Coup de foudre à la Trump Tower

À quelques encablures de Central Park, sur la 5ème avenue, se trouve la Trump Tower. Sous le premier mandat de Donald Trump, les agents des services secrets y montaient la garde en permanence et les visiteurs devaient passer à travers un portique de sécurité avec des contrôles similaires aux aéroports en raison de la présence très régulière du magnat de l’immobilier qui y séjourne notamment les weekend. 

Le Président Trump réside désormais à la Maison Blanche à Washington. Il y a toujours une présence policière aux alentours mais plus de contrôle à l’entrée de la Trump Tower. 

Assis au bar du restaurant le « Trump Grill » — où trône un tableau du charismatique père de Donald, Fred Trump — je décide de tester le fameux menu « Prix fixe » à 47 dollars. En entrée, c’est salade César ou soupe du jour.

À ma gauche, au bout du comptoir, Jeff, habillé d’un jean Levi’s et d’un pull rose, double chaîne, dont une avec une croix bien pendante, au look typique étasunien. L’homme a un certain flegme, dont l’intonation de voix charismatique, qui rappellerait un personnage tout droit sorti d’une de ces sitcoms US des années 90. Il semble bien connaître la maison et s’entretient régulièrement avec Luca, la directrice du restaurant.

Arrive une dame avec son bonnet sur la tête, qui s’installe à ses côtés. Elle commande une coupe de Champagne, lui a déjà sa pinte de bière. Ils se regardent, se sourient et ont l’air de se connaître puis commencent à échanger des banalités sur leur début de journée quand soudain, la femme retire son bonnet et enlève son manteau :
« enchanté, je suis Lisa, je suis de Californie
Pareillement, Jeff, je suis de Pennsylvanie »

Serait-ce un début de « date » après avoir déjà conversé en ligne ou une conversation codée ? Je tends l’oreille, tout en finissant la soupe minestrone. 

Arrive un jeune homme qui demande s’il peut s’asseoir aux côtés de Lisa. Il commande un « Burger Trump » et un Coca-Cola, puis se joint naturellement à leur conversation, comme s’il était un ami de longue date. Le « Burger Trump » est un burger signature dont la sauce est « spéciale » au « fromage américain ». Pas impressionnant du tout. Le garçon plie son déjeuner, paye et s’en va aussitôt.

Il me reste encore trois alternatives : le « black bean burger », version végétarienne avec sauce Chipotle, fromage américain, avocat et pickles d’oignons. Non, merci ! Le « Cajun chicken sandwich », fromage au poivre, bacon, mayonnaise chipotle et avocat. Bof…

Enfin, le « Prime NY Strip steak », une belle pièce de bœuf recouvert de sauce au poivre, saupoudré de persil et accompagné de frites maison. « C’est le plat préféré de Donald Trump » recommande Luca. Pour ce plat, comptez un supplément de 20 $. 

Vient la question cruciale de la cuisson :
« rare, s’il vous plaît
Saignant ?
Tout à fait ! » lancé-je impressionné

Pendant ce temps, nos deux amis échangeaient sur leurs vies respectives : « j’étais marié, divorcé, contrairement à mes frères et sœurs, je n’ai fait aucune étude mais j’ai toujours su me débrouiller. Et j’ai pris ma retraite anticipée quand j’ai vu que tout le monde autour de moi disparaissait. C’est à ce moment que j’ai pris conscience qu’il était temps de vivre » confesse Jeff à Lisa qui boit ses paroles…

Arrive le fameux plat préféré du Président Trump. Un verre de vin est offert dans le « prix fixe menu », j’opte pour le verre de Showdown, un vin rouge Cabernet sauvignon de Californie. Un étonnant rouge, à la robe puissante, parfaitement construit, qui inspire le soleil à chaque gorgée, laissant de douces notes sucrées en bouche.

Le fondant du « Prime NY Strip Steak », dont la cuisson parfaitement maîtrisée, sa sauce au poivre mêlée à son jus qui donne encore plus de saveur aux frites, faites maison, ponctué de ce surprenant vin californien m’ont plongé dans un moment hors du temps où je savoure chaque bouchée. 

« Ce jeune homme a l’air de se régaler » commente Lisa, qui poursuit dans le récit en détail de son curriculum vitæ avec Jeff, tout en m’observant.

