS est là, s’enthousiasme Alain, enfin presque, pondère-t-il, nous sommes sur la “Route sans nom” ».

Étienne aperçoit un troupeau de brebis égarées, n’ayant peur de rien, il veut immortaliser cette scène mais ces dernières prennent la fuite à leur approche. La route devient de plus en plus étroite, Ben persiste à malmener ses coéquipiers dans sa conduite de vive allure, n’hésitant pas à écraser les freins renforcés car il est ralenti par les trous qui secouent les passagers — toujours pas malades : « Là, je suis en conduite rallye avec un pickup ». Le contexte est plus que bizarre. En effet, Ben, casquette Che Guevara vissée sur la tête, arrive à faire le commentaire de sa conduite pour rassurer ses amis agrippés aux poignées, tout en restant concentré sur sa performance. Il n’en demeure pas moins ébloui par la fiabilité à toute épreuve du Mitsubishi L200 et de son comportement routier : « elle encaisse grave !!! ». 

La montée est rude mais le L200 ne faiblit pas. Les voilà à une intersection. Il y a un panneau STOP — on se demande encore à quoi bon il peut servir… Le GPS se met enfin à causer : « Allez vers le Nord ». Le Nord, le nord… mais encore ?!

Enfin, ils finissent par franchir des grilles. L’odeur des champs d’oliviers bordant les routes est la confirmation qu’ils ont enfin retrouvé un peu de civilisation ou presque. Ils arrivent enfin au point de rendez-vous, devant l’hôtel la Bobadilla mais toujours personne en vue. « Chlack, boum », le bruit venait de l’arrière du pickup : « il est super chouette ce L200 les garçons ! ». C’était Pauline, qui n’a pas pu s’empêcher de grimper à l’arrière dans la benne. « Ben dis-donc, vous en faites une drôle de tête ?
— On a cru qu’on ne sortirait pas vivants de cette vallée de la mort.
— Mais que vous êtes sots, répliqua-t-elle pouffant de rire. T’étais dans les parages, alors je me suis dit, tant qu’à faire, ramène-voir ce nouveau Mitsu ».

Réalisant enfin qu’il n’y avait aucune légende urbaine, encore moins de projet abandonné dans une zone radioactive et que tout ceci n’était que du « pipeau laser », les trois garçons restèrent sans voix. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’y a pas que les montagnards, exploitants agricoles et artisans en construction pour s’amouracher de ce pickup iconique pour sa robustesse et sa résistance notoire.
« Bon allez, on y va à la Playa ? » lança-t-elle dans son entrain.

Quelle coquine cette Pauline !

Daniel Latif
Photos : Étienne Rovillé / DL /DR

« Ici, c’est Napoli »

« Il ne faut pas comparer par rapport aux autres villes que tu peux connaître » me prévient d’emblée Sybille, alors que nous venons de prendre place à bord d’un taxi à l’aéroport.

Assis à l’avant, j’observe ce scooter qui vient de s’arrêter à mon niveau. Deux amoureux, sans casque. Au guidon, un charismatique jeune homme en tee-shirt, prêt à démarrer en trombe, me lance un regard. Une proximité qui embarrasserait l’européen moyen et gênerait les scandinaves. On se regarde et spontanément l’on se dit : « ciaaaooo ! ».

Derrière lui, la demoiselle n’a d’yeux que pour son téléphone. Pianotant à deux mains, complètement absorbée, on admire la désinvolture de la sulfureuse qui ne craint encore moins de faire le sac de sable au premier coup d’accélérateur.

Arrivé devant l’église Sainte Marie, un homme m’observe, le regard défiant et plus qu’insistant. « Buongiorno » lançai-je aussitôt. Son visage s’adoucit et sa voix suave pleine de chaleur enchaîne : « bonjour, je m’appelle Gennaro, d’où venez-vous ?
— Parrigi, rétorquai-je fièrement avec mes maigres connaissances en italien
— Ah, j’aime beaucoup Paris, continue-t-il en français. Surtout le Paris Saint-Germain. C’est votre première visite ici ?
— En Italie non, mais ma première fois ici à Naples
— On n’est pas en Italie, ici c’est Napoli ! »

Car, ici, les portes — surplombées d’imposantes statues — sont hautes et impressionnantes, le porche annonce les prémices de grands palais. L’architecture est théâtrale, les églises foisonnent à chaque coin de rue, et les monuments d’une telle majestuosité qu’ils en ridiculiseraient les plus grands chefs-d’œuvre parisiens.

A Napoli, lors d’une remontée de rues pavées à l’ombre du linge étendu sur les balcons, vous vous enivrez d’une alliance de ces senteurs d’épices et parfums de lessives. 

