« 295 Lafayette Street », « 90 Bedford Street » ou bien « 66 Perry Street » à New-York ou encore le « 1709 Broderick Street » à San Francisco…
Ces adresses ne sont peut-être qu’un détail pour vous, mais pour les fans ça veut dire beaucoup. Il s’agit, en effet, des maisons ou façades d’appartements que l’on aperçoit dans ces films ou séries télé, plus connues sous le nom de plans généraux ou establishing shots, dans le jargon Hollywoodien.
Le réalisateur Tommy Avallone s’est intéressé aux relations parasociales qui lient les fans de séries — et parfois même les acteurs — à des lieux qu’ils n’ont jamais connus ou qui n’ont jamais existé.
Et pour cause, même si les façades des appartements sont New-Yorkaises ou que les maisons aperçues se trouvent à Philadelphie ou Chicago, ce n’est qu’un leurre, car la grande majorité de ces productions cinématographiques sont tournées en studio à Los Angeles. À la grande déception d’un grand nombre de spectateurs qui longtemps ont cru que ces maisons étaient réellement les lieux de tournage ou de vie des acteurs.
Ceci pourrait être le début d’une piste pouvant expliquer cet attachement émotionnel qui pousse inlassablement foison de touristes à se rendre devant ces lieux à la façon d’un pèlerinage.
Disponible en visionnage sur iTunes et sur Amazon video, The House from… est un documentaire enthousiaste d’une heure quarante pendant lesquelles l’on suit Tommy Avallone à la rencontre de ces fans de séries, des voisins mais surtout des propriétaires de résidences plus que familières, comme la résidence de Kevin dans Maman, j’ai raté l’avion, qui nous partagent leur quotidien, le rôle et l’engagement vis-à-vis des fans puis la charge que ces célèbres demeures leur confèrent.
Mieux que des simples coulisses de tournage, il s’agit d’une réelle investigation autour d’éléments topographiques, certes triviaux, de formats télévisuels qui font désormais partie de la culture populaire et représentent un réel marqueur socioculturel pour toute une génération aujourd’hui, comme Anne-Charlotte, inconditionnelle de la sitcom Friends qui raconte l’avoir « tellement vue, qu’elle a, l’impression de pouvoir s’y repérer sans jamais y être allée ».
Une exploration qui mène à une réflexion autour de ces lieux tellement présents dans les media, comparable avec ces aventures en urbex : fortement chargées en histoire, mais dont il vaudrait mieux se contenter d’admirer la façade extérieure iconique et s’abstenir de les visiter. Car, au-delà, il y a le risque d’être tout simplement déçu et de se retrouver face à un NPAI.
Situé à l’autre extrémité de l’aéroport John F. Kennedy, le salon Air France de New-York cache derrière une porte opaque vitrée un lounge inattendu. En effet, un salon en duplex avec dès l’entrée à votre droite, l’espace soin Clarins qui propose vingt minutes de relaxation et un soin du visage.
Le rez-de-chaussée est plein alors l’on prend l’escalator pour accéder à cette extension à l’étage qui offre la plus belle vue sur la piste et les avions, mais surtout sur la Skyline de New-York — particulièrement lors du coucher de soleil.
Le mobilier se compose essentiellement de chaises et tables dans une configuration deux personnes, si bien que vous vous retrouverez rapidement à manquer de place car les passagers aiment à occuper l’autre fauteuil avec leurs sac ou blouson. Car, on déteste tous devoir partager une table avec un inconnu et c’est bien dommage.
Une table et une rotonde sont délimitées par un ruban rouge Sky Priority, et une pancarte indique clairement réservé aux clients Ultimate. Il s’agit du plus haut statut voyageur chez Air France, et les compagnies faisant partie de Sky team, qui voyagent six fois plus qu’un passager Platinum.
Côté buffet, Air France vous propose des plats chauds typiques français comme un bœuf bourguignon, un gratin dauphinois bien chargé de fromage qui file abondamment, du saumon lentement cuit, à la texture fondante, et enfin les incontournables quiches et croque-monsieur.