« Cette viande me donne l’envie d’en prendre une bouchée, vous me la recommandez ? Relance-t-elle
Absolument, tout est délicieux ! Habituellement, je n’aime pas les frites mais là je me suis délecté de leur fraîcheur et de leur croustillant.
Ça se voit, je vous observe depuis tout à l’heure et nous autres américains nous mangeons trop vite. Je n’ai jamais vu quelqu’un manger avec autant de raffinement et prendre autant son temps. Ça doit être le côté français. Et de poursuivre, enchanté, moi c’est Lisa et voici Jeff, nous venons de nous rencontrer à l’instant.
Votre proximité, vos regards dégagent une harmonie qui laisse à croire que vous vous connaissez depuis de nombreuses années.
Et pourtant… je viens tout juste de le rencontrer : je me suis approchée pour prendre un verre avec ce monsieur, car il m’intriguait. Vous pensez qu’on va finir ensemble ?
Je perçois une complicité qui vous conduira vers une grande amitié, qui mènera naturellement aux grandes amours.

Lisa semble ravie de connaître ma perception, Jeff en rougit et se rapprochant d’elle : « c’est vrai qu’on s’entend bien alors qu’on vient seulement de se rencontrer », lance-t-il tout émoustillé. Ils se regardent et s’embrassent aussitôt. Le spectacle amoureux est aussi beau que spontané. 

Le chef a été généreux, j’ai eu deux boules de glace au café. Servies dans ce pot en carton « Trump sweets », je me saisis de la cuillère en plastique et prends une bouchée. Lisa ne perd pas le Nord : « je vais vous commander un steak, comme celui du jeune homme qui me donne envie » annonce-t-elle à Luca. 
Il est quinze heures Madame, les cuisines sont fermées. »

Jeff lui propose d’aller manger dans un restaurant qu’il connaît dans le quartier, ce qu’elle accepte. Il paye, elle refuse, elle veut payer, il insiste, elle hausse le ton : « Jeff, stop it ! »

Elle demande à la maîtresse des lieux le livre d’or de Trump puis s’éloigne pour y écrire un mystérieux message. 

Elle revient et prend Jeff par le bras : « allons-y !
Qu’as-tu écrit dans le livre d’or ?
Un message personnellement adressé à Donald Trump.
M. Trump lit personnellement tous les messages qui y sont inscrits » précise Luca qui referme soigneusement le livre et le range aussitôt. 

Eu regard du grand sourire dessiné sur le visage de Luca, on pourrait très probablement penser que Lisa a pris le soin d’informer le Président Trump qu’il devrait adapter les horaires de son restaurant au rythme New-Yorkais.

Pas le temps de roter dans un moyen courrier

Quand c’est pas dans le lounge, Michel Roth invite aussi à sa table dans les airs à bord d’un Embraer 170. Le ticket d’entrée pour accéder à la cuisine de ce Chef français, Meilleur ouvrier de France et Bocuse d’Or, est au prix d’une carte d’embarquement en Business.

Au menu de ce repas presque gastronomique dans les airs : Crevettes snackées, sauce homardine à l’estragon, riz rouge, champignons et sarrasin grillé.

Pas évident de manger sur son plateau lorsque le voisin de devant a incliné son siège à fond. On se retrouve donc obligé de jouer les acrobates avec les couverts et forcément à en mettre même partout.

La tranche de Cantal AOP et de Saint-Nectaire n’auront pas fait long feu. Surtout avec ce pain cosmique, sorte de bloc sorti des fourneaux de l’espace qui ne donne absolument pas envie mais qui avec ce beurre doux reste passable.

On ne va pas se plaindre, c’est toujours mieux que le pseudo morceau de pain tartiné qu’on refuse volontiers mais qu’on prend quand même parce qu’on a faim.

« PNC niveau 100 », jargonne le pilote à la radio. L’avion entame sa descente, le plateau, lui aussi, suit la trajectoire et commence à pencher.

Les oreilles se bouchent, je n’ai pas encore entamé ce moelleux au chocolat. Je demande une coupe pour accompagner le dessert. L’hôtesse troque mon plateau contre un verre. J’avale en deux temps trois mouvements ce fondant qui n’a pas vraiment fondu.

