Parenthèse enchantée au Grand hôtel de la Cloche à Dijon

Les premières foulées dans Dijon ont de quoi déboussoler le touriste qui arrive par la gare. Après avoir longé ce jardin dont l’emblème est un ours polaire, l’on reste frappé par la théâtralité qui règne sur la place Darcy. 

Un arc de Triomphe en guise d’entrée vers le cœur du vieux Dijon, un cinéma à la façade pittoresque mais surtout ce Grand Hôtel la Cloche, une institution qui affiche une façade à la façon d’un château palace. 

Le Grand hôtel de la Cloche ou « La Cloche », pour les intimes, c’est plus qu’un simple cinq étoiles. Ce monument classé incarne un lieu de vie à la hauteur du Palais des ducs de Bourgogne. « Ce lieu qui a une grande empreinte artistique, est un endroit propice où l’on a plaisir d’échanger et créer un moment des plus poétiques » présente Anouchka Dagaeff, Chef de la réception. 

Dès l’entrée, le regard se pose sur ce lustre qui trône majestueusement. En face, un portrait de Gustave Eiffel, dijonnais notoire, peint par l’artiste Yan Pei-Ming, diplômé des Beaux-Arts de Dijon et dijonnais depuis le siècle dernier. 

Le lobby, illuminé par ces grandes baies vitrées, se compose naturellement en quatre recoins différents à la façon de petits salons ouverts, sorte d’antichambre décloisonnées, qui mènent respectivement vers le restaurant, le bar ou vers les chambres. 

Direction les chambres, avec cet ascenseur qui vous gratifie d’un carillon à l’ouverture des portes : « dang, ding, dong ! ». Foulez la moquette, et laissez-vous replonger dans les classiques de la littérature avec ce poème d’Alphonse Lamartine ou ces extraits des romans de Colette. Les rêveurs se laisseront happer par les tableaux présents le long des couloirs. Des apparitions surprenantes et inattendues comme cette reproduction de chefs d’œuvres, telles le Repos de Jean-François Colson, peintre dijonnais. 

L’entrée en Chambre supérieure est des plus épiques notamment lorsque vous apercevez ce dessin agrandi d’une Étude d’oreille et de nez par François Devosge, datant du XVIIIème siècle en guise de tête de lit. Chacune des 88 chambres a sa représentation pittoresque unique, ce qui leur confère un charme des plus singuliers. 

« Le fait d’être un hôtel à taille humaine nous permet de mieux connaître nos clients et de privilégier un accueil personnalisé » détaille Noël Lazarini, Directeur du Grand Hôtel La Cloche.

Six oreillers haut de gamme, en duvet naturel, vous invitent aussitôt à plonger dans le lit queen size. Les rideaux violets parfaitement occultants et une isolation double vitrage pour garantir un sommeil 5 étoiles. Des petites attentions y ont été déposées comme cette boîte de quatre chocolats de fabrication artisanale de la maison Esprit Gourmand. 

Dans la salle de bains, l’hôtel met à disposition ce savon liquide aux polyphénols de Chardonnay. Une singularité développée par Vinésime qui donne une sensation de fraîcheur avec des notes gourmandes et délicieusement toniques, déclinée en lait pour le corps, shampooing et gel douche. 

Rendez-vous est pris pour un accès pendant une heure au Spa by La Cloche. Accessible grâce à un ascenseur dédié, ce qui permet d’enfiler de sa chambre le peignoir et de s’y rendre en toute discrétion au -1. « En Bourgogne, c’est bon signe quand on va à la cave » s’amusait ce client de passage au pavillon de la Cloche pour un séminaire d’entreprise. Se doutait-il que dans le prolongement des salles de déjeuner au sous-sol, se trouvait un havre de paix de 200 m² — en plein cœur de Dijon — aménagé sous les anciennes voûtes de pierre de l’hôtel. Vous voilà en immersion dans un univers dédié au bien-être avec une piscine aux lumières apaisantes avec un coin jacuzzi et couloir de nage à contre-courant. Petite curiosité, cette douche multisensorielle des plus dépaysantes et revigorantes, un sauna et hammam puis un espace de repos avec tisanerie.