Les palmiers on ne peut plus étouffe-chrétien, la tarte aux pommes visuellement alléchante qui s’est révélée des plus industrielles, heureusement les madeleines de qualité ont ce goût de reviens-y et se marient parfaitement avec le champagne Joseph Perrier, cuvée Royale, dont la bouteille ventrue et son col serré rappelle ces anciens beaux flacons.
Côté vin rouge, Air France ne plaisante pas et propose un Bourgogne 2022 Joseph Drouhin. On reste dans la région avec cette curiosité, ce Gin de la maison Gabriel Boudier, liquoriste à Dijon depuis 1874.
Après un tel festin, l’envie d’une sieste est des plus tentante, et si en plus vous aviez rendez-vous à l’espace soin Clarins, prenez garde à ne pas vous endormir dans cette bulle de relaxation des plus reposantes.
C’est le moment crépusculaire et l’on a absolument plus l’envie de décoller. Et pourtant, l’embarquement a déjà commencé. Let’s go et bon voyage, comme ils disent ici.
À quelques encablures de Central Park, sur la 5ème avenue, se trouve la Trump Tower. Sous le premier mandat de Donald Trump, les agents des services secrets y montaient la garde en permanence et les visiteurs devaient passer à travers un portique de sécurité avec des contrôles similaires aux aéroports en raison de la présence très régulière du magnat de l’immobilier qui y séjourne notamment les weekend.
Le Président Trump réside désormais à la Maison Blanche à Washington. Il y a toujours une présence policière aux alentours mais plus de contrôle à l’entrée de la Trump Tower.
Assis au bar du restaurant le « Trump Grill » — où trône un tableau du charismatique père de Donald, Fred Trump — je décide de tester le fameux menu « Prix fixe » à 47 dollars. En entrée, c’est salade César ou soupe du jour.
À ma gauche, au bout du comptoir, Jeff, habillé d’un jean Levi’s et d’un pull rose, double chaîne, dont une avec une croix bien pendante, au look typique étasunien. L’homme a un certain flegme, dont l’intonation de voix charismatique, qui rappellerait un personnage tout droit sorti d’une de ces sitcoms US des années 90. Il semble bien connaître la maison et s’entretient régulièrement avec Luca, la directrice du restaurant.
Arrive une dame avec son bonnet sur la tête, qui s’installe à ses côtés. Elle commande une coupe de Champagne, lui a déjà sa pinte de bière. Ils se regardent, se sourient et ont l’air de se connaître puis commencent à échanger des banalités sur leur début de journée quand soudain, la femme retire son bonnet et enlève son manteau : « enchanté, je suis Lisa, je suis de Californie – Pareillement, Jeff, je suis de Pennsylvanie »
Serait-ce un début de « date » après avoir déjà conversé en ligne ou une conversation codée ? Je tends l’oreille, tout en finissant la soupe minestrone.
Arrive un jeune homme qui demande s’il peut s’asseoir aux côtés de Lisa. Il commande un « Burger Trump » et un Coca-Cola, puis se joint naturellement à leur conversation, comme s’il était un ami de longue date. Le « Burger Trump » est un burger signature dont la sauce est « spéciale » au « fromage américain ». Pas impressionnant du tout. Le garçon plie son déjeuner, paye et s’en va aussitôt.
Il me reste encore trois alternatives : le « black bean burger », version végétarienne avec sauce Chipotle, fromage américain, avocat et pickles d’oignons. Non, merci ! Le « Cajun chicken sandwich », fromage au poivre, bacon, mayonnaise chipotle et avocat. Bof…
Enfin, le « Prime NY Strip steak », une belle pièce de bœuf recouvert de sauce au poivre, saupoudré de persil et accompagné de frites maison. « C’est le plat préféré de Donald Trump » recommande Luca. Pour ce plat, comptez un supplément de 20 $.