Dix minutes plus tard, nous atterrissons. Pas même eu le temps d’un café ou d’un thé — ni même de roter. C’est le jeu du moyen courrier.

Allez, salut la compagnie !

Iberia ne baisse pas les bras

« Iberia, no me gusta ! » c’est ce que j’ai lancé à ce passager italien qui se lamentait de ne pas avoir plus d’information sur le retard ou l’éventuelle annulation du vol IB3406, Madrid – Orly. 

Notre vol semblait compromis depuis ce matin où un mail de la compagnie nationale espagnole nous informait d’un changement d’horaire sur le vol initialement prévu pour 14h. Certains confrères avaient déjà reçu leur carte d’embarquement pour le vol de 16h.

Le vol de 11h, annoncé porte M24 et 25, est affiché en retard sur les écrans mais toujours pas de porte affichée pour celui de 14h. Voyant tout le monde scotché devant les écrans, en attendant Godot, je décide quand même de me diriger vers la porte M24. Un pari risqué, car les portes M sont situées à l’autre extrémité de l’aéroport et pour y accéder, il faut prendre une navette. Allez, salut la compagnie !

Après un périple digne d’un parcours UTMB, à descendre des escalators, embarquer dans la navette, faire un trajet assez conséquent puis remonter des escaliers, j’arrive enfin devant la porte d’embarquement M24. Seul, devant le comptoir, le vol pour Orly de 11h y est bien affiché. 

Ce n’est qu’une vingtaine de minutes plus tard qu’une horde de voyageurs arrive. Ça y est, ça commence déjà à soupirer, d’autres à se prendre la tête. Puis, les fameux impatients aux cents pas, qui vont et viennent au comptoir. Arrive enfin une hôtesse d’escale, toute tranquille qui s’installe à son ordinateur feignant de ne pas entendre la rumeur qui gronde. 

Voyant tout le monde s’affairer avec leur carte d’embarquement, je décide de vérifier mon billet. Et là, c’est la panique… le numéro de vol de ma carte d’embarquement ne colle pas avec celui affiché sur l’écran. Je me connecte aussitôt sur le site Iberia, je procède au check-in avec le risque de voir ma carte précédente annulée et de voir un message qui me ferait perdre toute dignité, surtout que je suis le premier de la file pour embarquer.

Choix du vol, clic, clic… choix du siège, clac clac… tiens donc,  je viens de passer du siège 15F au siège 15J. Je lève les yeux et me rends compte de la présence d’un Airbus A350-900 en bout de la passerelle aéroportuaire. Iberia aurait-il affrété ce bel oiseau flambant neuf pour rattraper le retard des deux vols ? Un collègue trouve l’entreprise trop ambitieuse pour un moyen courrier. Bingo, mon intuition était la bonne. 

Nostalgie à bord d’un Airbus A350

C’est ainsi que j’ai pu embarquer pour la première fois à bord d’un Airbus A350, un imposant coucou qui trône juste en face de son grand frère le regretté Airbus A380-800, toujours opérationnel chez Emirates — mais qu’Air France s’est empressé de se débarrasser après la pandémie. Même s’il n’a qu’un seul étage, l’A350 a un gabarit assez conséquent et on le ressent rien qu’à l’embarquement. 

À bord, je me retrouve en classe Premium economy, avec des sièges relativement confortables, des vrais casques audio englobants les oreilles pour réduire le bruit en cabine mais surtout la possibilité de relever les jambes comme le fauteuil de Joey et Chandler dans Friends

En parlant de Friends, l’écran en face à moi propose un catalogue de films et de séries télé à faire pâlir n’importe quelle plateforme. En effet, parmi la pléthore de sitcoms, les 10 saisons de Friends y sont proposées, également la saison 1 de The Golden Girls. Nous sommes bien en 2024, vous ne rêvez pas ! Et pour cause, le reboot de Full House, plus connu sous le nom de la Fête à la maison, Fuller House, y est proposé ou encore le sequel de la cultissime série Will & Grace, une suite, onze ans après, avec les même acteurs. 

Voilà de quoi ravir certains spécialistes sérivores. Seul souci, le vol ne dure pas longtemps, les instructions de sécurité et les interminables annonces inutiles puis tout le blabla — en espagnol et en anglais — du pilote s’excusant pour le retard ont pour effet de mettre en pause la diffusion. Or, le petit carré en bas de l’écran m’indique qu’il ne reste 1h18 avant l’atterrissage. Il va falloir être précis dans son choix de programmation. Challenge accepté, c’est parti pour le marathon de sitcoms. 

