Il s’agit probablement de la patinoire la plus connue dans le monde : la patinoire Wollman Ice rink NYC. Même si vous n’avez jamais été à New-York, vous l’avez probablement aperçue dans cette scène du cultissime film Maman, j’ai encore raté l’avion, Home Alone 2, avec les casseurs flotteurs, qui prévoient leur prochain sale coup.
Cachée au cœur de Central Park, cette immense patinoire à ciel ouvert, avec de la vraie glace, elle offre une vue à couper le souffle sur les gratte-ciels de Manhattan. Pour y accéder, la meilleure entrée se trouve du côté du Plaza Hotel, ou bien au gré d’une déambulation dans Central Park, ce qui, comme pour moi, aura le mérite d’encore plus vous surprendre.
Cette patinoire iconique, symbole de l’hiver à New-York, est plus qu’une simple piste où l’on tourne en rond. En effet, elle accueille sur un pan des entraînements de hockey ou de patin artistique, pour tous les âges. On se laisse rêver à la vue de la Billionaires’ Row, une nouvelle génération de gratte-ciel ultra fins mais dont la hauteur ultra dominante est une autre façon pour les milliardaires d’afficher encore plus leur richesse.
Les patineurs sont choyés par du très bon son. Mieux qu’une playlist musicale, la patinoire Wollman dispose de sa propre radio avec ses jingles qui s’enchaînent proprement et garantissent l’effet féérie de façon constante. La bonne ambiance est au rendez-vous, des chefs de piste sont présents et s’assurent que tout se passe comme sur des roulettes. C’est le moment crépusculaire, un magnifique panachage de couleur s’étire dans le ciel pour rapidement afficher cette carte postale d’un New-York by night où toutes les lumières des tours depuis longtemps désertées restent allumées.
C’est également un lieu où l’on peut se restaurer au Wollman Café où sont servies des boissons chaudes et des snacks. La patinoire Wollman ice rink propose des petits espaces dédiés et privatifs pour différentes occasions. Une bonne raison de chausser les patins et de serpenter sur la glace d’un lieu mythique qui fête aujourd’hui ses 75 ans. Argument ultime, qui m’a fait chausser, pour la première fois depuis le siècle dernier, des patins de location. Alors, à tous les patineurs en partance pour New-York, n’oubliez pas d’emporter vos patins à glace — et votre brosse à dents, bien-sûr !
À quelques encablures de Central Park, sur la 5ème avenue, se trouve la Trump Tower. Sous le premier mandat de Donald Trump, les agents des services secrets y montaient la garde en permanence et les visiteurs devaient passer à travers un portique de sécurité avec des contrôles similaires aux aéroports en raison de la présence très régulière du magnat de l’immobilier qui y séjourne notamment les weekend.
Le Président Trump réside désormais à la Maison Blanche à Washington. Il y a toujours une présence policière aux alentours mais plus de contrôle à l’entrée de la Trump Tower.
Assis au bar du restaurant le « Trump Grill » — où trône un tableau du charismatique père de Donald, Fred Trump — je décide de tester le fameux menu « Prix fixe » à 47 dollars. En entrée, c’est salade César ou soupe du jour.
À ma gauche, au bout du comptoir, Jeff, habillé d’un jean Levi’s et d’un pull rose, double chaîne, dont une avec une croix bien pendante, au look typique étasunien. L’homme a un certain flegme, dont l’intonation de voix charismatique, qui rappellerait un personnage tout droit sorti d’une de ces sitcoms US des années 90. Il semble bien connaître la maison et s’entretient régulièrement avec Luca, la directrice du restaurant.
Arrive une dame avec son bonnet sur la tête, qui s’installe à ses côtés. Elle commande une coupe de Champagne, lui a déjà sa pinte de bière. Ils se regardent, se sourient et ont l’air de se connaître puis commencent à échanger des banalités sur leur début de journée quand soudain, la femme retire son bonnet et enlève son manteau : « enchanté, je suis Lisa, je suis de Californie – Pareillement, Jeff, je suis de Pennsylvanie »
Serait-ce un début de « date » après avoir déjà conversé en ligne ou une conversation codée ? Je tends l’oreille, tout en finissant la soupe minestrone.
Arrive un jeune homme qui demande s’il peut s’asseoir aux côtés de Lisa. Il commande un « Burger Trump » et un Coca-Cola, puis se joint naturellement à leur conversation, comme s’il était un ami de longue date. Le « Burger Trump » est un burger signature dont la sauce est « spéciale » au « fromage américain ». Pas impressionnant du tout. Le garçon plie son déjeuner, paye et s’en va aussitôt.
Il me reste encore trois alternatives : le « black bean burger », version végétarienne avec sauce Chipotle, fromage américain, avocat et pickles d’oignons. Non, merci ! Le « Cajun chicken sandwich », fromage au poivre, bacon, mayonnaise chipotle et avocat. Bof…
Enfin, le « Prime NY Strip steak », une belle pièce de bœuf recouvert de sauce au poivre, saupoudré de persil et accompagné de frites maison. « C’est le plat préféré de Donald Trump » recommande Luca. Pour ce plat, comptez un supplément de 20 $.
