Voici ma liste…

C’est en lisant Le grand livre des Listes, d’Arnaud Demanche et Stéphane Rose, deux des présentateurs des Gérard, paru chez Michalon, que j’ai décidé de prendre de bonnes résolutions. Leur ouvrage matérialiste est des plus édifiants, parfois quelque peu surréaliste mais ses auteurs restent malgré tout spiritualistes.

Comme la nouvelle année approche à grands pas, j’ai déjà pris la bonne résolution d’écrire ma liste au Père Noël. En effet, ma motivation et mon impatience ne pouvaient attendre Noël 2013 alors j’ai préféré commencer dès maintenant !
Cette wishlist vous sera certainement plus utile que ma liste de courses, mais a fortiori pas moins chère… D’ailleurs, vous arrive-t-il encore de faire votre liste de courses ? Vous savez, celle qu’on prend le temps d’élaborer des heures durant, pour se rendre compte, une fois arrivé au supermarché, qu’on l’a oubliée !

Inutile de préciser que j’ai été sage cette année, je le suis toujours. De même que cela fait de nombreuses années que je n’ai pas adressé de liste au Père Noël, je me suis permis d’en faire une exhaustive. Je n’en abuserai point trop, je ne voudrais pas non plus qu’il me blackliste.

Pour Noël :

J’aimerais être sur toutes les listes des boîtes de nuit les plus branchées de la capitale et des soirées mondaines. A contrario, quand il s’agit d’une newsletter ou cette énième Mailing List — ô combien indésirable — je ne veux point figurer dans la liste des destinataires.
Je voudrais aussi ne pas être sur liste d’attente lorsque je serai amené à commander ma Ferrari F12 Berlinetta.
Je rêverais de posséder un annuaire téléphonique avec tous les abonnés sur liste rouge.
Je désirerais recevoir un carton entier avec toutes les nouveautés musicales pour renouveler ma playlist.
Enfin, je souhaiterais connaître la liste des ingrédients utilisés pour mijoter la fameuse sauce du Relais de l’Entrecôte et ceux de la recette du Coca-cola, mais pour cette dernière, il s’agit juste d’une simple curiosité.

Oui, je sais, la liste est longue…

On peut toujours rêver ? Vous pensez que je dois aller voir un spécialiste ? Ne soyez pas fatalistes, je suis juste fractaliste.

Daniel Latif
Illustration : Camille Gaudefroy

Suivez le nouveau guide

Le chanteur Madjao dans sa chanson Douce France s’interrogeait : “Les paysages de mon enfance, où sont-ils passés ? Douce France… L’industrie et les finances, les ont effacées”. Et il s’alarme à juste titre. Que serait une ville sans espace vert ? Les parcs et jardins sont des havres de paix essentiels pour échapper au fracas et tumulte du quotidien. Ces derniers précieux espaces encore préservés de la frénésie des groupes de Bâtiment travaux public qui déshumanisent et bétonnent à tout va. Fort heureusement, il y a encore des passionnés qui prennent soin et mettent en valeur ces espaces verdoyants. Ces artistes de l’ombre arrivent à ériger ces paysages au rang de patrimoine.

Et si l’on répertoriait ces petits coins de paradis comme l’on recense les meilleurs hôtels et tables ? Il ne s’agit pas d’établir un absurde classement inique mais plutôt d’effectuer une sélection dont la vocation serait simplement de guider. C’est bien évidemment dans ce sens, à la manière du fameux Guide Michelin, que Philippe Orain, Directeur de la collection des guides patrimoine chez Michelin, et son équipe éditoriale se sont attachés à élaborer ce Guide des Parcs et Jardins de France. Plusieurs paramètres ont été pris en compte pour constituer l’ouvrage, notamment le ressenti de la première impression, la notoriété, la présence de labels, la beauté et l’esthétique, l’agrément de la visite mais également les courriers des visiteurs et lecteurs des Guides Michelin.
Jean de La Bruyère avait ce critère — auquel j’adhère particulièrement et qui reste encore convenable aujourd’hui : la propriété d’un superbe édifice réside dans un tracé de “vastes et de délicieux jardins, dont l’enchantement soit tel qu’ils ne paraissent pas faits de la main des hommes”.

Au total, 207 jardins sont classés en six catégories : botanique/exotique, paysager, contemporain, régulier, de cottage et utilitaire. Sur ces derniers, trois sont classés 3 étoiles : le Parc du Château de Versailles, le Parc du Château de Vaux le Vicomte et les jardins du Château de Villandry.