Daniel Latif

Demi Sky Priority

C’est une nouvelle mode dans certains aéroports tels que Nice, Marseille, Copenhague, Istanbul, Barcelone, Hanover, Milan, entre autres… que de vous frustrer lors d’un voyage à deux. En effet, si votre billet vous permet de passer en Sky Priority et que vous voyagez avec votre ami, compagne, collègue ; ce dernier sera systématiquement refoulé du « fast track ». Lumière rouge à Barcelone pour mon photographe qui m’accompagne sur un reportage : « Monsieur est avec moi…
– Non, il ne peut pas vous accompagner
– Si, il est avec moi, nous voyageons sur le même vol »

La dame tient absolument à jouer les chefaillons : « vous : oui ; lui, non »

Un policier passe à cet instant, voyant que la situation est toujours bloquée. Il inspecte mon billet et ne comprend pas non plus pourquoi madame ne veut pas me laisser passer avec mon accompagnant. N’osant pas contrarier sa collègue, il hausse les épaules et s’excuse de ne pouvoir rien faire dans cette situation. 

Ce cas n’a plus rien de trivial et se produit souvent dans de nombreux aéroports, où l’on pourrait penser que chaque passage est facturé et retenu sur les salaires de ces sheriffs d’aéroport. Pourtant, il ne s’agit qu’un peu de bon sens et d’un minimum d’intelligence. 

Du côté d’Air France, on nous confirme bien que « ce manquement n’est conforme aux engagements Sky Priority envers les clients et afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise » cette énième mésaventure « a été prise en compte dans l’amélioration de notre service »

Voilà, comment un voyage peut rapidement mal tourner parce que votre compagne ou ami vous lance, avec un regard des plus culpabilisateurs : « donc, tu vas me laisser seul pour prendre les contrôles normaux ? »

Décision crève-cœur, qui semble être des plus égoïstes, certes, mais mieux vaut un demi Sky Priority, que plus de Sky Priority

Allez, salut la Compagnie !

Daniel Latif

Lounge Extime : le salon casher Beth Din

Loin du tumulte du terminal 2B, se cache le salon d’aéroport : Extime lounge. Un vaste salon feutré où les assises compartimentées à la façon d’un train. Chaque fauteuil a sa petite table et deux prises à disposition. L’espace est d’autant plus optimisé avec des tables qui s’imbriquent au-dessus des sièges. 

Un premier coin buffet avec salade coleslaw, salade boulgour, salade de fruits, betterave, pickles, olives. Le buffet est appétissant et donne envie de se servir. Un frigo avec des bouteilles d’eau de source de montagne roche des écrins. Une attention qui manque grandement pour les voyageurs. En soda vous avez le choix avec des canettes de Coca-Cola, Orangina, Fuzetea, 7up, Schweppes Tonic, San Pellegrino et bières Heineken en bouteilles. Les machines à café sont des plus récentes et vous proposent enfin du bon café servi dans toutes ses déclinaisons possibles. 

Il y a ce buffet chaud, qui surprend par la qualité et l’originalité des plats servis. Bœuf en sauce curry, fondant comme tout et ce poulet sauce citron, le tout agrémenté de pâtes sauce pesto savamment dosé. Petite touche saine, ces brocolis vapeur qui vont rassurer mon winter body. Des desserts individuels et recherchés comme cette crème catalane ou ce tiramisu au Nutella. Des yaourts à la grecque Yaos, et des crèmes Baiko. 

Mais la vraie curiosité dans ce Lounge Extime c’est ce coin casher réservé aux passagers de la compagnie El Al. Aujourd’hui, en entrée, au choix, il y a la petite salade niçoise vegan, pissaladière vegan, sandwich club au thon en salade. Pour le plat de résistance, pavé de saumon grillé avec mini penne ou cubes de saumon rôtis sauce teriyaki ou encore salade quinoa. Pour le dessert, un succulent duo chocolat à la noix de coco ou tartelette à la pêche et aux éclats d’amandes.