« Dis-moi ce qui te fait plaisir et je te le cuisine ». On a beau croire qu’il faut s’adapter, mais, ici, on est aux petits soins lorsqu’il s’agit de gastronomie. Comme dans l’épicerie fine, Ciro Amodio, sur la Via Nardones, c’est le patron Enzo, qui prépare toutes les spécialités locales : tartines de tomates du Vesuvio, Mozzarella Bufala, aux côtés d’un très large choix de charcuteries ou encore les friarielli, ce légume typique napolitain.

« DIS-MOI CE QUI TE FAIT PLAISIR ET JE TE LE CUISINE »

Un peu plus haut dans la vieille ville, chez Nennella, une ancienne pizzeria, la Margherita est faite avec amour sous vos yeux en trois minutes pour 2,50 euros et l’ingrédient supplémentaire, c’est cadeau ! Un goût disproportionné eu égard son prix, mais surtout une véritable pizza à la cuisson parfaitement maîtrisée qui laissera toutes les autres versions que vous aviez dégusté en France à désirer.

Direction Sano sano. Y déguster une mousse de café glacée et pour les plus gourmands, l’incontournable glace italienne.

C’est la nuit à Napoli, les rues sont calmes et tout va bien. Il fait toujours chaud, en témoigne ces amoureux lovés qui « vont te faire un bébé sur le banc » s’amuse cette touriste française les regardant avec envie. Plus que de l’amour, il s’agit sans doute de passion, au sens le plus noble.

Le temps d’une déambulation nocturne afin de prendre le recul nécessaire et digérer la complexité et la beauté d’une ville des plus authentiques. 

C’est sûrement ça, la dolce vita.

Daniel Latif
Photos : DL/DR

Féerie de Noël au Danemark

Si la magie de Noël reste entière en France, elle est d’autant plus animée au Danemark. Regorgeant de traditions, ce petit pays situé au nord de l’Europe nous invite et nous plonge dans la féerie de Noël. Cap sur le pays où le Père Noël existe bel et bien.

Bien loin de la foule parisienne, Copenhague la capitale, nous accueille dans une ambiance chaleureuse, avec comme décor la neige et les flocons, ce qui renforce la beauté du pays. A la veille du 24 décembre, les préparatifs se font sentir, la ville s’agite et les senteurs d’épices et de sucres se dégagent à travers les rues du centre-ville tout en se mêlant aux bruits de papiers cadeaux dans l’incontournable centre commercial Magasin, où tout un étage d’emballages de cadeaux y est dédié. L’esprit de Noël résonne également à travers les chansons que l’on entend à la radio, medium des plus intimes ayant une place prépondérante dans les foyers danois.

Bien que le froid soit à l’extérieur, les âmes elles sont véritablement réchauffées. Pour les danois, le réveillon de Noël est un jour très important. « Il ne manque que la neige » se désole Tanja, restauratrice à Nyhavn qui peine à se remémorer d’un Noël enneigé. S’il ne neige pas encore à Copenhague, à Aalborg dans le nord du Jutland, de gros flocons commencent à recouvrir la ville. Aalborg, très connue pour son Aquavit, est la quatrième plus grande ville du Danemark après Aarhus et Odense.

UN NOËL TRADITIONNEL ET AUTHENTIQUE

L’immersion est totale, que ce soit dans les écoles où les enseignants racontent l’Évangile, et chantent l’Enfant est né à Bethléem puis organisent des sorties scolaires à l’église.

Dans les familles traditionnelles danoises, l’on s’active au dernier moment pour décorer les sapins de façon très sophistiquée mais raffinée. « L’idée est de conserver l’arbre de Noël le plus longtemps possible » explique Lilly, professeur des écoles. Dans le jardin, stocké dans la véranda ou bien régulièrement arrosé, chacun sa technique pour que le sapin ne s’assèche pas et garde ses couleurs ainsi que toutes ses épines.

Il n’y a pas que le sapin qui est mis à l’honneur. En effet, les danois ne lésinent pas sur la créativité des décorations et poussent même jusqu’à enluminer leurs maisons avec des guirlandes multicolores, des personnages de Noël, comme ces lutins nommés nissemand, jusqu’aux motifs animés et illuminés grâce à des vidéoprojecteurs, se surpassant ainsi tous dans le concours de la maison la plus illuminée et féerique une fois la nuit tombée.

A l’intérieur des foyers règne un agréable fumet. L’un des plats traditionnels danois y est préparé pour l’occasion. Au menu, canard farci et cochon, accompagnés de pommes de terres caramélisées ou nature agrémentées d’une sauce brune délicieuse.