Vient la question cruciale de la cuisson : « rare, s’il vous plaît – Saignant ? – Tout à fait ! » lancé-je impressionné
Pendant ce temps, nos deux amis échangeaient sur leurs vies respectives : « j’étais marié, divorcé, contrairement à mes frères et sœurs, je n’ai fait aucune étude mais j’ai toujours su me débrouiller. Et j’ai pris ma retraite anticipée quand j’ai vu que tout le monde autour de moi disparaissait. C’est à ce moment que j’ai pris conscience qu’il était temps de vivre » confesse Jeff à Lisa qui boit ses paroles…
Arrive le fameux plat préféré du Président Trump. Un verre de vin est offert dans le « prix fixe menu », j’opte pour le verre de Showdown, un vin rouge Cabernet sauvignon de Californie. Un étonnant rouge, à la robe puissante, parfaitement construit, qui inspire le soleil à chaque gorgée, laissant de douces notes sucrées en bouche.
Le fondant du « Prime NY Strip Steak », dont la cuisson parfaitement maîtrisée, sa sauce au poivre mêlée à son jus qui donne encore plus de saveur aux frites, faites maison, ponctué de ce surprenant vin californien m’ont plongé dans un moment hors du temps où je savoure chaque bouchée.
« Ce jeune homme a l’air de se régaler » commente Lisa, qui poursuit dans le récit en détail de son curriculum vitæ avec Jeff, tout en m’observant.
« Cette viande me donne l’envie d’en prendre une bouchée, vous me la recommandez ? Relance-t-elle – Absolument, tout est délicieux ! Habituellement, je n’aime pas les frites mais là je me suis délecté de leur fraîcheur et de leur croustillant. – Ça se voit, je vous observe depuis tout à l’heure et nous autres américains nous mangeons trop vite. Je n’ai jamais vu quelqu’un manger avec autant de raffinement et prendre autant son temps. Ça doit être le côté français. Et de poursuivre, enchanté, moi c’est Lisa et voici Jeff, nous venons de nous rencontrer à l’instant. – Votre proximité, vos regards dégagent une harmonie qui laisse à croire que vous vous connaissez depuis de nombreuses années. – Et pourtant… je viens tout juste de le rencontrer : je me suis approchée pour prendre un verre avec ce monsieur, car il m’intriguait. Vous pensez qu’on va finir ensemble ? – Je perçois une complicité qui vous conduira vers une grande amitié, qui mènera naturellement aux grandes amours.
Lisa semble ravie de connaître ma perception, Jeff en rougit et se rapprochant d’elle : « c’est vrai qu’on s’entend bien alors qu’on vient seulement de se rencontrer », lance-t-il tout émoustillé. Ils se regardent et s’embrassent aussitôt. Le spectacle amoureux est aussi beau que spontané.
Le chef a été généreux, j’ai eu deux boules de glace au café. Servies dans ce pot en carton « Trump sweets », je me saisis de la cuillère en plastique et prends une bouchée. Lisa ne perd pas le Nord : « je vais vous commander un steak, comme celui du jeune homme qui me donne envie » annonce-t-elle à Luca. – Il est quinze heures Madame, les cuisines sont fermées. »
Jeff lui propose d’aller manger dans un restaurant qu’il connaît dans le quartier, ce qu’elle accepte. Il paye, elle refuse, elle veut payer, il insiste, elle hausse le ton : « Jeff, stop it ! »
Elle demande à la maîtresse des lieux le livre d’or de Trump puis s’éloigne pour y écrire un mystérieux message.
Elle revient et prend Jeff par le bras : « allons-y ! – Qu’as-tu écrit dans le livre d’or ? – Un message personnellement adressé à Donald Trump. M. Trump lit personnellement tous les messages qui y sont inscrits » précise Luca qui referme soigneusement le livre et le range aussitôt.
Eu regard du grand sourire dessiné sur le visage de Luca, on pourrait très probablement penser que Lisa a pris le soin d’informer le Président Trump qu’il devrait adapter les horaires de son restaurant au rythme New-Yorkais.
Quand c’est pas dans le lounge, Michel Roth invite aussi à sa table dans les airs à bord d’un Embraer 170. Le ticket d’entrée pour accéder à la cuisine de ce Chef français, Meilleur ouvrier de France et Bocuse d’Or, est au prix d’une carte d’embarquement en Business.
