Le Lounge de bas étage

C’est presque tout un sport que d’accéder aux lounges du terminal 2F de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Situés en bout du terminal, il vous faudra zigzaguer entre les passagers qui attendent devant les portes d’embarquement « s’il vous plaît, pardon, permesso ».

Maintenant, vous devez prendre le plus exaspérant des escalator, celui à une file où il y a toujours quelqu’un devant vous. Et dans ces moments-là, le temps vous est compté. Arrivé au sous-sol, demi-tour et nous y voilà !

A gauche, tous les agents du comptoir d’accueil sont occupés, direction la machine pour scanner soi-même son billet. Les yeux se braquent furtivement sur vous… Va-t-il réussir à répondre à la question subsidiaire « avez-vous un invité ? ».

Subsidiaire et parfois éliminatoire, car le salon, étant très fréquenté, surtout les matins, l’on vous proposera des bons de 12 euros valables dans les restaurants, kiosques et cafés environnants.

Pour avoir pratiqué de long en large ce terminal, autant vous dire d’avance qu’avec cette somme vous n’avez même pas de quoi avoir un sandwich au Jamon Jabugo… 

La lumière verte s’allume, bingo ! « Bienvenue M. Latif » !

Maintenant, il faut trouver une place — et ça c’est une autre épreuve. 

Ici, plus de places. Là, non plus. Et ici, il y a visiblement personne mais un grand écran diffuse en boucle France 24, heureusement sans son, on comprend pourquoi ! Il semblerait que les passagers ont préféré éviter la sinistrose de bon matin. 

La particularité de ce salon, où la vue est imprenable sur les pistes et les avions, c’est qu’il est situé face à d’immenses baies vitrées qui sont là plupart du temps voilées par un rideau gris. Sans doute quelqu’un incommodé par l’irritant soleil parisien ?

Ce qui immanquablement oblige les occupants du salon à allumer leurs veilleuses au-dessus des sièges.

Et comme ces dernières restent toutes allumées y compris l’après-midi, cela crée une atmosphère d’aérodrome avec le balisage lumineux formant les longs couloirs pour guider les avions en vue de leur atterrissage. Quand vous prenez place dans les fauteuils, cela aveugle car l’éclairage frontal de la puissante LED vous donnera cette impression d’être au poste de police pendant un interrogatoire de garde à vue.

En matière de réveil, on a connu mieux ! 

Une expérience à l’image de la capitale à vous faire tirer la gueule et un buffet à la parisienne, notamment au petit déjeuner, qui vous laissera affamé avec ces croissants et pains au chocolat congelés, les mêmes qu’on sert dans l’avion…

Tout contribue à vous faire regretter d’y être passé.

Allez, salut la compagnie !

Carte postale automobile

Je reçois ce sms mystérieux d’Étienne : « possible que je fasse une session photo Paris by night » . Le rendez-vous est pris place de la Concorde.

C’est le moment crépusculaire, Étienne, appareil photo en main, est déjà en train d’immortaliser la Porsche GT3 RS dans cette place aménagée exclusivement pour les automobilistes. « On ne sait pas faire des places à Paris, il n’y a plus cette place où l’on se rencontre » regrette Alex, ce natif parisien en pleine déambulation. En effet, il reste très difficile pour les passants de saisir et apprécier cette place où l’on a vue à la fois sur l’Assemblée nationale, la tour Eiffel, l’ambassade des États-Unis d’Amérique, l’Automobile Club de France, l’église de la Madeleine, le jardin des Tuileries et trois immenses bâches publicitaires pour le dernier téléphone Samsung Galaxy.

Trois étudiants en école d’ingénieur aéronautique, en train d’admirer chaque angle de la sulfureuse, dissertant sur les mécaniques de la GT3 RS ont fini par s’interroger pour savoir si le prix des trois immenses pancartes publicitaires qui brisent l’harmonie de ce beau Paris la nuit pouvait couvrir les frais d’acquisition d’une telle supercar.

Le soir, le charme opère dans la capitale. La circulation est fluide, on reprend plaisir à se déplacer à travers la ville.

ILS N’ONT D’YEUX QUE POUR ELLE…

Qu’ils soient parisiens, policiers, de passage, passionnés, touristes et même experts, comme ce pilote qui travaille pour le constructeur allemand… ils n’ont d’yeux que pour elle ! Mais ce sont essentiellement des femmes, qui veulent absolument avoir leur photo aux côté de ce bijou automobile.