Pour ravir tout le monde, la Hvidtøl, une bière à faible taux d’alcool y est servie. Cette dernière est très prisée dans les pays scandinaves et est considérée comme une des emblématique boisson traditionnelle de Noël, offrant des notes sucrées et légèrement pétillantes.
La famille entière est ainsi réunie pour passer un moment inoubliable autour des nombreuses traditions danoises. Effectivement, il est de coutume après le repas de danser main dans la main, tournant autour du sapin, en chantant des comptines de Noël.
Ensuite, les danois organisent des petits jeux à table au moment du dessert, le risalamande, un riz au lait avec des copeaux d’amandes, accompagné d’un coulis de cerises. Toujours ludique, et dans l’esprit de fêtes, celui qui parvient à trouver l’amande entière dissimulée dans le dessert gagne un cadeau qu’il pourra ouvrir avant la cérémonie d’ouverture sous le sapin.

LE CHARME DE LA CAPITALE DANOISE

Non loin de la Mairie et face à la gare centrale, se trouve le célèbre parc d’attraction Tivoli, établi au cœur de la ville.
A l’intérieur, les décorations et musiques de Noël sont au rendez-vous. Garantissant alors une ambiance unique renforcée par les nombreuses lumières enchanteresses. Les manèges sont nombreux et pour tous les goûts : auto tamponneuses, carrousels, montagnes russes aux loopings et torsades à sensations fortes ou train des Alpes…

Forcément, le parc Tivoli est moins encombré que Disney Land, où l’on passe plus de temps dans la queue que dans les attractions. Autre atout du parc et non des moindres, vous pourrez très certainement avoir la chance de rencontrer la reine du Danemark, Margrethe II, qui, au passage, parle parfaitement le français !
Cette dernière y vient régulièrement en famille, voir le spectacle Casse-noisette dont elle a confectionné les costumes et dessiné les décors. En effet, la Reine ne se contente pas que de faire de la figuration dans son royaume ; elle est une artiste à ses heures perdues.

Le feu d’artifice à la tombée de la nuit annonce la venue future du jour de l’an. Les odeurs de fête foraines, notamment du gløgg — vin rouge chaud agrémenté d’amandes, de raisins secs et parfois même d’abricots secs dans sa version au vin blanc — sont alléchantes et l’on ressort du Tivoli ravi.

UN PATRIMOINE GASTRONOMIQUE RICHE

Parmi les spécialités danoises, il y a le « Fransk Hot Dog », un « hot dog français » qui porte mal son nom car on n’a jamais mangé en France un sandwich aussi bon, dont on ne saurait décrire exactement les ingrédients de sa sauce complètement inconnue dans l’hexagone. « Son nom vient en raison de son pain en forme de flûte qui ressemble à la baguette » explique Sonny qui a son camion de saucisses sur la place Kultorvet.

Un lieu quasi incontournable où les danois viennent en famille, en couple ou seuls. Même des célébrités passent discuter le temps de croquer un medisterpølse, une grosse saucisse traditionnelle aux herbes, comme c’est le cas pour Hans Pilgaard, un célèbre acteur qui présente également la version scandinave du jeu télévisé Qui veut gagner des millions.
Les clients ne tarissent point, tous affluent et payent avec leurs téléphone avec Mobile Pay : un sms et le tour est joué. Plus qu’un simple sandwich, la saucisse c’est une institution ici. « On vient manger un bout, on discute, on est en famille. Certains viennent même se confier ; on me raconte tout » analyse Sonny qui estime cumuler trois jobs : « chef, psychologue et bureau d’information pour touristes » ironise-t-il.

Pour ce qui est des plats cuisinés, les Frikadeller, prononcez fricadelles  — rien à voir avec la saucisse panée et ses frites dont on raffole dans le Ch’Nord — qui sont des boulettes de viande ou bien de poisson le plus souvent servies avec une sauce brune.
Le charme de Copenhague c’est aussi son marché couvert, plus connu sous le nom de Torvehallerne, où l’on peut déguster des smørrebrød, tartines au pain de seigle au beurre agrémentées de saumon fumé, de rosbif froid ou encore de hareng mariné, etc.

À VÉLO, MÊME PAS PEUR DE LA PLUIE

Les amoureux du vélo seront comblés au Danemark. En effet, cyclistes et voitures roulent en parfaite symbiose, pour ne pas dire que les cyclistes, qui sont légion, font la loi sur les routes. Il n’est ainsi pas surprenant de voir des dizaines de vélos attendre sagement le passage des feux ou d’apercevoir le long des rues des centaines de vélos amoncelés les uns sur les autres, parfois sur deux étages. Vous l’aurez bien compris, le vélo est le sport national suivi de la course à pied qui connaît un étonnant succès.