Vient la question cruciale de la cuisson : « rare, s’il vous plaît – Saignant ? – Tout à fait ! » lancé-je impressionné
Pendant ce temps, nos deux amis échangeaient sur leurs vies respectives : « j’étais marié, divorcé, contrairement à mes frères et sœurs, je n’ai fait aucune étude mais j’ai toujours su me débrouiller. Et j’ai pris ma retraite anticipée quand j’ai vu que tout le monde autour de moi disparaissait. C’est à ce moment que j’ai pris conscience qu’il était temps de vivre » confesse Jeff à Lisa qui boit ses paroles…
Arrive le fameux plat préféré du Président Trump. Un verre de vin est offert dans le « prix fixe menu », j’opte pour le verre de Showdown, un vin rouge Cabernet sauvignon de Californie. Un étonnant rouge, à la robe puissante, parfaitement construit, qui inspire le soleil à chaque gorgée, laissant de douces notes sucrées en bouche.
Le fondant du « Prime NY Strip Steak », dont la cuisson parfaitement maîtrisée, sa sauce au poivre mêlée à son jus qui donne encore plus de saveur aux frites, faites maison, ponctué de ce surprenant vin californien m’ont plongé dans un moment hors du temps où je savoure chaque bouchée.
« Ce jeune homme a l’air de se régaler » commente Lisa, qui poursuit dans le récit en détail de son curriculum vitæ avec Jeff, tout en m’observant.
« Cette viande me donne l’envie d’en prendre une bouchée, vous me la recommandez ? Relance-t-elle – Absolument, tout est délicieux ! Habituellement, je n’aime pas les frites mais là je me suis délecté de leur fraîcheur et de leur croustillant. – Ça se voit, je vous observe depuis tout à l’heure et nous autres américains nous mangeons trop vite. Je n’ai jamais vu quelqu’un manger avec autant de raffinement et prendre autant son temps. Ça doit être le côté français. Et de poursuivre, enchanté, moi c’est Lisa et voici Jeff, nous venons de nous rencontrer à l’instant. – Votre proximité, vos regards dégagent une harmonie qui laisse à croire que vous vous connaissez depuis de nombreuses années. – Et pourtant… je viens tout juste de le rencontrer : je me suis approchée pour prendre un verre avec ce monsieur, car il m’intriguait. Vous pensez qu’on va finir ensemble ? – Je perçois une complicité qui vous conduira vers une grande amitié, qui mènera naturellement aux grandes amours.
Lisa semble ravie de connaître ma perception, Jeff en rougit et se rapprochant d’elle : « c’est vrai qu’on s’entend bien alors qu’on vient seulement de se rencontrer », lance-t-il tout émoustillé. Ils se regardent et s’embrassent aussitôt. Le spectacle amoureux est aussi beau que spontané.
Le chef a été généreux, j’ai eu deux boules de glace au café. Servies dans ce pot en carton « Trump sweets », je me saisis de la cuillère en plastique et prends une bouchée. Lisa ne perd pas le Nord : « je vais vous commander un steak, comme celui du jeune homme qui me donne envie » annonce-t-elle à Luca. – Il est quinze heures Madame, les cuisines sont fermées. »
Jeff lui propose d’aller manger dans un restaurant qu’il connaît dans le quartier, ce qu’elle accepte. Il paye, elle refuse, elle veut payer, il insiste, elle hausse le ton : « Jeff, stop it ! »
Elle demande à la maîtresse des lieux le livre d’or de Trump puis s’éloigne pour y écrire un mystérieux message.
Elle revient et prend Jeff par le bras : « allons-y ! – Qu’as-tu écrit dans le livre d’or ? – Un message personnellement adressé à Donald Trump. M. Trump lit personnellement tous les messages qui y sont inscrits » précise Luca qui referme soigneusement le livre et le range aussitôt.
Eu regard du grand sourire dessiné sur le visage de Luca, on pourrait très probablement penser que Lisa a pris le soin d’informer le Président Trump qu’il devrait adapter les horaires de son restaurant au rythme New-Yorkais.
À l’heure où plus personne ne prend la délicatesse de s’écrire, à l’heure où les correspondances postales riment avec un autre temps que les moins de vingt ans ne peuvent connaître…
Voici, encore mieux qu’une carte postale, une parenthèse où se conjuguent les sons, les images mêlés à un doux parfum d’été. Au-delà de la performance théâtrale, cette synesthésie des plus intimistes s’intitule « J’avoue » et a réuni, autour de Daniel Latif, un cœur des plus prometteurs, le groupe Confessions. Avec au chant : Selen Karlikaya, Georgie Brown, Zara Asatrian, au piano Jazz Cuti, à la basse Adrien Legleye et Tudi Cariou à la batterie en direct de la plage de Saint-Nazaire.
Laissez-vous embarquer par cette vue imprenable sur l’océan atlantique, une caresse estivale, un rêve à observer et une douceur pour les oreilles orchestré par La Voix et Craig.
Ils s’appellent Scooby-Doo, Milou, Rex ou Lassie et dans l’imaginaire du XXème siècle, ils étaient les vedettes du petit écran. Aujourd’hui, la fiction dépasse la réalité, le chien n’est plus un animal de compagnie, il est devenu un membre à part entière de la famille. Sur le carnet du vétérinaire, ils s’appellent Frankie, Robert ou encore Monsieur Philibert mais dans la rue, au quotidien, leurs « papa et maman » les surnomment volontiers « mon bébé », « ma fille ».