Attardons-nous sur mon coup de cœur de l’année : le Château de Versailles, classé comme jardin utilitaire en raison de ses vergers et du Potager du Roi. Lieu de prédilection de Nicolas Guérin, spécialiste de l’Ancien Régime, il avoue ne pas se lasser de revivre les grandes ballades de Cour : “déambuler entre les arbres, ramasser un ou deux citrons par terre, prendre les allées secondaires, visiter les bosquets puis contempler les perspectives, admirer la puissance du Château qui contraste avec la légèreté des arrangements végétaux”. Pour lui, ce jardin royal est unique et reste difficile à saisir à cause de sa taille qui dépasse l’échelle humaine. C’est pour cela qu’il recommande de consacrer une journée entière pour prendre le temps de vivre chaque lieu, de préférence en semaine et hors saison car “à ce moment, le parc offre une dimension beaucoup plus poétique, personnelle et en plus il y a moins de monde”.

Une nouvelle référence de tourisme dédié aux plus beaux parcs et jardins de France vient agrandir la famille des Guides Michelin. Des pneumatiques, élément des plus importants si l’on veut partir en vadrouille, à une sélection des meilleures tables et chambres d’hôtes avec le fameux Guide Rouge, mais également un choix d’itinéraires pour découvrir les régions avec le Guide Vert. Bibendum n’a de cesse d’inviter au voyage.

Daniel Latif

La clef joue sa dernière carte

Lors de mon périple, pendant le Mondial de l’Automobile, il faut reconnaître que longer de nombreux véhicules, les admirer, pouvoir éventuellement s’asseoir à bord mais ne pas pouvoir conduire les autos présentées est quelque peu frustrant ! A l’évidence, il est totalement vain d’espérer se voir remettre la clef d’un modèle sur un stand. La clef de voiture en aura vu de toutes les couleurs ! Même si elle se fait rare sur les nouveaux modèles. De toutes les formes, des plus charismatiques aux plus disgracieuses… Hélas, elle tend à se dématérialiser. Le bon vieux temps où l’on avait encore cette clef — que l’on insérait à gauche pour les “Porschistes” — et où l’on mettait le contact. Une clef rétractable qui se déployait, grâce à une simple pression sur un bouton en argent, à la façon d’un cran d’arrêt. Cette clef était au passionné ce qu’est la baguette du chef d’orchestre.

Les constructeurs, à travers leurs publicités notamment, essaient d’imposer de nouvelles visions erronées sur l’usage quotidien d’une auto. Vantant notamment les atouts de la clef “mains libres”. Ford, dans son dernier spot publicitaire de la Fiesta affirme que : “les clés disparaissent sans cesse, jouent toujours à cache-cache et gagnent tout le temps. Oui c’est vrai. Une fois la nuit tombée, les vilaines petites clés s’animent à la façon de Toy Story pour nous jouer des tours… Mais avec son système sans clé keyfree, tout ce qu’il faut savoir c’est qu’elles sont là… quelque part”. Au final, on s’aperçoit que la clé mains libres se trouve dans un petit sac posé, nonchalamment sur le siège passager, par une blonde en proie aux maux de notre temps : un manque de patience et une flémingite aiguë chronique. Encore faut-il espérer que ces têtes en l’air puissent retrouver leur sac qui doit se trouver là… quelque part ! Dans la maison ou dans la buanderie. Face à tant de billevesées, je propose à tous ces étourdis d’adopter un tour de cou, comme ça ils auront toujours leur clé quelque part…

Étonnamment, les conducteurs restent insensibles au dictat des équipementiers. Lorraine, étudiante en administration publique estime que “la clef est vraiment le symbole de la possession. Pour elle, la carte représente un côté technologique qui rappelle l’univers de James Bond mais elle trouve que le geste de tourner une clef dans le contact a plus de charme”. Sean reste très méfiant vis-à-vis du “complètement électronique car on devient encore plus dépendant en cas de panne, il se sent plus rassuré avec le côté mécanique qu’il considère comme plus fiable”. Camille est dessinatrice, n’a pas encore le permis mais avoue qu’elle a déjà conduit. Poétique, elle affirme que cela reste un élément des plus important car “tourner la clé est ce qui insuffle la vie à la voiture, symbolique du premier échange avec le véhicule. Un moment où l’on sent la puissance et l’énergie du moteur”.
Il y a bien évidemment de nombreux pourfendeurs de la carte électronique qui se glorifient de vivre avec leur temps, que cette évolution est signe de modernité et qu’ainsi, il y a moins de choses à faire. Jacques-Armand Dupuis, journaliste à Auto Hebdo relativise : “cela revient à la même chose car il faut avoir les clés sur soi”.