Par une promenade à vélo, en passant par le musée Carlsberg, pour découvrir l’importante collection de bustes et de statues du fils Carlsberg. A ne pas confondre avec le siège de Carlsberg où se trouve le temple de la famille Jacobsen. Carslberg by est une ville dans la ville, riche d’un patrimoine historique et révèle les nombreux secrets tant dans l’explication de la fabrication de la bière, jusque dans l’architecture du lieu assez grandiose. C’est l’occasion de déguster une bière authentique de la marque à l’éléphant ainsi que la collection entière de bière dont la déclinaison gastronomique : Jacobsen.

Des étoiles plein les yeux, le tout dans une ambiance des plus hygge, prononcez « hugueuh », concept danois très vaste du « bien-être et de profiter du moment le plus simplement entouré des personnes qui vous sont chères » démystifie Elizabeth, étudiante en biologie à l’université de Copenhague, le Danemark offre l’opportunité de passer des fêtes de fin d’années plus qu’authentiques. Alors comme on dit là-bas : Glædelig jul og godt nytår !

Daniel Latif
Photos : DL /DR

Plus d’informations
www.visitdenmark.com

Le Stealth de Boosted Board : l’alternative à la trottinette électrique

Impossible de ne pas croiser ces trottinettes électriques qui pullulent à travers les capitales européennes. Si ce moyen de locomotion séduit bon nombre d’adeptes de la mobilité électrique, il n’en reste pas moins un classique plus que déjà vu.

Pourtant, on commence à observer l’apparition de planches à rouler électriques. Venues tout droit des États-Unis, focus le précurseur d’un moyen de locomotion qui reste très méconnu encore aujourd’hui le longboard électrique.

Le Stealth est le nouveau longboard à moteur électrique de Boosted qui a lancé toute une déclinaison de la planche à rouler en version électrique.

Au-delà de l’image ludique, il s’agit là d’un vrai moyen de transport. En témoigne son prix 1 500 euros. Plus singulier, ce super skate vous procurera bien plus que les sensations de ride d’antan.

Oui, pour le skate du futur

On en a tous rêvé depuis tout petit, le hoverboard de Marty McFly dans Retour vers le futur. Voilà de quoi délaisser les transports en commun pour s’échapper en tapis volant comme Aladdin, connaître la sensation de caresse du vent le long du corps. Boosted Board est une société californienne qui réalise enfin le rêve de gosse avec un longboard aux grosses roues motorisées électriquement en propulsion grâce à un moteur d’une puissance de 2 100 watts.

Oui, pour son originalité

Tout le monde a une trottinette, elles foisonnent partout, sur les trottoirs, partout… Au-delà d’agacer profondément les piétons et automobilistes, elles véhiculent une image inhérente du conducteur irresponsable, qui ne respecte ni le code de la route, ni les piétons.

Le Stealth de Boosted Board est un état d’esprit différent qui vous permettra de sortir du lot des classiques trottinettes.

Oui, pour ses sensations de ride

Ses grosses roues de 85 mm, sa planche épaisse et la configuration longboard permettent une flexibilité, ce qui absorbe toutes les aspérités de la route, puis permet même d’affronter les routes pavées, ce qui n’était pas possible avec un longboard classique.

Certes, les jaloux l’appelleront le « skate du feignant » mais son atout notoire ici, c’est retrouver les sensations de glisse d’un skate et arriver à destination sans nécessairement se retrouver en nage.

Oui, pour son accessibilité

Faire du skate, du longboard en a toujours effrayé plus d’un. Que l’on se rassure, ici il n’est pas question d’effectuer des figures mais de se laisser glisser.

En effet, vous n’avez qu’à poser les pieds dessus et actionner la molette de la télécommande connectée en Bluetooth pour avancer, freiner ou reculer. La vitesse maximale, la puissance d’accélération est réglable selon 5 modes de ride :

Débutant : accélération limitée, vitesse maximum de 18 km/h, aucune pente.
Éco : accélération modérée, vitesse maximum de 26 km/h, petites pentes.
Expert : forte accélération, vitesse maximum de 32 km/h, dénivelé de pente de 20 %.
Pro : accélération extrême, vitesse maximum de 35 km/h, dénivelé de pente de 25 %.

Hyper : accélération maxi, vitesse maximum de 38 km/h, dénivelé de pente de 25 %

A vous de trouver le ratio équilibré entre vitesse et consommation. Plus vous allez vite, plus votre autonomie diminuera. Il existe quelques petites astuces comme lors des démarrages en côte, qui consistent à pomper manuellement au pied pour prendre de l’élan et ainsi préserver de précieuses ressources pour gagner plus de distance pendant vos trajets.