Ils défraient la chronique à travers le monde. Notamment, lorsque Lady Gaga promet 500 000 dollars de récompense pour retrouver Koji et Gustav, ses deux bouledogues français kidnappés lors d’une balade. Ou encore, Commander, le berger allemand du président Joe Biden qui s’en est pris à de nombreuses reprises au personnel de la Maison Blanche et aux membres des services secrets.
L’idée d’un tel ouvrage est venue à l’esprit d’Helder Vinagre « lors d’un séjour à Deauville où énormément de personnes se baladent paradant avec leur petit chien dans des sacs parfois de grandes marques ». Les instants d’après, il remarque un autre chien confortablement assis dans une poussette alors que l’enfant essaie de marcher péniblement. Frappé par cette scène, Helder Vinagre se remémore ces nombreux clichés, pris lors de ses balades avec le collectif Regards parisiens, qui foisonnent dans ses archives et qui interpellent sur « la place de l’enfant et de l’animal dans la famille ».
Assiste-t-on à la fin de la période de l’enfant roi au profit d’une nouvelle ère où le chien serait le roi ?
Une série de photographies des plus originales qui reflète les mœurs de notre société. Car, de nos jours, on donnerait tout pour le toutou. En effet, tant d’années après les avoir personnifiés, le rapport des forces a basculé.
Insatisfaits de réclamer perpétuellement l’attention de leurs maîtres, les chiens ont quitté l’habit de seconds rôles pour devenir le centre de l’attraction. Une déification qui pousse l’humain à leur ouvrir même des pages Instagram pour suivre et aimer leur moindres faits et gestes de leurs vies de chiens.
À travers ce beau livre, les scènes de notre quotidien, habilement capturées par Helder Vinagre, suscitent de nombreux questionnements et ouvrent le champ des hypothèses. Est-ce — vraiment — l’homme qui promène son chien ? Qui est réellement au centre de la photo ? La relation entre le maître et son compagnon animal serait-elle le fruit d’une construction dans un imaginaire collectif à travers les médias ?
Les sujets, ici, incarnent une dualité inséparable. Celle de l’animal et de son maître ou l’inverse ? Qui promène qui ? Qui dirige la balade ?
Plus qu’une œuvre qui s’inscrirait dans la tradition d’observation Balzacienne, il s’agit d’une anthologie qui pose les bases d’une expérimentation scientifique qui vient corroborer la posture et le regard du médecin qu’est le Docteur Helder Vinagre — qui sans le savoir a lancé les prémices d’une réflexion socio-culturelle.
Parentalités est non seulement l’illustration éblouissante d’une mise en abîme photographique et d’une observation sociologique du monde dans lequel on vit, mais également une invitation au lecteur à s’interroger sur l’évolution de la place du compagnon animal et à se forger sa propre opinion.
De surcroît, il s’agit du parachèvement d’une exposition qui a eu lieu à la maison de la culture d’Avintes au Portugal en février 2024 qui a suscité beaucoup d’intérêt à la fois sociologique, philosophique et même éthologique auprès du public. Laissez-vous guider, le temps d’une déambulation, dans un enchevêtrement d’observations complexes mais délicates où Helder Vinagre s’affranchit du simple cadre de photographe et se pose a fortiori comme photojournaliste.
Il est une attitude qui manque cruellement à notre décennie. Une délicatesse que l’on retrouve chez les pianistes qui, d’une main de maître, effleurent les touches d’un piano. Un geste que les peintres exécutent lorsqu’ils brossent des figures à travers une toile. Une caresse perceptible dans le cinéma d’antan et sa poétique des plus romantiques.
Aujourd’hui, cet inframince ne se perçoit guère dans notre quotidien et encore moins dans les grandes villes comme Paris, où le foisonnement et l’agitation annihilent cette légèreté tant recherchée.
Il faut avoir du cœur et a fortiori une remarquable sensibilité pour arriver à prendre du recul, puis à prendre le temps de percevoir, dans un Paris aussi foisonnant, ces petits gestes emplis de charme et d’affection.
Il en faut de l’insouciance de nos jours pour faire un tel ouvrage. Car ceci n’est pas un simple livre de photos. Il s’agit d’une invitation au lecteur — qu’il soit parisien, voyageur, ancré, de passage — à redécouvrir cette sensation d’émerveillement, de surprise, par l’intermédiaire du regard de Laurent Dufour sur sa ville de naissance : Paris.
Mieux qu’un commun recueil de photographies de rues, il s’agit d’un ouvrage prodigieux invitant à l’observation et la méditation autour du monde dans lequel on vit grâce à une mise en abyme en toute subtilité.
À la recherche de cette légèreté perdue, faite d’instants suspendus de douceur ou de vie, il parcourt depuis les années 2000, la ville lumière dont il n’éprouve aucune lassitude. Tel Balzac, il dépeint ce foisonnement d’humains au quotidien, qu’il observe à partir de son Petit observatoire de la vie parisienne. Sans le savoir, et tel un scientifique, il en a compilé un Petit carnet d’une vie parisienne. Toujours dans une envie de nous faire plonger dans la vraie capitale et de nous en montrer les Coulisses. Ce piéton à Paris n’en est pas à son premier coup d’essai et signe ici une œuvre des plus nobles, consistant à faire vivre ces photographies sur du papier et à en faire renaître la sensualité originelle.