Au menu de ce repas presque gastronomique dans les airs : Crevettes snackées, sauce homardine à l’estragon, riz rouge, champignons et sarrasin grillé.
Pas évident de manger sur son plateau lorsque le voisin de devant a incliné son siège à fond. On se retrouve donc obligé de jouer les acrobates avec les couverts et forcément à en mettre même partout.
La tranche de Cantal AOP et de Saint-Nectaire n’auront pas fait long feu. Surtout avec ce pain cosmique, sorte de bloc sorti des fourneaux de l’espace qui ne donne absolument pas envie mais qui avec ce beurre doux reste passable.
On ne va pas se plaindre, c’est toujours mieux que le pseudo morceau de pain tartiné qu’on refuse volontiers mais qu’on prend quand même parce qu’on a faim.
« PNC niveau 100 », jargonne le pilote à la radio. L’avion entame sa descente, le plateau, lui aussi, suit la trajectoire et commence à pencher.
Les oreilles se bouchent, je n’ai pas encore entamé ce moelleux au chocolat. Je demande une coupe pour accompagner le dessert. L’hôtesse troque mon plateau contre un verre. J’avale en deux temps trois mouvements ce fondant qui n’a pas vraiment fondu.
Dix minutes plus tard, nous atterrissons. Pas même eu le temps d’un café ou d’un thé — ni même de roter. C’est le jeu du moyen courrier.
« Iberia, no me gusta ! » c’est ce que j’ai lancé à ce passager italien qui se lamentait de ne pas avoir plus d’information sur le retard ou l’éventuelle annulation du vol IB3406, Madrid – Orly.
Notre vol semblait compromis depuis ce matin où un mail de la compagnie nationale espagnole nous informait d’un changement d’horaire sur le vol initialement prévu pour 14h. Certains confrères avaient déjà reçu leur carte d’embarquement pour le vol de 16h.
Le vol de 11h, annoncé porte M24 et 25, est affiché en retard sur les écrans mais toujours pas de porte affichée pour celui de 14h. Voyant tout le monde scotché devant les écrans, en attendant Godot, je décide quand même de me diriger vers la porte M24. Un pari risqué, car les portes M sont situées à l’autre extrémité de l’aéroport et pour y accéder, il faut prendre une navette. Allez, salut la compagnie !
Après un périple digne d’un parcours UTMB, à descendre des escalators, embarquer dans la navette, faire un trajet assez conséquent puis remonter des escaliers, j’arrive enfin devant la porte d’embarquement M24. Seul, devant le comptoir, le vol pour Orly de 11h y est bien affiché.
Ce n’est qu’une vingtaine de minutes plus tard qu’une horde de voyageurs arrive. Ça y est, ça commence déjà à soupirer, d’autres à se prendre la tête. Puis, les fameux impatients aux cents pas, qui vont et viennent au comptoir. Arrive enfin une hôtesse d’escale, toute tranquille qui s’installe à son ordinateur feignant de ne pas entendre la rumeur qui gronde.
Voyant tout le monde s’affairer avec leur carte d’embarquement, je décide de vérifier mon billet. Et là, c’est la panique… le numéro de vol de ma carte d’embarquement ne colle pas avec celui affiché sur l’écran. Je me connecte aussitôt sur le site Iberia, je procède au check-in avec le risque de voir ma carte précédente annulée et de voir un message qui me ferait perdre toute dignité, surtout que je suis le premier de la file pour embarquer.
Choix du vol, clic, clic… choix du siège, clac clac… tiens donc, je viens de passer du siège 15F au siège 15J. Je lève les yeux et me rends compte de la présence d’un Airbus A350-900 en bout de la passerelle aéroportuaire. Iberia aurait-il affrété ce bel oiseau flambant neuf pour rattraper le retard des deux vols ? Un collègue trouve l’entreprise trop ambitieuse pour un moyen courrier. Bingo, mon intuition était la bonne.