Simplicité et accessibilité. Les non skateurs trouveront rapidement leurs repères et l’équilibre qui vient instinctivement. Notons quand même que son rayon de braquage reste toutefois bien plus limité qu’une trottinette.

Oui, pour sa sécurité

Sur la boîte, dans le manuel, sur le site, dans les vidéos… il est rappelé qu’il faut rider avec un casque. L’entreprise californienne est plus qu’à cheval sur cette règle élémentaire et de fait, vous changez automatiquement de comportement puis adoptez une conduite plus prudente. Le Stealth Board étant dépourvu de freins, il vous faudra enclencher la marche arrière pour le faire ralentir. Tout se joue dans l’anticipation.

De plus, le Stealth émet un chuintement, telle une bise qui s’amplifie et interpelle les passants qui vous entendent arriver et s’écartent naturellement.

Oui, pour son utilisation au quotidien

Son autonomie varie entre 15 et 20km, selon votre corpulence, le type de routes que vous empruntez. On l’a essayé en ville, sur piste cyclable, sur des pavés, routes caillouteuses et même sur route départementale… Certes, il y a plus confortable mais cela n’arrête pas le Stealth. Contrairement au skate classique avec ses petites roues, les petites branches, câbles, petites bordures ou autres cailloux ne sont plus des freins à votre progression.

La multiplication des voies vélos dans les grandes villes, ne peuvent que conforter son utilisation dans les trajets intra-muros.

Lors des freinage la longboard permet la récupération d’énergie. Autre atout dans son utilisation au quotidien, la rapidité de recharge. En effet, le Stealth Board se recharge complètement en 1h30.

Sachez que si vous vous retrouvez sans batterie, vous pouvez toujours skater et avancer comme sur les longboards traditionnels sans endommager le skate, ni son moteur.

Oui et non pour son encombrement et son transport

Même si le chargeur, identique à celui d’un ordinateur portable se transporte aisément. Cela oblige à avoir un sac à dos. Enfin, sachez que la plupart des compagnies aériennes refusent de transporter les batteries électriques, que ce soit en cabine ou en soute pour des raisons de sécurité. Il s’agit là de son ultime inconvénient, et des plus frustrants.

Il reste toutefois pas pratique à transporter en main. En effet son poids de 8 kilos peut s’avérer relativement lourd à la longue si vous vous retrouvez à le trimballer. Enfin, vous devrez l’avoir toujours à portée de main ou en lieu sûr car il est impossible de l’attacher, comme un vélo.

On aime :
– Le côté sensations de glisse retrouvées du longboard, skateboard
– La qualité de fabrication
– Les grosses roues qui gomment les aspérités de la route

On n’aime pas :
– L’absence d’éléments phosphorescents ou lumineux pour être visible la nuit
– L’impossibilité de changer facilement la batterie et avoir plus d’autonomie
– Transport interdit en cabine et en soute d’avion

Verdict :

Véritable alternative aux trottinettes électriques, garantissant des sensations de roulage authentiques. Le Stealth Board s’illustre aussi bien en ville, qu’en campagne ou même sur des départementales où il permet une progression suffisamment rapide

Caractéristique techniques :

Poids 7,7 kg

Dimensions :

Longueur 96,5 cm
Largeur 28,7 cm
Hauteur 14,5 cm

Roues : 85 mm

Trucks 190 mm

Vmax 38 km/h

Batterie : 36V/199Wh

Possibilité de consulter les statistiques de rides via son téléphone avec l’App compatible iOS et Android

Daniel Latif
Photo : Julien Fautrat

Montréal : L’État Unique d’Amérique

MontréalCurieusement, quand on évoque le Canada, on ne pense pas nécessairement à sa capitale Ottawa mais à Montréal. Étonnamment, Montréal, situé dans la région du Québec, n’en n’est pas non plus la capitale. Il s’agit tout simplement de la ville de Québec qui en est le chef lieu. Les Montréalais se sentent Québécois avant d’être Canadiens. Pourtant, leur équipe de hockey sur glace s’appelle les Canadiens de Montréal. Pour couronner le tout, elle arbore les couleurs bleu, blanc et rouge. L’hiver à Montréal, le thermomètre peut descendre jusqu’à -30 °C. Nonobstant toutes ces singularités, ce qui est des plus saisissant à Montréal, et, a fortiori au Québec, pouvant paraître anodin ou naturel pour le touriste, réside dans le fait que l’on y parle français. De surcroît, les Québécois sont particulièrement attachés à la langue française et usent d’un zèle notoire pour trouver des québécismes, sorte de néologismes exotiques imposés par des lois. Ces derniers ont cependant le mérite de préserver le rayonnement et la présence de notre belle langue, sans céder à la facilité de l’anglicisme. Voilà pourquoi, l’on peut qualifier cette région d’État unique des Amériques.