À travers ce florilège de photographies prises spontanément, Laurent Dufour invite à partager un Paris pittoresque avec cette insouciance retrouvée, fruit d’une observation hebdomadaire pendant ses balades avec le collectif Regards parisiens.
Un Paris authentique, cinématographique parfois nostalgique que Laurent Dufour a suspendu avec délicatesse et immortalisé sur film avec son emblématique Hasselblad 500 C/M ou l’un de ses nombreux appareils photos.
Des parisiens in situ qui défilent dans un décor sublimé, des rêveurs assis dans un jardin, déambulant à travers l’emblématique capitale mondiale, affairés sur leurs téléphones portables, assis à la terrasse d’un café ou tout simplement en train de lire sur un banc… Un théâtre émouvant qui fait jeter un autre regard sur ce et ceux qui nous entourent, que l’on peine parfois à imaginer ainsi, avec autant de douceur et de bienveillance Le photographe a su capter des perspectives surprenantes, des instants parfois insolites, un point de vue frappant ou un panachage de couleurs et lumières éblouissantes que le spectateur parisien s’amusera à découvrir ou redécouvrir au fil des pages, non moins que l’étranger qui rêve ou ne rêve pas encore de notre capitale. Un beau livre qui permettra aussi, sans doute, aux historiens des temps futurs de s’immerger dans le Paris de ce début de siècle, d’en retrouver l’ambiance, de frôler du regard les hommes et les femmes ordinaires qui y ont vécu.
Laissez-vous donc guider à travers le regard affectueux mais des plus sincères de Laurent Dufour, qui a forgé ces cartes postales d’un temps en alliant harmonieusement le photojournalisme et la photographie romantique mais non moins historique.
On a tous connu un ami qui avait une Bang & Olufsen. BO, pour les intimes, est une marque d’équipement audiovisuels haut de gamme créée en 1925 par deux danois : Peter Bang et Svend Olufsen. Mon premier contact avec une B&O, c’était chez ma grand-mère à Svendborg, au Danemark, avec cette télévision installée sur un pied motorisé qui tournait vers vous lorsqu’on l’allumait avec l’impressionnante télécommande en aluminium, et qui s’éteignait en douceur avec une extinction façon rideau de théâtre. Elle s’intégrait à merveille dans le salon.
Ce qui m’a toujours fasciné chez B&O c’est leur design épuré épousant avec harmonie les architectures et design intérieurs danois.
Presque cent ans après, la référence hifi danoise est toujours en avance sur son temps et veut lancer une nouvelle ère du développement durable. « On veut créer de l’attachement à nos produits en utilisant des matériaux nobles comme du bois solide et de l’aluminium » explique Mads Kogsgaard Hansen, chargé de la Circularité chez B&O.
La « circularité » est un thème cher à la marque danoise, qui veut importer une nouvelle philosophie inspirée du Cradle to Cradle. Selon cette institution, il ne s’agit pas de blâmer l’activité humaine mais de suggérer de privilégier les énergies renouvelables et de tout utiliser comme ressource afin de faire disparaître la notion de déchet.
Éviter de faire des produits à l’obsolescence programmée
Qu’est-ce qui fait le prestige d’une marque ? La qualité des finitions, la belle facture mais surtout sa capacité à traverser plusieurs dizaines d’années. C’est pourquoi Bang&Olufsen veut s’inscrire dans une démarche de circularité et longévité plutôt que d’utiliser le fameux terme pédant— utilisé à tort et à travers — sustainability.
« On travaille avec la modularité de nos produits, argumente Mads Kogsgaard Hansen, pour permettre de remplacer des parties séparément grâce à des vis ». Ainsi, l’on peut aisément accéder à la batterie pour la changer, y compris changer la carte mère ou ajouter de la mémoire « car la technologie peut évoluer rapidement ». De cette façon, on évite d’avoir un produit dont la durée est dictée par sa batterie.
La « customisation technique mais aussi cosmétique » est pour l’ingénieur danois la clé pour assurer la longévité d’un produit : c’est ce à quoi s’attache particulièrement la marque Bang & Olufsen, qui cherche à créer des design hors du temps qui ne vieilliront pas et connaîtront plusieurs vies.
Et pour joindre le geste à la parole, Mads Kogsgaard Hansen nous a invité le temps d’un atelier pratique à prendre des tournevis pour remplacer la carte mère d’une enceinte Beosound Level, changer la batterie et en profiter pour la customiser avec un petit défi : recréer l’enceinte de demain.
Après une petite observation des différents produits et de l’univers B&O, j’avoue qu’il manquait une petite touche pour couronner le prestige et l’originalité Bang&Olufsen. Alors, à défaut de pouvoir y apposer un petit drapeau du Danemark, j’ai essayé de faire une enceinte raccord aux couleurs du célèbre Dannebrog.