Enfin, un repas délicieux qui donne envie de se resservir. De surcroît, le menu change tous les mois. Tous les plats servis sont de fabrication artisanale par le traiteur Noblesse, sous le contrôle du Beth Din de Paris. Il y a également une sélection de vins casher le pessa’h par Bokobsa avec du vin blanc et du vin rouge : Marquis de la Goulette, Chablis les marronniers, Cellier des Daulphins, Château d’Arveyres, entre autres. Il ne manque plus qu’un verre de boukha bokobsa pour finir en beauté. 

Le salon s’étend sur de nombreux espaces séparés par des alcôves. Et dans le fond, à gauche, se trouve cette mystérieuse porte qui indique « VIP Lounge ».  Un lounge dans le lounge  — réservé aux chefs d’État et autres grandes personnalités — où vous aurez l’impression de pénétrer dans un escape game sur le thème de l’Orient Express avec un choix de fauteuils et mobiliers des plus raffinés qui donnent vue sur la piste d’aéroport et les avions. 

L’embarquement du vol pour Tel-Aviv débute…

Shabbat shalom et salut la compagnie !

Daniel Latif

Accrobsession

Pendant mes RTT où j’étais en PLS à DL des PDF à cause de mes RDV, je dois RSVP au SMS ASAP pour aller aux JO. Je sors la CB pour prendre un billet SNCF D’abord TER puis TGV puis RATP.

Assis en POV devant une MILF qui vit aux US à LA, ancienne DAF pour les GAFAM, elle se prend pour SAS. Elle m’assure que les IA vont MAGA. Après avoir demandé mon ASV OKLM, elle s’écrie SOS lorsque je lui réponds que je n’ai pas SC mais juste IG ou FB, STV.

Elle insiste : 

– CDI ?
– RAS
– LOA, LLD ?
– RAF
– PEL, ISF ?
– JPP, vous êtes du FBI ?
– NTM, je suis pas ta BFF, MDR.
– OK, LOL.

Elle m’a mis KO, j’ai cru que j’étais en GAV SMLP.

À la recherche de la Powerade perdue

Paris, Arena Sud, au cœur du Hall 1 du parc des expositions de la porte de Versailles, où a lieu, entre autres, le salon de l’agriculture, se déroule un match de volley-ball qui oppose la France aux États-Unis.

Pendant la rencontre, les joueuses, les entraîneurs, y compris les équipes techniques et autres assistants de match, tirent des frigos des bouteilles de Powerade couleur bleu flashy. 

Une ou deux gorgées et hop la pseudo gourde est aussitôt jetée ou posée nonchalamment aux côtés d’une dizaine d’autres. La boisson de Coca-Cola dont le Nutriscore est estampillé « D », évoque des souvenirs d’adolescence d’une limonade au citron fade et édulcorée. 

À qui est cette bouteille ? Celle-ci a été à peine entamée, celle-là est à moitié, cette autre complètement déformée… la collection de trophées en plastique commence à grandir, tout comme l’envie d’en boire une, malgré son goût qui laisse à désirer. 

Allez les bleues 

Les périodes de jeu s’enchaînent. Les françaises sont tout de rouge vêtues pourtant la foule crie : « Allez les bleues ! ». Ce qui n’arrange rien à ma soudaine soif. En effet, je scrute encore et toujours les cadavres de bouteilles jouxtant les pleines. La publicité dépasse le stade subliminal, la soif n’est plus psychologique, vite il me faut une Powerade. À ce stade du match, les équipes marketing ont réussi leur coup et se hissent déjà en demi-finale des jeux olymfrics

Fin du match, le temps de saluer les joueuses, j’aperçois une dame qui balaye toutes les bouteilles, sans distinction, y compris les pleines, du bras dans deux grosses poubelles. 

Peinant à sortir le sac de la poubelle, je lui viens en aide en maintenant le collecteur au sol. 

« merci Monsieur, lance-t-elle soulagée. 
– Je vous en prie. Je peux vous prendre une bouteille de Powerade s’il vous plaît ?
– Ah non, c’est pas possible…
– Même pas celle-ci, encore pleine ?
– Non, on jette tout à la poubelle…
– Et même celle-là ?
– Non, si je vous en donne une, je vais devoir en donner à tout le monde.
– C’est pas parce que je vous viens en aide pour tenir la poubelle que tout le monde va vous venir en aide. Vous me la donnez discrètement et ça passe incognito. »

Madame reste catégorique : « c’est non »

Un agent de sécurité et un bénévole, témoins de la scène me glissent à l’oreille de tenter ma chance auprès d’une autre personne. 