Nostalgie à bord d’un Airbus A350
C’est ainsi que j’ai pu embarquer pour la première fois à bord d’un Airbus A350, un imposant coucou qui trône juste en face de son grand frère le regretté Airbus A380-800, toujours opérationnel chez Emirates — mais qu’Air France s’est empressé de se débarrasser après la pandémie. Même s’il n’a qu’un seul étage, l’A350 a un gabarit assez conséquent et on le ressent rien qu’à l’embarquement.
À bord, je me retrouve en classe Premium economy, avec des sièges relativement confortables, des vrais casques audio englobants les oreilles pour réduire le bruit en cabine mais surtout la possibilité de relever les jambes comme le fauteuil de Joey et Chandler dans Friends.
En parlant de Friends, l’écran en face à moi propose un catalogue de films et de séries télé à faire pâlir n’importe quelle plateforme. En effet, parmi la pléthore de sitcoms, les 10 saisons de Friends y sont proposées, également la saison 1 de The Golden Girls. Nous sommes bien en 2024, vous ne rêvez pas ! Et pour cause, le reboot de Full House, plus connu sous le nom de la Fête à la maison, Fuller House, y est proposé ou encore le sequel de la cultissime série Will & Grace, une suite, onze ans après, avec les même acteurs.
Voilà de quoi ravir certains spécialistes sérivores. Seul souci, le vol ne dure pas longtemps, les instructions de sécurité et les interminables annonces inutiles puis tout le blabla — en espagnol et en anglais — du pilote s’excusant pour le retard ont pour effet de mettre en pause la diffusion. Or, le petit carré en bas de l’écran m’indique qu’il ne reste 1h18 avant l’atterrissage. Il va falloir être précis dans son choix de programmation. Challenge accepté, c’est parti pour le marathon de sitcoms.
C’est une nouvelle mode dans certains aéroports tels que Nice, Marseille, Copenhague, Istanbul, Barcelone, Hanover, Milan, entre autres… que de vous frustrer lors d’un voyage à deux. En effet, si votre billet vous permet de passer en Sky Priority et que vous voyagez avec votre ami, compagne, collègue ; ce dernier sera systématiquement refoulé du « fast track ». Lumière rouge à Barcelone pour mon photographe qui m’accompagne sur un reportage : « Monsieur est avec moi… – Non, il ne peut pas vous accompagner – Si, il est avec moi, nous voyageons sur le même vol »
La dame tient absolument à jouer les chefaillons : « vous : oui ; lui, non ».
Un policier passe à cet instant, voyant que la situation est toujours bloquée. Il inspecte mon billet et ne comprend pas non plus pourquoi madame ne veut pas me laisser passer avec mon accompagnant. N’osant pas contrarier sa collègue, il hausse les épaules et s’excuse de ne pouvoir rien faire dans cette situation.
Ce cas n’a plus rien de trivial et se produit souvent dans de nombreux aéroports, où l’on pourrait penser que chaque passage est facturé et retenu sur les salaires de ces sheriffs d’aéroport. Pourtant, il ne s’agit qu’un peu de bon sens et d’un minimum d’intelligence.
Du côté d’Air France, on nous confirme bien que « ce manquement n’est conforme aux engagements Sky Priority envers les clients et afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise » cette énième mésaventure « a été prise en compte dans l’amélioration de notre service ».
Voilà, comment un voyage peut rapidement mal tourner parce que votre compagne ou ami vous lance, avec un regard des plus culpabilisateurs : « donc, tu vas me laisser seul pour prendre les contrôles normaux ? ».
Décision crève-cœur, qui semble être des plus égoïstes, certes, mais mieux vaut un demi Sky Priority, que plus de Sky Priority.
Loin du tumulte du terminal 2B, se cache le salon d’aéroport : Extime lounge. Un vaste salon feutré où les assises compartimentées à la façon d’un train. Chaque fauteuil a sa petite table et deux prises à disposition. L’espace est d’autant plus optimisé avec des tables qui s’imbriquent au-dessus des sièges.