Paris, Gare du Nord, 9h10. Le panneau de départ des grandes lignes indique un « TRAIN SPÉCIAL » association MFPN, à l’heure à la voie 18.
Il s’agit d’un train touristique affrété par l’association Matériel ferroviaire patrimoine national. Ce matin, c’est Mateo Derosais, habituellement conducteur de train à Paris Saint-Lazare, qui prend les commandes d’une locomotive à la disposition singulière. Il s’agit d’une locomotive diesel, monocabine qui a passé sa carrière à faire du transport de marchandise. Un petit détail attire l’œil du connaisseur : la mention « Dijon – Périgny », son technicentre d’attache, où elle était régulièrement entretenue.
Cette locomotive immatriculée BB69432 va tracter des voitures inox des années 60 et voiture vertes, type OCEM, des années 30, embarquant 366 passagers : direction Le Tréport.
Stéphanie, une vacancière ou « touriste du samedi » comme elle aime se présenter, adore embarquer en train car « le train, c’est le voyage ». Et celui-là, ce n’est pas n’importe quel train car ici « pas de QR code à scanner pour ouvrir les affreux portiques. Et en plus, personne ne râle ! » observe-t-elle. Un train où tout le monde est tout sourire, on comprend pourquoi il porte la mention de « train spécial ».
Son programme, comme pour d’autres n’est pas encore établi. Il s’agit avant tout d’aller au Tréport, ville qu’elle n’a encore jamais visitée.
A bord des voitures Inox datant des années 70, c’est un voyage dans le temps et un dépaysement complet. Les sièges ont le standing et le confort d’une banquette, les fenêtres s’ouvrent grand et il y a même un contrôleur en uniforme d’antan et montre à gousset.
A bord de la cabine, le conducteur est assis en position arrière, derrière le long museau de la locomotive. Mateo se réjouit de piloter « un train vivant, qui fait du bruit. Plus contraignant à conduire, car il y a plusieurs choses à surveiller et il faut être à l’écoute de la machine ».
Surveillant les arrières du convoi, pour vérifier que tout se passe bien, il suit scrupuleusement son plan de route sur son iPad avec les conseils bienveillants de Didier Hanot, ancien conducteur, qui officie comme copilote. Nostalgique, il a même ramené son fascicule horaire de 2005 : « À l’époque, on n’avait pas de tablette, on dessinait notre étude de ligne et toutes ses spécificités ».
Le paysage se profile le long des rails, l’on s’échappe de Paris et les stations défilent. On réussit à lire furtivement le nom de l’arrêt : Stade de France.
« On est à l’heure ? » demande Mateo à Jean-Emmanuel, cadre transport chez SNCF qui lui rétorque : « Oui, on a même de l’avance ! », tout en scrutant sa tablette.
Les différentes topographies évoluent et se dessinent pendant notre trajet. Les passages à niveau s’enchaînent. Quelques voitures nous gratifient de klaxons en guise de salutation. Des passionnés attendent le long des quais, téléphone en main pour immortaliser notre passage. Des enfants hypnotisés par notre train à l’approche d’un pont commencent à agiter les bras. Le conducteur les salue en sifflant : « TCHIIII TCHHOUUU ! », les voilà aussitôt transportés.
Nous traversons Beauvais. On reconnaît d’ailleurs cette odeur âcre, caractéristique émanant de l’usine Spontex.
La voie devient unique, le ballast s’efface peu à peu au profit d’une végétation. Il paraît que la SNCF n’a plus le droit d’enlever ces pans de verdure, au détriment de la sécurité et de la circulation des trains.
La vue sur l’horizon est dégagée de tout poteau électrique, les chemins de vers serpentent. L’occasion d’admirer les voitures à l’arrière qui épousent la courbe dont cette intrigante voiture postale qui « était accrochée aux trains de voyageurs et servait au tri postal « ambulant » à bord des trains. Pendant les arrêts, les agents de la Poste (PTT) chargeaient et livraient des sacs de courrier et les triaient en roulant » explique Florian, passionné de train et bénévole à l’association MFPN.
Il y a de surcroît cette voiture verte, bien antérieure à la SNCF, datant de 1930, autrefois nommée la PLM, Paris Lyon Méditerranée.
12h10. Notre train arrive en gare du Tréport avec un incroyable comité d’accueil en tête de quai. Agents SNCF, chef de gare, voyageurs ou simples curieux nous accueillent tels des passagers venant d’un périple d’un autre siècle.
Parmi les passagers, nombreux viennent souffler des félicitations aux conducteurs, leur transmettre leur bonheur vécu lors du trajet. Une dame accourt et s’exclame : « il est beau votre train, je peux regarder à l’intérieur ? Je me souviens très bien, pour embarquer c’était pas facile », commente-t-elle sous les yeux ébahis de son mari. Quelques instant plus tard, elle apparait à la fenêtre, s’adressant à son époux : « c’est chouette ! Oh, c’est marrant de retrouver ça… » puis se tournant vers les bénévoles de l’association MFPN, « vous devez être fiers, quand même !? ». Les passionnés, qui ont œuvré depuis des mois avec tout leur cœur, peinent à dissimuler leur joie devant un tel enthousiasme.