Apparaît à cet instant, un jeune homme tirant une valise glacière siglée Powerade : « Monsieur, s’il vous plaît ?
– Oui, bonjour ?
– Bonjour, puis-je vous demander une Powerade ? »

Il esquisse un petit sourire, hoche de la tête en guise d’approbation et se penche dans son petit frigo pour attraper une bouteille quand soudain, « Madame Non » apercevant la scène crie : « Nooon !!! Il ne faut pas lui en donner, non, non !!! ». Le jeune homme, éhonté et interdit, repose aussitôt la bouteille et affiche une moue désolée. 

Une potion magique réservée aux sportifs olympiques

Je me dis qu’il faut respecter les règles du jeu du marketing et aller en acheter une dans les stands mitoyens. Un tour, deux tours, rien… Coca, Fanta, Sprite mais pas de Powerade. Je sors et me dirige vers un Franprix, un autre, rien non plus. Direction Carrefour, en rade également. 

Ce n’est qu’aux Sables d’Olonne que j’aperçois au détour de rayons la fameuse boisson couleur bleue lessive. J’en saisis une et je lis sur l’étiquette qu’il est « recommandé de consommer cette boisson dans le cadre d’un effort musculaire intense ». 

Cette épitaphe, comme un énième message pour me convaincre que cette Powerade ne me serait d’aucune aide.

Daniel Latif
Photo : DL /DR

Carte postale d’été

À l’heure où plus personne ne prend la délicatesse de s’écrire, à l’heure où les correspondances postales riment avec un autre temps que les moins de vingt ans ne peuvent connaître…

Voici, encore mieux qu’une carte postale, une parenthèse où se conjuguent les sons, les images mêlés à un doux parfum d’été. Au-delà de la performance théâtrale, cette synesthésie des plus intimistes s’intitule « J’avoue » et a réuni, autour de Daniel Latif, un cœur des plus prometteurs, le groupe Confessions. Avec au chant : Selen Karlikaya, Georgie Brown, Zara Asatrian, au piano Jazz Cuti, à la basse Adrien Legleye et Tudi Cariou à la batterie en direct de la plage de Saint-Nazaire.

Laissez-vous embarquer par cette vue imprenable sur l’océan atlantique, une caresse estivale, un rêve à observer et une douceur pour les oreilles orchestré par La Voix et Craig.

Une production Wolface pour Fréquence 3

Parentalités…

Ils s’appellent Scooby-Doo, Milou, Rex ou Lassie et dans l’imaginaire du XXème siècle, ils étaient les vedettes du petit écran. Aujourd’hui, la fiction dépasse la réalité, le chien n’est plus un animal de compagnie, il est devenu un membre à part entière de la famille. Sur le carnet du vétérinaire, ils s’appellent Frankie, Robert ou encore Monsieur Philibert mais dans la rue, au quotidien, leurs « papa et maman » les surnomment volontiers « mon bébé », « ma fille ».

Ils défraient la chronique à travers le monde. Notamment, lorsque Lady Gaga promet 500 000 dollars de récompense pour retrouver Koji et Gustav, ses deux bouledogues français kidnappés lors d’une balade. Ou encore, Commander, le berger allemand du président Joe Biden qui s’en est pris à de nombreuses reprises au personnel de la Maison Blanche et aux membres des services secrets.

L’idée d’un tel ouvrage est venue à l’esprit d’Helder Vinagre « lors d’un séjour à Deauville où énormément de personnes se baladent paradant avec leur petit chien dans des sacs parfois de grandes marques ». Les instants d’après, il remarque un autre chien confortablement assis dans une poussette alors que l’enfant essaie de marcher péniblement. Frappé par cette scène, Helder Vinagre se remémore ces nombreux clichés, pris lors de ses balades avec le collectif Regards parisiens, qui foisonnent dans ses archives et qui interpellent sur « la place de l’enfant et de l’animal dans la famille ».

Assiste-t-on à la fin de la période de l’enfant roi au profit d’une nouvelle ère où le chien serait le roi ?