Les seules clefs qui subsistent encore sont USB. Distribuées par les hôtesses lors du Salon de l’Automobile, elles sont plus ou moins customisées aux couleurs de la marque et contiennent des informations, photos ou vidéos destinées aux médias. Ce précieux sésame reflète d’une façon ou d’une autre l’identité du constructeur, de son image et son prestige puis encore de sa générosité.

Vous ne saisissez pas encore l’enjeu crucial de la subite extinction de la clef ? Imaginez Fort-Boyard sans clef. Passe-partout serait rebaptisé “Passe Général” et le leitmotiv de l’émission deviendrait : “Prend la carte et sors, vite !”. Suite aux nombreux échecs face à ses énigmes, le père Fouras devrait se résigner à ne plus jeter la carte électronique à l’eau par crainte qu’elle ne disjoncte.

Daniel Latif
Photo : Jeanne-Peri Foucault

On ne va pas en faire tout un fromage !

Pour la rentrée 2012, la RATP a décidé d’ouvrir des comptes twitter dédiés à l’information trafic en temps réel sur les lignes de métro. “Oh purée !” me direz-vous. Encore un autre flux d’informations inutiles qui vient s’ajouter à votre agrégateur. Et comme les mauvaises nouvelles n’arrivent jamais seules… Chaque ligne a son propre compte : 1, 4, 12 et 13.
Information voyageur en temps réel, état du trafic, travaux en cours, rénovations, prolongements. Notons au passage que les éventuels mouvements de grève n’ont pas été mentionnés. Tout le nécessaire indispensable pour ne pas faire le poireau dans le métro. Il ne manquerait plus qu’ils informent la position des équipes de contrôleurs pour éviter l’amende.

Ces comptes actifs tous les jours de 6h à 21h, largement suffisant pour avoir la tête comme une citrouille. Rien qu’avec la Ligne 13 — ligne qui porte bien son nom — vous serez servis. Au menu : wagons où l’on est serrés comme des sardines, soupe à la grimace à volonté servie à température où l’on cuit aisément à l’étouffée puis les nouveaux voyageurs la surprise du jour : tomber dans les pommes !

Premiers twitt : “07:06, le trafic est ralenti sur la ligne (incident voyageur)”. Arrêtons de nous raconter des salades. Il n’y a pas besoin de twitter pour savoir ce genre de prévision sur notre chère ligne au numéro porte bonheur.

Il ne manquerait plus que les tweets nous informant où l’on peut croiser Johnny et Simone en train de revisiter Edith Piaf à l’accordéon et là c’est la fin des haricots…
“10:06, Concert gratuit (enfin presque…) replongez dans les classiques d’Edith Piaf.”

Grâce à twitter le tumulte de la vie métropolitaine vous suit partout, même si vous partez à l’étranger, et en plus ça ne mange pas de pain. On sait jamais des fois que les charmes de la vie souterraine vous manqueraient ? Il vous suffit tout simplement de vous abonner. Ainsi, vous partagerez en temps réel avec tous les usagers leur pérégrinations et ne manquerez aucune alerte pour colis suspects, pannes de courant ou les retards pour cause de régulation. L’essentiel des informations pour avoir la pêche !

La régie autonome des transports parisien veut montrer par cette initiative son souci de rendre les trajets toujours plus simples et fluides. Reste à savoir si la publication de foison de messages sur un compte twitter va inciter les conducteurs de rames à appuyer sur le champignon ? Cela rendra-t-il les usagers du métro moins méchants et plus courtois ? Ça, ce n’est pas de la tarte.

Saluons cette action qui vient, paradoxalement, desservir six mois de campagne active de la Préfecture de police sur la prévention contre le vol de smartphones dans les transports en commun.


On a encore voulu prendre les usagers pour des jambons.

Alors d’ici une éventuelle amélioration des conditions de circulation dans l’underground parisien, consultez les comptes twitter des lignes de métro de la RATP, sollicitez la technologie, mais faîtes le discrètement !

Daniel Latif
Illustrations : Camille Gaudefroy