Six heures d’arrêt pendant lesquels les 366 passagers vont pouvoir profiter de la mer. Pendant ce temps, les bénévoles s’affairent à ravitailler la voiture bar restauration, à nettoyer les wagons, les fenêtres, de fond en comble pour que le train soit pimpant pour le retour. Ensuite, il faudra manœuvrer la loco pour la placer en queue de train et repartir à Paris.
18h40. Notre train repart direction Paris Gare du Nord. Nous retrouvons Stéphanie, qui a eu le temps de visiter Le Tréport et de se balader à Mers. « J’ai assisté à un mariage, je suis allé voir la Vierge et j’ai aperçu une soucoupe volante » affirme-t-elle tout en montrant des clichés sur son téléphone.
Une escapade des plus improbables et une expérience des plus fluides pour cette voyageuse qui apprécie de pouvoir être « assise à la même place qu’à l’aller » . Ce qui lui permet de remarquer que ses voisins sont nettement plus zen.
Le prochain train affrété par l’association MFPN partira le 16 décembre, le train spécial Père Noël Express en direction d’Amiens.
« Tu t’es remis à l’argentique ? » telle est l’interrogation à laquelle j’ai droit lorsque l’on aperçoit mon appareil Nikon ZFC. Car la ressemblance avec le Nikon FA, FE et surtout le FM2, l’iconique réflex argentique des années 1980 est frappante. À la différence que le mien est entièrement hybride. Ce qui signifie qu’il n’y a pas besoin de pellicule mais juste d’une carte SD.
Comme pour un film, le choix de la carte reste primordial car le ZFC fait des photos et des vidéos de très haute qualité, c’est pourquoi j’ai opté pour une carte Lexar Professional 800x SDHC™/SDXC™ UHS-I BLUE Series, qui, au-delà de sa capacité de stockage des plus notoires de 256 Go, est étanche à l’eau, résistante aux chocs, températures, vibrations et rayons X. Un détail à ne pas du tout négliger, au risque de perdre l’essence même de votre travail. Un support des plus robustes — garanti 10 ans — mais surtout une carte dont la technologie permet une capture des images et un transfert des fichiers à très haute vitesse.
De surcroît, le Nikon ZFC existe en plusieurs coloris noir, gris, turquoise, noisette, anthracite, bordeaux, bleu minéral, vert olive et même moutarde puis en ambre, blanc, beige. Avec toutes ces combinaisons, il sera difficile de croiser quelqu’un avec la même couleur de boîtier. J’avoue, je le voulais en rose, mais il n’y en avait plus…
Mais il faut reconnaître qu’au-delà de son esthétique rétro qui bluffe les plus connaisseurs, il est en parfait raccord avec ma veste verte.
Certes, le ZFC n’est pas doté d’un capteur plein format, mais il permet de faire des photos et vidéos en Full HD et 4K, ce qui est largement suffisant. Il faudra retenir qu’un objectif 50 mm aura l’effet d’un 75 mm une fois monté dessus.
En photographe puriste, je préfère mon 35 mm. Léger et ultra-résistant, capable de capturer un moment, un lieu ou un sujet. Et ça tombe bien car grâce à la bague FTZ, le Nikon ZFC est compatible avec mon ancien objectif 35 mm DX.
Qui dit appareil à l’ancienne, dit une autre prise en main du boîtier, ce qui invite à une nouvelle approche photographique et a fortiori à essayer de nouveaux angles photos. Cela n’enlève en rien son aspect simple et pratique, notamment son poids qui est un atout notoire au quotidien.
INDISPENSABLE POUR UN VOYAGE SOLITAIRE
Autre atout que j’ai pu constater lors de mes déplacements en France ou à l’étranger, c’est qu’il brise aussitôt la glace grâce à son look. « J’adore ton appareil », « belle couleur », « c’est une customisation ? » ou encore « mon grand-père avait le même », me gratifie-t-on régulièrement lors de mes promenades.
Son apparence similaire au Nikon argentique dans sa version on ne peut plus rétro lui confère une bienveillance et incarne dans l’imaginaire des passants l’image toujours enthousiaste du reporter d’antan, un journaliste certes, mais « un journaliste du bon côté », honnête et non un vulgaire photographe. Un look qui intimide moins les sujets et passe beaucoup plus incognito quand vous l’utilisez en public.
Son écran numérique peut se retourner, pour tous les adeptes du selfie. Moi, je trouve ça pratique pour le protéger pendant les déplacements.
Les réglages de vitesse d’obturation, de la sensibilité des ISO peuvent se faire grâce aux molettes en aluminium comme sur un appareil photo Nikon d’antan — ce qui est assez pratique quand on porte des gants.
Un autre aspect, quelque peu trivial, mais qui est toutefois remarquable : le bruit du déclencheur. De quoi compenser son côté entièrement numérique et donner l’illusion de l’argentique tout en invitant à la réflexion avant de déclencher.
Ses matériaux et sa couleur, et l’usage que j’en fais quotidiennement me rappellent ces carnets précieux que l’on emporte partout avec soi pour y consigner des souvenirs. Ici, la noblesse de l’apparence du ZFC égale celle d’un Moleskine sur lequel on capture plus que de simples clichés, des témoins d’une époque vus et croqués par un boîtier nostalgique.