Tous, on fait le détour et pris le temps de venir l’admirer, l’approcher, discuter puis saisir cette carte postale automobile d’une Porsche GT3 RS dans Paris, la nuit.

Nous prenons la direction de la rue Mouffetard. Tous les commerces sont fermés, les quelques lanternes éclairent les poubelles disséminées ça et là devant les rideaux de fer. Bercé par la généreuse mélodie du 6 cylindres de 520 chevaux qui résonne sur les pavés et façades extérieures. Il est minuit passé, l’heure est à la flânerie pour ces couples qui défilent dans ce  cadre singulier qui rappelle l’ambiance ténébreuse du jeu vidéo Batman returns sur Super Nintendo. Soudain, surgit à l’angle de la rue de l’Arbalète cette femme tout droit sortie d’un Cosplay habillée en Harley Quinn, qui, scotchée au téléphone s’interrompt et lance : « attends, je te laisse, il y a une voiture… euh, je te rappelle ! ».

harley quinn

Aussitôt elle enchaîne : « Oh hé, salut bébé ! ». La glace est aussitôt brisée. Puis, cette étudiante à la Sorbonne nouvelle soulève sans le savoir une question certes anodine mais non moins philosophique : « M&M’s ou Wasabi ? ». Nous consultons le regard professionnel du photographe, la réponse fuse : « wasabi ! ».

Le débat est lancé, les passants sondés et les réponses ont de quoi déconcerter : « Tortue Ninja, mojito, guacamole ou pomme granny »
Et voilà comment une créature à l’aileron notoire a, l’espace d’une nuitée, intrigué, rapproché les gens, amusé et surtout fédéré les couples dans une vision surréaliste de l’amour qu’ils auront immortalisé à la façon d’une carte postale où l’élément central n’est ni une place, ni un monument mais ni plus ni moins qu’une automobile. Maintenant place à l’amour.

Daniel Latif
Photos : Étienne Rovillé /DL /DR

Des Regards Parisiens, loin du cliché

Le temps paraît figé ce samedi matin de mars 2018, sur l’île Saint-Louis. Un silence règne au café Saint-Régis. Il est bientôt 10 heures, mais les clients peinent à sortir de leur torpeur. « Ah ! Vous êtes avec les photographes ?! » s’exclame le garçon. En effet, avec leurs nombreux boîtiers et imposants objectifs, il est difficile de ne pas remarquer la table avec les sept photographes.

Il y a les traditionalistes, comme Laurent, du collectif « Regards Parisiens » et Grégoire, avec leurs mythiques appareils argentiques datant des années 70, le Hasselblad, qui installent soigneusement leur pellicule. Puis, les modernes, avec leurs appareils numériques, comme Sophie, venue de Belgique, qui fait le point sur les batteries de son Fuji X100T. Nicolas Cunione, venu de Cannes, a déjà commencé à faire des portraits dans le café. L’appareil photo Nikon D800 de Philippe occupe, quant à lui, presque toute la table avec son imposant téléobjectif Tamron 70-200.

PETITS, GRANDS OU MOYENS… IL Y EN A DE TOUTES LES TAILLES !

Derrière eux, se trouve Martin, un anglais aux lunettes de soleil multicolores, dont une aux verres kaléidoscopiques. Ce dernier, bienveillant et communicatif, attire l’attention des photographes qui sont en train d’effectuer les dernières vérifications. Aussitôt, Daniel s’incline et clic ! Il vient de le prendre en photo. Les autres compagnons analysent le cadre… « Attendez, je n’étais pas prêt, reprenez-moi en photo ! » lance Martin avec son accent british, les photographes ne se font pas prier et immortalisent l’homme anglais devant son petit déjeuner. La glace est brisée, le contact s’établit. Martin raconte sa vie de globe-trotteur qui collectionne les selfies avec les célébrités.

11h, la bande se dirige sous une pluie fine vers le quartier du Marais, puis progresse vers la place des Vosges. Armés de leur boîtier, le regard furtif, ces passionnés ont le geste et la dextérité de paparazzi, sans leur oppression, mais ils ont surtout le talent de photographe ; celui de saisir les parisiens dans leur vie quotidienne, des moments simples mais authentiques, comme par exemple ce monsieur, assis sur un banc, le nez dans la gazette.