Un premier coin buffet avec salade coleslaw, salade boulgour, salade de fruits, betterave, pickles, olives. Le buffet est appétissant et donne envie de se servir. Un frigo avec des bouteilles d’eau de source de montagne roche des écrins. Une attention qui manque grandement pour les voyageurs. En soda vous avez le choix avec des canettes de Coca-Cola, Orangina, Fuzetea, 7up, Schweppes Tonic, San Pellegrino et bières Heineken en bouteilles. Les machines à café sont des plus récentes et vous proposent enfin du bon café servi dans toutes ses déclinaisons possibles.
Il y a ce buffet chaud, qui surprend par la qualité et l’originalité des plats servis. Bœuf en sauce curry, fondant comme tout et ce poulet sauce citron, le tout agrémenté de pâtes sauce pesto savamment dosé. Petite touche saine, ces brocolis vapeur qui vont rassurer mon winter body. Des desserts individuels et recherchés comme cette crème catalane ou ce tiramisu au Nutella. Des yaourts à la grecque Yaos, et des crèmes Baiko.
Mais la vraie curiosité dans ce Lounge Extime c’est ce coin casher réservé aux passagers de la compagnie El Al. Aujourd’hui, en entrée, au choix, il y a la petite salade niçoise vegan, pissaladière vegan, sandwich club au thon en salade. Pour le plat de résistance, pavé de saumon grillé avec mini penne ou cubes de saumon rôtis sauce teriyaki ou encore salade quinoa. Pour le dessert, un succulent duo chocolat à la noix de coco ou tartelette à la pêche et aux éclats d’amandes.
Enfin, un repas délicieux qui donne envie de se resservir. De surcroît, le menu change tous les mois. Tous les plats servis sont de fabrication artisanale par le traiteur Noblesse, sous le contrôle du Beth Din de Paris. Il y a également une sélection de vins casher le pessa’h par Bokobsa avec du vin blanc et du vin rouge : Marquis de la Goulette, Chablis les marronniers, Cellier des Daulphins, Château d’Arveyres, entre autres. Il ne manque plus qu’un verre de boukha bokobsa pour finir en beauté.
Le salon s’étend sur de nombreux espaces séparés par des alcôves. Et dans le fond, à gauche, se trouve cette mystérieuse porte qui indique « VIP Lounge ». Un lounge dans le lounge — réservé aux chefs d’État et autres grandes personnalités — où vous aurez l’impression de pénétrer dans un escape game sur le thème de l’Orient Express avec un choix de fauteuils et mobiliers des plus raffinés qui donnent vue sur la piste d’aéroport et les avions.
Pendant mes RTT où j’étais en PLS à DL des PDF à cause de mes RDV, je dois RSVP au SMS ASAP pour aller aux JO. Je sors la CB pour prendre un billet SNCF D’abord TER puis TGV puis RATP.
Assis en POV devant une MILF qui vit aux US à LA, ancienne DAF pour les GAFAM, elle se prend pour SAS. Elle m’assure que les IA vont MAGA. Après avoir demandé mon ASV OKLM, elle s’écrie SOS lorsque je lui réponds que je n’ai pas SC mais juste IG ou FB, STV.
Elle insiste :
– CDI ? – RAS – LOA, LLD ? – RAF – PEL, ISF ? – JPP, vous êtes du FBI ? – NTM, je suis pas ta BFF, MDR. – OK, LOL.
Elle m’a mis KO, j’ai cru que j’étais en GAV SMLP.
Paris, Arena Sud, au cœur du Hall 1 du parc des expositions de la porte de Versailles, où a lieu, entre autres, le salon de l’agriculture, se déroule un match de volley-ball qui oppose la France aux États-Unis.
Pendant la rencontre, les joueuses, les entraîneurs, y compris les équipes techniques et autres assistants de match, tirent des frigos des bouteilles de Powerade couleur bleu flashy.
Une ou deux gorgées et hop la pseudo gourde est aussitôt jetée ou posée nonchalamment aux côtés d’une dizaine d’autres. La boisson de Coca-Cola dont le Nutriscore est estampillé « D », évoque des souvenirs d’adolescence d’une limonade au citron fade et édulcorée.