Daniel Latif Illustration : Juliette Chivard Photos : DL – Portrait de Dan par Laurent Dufour /DR
« Ça y est, c’est fini le BlackBerry ? » me disent mes sujets habitués du quartier quand je souhaite faire un nouveau portrait avec mon Nikon Z6.
Il faut avouer que le cheminement vers cet appareil photo de nouvelle génération n’a pas été simple. Passer d’un smartphone qui tient dans la poche à un boîtier avec un imposant objectif nécessite une préparation particulière.
Cela faisait quelque temps que j’observais chez mes confrères photographes un engouement pour les appareils photo hybrides. Mon premier réflexe a été aussitôt d’affirmer mon scepticisme emprunt d’un soupçon de snobisme vis-à-vis de cette nouvelle génération d’appareil photo sans miroir. Ce n’est qu’après en avoir discuté avec mon ami photographe Cunione, que j’ai décidé de me laisser tenter par le Nikon Z6.
Tout a réellement commencé avec le Nikon d780 qui a radicalement changé mon approche de la photographie. Celui-ci m’a permis d’explorer de nouveaux champs et de repenser autrement l’art de la photo.
« Ça y est, on se professionnalise » m’a lancé Laurent Dufour, photographe aguerri qui œuvre au sein du collectif Regards parisiens. En effet, j’ai été étonné, même sidéré lorsque j’ai pris en main le Nikon Z6 et que j’ai pointé son impressionnant objectif NIKKOR Z 50 mm f/ 1.2 S.
Bluffant même en faible luminosité
Ce qui change concrètement, c’est le confort d’utilisation. Petite taille et poids quasi similaire à un reflex, c’est un véritable atout de stabilité. Sa capacité d’ouverture permet notamment de capturer un sujet y compris dans des conditions de très faible luminosité, le résultat est tout simplement bluffant !
Au-delà des simples clichés, le Nikon Z6 s’illustre notoirement lorsqu’il s’agit de faire de la vidéo ultra haute définition en 4K. De plus, n’étant plus bridé par la mécanique, l’on peut monter à 1/8000 ce qui permet d’avoir des rafales plus importantes. Mais aussi, le Z6 est beaucoup plus réactif qu’un reflex au niveau de l’autofocus, il réagit avec une vitesse et une précision impressionnante et surtout il détecte les visages. Enfin, grâce à l’adaptateur FTZ le passage à l’hybride ne nécessite pas de changer toutes ses optiques.
L’utilisation de cet appareil a réveillé en moi une sensation particulière, une madeleine de Proust qui me pousse à être reporter-photographe depuis mon enfance. Encore plus bouleversante que celle où j’avais repris un appareil argentique !
« Le portrait façon New York Times »
L’expérience est différente pour moi et aussi pour mes sujets qui sont davantage intimidés de se faire photographier avec un vrai appareil photo qu’avec un téléphone portable. Ma relation avec mes sujets a-t-elle changé ? M’offrent-ils la même pose, sont-ils aussi naturels et authentiques que face à mon petit BlackBerry ? Ai-je encore besoin qu’ils me regardent ? Je sens que mon champ de vision s’élargit et je suis excité par les possibilités qui s’offrent à moi.
« Le portrait façon New York Times, c’est acquis !Grâce à cet appareil, tu commences à prendre d’autres photos très intéressantes impossible à faire avec ton BlackBerry. Tu captes de nouvelles images où la scène prend une autre dimension, où le sujet peut être capté sans regarder l’objectif dans un environnement plus riche. Tu peux regarder autrement et aussi te sentir plus libre sans attendre que des regards croisent ton objectif » analyse Véronique Naly, collectionneuse de photos.
C’est en discutant avec mon ami photographe Cunione qu’il me lança le défi de faire mes portraits avec un appareil photo numérique plus qualitatif et surtout de meilleure résolution que mon BlackBerry. Effectivement, il y a une autre approche dans l’exécution d’une photographie avec un reflex plutôt qu’un smartphone. C’est moins discret et la vision d’un objectif braqué sur soi entraîne plus facilement des réticences. L’exercice est plus difficile et bouscule mes habitudes mais j’accepte le challenge.
Alors je me suis naturellement orienté vers un appareil Nikon car leur univers m’a toujours été familier ; il m’est également arrivé d’utiliser régulièrement dans mes reportages un Nikon D70 puis un D700. Leur usage était par pur intérêt pragmatique. En effet, la photographie n’avait pas encore éveillé en moi d’élan poétique.
Histoire de me roder avec le tout nouveau D780 de Nikon, je retrouve des photographes chevronnés et passionnés que j’avais déjà suivis auparavant. L’occasion parfaite pour explorer Paris avec un nouveau regard, capturer la vie parisienne sous un autre angle avec ce tout nouveau boîtier Nikon.
Le Nikon D780 est capable de prendre jusqu’à 12 images par seconde en rafale et également de faire de la vidéo en 4K. Des performances qui nécessitent une carte mémoire puissante mais robuste. Ayant eu quelques mauvaises surprises auparavant, j’ai opté pour une carte SD de nouvelle génération, la Lexar SD 1066x SDXC, qui en plus d’être capable de capturer rapidement, permet d’afficher et parcourir des photos de très haute qualité sans ralentir ou peiner. Autre argument notoire : sa capacité de stockage 128 Go, allant même jusqu’à 512 Go. À l’image du boîtier qui est tropicalisé, la Lexar SD1066x résiste à l’eau, aux chocs, vibrations et rayons X. Un élément primordial pour conserver l’essence même du travail d’un photographe et travailler en toute sérénité.