Le pas est régulier, l’ambiance est conviviale, certains échangent sur leur dernière acquisition de matériel, d’autres prodiguent leurs conseils avisés sur le calcul du temps de pose lorsque l’on travaille en argentique. Quand soudain, devant le théâtre du Châtelet, ils aperçoivent un sujet idéal, ici un couple qui s’embrasse avec la fougue d’un baiser digne des films hollywoodiens. Subtilité de la scène, Mademoiselle, beaucoup plus petite que Monsieur, doit se dresser sur les pointes afin d’atteindre les lèvres de son amoureux.

Quelques kilomètres plus loin, au jardin du Luxembourg, Cunione aperçoit une scène authentique derrière les courts de tennis. Un groupe observe leurs deux amis disputer une partie d’échecs avec la plus grande concentration. S’avançant subrepticement, il se penche en avant presque dans une posture contemplative avec son Canon 5D Mark II, puis tel un peintre, vient saisir cette scène surréaliste en Noir et Blanc qui a pourtant bien lieu en 2018.

LE SOURIRE PARISIEN : UNE PERSONNE QUI FAIT LA TRONCHE

« Lorsque nous apercevons une scène, le défi va être de la capturer avant qu’il ne soit trop tard. C’est d’ailleurs là toute la magie de la photo de rue, l’instantané. Certains parmi-nous sont redoutablement efficaces dans cette discipline, même avec un boitier argentique et sans auto-focus ! » analyse Cunione. En effet, il faut être rapide, car la scène, l’action peut changer en quelques secondes. Tout se fait au naturel, clic clac – et voilà, c’est dans la boîte !

Parmi toutes les photos qu’il a faites, ses préférées restent de loin celles qu’il appelle — le sourire parisien (imaginez une personne qui fait la tronche) et l’addiction au téléphone portable. « Les gens ne calculent plus rien autour d’eux. Ils sont dans leur bulle. Ne communiquent plus avec leurs voisinsce qui n’était déjà pas la spécialité des parisiens. C’est triste. » ironise-t-il.

Avec son appareil photo argentique, Grégoire n’a pas le droit à l’erreur. « J’aime l’argentique pour le côté rituel, explique-t-il. Il faut soigneusement insérer et enrouler la pellicule, refermer le boîtier et tourner la bobine jusqu’à ce que cela se bloque et affiche le numéro de la pose ». Nul n’est à l’abri d’une petite erreur de montage… comme ce fut le cas ce jour-là, pour Laurent qui, pour la première fois, a monté à l’envers un rouleau Cinestill 800T dans son Hasselblad. Un moment d’égarement sûrement, surtout après avoir déjà utilisé des centaines de péloche.

Il redouble de vigilance et assure la prise de vue. « La bouille de vieil appareil photo à l’ancienne » impressionne et intrigue ceux qu’il croise dans la rue, commente-t-il. Remarquable parmi les autres possesseurs d’Hasselblad par la sangle autour de laquelle est cousue une cravate, « une matière soyeuse plus confortable, lorsqu’il s’agit de porter l’appareil autour du cou ». Son apparence est à l’image de son appareil, authentique ! Les badauds et camarades restent figés pour observer l’artiste en action « CHLACK », le bruit beaucoup plus violent et sec qu’un appareil classique, vient confirmer que le cliché a été pris. Il relève la tête, la marche reprend.

La noblesse de l’argentique induit nécessairement à l’étape cruciale du développement des photos. Étonnamment, il reste encore quelques laboratoires qui pratiquent des prix raisonnables — environ 1 euro 10 centimes le prix de la photo. Avec plus d’un boîtier dans son sac, Laurent alterne volontiers entre numérique et argentique, car la photo noir et blanc d’antan apporte une vraie réflexion autour de la photographie : « il faut éviter de devenir des “serials shooter ”. Philosophe, il estime que les deux peuvent encore cohabiter, mais je l’espère, tout comme l’ordinateur n’a pas supplanté le livre papier, que le numérique ne va pas tuer définitivement l’argentique ».

Le fruit de ces pérégrinations s’expose, se retrouve sur leur site Internet puis encore, les meilleurs clichés sont publiés selon un thème du mois dans leur magazine « Regards Parisiens ». Qu’ils soient fuyants, enjoués, vides, mélancoliques ou encore préoccupés… le regard porté sur ces parisiens se veut spontané avec la vocation de capturer « le temps qui nous échappe à tous ».