À qui est cette bouteille ? Celle-ci a été à peine entamée, celle-là est à moitié, cette autre complètement déformée… la collection de trophées en plastique commence à grandir, tout comme l’envie d’en boire une, malgré son goût qui laisse à désirer.
Allez les bleues
Les périodes de jeu s’enchaînent. Les françaises sont tout de rouge vêtues pourtant la foule crie : « Allez les bleues ! ». Ce qui n’arrange rien à ma soudaine soif. En effet, je scrute encore et toujours les cadavres de bouteilles jouxtant les pleines. La publicité dépasse le stade subliminal, la soif n’est plus psychologique, vite il me faut une Powerade. À ce stade du match, les équipes marketing ont réussi leur coup et se hissent déjà en demi-finale des jeux olymfrics.
Fin du match, le temps de saluer les joueuses, j’aperçois une dame qui balaye toutes les bouteilles, sans distinction, y compris les pleines, du bras dans deux grosses poubelles.
Peinant à sortir le sac de la poubelle, je lui viens en aide en maintenant le collecteur au sol.
« merci Monsieur, lance-t-elle soulagée. – Je vous en prie. Je peux vous prendre une bouteille de Powerade s’il vous plaît ? – Ah non, c’est pas possible… – Même pas celle-ci, encore pleine ? – Non, on jette tout à la poubelle… – Et même celle-là ? – Non, si je vous en donne une, je vais devoir en donner à tout le monde. – C’est pas parce que je vous viens en aide pour tenir la poubelle que tout le monde va vous venir en aide. Vous me la donnez discrètement et ça passe incognito. »
Madame reste catégorique : « c’est non ».
Un agent de sécurité et un bénévole, témoins de la scène me glissent à l’oreille de tenter ma chance auprès d’une autre personne.
Apparaît à cet instant, un jeune homme tirant une valise glacière siglée Powerade : « Monsieur, s’il vous plaît ? – Oui, bonjour ? – Bonjour, puis-je vous demander une Powerade ? »
Il esquisse un petit sourire, hoche de la tête en guise d’approbation et se penche dans son petit frigo pour attraper une bouteille quand soudain, « Madame Non » apercevant la scène crie : «Nooon !!! Il ne faut pas lui en donner, non, non !!! ». Le jeune homme, éhonté et interdit, repose aussitôt la bouteille et affiche une moue désolée.
Une potion magique réservée aux sportifs olympiques
Je me dis qu’il faut respecter les règles du jeu du marketing et aller en acheter une dans les stands mitoyens. Un tour, deux tours, rien… Coca, Fanta, Sprite mais pas de Powerade. Je sors et me dirige vers un Franprix, un autre, rien non plus. Direction Carrefour, en rade également.
Ce n’est qu’aux Sables d’Olonne que j’aperçois au détour de rayons la fameuse boisson couleur bleue lessive. J’en saisis une et je lis sur l’étiquette qu’il est « recommandé de consommer cette boisson dans le cadre d’un effort musculaire intense ».
Cette épitaphe, comme un énième message pour me convaincre que cette Powerade ne me serait d’aucune aide.
À l’heure où plus personne ne prend la délicatesse de s’écrire, à l’heure où les correspondances postales riment avec un autre temps que les moins de vingt ans ne peuvent connaître…
Voici, encore mieux qu’une carte postale, une parenthèse où se conjuguent les sons, les images mêlés à un doux parfum d’été. Au-delà de la performance théâtrale, cette synesthésie des plus intimistes s’intitule « J’avoue » et a réuni, autour de Daniel Latif, un cœur des plus prometteurs, le groupe Confessions. Avec au chant : Selen Karlikaya, Georgie Brown, Zara Asatrian, au piano Jazz Cuti, à la basse Adrien Legleye et Tudi Cariou à la batterie en direct de la plage de Saint-Nazaire.
Laissez-vous embarquer par cette vue imprenable sur l’océan atlantique, une caresse estivale, un rêve à observer et une douceur pour les oreilles orchestré par La Voix et Craig.