MONTRÉAL, UNE VILLE AU CARREFOUR DES ÉTATS-UNIS ET DE L’EUROPE

MontréalLa ville de Montréal s’illustre par sa dualité, alliant la vision de l’Amérique du Nord à l’Europe en fonction des quartiers. L’arrondissement du Plateau-Mont-Royal avec ses appartements de briques ne dépassant pas les trois étages, rappelle la Scandinavie. Sauf qu’ici, la cage d’escalier se trouve à l’extérieur pour gagner plus de place. Le quartier des affaires, situé en plein centre-ville aux alentours de la station de métro Peel, est reconnaissable avec ses hauts édifices et le foisonnement de gratte-ciel. Les voies sont larges, les rues, comme tracées à la règle, parfaitement parallèles et perpendiculaires. Les feux se trouvent de l’autre côté du carrefour. Le parc automobile se compose principalement de véhicules à essence avec des motorisations surdimensionnées. Les voitures n’ont pas de plaque d’immatriculation à l’avant. Sur celle à l’arrière, on peut lire la devise du Québec : “Je me souviens”. Les québécois seraient-ils rancuniers ? Ont-ils une mémoire infaillible ? Paradoxalement, lorsqu’on demande les origines ou sa signification, vous aurez pour seule explication : “Je ne m’en souviens plus…”.

LOIN D’ÊTRE FROIDS DANS LE GRAND FROID

Saint LaurentDe gros SUV aux grosses cylindrées qui ne détournent pas les conducteurs de leur courtoisie au volant. Respectueux des limitations de vitesse, ils ralentissent et s’arrêtent spontanément pour laisser le piéton traverser sans le presser — comportement qui semble être totalement inconnu des conducteurs français. À Montréal, la discipline et le civisme vont de pair : les piétons ne traversent pas n’importe où/comment. Tellement intraitables que si vous avez la malchance de marcher sur une piste de ski de fond, vous aurez le droit à un bon sermon avec l’accent québécois, c’est encore plus impressionnant. Comme tout le monde, on fait la ligne * pour prendre le bus et tous les titres de transport sont évidemment validés ! A l’opposé du Roissybus, dépourvu de wifi, le chauffeur Montréalais vous viendra en aide pour ranger votre valise et ainsi optimiser l’espace à l’intérieur et améliorer le confort des voyageurs. Dans le métro, personne ne saute les tourniquets, s’il ne reste qu’une seule place et que vous êtes en couple, l’on vous laissera volontiers la place, histoire de ne pas vous faire passer un sale trajet debout devant votre blonde *. “Ce n’est, certes, pas la plus belle ville du monde” reconnaît Martin, guide touristique de la ville, mais ce qui caractérise la ville de Montréal c’est sa “faible densité, l’absence de stress, l’enthousiasme des habitants et le côté sécurité de la ville”.
La présence policière est subtile. On peut sortir son téléphone portable en rue, dans le métro sans se soucier d’un vol à l’arrachée. Le seul risque à l’extérieur, si vous êtes un inconditionnel du clavardage *, est d’avoir les doigts congelés avant d’avoir pu terminer votre texto.
Vieux PortMême si le froid est sec, les habitants de Montréal le concèdent, “il fait frette *”. Les parcs sous la neige, donnent l’impression d’être à la montagne. Les lacs ayant gelé offrent de magnifiques cadres pour des patinoires naturelles. La plus romantique et impressionnante est celle du Vieux-Port où vous pourrez profiter d’une glace de qualité sur le fleuve du Saint-Laurent. Les plus courageux tiendront jusqu’à 22h pour observer le panorama sur le Vieux Montréal la nuit.
N’oubliez pas votre maillot ! Au risque de vous surprendre, par -30 ° C, les plus audacieux apprécieront de se baigner sous les flocons de neige, dans une piscine extérieure chauffée avec vue sur le quartier d’affaire à l’hôtel particulier, Le St-Martin, quatre diamants (équivalent à cinq étoiles français).