Laurent reconnaît arriver à court d’idées pour trouver le titre des photos, alors il avoue avoir « décidé de mettre un nom imaginaire pour les personnages qu’il croisent dans la rue ». Une vision de Paris, certes, onirique mais loin des clichés

Daniel Latif
Photos : Cunione Photography

Collectif Regards Parisiens : https://www.regardsparisiens.fr/https://www.facebook.com/Regards.Parisiens/

Bravo les Jeux Olymfrics !

Bravo quoi ?

2024, les Jeux ne sont pas encore faits et on crie déjà victoire ?

Mais de quelle victoire parle-t-on ?

ET 2017, ON EN PARLE, SINON ?

Les coupes budgétaires, baisses des dotations de l’État ?

Les postes supprimés, la précarité salariale, la fermeture des bureaux de postes ?

Le recrutement des enseignants, de médecins, d’infirmiers et personnels hospitalier ? Et les casernes de pompiers et acteurs de l’urgence et du secourisme qui n’ont pas les moyens de renouveler leur matériel ?

La performance, la fiabilité et sécurité des transports en commun ?

Le nombre d’heures cumulées dans les bouchons ?

Quand il n’y a plus d’argent pour certains, il en reste toujours pour les encarts publicitaires. Allez, souriez et dites « bravo », « à nous les Jeux » Olymfrics !

Daniel Latif

Quand Pikachu égaye le train-train quotidien du bus

Il règne une étrange ambiance dans ce bus 21 de la RATP. Étonnamment, les passagers sont assis dans le silence et ont le sourire. Le regard amusé, ils observent la réaction des nouveaux arrivants. Tous, sans exception, valident leur titre de transport et restent interloqués, regardant le chauffeur… Aussitôt, ils s’humanisent. Certains sont admiratifs, d’autres dubitatifs s’interrogent à la vision de cette célèbre peluche jaune : « comment il s’appelle déjà ? Ah oui, mais c’est Pikachu !!! » puis ils disent ensuite bonjour au chauffeur. Chaque nouveau passager a son petit mot : « Oh ! Il est très beau le Pikachu ! » lance un Monsieur. « Pika, Pika, chu ! » s’amuse un touriste asiatique qui en profite pour prendre un cliché, les bons souvenirs refont surface.

Pikachu RATP

« PIKACHU CHANGE TOUT, JE NE FAIS RIEN, NI PLUS NI MOINS QU’UN AUTRE COLLÈGUE »

Domi est machiniste receveur à la RATP. Il n’est pas nécessairement fan du dessin animé japonais mais il raconte que sa fille lui a donné son Pikachu pour qu’il se sente « moins seul dans le bus ». Il prit donc l’habitude de le ranger dans son sac pour aller au travail. Un jour, alors qu’un touriste lui demande le plan de la ligne, notre chauffeur sort le Pokémon jaune de son sac, car assez volumineux, puis le pose nonchalamment sur le portillon. Les commentaires et remarques bienveillantes n’ont pas tardé à suivre, Domi se rend compte que Pika capte l’attention puis appelle naturellement à la gentillesse.
« Ça change tout et je ne fais rien, ni plus ni moins qu’un autre collègue ». Depuis, la souris jaune fait tous les trajets de nuits en sa compagnie sur la ligne 38.

Conscient que l’image d’une grosse bestiole jaune peut provoquer quelques moqueries, il assume et préfère en rire lui aussi car « cela permet de briser la glace et l’image austère du chauffeur puis cela apporte de la bonne humeur ».

bus RATP BonjourAlors que les bus RATP abondent d’affiches appelant à la courtoisie, caricaturant le lot d’incivilités qui se produisent quotidiennement dans les transports en commun, qui aurait pu croire qu’une simple peluche pourrait rendre les conditions de voyage dans un bus des plus agréables ?

Vous pourrez croiser Pikachu sur les lignes 38, 28, 21 et 88.

Daniel Latif

Stationnement : les ruses pour ne pas payer

Abus de stationnement Caducée Daniel Latif

Abus de stationnement dans Paris, caducée médecin, cocarde avocat, macaron et fausses carte handicapé GIC, etc.
Dis-moi ce que tu affiches derrière le pare-brise et je te dirai qui tu es…

Florilège des ruses pour éviter les amendes et ne pas payer, dossier à lire sur Le Point.

Dis-moi ce que tu affiches derrière le pare-brise et je te dirai qui tu es…

Abus de stationnement Caducée Daniel Latif

Abus de stationnement dans Paris, caducée médecin, cocarde avocat, macaron et fausses carte handicapé GIC, etc.
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Florilège des ruses pour éviter les amendes et ne pas payer, dossier à lire sur Le Point.