Pérégrinations au cœur de Paris
Les samedis se suivent et ne se ressemblent pas. Pourtant, cela fait dix ans que les photographes du collectif Regards Parisiensse réunissent hebdomadairement et poursuivent la même routine : déambuler à travers la capitale pour capter ces regards et instants de vie du quotidien.
Même après la crise sanitaire de 2020, nos artistes parcourent toujours la ville lumière armés de leurs boîtiers photo mais avancent désormais masqués comme des bandits, à l’instar des passants qu’ils essaient tant bien que mal de capturer à travers des clichés.
« Museler la personnalité ou souligner le regard ? ». Au-delà de se limiter à une dualité grossière, cette problématique — relative au port du masque et son impact dans la perception de la photographie — constituerait à elle-même un remarquable sujet de thèse.
Le masque est, certes, un élément devenu trivial de notre quotidien. Toutefois, il ajoute une toute nouvelle contrainte dans l’exécution de l’œuvre photographique. Comme s’en lamente Daniel Girard, photographe amateur depuis 1970, qui regrette le temps où les passants n’avaient pas cette allure fantomatique.
« Cela déshumanise un peu les photos, reconnaît Emma Radenac, photographe au sein du collectif Regards Parisiens, qui affectionne les portraits de rue très serrés. On a du mal à photographier autre chose que des masques et des portables mais il faut saisir le masque car c’est un marqueur temporel qui a toute sa place dans nos photos. C’est le témoin d’une époque que nous traversons » philosophe-t-elle.
Le masque a cet atout paradoxal de souligner certaines expressions, notamment du regard. Parfois, ces yeux envoûtants peuvent disparaître aussitôt une fois le masque enlevé. « Même sibeaucoup d’émotions passent par les yeux, il manque le sourire. Elle se remémore, « avant, on avait le droit à des photos d’amoureux, de longs baisers langoureux ! Là, ça devient très rare » soupire Emma Radenac. Pourtant c’est si beau l’amour.
Pour Laurent Dufour, adepte de photo argentique avec son authentique Hasselblad 500 CM « cela ne change absolument pas leur regard ». Spécialiste de la photo de rue notamment à Paris, il dresse un portrait cinglant du parisien qui « n’est pas connu pour être sympathique en général. Peu souriant, souvent ronchon, râlant pour un oui ou pour un non ». Pourtant, ce jour de janvier, les flocons de neige qui ont recouvert Paris d’un joli manteau blanc, ont adouci le mauvais caractère du parisien qui se prêtait volontiers au jeu en tombant spontanément le masque, le temps du cliché.
Immersion dans les nouveaux quartiers de Paris
Le soir, couvre-feu oblige, la capitale se plonge dans un silence des plus angoissants rappelant des airs du premier confinement. C’est le moment idyllique pour arpenter les rues de Paris afin de capter les architectures et des perspectives et ainsi tester le Nikon D780 en basses lumières — exercice auquel je ne pouvais me prêter avec un téléphone.
Engouffrons-nous dans cette nouvelle rue dans le 17ème arrondissement au nom imprononçable et dont la prolongation mène au nouveau Tribunal de Paris. Un tout nouveau pan de quartier disgracieux, entièrement bétonné, une architecture au goût douteux, un horizon de tours d’immeubles aux façades végétalisées — ornées de plantes déjà fanées dont la plupart des feuilles sont tombées ou moisies.
Le lendemain, en repassant par ce quartier aux prémices de La Défense, j’aperçois un taxi New-Yorkais. Ce fameux yellow cab utilisé pour le tournage d’un film attire immédiatement mon œil. Une équipe empêche les accès aux voitures et piétons y compris à ce livreur à scooter qui insiste pour passer : « attendez, on est en train de tourner un film qui se passe à New-York, vous ne pouvez pas être dans le plan ».
Foison de constructions qui ont déjà mal vieilli, rappelant les modélisations 3D, où règne l’ambiance glauque d’un Resident Evil 3, orné de fausses façades en trompe l’œil comme dans Driver. Visiblement, au-delà de nous replonger dans ces jeux-vidéo sur la PlayStation d’antan, ce décor fantomatique a le mérite d’inspirer des réalisateurs et leur épargner un tournage outre-Atlantique.
La balade s’achève, j’envoie les premiers portraits à Cunione. Il jette un coup d’œil sur son portable rapidement et lance : « Elles sont très bien tes photos ! C’est lassant de voir tous ces masques. Déjà qu’on les voit dans la vie de tous les jours… » argumente-t-il. Outre le fait d’occulter toute une partie du visage et de lui rappeler a fortiori la crise sanitaire, cela ne l’empêche pas de percevoir le fameux « sourire parisien », son expression favorite pour parler du « parisien qui tire la tronche ». Après une inspection minutieuse et quelques observations, le verdict tombe dans la soirée : « oublie ton BlackBerry ! ».