LA VIE OUTRE-ATLANTIQUE

Reuben's SandwichGastronomiquement, au vu des nombreux restaurants rapides *, on pourrait croire qu’il s’agit d’un avant-goût Étatsunien. “Presque mais en meilleur” selon Frédéric Mathieu, Chef français installé récemment à Montréal. Martin en est certain “À Montréal, on fait le meilleur bagel du monde”. Le secret pour réussir ce fameux pain rond serait d’y ajouter du miel à la fabrication pour le rendre plus moelleux. C’est ce bagel qu’utilisent Reuben’s Deli et Schwartz’s pour élaborer l’emblématique sandwich à la poitrine de bœuf fumée, autrement appelée par les juifs ashkénazes (de l’Europe l’est) : le pastrami.
Dans un registre moins diététique, il y a les hambourgeois * de Five Guys dont la qualité et le goût surpassent les Mc Donald’s et autres Burger King.
Résumer ainsi l’alimentation au Canada serait un parfait cliché. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, leur cuisine quelque peu réinventée, s’inspire clairement de la cuisine française. Si vous souhaitez manger santé *, il faudra faire un détour du côté du marché Jean Talon. Un marché pas comme les autres où vous trouverez tous les fruits — que vous pouvez goûter avant d’acheter — même hors saison, comme des fraises, au goût un peu trop bon et au dosage en sucre parfait et apparemment sans préservatifs *. Un large choix de sirop d’érable, dont celui de couleur claire, qui est rare en France car il nécessite 40 litres d’eau d’érable et donc plus fin en bouche. Sirops d'érableL’érable qui reste le produit phare du Canada puisqu’il est aussi décliné sous de nombreuses formes comme le beurre d’érable ou la tire d’érable sur neige ; l’érable à l’état pur est chauffé à 113,8 °, versé ensuite sur un lit de glace, prêt à être enroulé et dégusté tel une glace. Ce dernier coule également à flots sur les crêpes américaines *. Les meilleurs pancakes, à la fois en terme de fraîcheur et d’épaisseur, se trouvent au restaurant L’Avenue.
Néanmoins, aller au restaurant à Montréal n’est pas une sinécure. L’on vous assigne * une table : “Bonjour, ça va ?” vous lance le serveur. Ca y’est, vous êtes séduis et endossez à votre insu le rôle d’un chef de paie. Vous prenez conscience que le garçon n’est pas payé et que selon la coutume américaine, c’est à vous de payer le serveur, au minimum 15% de votre addition. Chez les 3 Brasseurs, on ne passe pas par quatre chemins, il est écrit en majuscule sur le ticket de caisse : “S.V.P PAYEZ VOTRE SERVEUR”. Ajoutez à cela la Taxe de vente du Québec de 10 % saupoudrez le tout d’une Taxe sur les produits et services de 5 %. Décidément bien salé, vous en oublierez presque que vous étiez venus pour manger !

DES CANADIENS PAS TRÈS CATHOLIQUES

Hockey sur glace - Centre BellLe hockey sur glace est “la religion” au Canada. On comprend pourquoi ce pays a été médaillé d’or aux Jeux Olympiques de Vancouver en 2010, puis en 2014 à Sotchi. Il suffit de vous balader avec un bonnet des Canadiens dans les rues de Montréal pour vous attirer la sympathie des supporters. Une ambiance que l’on peut retrouver lors d’un match où le show à l’américaine dans une immense arène nous transporte dans l’univers d’un sport institutionnel mais hélas méconnu du grand public européen. Les joueurs nous inviteraient presque à prendre un bâton * et une rondelle * pour les rejoindre. A défaut de pouvoir assister à un match, ne faîtes pas la gueule et allez boire une Belle Gueule accompagné d’une poutine, plat traditionnel québécois, à Poutineville où vous pourrez toujours suivre le match à la télévision. Mais attention à ne pas tomber dans le piège de la grande assiette, ces quelques dollars de différences risquent de vous rester sur la conscience et par la même occasion sur les poignées d’amour.
Le nom de la ville de Montréal viendrait sûrement de Jacques Cartier lorsqu’il gravit la montagne d’Hochelaga, il fut frappé par la beauté du paysage et le qualifia de “Mont Royal” qui au fil du temps devint “Montréal”. Ce “Mont Royal”, contrairement à l’ancienne candidate lors de l’élection présidentielle de 2007, porte bien son nom, puisque cette dernière n’a pas été si royale que cela lorsqu’elle prit position pour la souveraineté du Québec.
Pas étonnant aussi qu’Arnaud Montebourg, ancien porte-parole de Ségolène Royal, y voit dans cette ville une référence exemplaire, sûrement une source d’inspiration à appliquer à ses idéaux pour enfin aboutir sa politique de redressement productif.

Note de l’auteur : Tous les mots de cet article accompagnés d’un astérisque sont des anglicismes ou des québécismes qui ont été traduits à l’aide du Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française car “il est tout à fait naturel de vouloir vivre et consommer en français au Québec.”