Une série de photographies des plus originales qui reflète les mœurs de notre société. Car, de nos jours, on donnerait tout pour le toutou. En effet, tant d’années après les avoir personnifiés, le rapport des forces a basculé.

Insatisfaits de réclamer perpétuellement l’attention de leurs maîtres, les chiens ont quitté l’habit de seconds rôles pour devenir le centre de l’attraction. Une déification qui pousse l’humain à leur ouvrir même des pages Instagram pour suivre et aimer leur moindres faits et gestes de leurs vies de chiens.

À travers ce beau livre, les scènes de notre quotidien, habilement capturées par Helder Vinagre, suscitent de nombreux questionnements et ouvrent le champ des hypothèses. Est-ce — vraiment — l’homme qui promène son chien ? Qui est réellement au centre de la photo ? La relation entre le maître et son compagnon animal serait-elle le fruit d’une construction dans un imaginaire collectif à travers les médias ?

Les sujets, ici, incarnent une dualité inséparable. Celle de l’animal et de son maître ou l’inverse ? Qui promène qui ? Qui dirige la balade ?

Plus qu’une œuvre qui s’inscrirait dans la tradition d’observation Balzacienne, il s’agit d’une anthologie qui pose les bases d’une expérimentation scientifique qui vient corroborer la posture et le regard du médecin qu’est le Docteur Helder Vinagre — qui sans le savoir a lancé les prémices d’une réflexion socio-culturelle.

Parentalités est non seulement l’illustration éblouissante d’une mise en abîme photographique et d’une observation sociologique du monde dans lequel on vit, mais également une invitation au lecteur à s’interroger sur l’évolution de la place du compagnon animal et à se forger sa propre opinion. 

De surcroît, il s’agit du parachèvement d’une exposition qui a eu lieu à la maison de la culture d’Avintes au Portugal en février 2024 qui a suscité beaucoup d’intérêt à la fois sociologique, philosophique et même éthologique auprès du public.
Laissez-vous guider, le temps d’une déambulation, dans un enchevêtrement d’observations complexes mais délicates où Helder Vinagre s’affranchit du simple cadre de photographe et se pose a fortiori comme photojournaliste.

Préface du livre de Helder Vinagre, Parentalités…

Bang & Olufsen redonne vie au Beosound 9000C

« On ne veut pas quitter les années 90, on veut les intégrer à notre époque », lance Mads Kogsgaard Hansen, responsable de la circularité chez Bang & Olufsen entre deux platines CD Beosound 9000. L’une date de 1996 et l’autre de 2024. 

Celle de 2024 est estampillée d’un numéro gravé en bas à droite : 9 / 200. Il s’agit d’une réédition limitée de l’emblématique Beosound 9000C pour Recreated Classics. 

Car, l’esprit chez Bang & Olufsen est de « montrer qu’on peut façonner des produits qui peuvent durer longtemps et s’inscrire dans un schéma circulaire » affirme Mads Kogsgaard Hansen. Ce programme lancé en 2020 avec les platines vinyles veut insuffler un nouveau mouvement qui va au-delà du simple seconde vie, il s’agit de l’éternel retour de la mode. 

En fonction de l’état du système musical, tout est nettoyé, restauré et remplacé si besoin. 

Le Beosound system n’est pas qu’un simple lecteur CD, « c’est un système de son cool » nous montre Mads Kogsgaard Hansen. 

L’idée était de profiter de la beauté visuelle des CD, tout en pouvant créer un système de playlist sans avoir à continuellement changer de CD pour une écoute fluide, passer d’un disque à l’autre plus vite qu’une Ferrari.

Nostalgique mais pas borné

Cette émulation de Beosound 9000C peut se coupler sur les nouvelles enceintes sans fil Beolab 28, pour écouter votre station de radio ou service de streaming préféré. 

À la façon d’une bibliothèque, les invités peuvent aussitôt percevoir votre style et goûts musicaux puis se laisser hypnotiser par le laser illuminant le disque qui tourne pour vous replonger l’espace d’un instant dans un moment hors du temps. 

C’est sans doute ça, le vrai plaisir de réécouter de la bonne vieille — mais vraie — musique sur CD. 

Daniel Latif
Photos : Warren Dupuy /DR