Daniel Latif

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Retour en enfance avec Tintin au Musée Hergé

Quand on pense à la Belgique on pense au chocolat, aux moules frites “Chez Léon”, au Thalys… Et quand on voyage en “Confort 1”, au calme dans des sièges confortables, avec des plats gourmands servis à notre place puis la presse internationale gratuite et des prises qui fonctionnent… On se dit que les Belges n’ont rien à envier à la 1ère classe de la SNCF.
En Belgique, l’on se fait la bise qu’une seule fois. A Bruxelles, prononcez Brussel, l’on répète tout deux fois : en français et néerlandais. Et lorsqu’on aperçoit au détour de la Grand Place le Manneken-Pis, on se dit qu’on l’imaginait trois fois plus grand !
La Belgique c’est également le pays de Hergé, le père d’un célèbre reporter que l’on appelle Tim en allemand, Tenten en turc, Kuifje en néerlandais ou plus communément en français : Tintin. Les aventures de Tintin ce sont 23 albums en bandes dessinées, traduits dans plus de 70 langues et dialectes. Une traduction qui a donné quelques variations linguistiques peuvent amuser le lecteur étranger notamment au niveau des noms de personnages. En Angleterre, le nom de Tintin ne change pas, cependant son inséparable compagnon y est rebaptisé Snowy, le Professeur Tournesol devient ainsi Professor Cuthbert Calculus et les Dupond et Dupont y sont plus connus sous l’identité de Thomson and Thompson.
Georges Rémi, alias Hergé, est l’inventeur d’un style sobre et précis : la ligne claire. À travers un parcours BD dans la capitale européenne, l’on peut se laisser surprendre devant des fresques murales de Boule et Bill, Quick et Flupke, Gaston Lagaffe, etc. Ces murs de bandes dessinées de la taille des immeubles sont un atout de charme et un agrément de nostalgie qui rappelle la fierté nationale.

LE PLUS CÉLÈBRE JURON DU CAPITAINE HADDOCK INSPIRE DU TURC

La vision de tous ces personnage provoque une réminiscence et l’on essaie de se rappeler quand est-ce qu’on a pris le temps d’ouvrir et de redécouvrir un album des gamins de Bruxelles, Quick et Flukpe. Que cela fait du bien de tourner simplement les pages et de tenir un support différent que celui d’un iPhone ou d’un iPad. Il était enfin temps de relire cet album de Tintin au Tibet qui trônait dans cette bibliothèque comme un trophée de collection qu’on n’a pas osé revendre. Quelle délectation de retrouver un ouvrage qui défend la langue française en y usant de belles tournures, du vocabulaire riche — “Bachi-bouzouk” du turc, qui signifie “tête déréglée” est le plus célèbre juron du Capitaine Haddock, varié : “Mille milliards de mille sabords de tonnerre de Brest !” et de surcroît permet de découvrir différentes cultures à travers un média qui a beaucoup perdu de sa popularité. Les jeunes ne lisent plus de bédé ! Ils n’ont pas eu cette chance d’avoir un membre de leur famille collectionneur, passionné qui leur aura transmis la curiosité, le plaisir de lire et de s’instruire ou simplement collectionner ce genre de bandes dessinées.
Pour se replonger dans cet univers, rien de mieux qu’un tour au musée Hergé, situé à Louvain-la-Neuve. Dans un lieu qui rompt avec l’urbanisme de Bruxelles où l’on rentre dans un espace lumineux démesuré et ouvert sur l’extérieur avec de grands vitrages en forme parallélogramme. On accède à plusieurs salles larges et volumineuses au style épuré et à l’éclairage tamisé pour découvrir des planches inédites. Toutes les coulisses de fabrication, les crayonnés, les planches originales à l’encre de chine, dont les traits dégagent une puissance et des expressions profondes.
Jusqu’au 26 janvier, le Musée Hergé refait vivre les aventures indiennes de Tintin à travers une exposition temporaire intitulée Allo Bruxelles ? Ici Rawhajpoutalah !

Aujourd’hui, le reporter du Petit Vingtième revendique plus d’un million de « J’aime » sur sa page facebook. Ce héros international a été décliné en boutiques dédié au personnage éponyme où l’on décline son image est déclinée en montres, bagages, vaisselle, t-shirts, linge de maison, fournitures de bureau, figurines, etc. Qui aurait pensé qu’un personnage de bande dessinée crée en 1929 aurait pu être adapté en dessin animé, en jeu vidéo puis au cinéma en 3D par Steven Spielberg ?
En effet, quand on pense à tout cela, on se dit qu’ils ne blaguent pas les Belges !

Musée Hergé
À lire : Musée Hergé par Michel Daubert aux Éditions La Martinière

Daniel Latif
Crédit photo : Olivier van de Kerchove