Il est temps de regagner notre chambre qui offre une vue imprenable sur la place Darcy, le jardin Darcy illuminé de bleu puis la cathédrale de Saint-Bénigne avec sa flèche, ses clochers et sa toiture traditionnelle en tuile vernissée de Bourgogne. Une vue qui vous fera longuement hésiter à fermer, ou non, les rideaux. 

Le lendemain, on ouvre les fenêtres du balcon Haussmannien et l’on se dit que l’on aimerait bien se réveiller tous les matins avec cette vue. 

C’est l’heure du petit-déjeuner qui a lieu dans le restaurant de l’hôtel. On mesure la qualité d’un hôtel, par la qualité de son petit déjeuner. 

On retrouve les éternels classiques croissants et pains au chocolat ou encore les œufs brouillés et du bacon, aux côtés des références sucrées comme les crêpes, le pain perdu, gaufres et pancakes au sirop d’érable. 

Les jus fraîchement pressés de pamplemousse, citron, orange, également un jus detox alliant pomme, mangue et gingembre. Des fruits frais ou secs, des dattes jusqu’au saumon fumé, le choix est des plus variés. 

Très attachés au fait maison, les artisans de la Cloche ont poussé le soin jusqu’à confectionner leur propre pâtes à tartiner. Les confitures bio de framboise, abricot, clémentines, fraise rhubarbe, de Noël avec poire, coings, épices mais Cassis sont aussi faites maison. 

Un très large choix parmi le buffet qui va des verrines au lait d’amande et graines de chia jusqu’au jambon persillé. 

Aucune envie n’a été oubliée notamment quand on aperçoit ce « Coin bourguignon » avec du pain d’épices, fait maison, lui aussi avec la recette que vous pourrez emporter avec vous. 

Sans oublier, le véritable délice de pommard, ce fromage frais de lait de vache entouré de graines de moutarde et un cake au cassis maison.

Pour les curieux qui n’auraient pas eu le temps de la goûter, deux pots de moutarde de Dijon classique et à l’ancienne en grains de la moutarderie Edmond Fallot. 

L’omelette délicatement préparée, à votre goût, est délicieuse. Une belle assiette haut en couleur et saveurs, qui invite même, avec l’arrivée des beaux jours, à se poser à l’extérieur dans la cour, idéale pour émerger en douceur dans ce coin de nature et profiter pleinement de ce petit déjeuner de Duc qui en ferait gémir l’ours d’Orlinski.

Pour continuer l’évasion au Bar de La Cloche autour d’un Kir

À lire également en anglais sur The Interior Review

Daniel Latif
Photos : DL /DR

KLM Premium Confort : la marche avant la Business Class

Griffée d’une couronne et drapée de bleu céleste, la flotte de la Royale Compagnie est reconnaissable entre toutes. À l’avant du Boeing 777-300, l’on remarque au niveau des fenêtres du cockpit la mention « SkyTeam Air France KLM ». On est certes en famille et pourtant il y a une différence notoire lorsque l’on pénètre à bord. 

L’avion est flambant neuf, l’aile est reluisante comparé à ce qu’on a l’habitude d’avoir sur les flottes Air France où l’on aperçoit parfois des morceaux de l’aile rafistolés qui ont, sur un vol de la compagnie nationale française, sérieusement fait paniquer ma voisine de vol. 

En cabine Economy confort, chez KLM, les genoux ne cognent étonnamment pas le siège de devant — même quand ils sont allongés au maximum. Et il faut le souligner car du haut de mon mètre 86, les vols avec la nouvelle flotte Air France sont devenus insupportables. Alors pourquoi une telle différence entre les deux compagnies aériennes faisant partie du même groupe ? Sans doute parce que les Hollandais sont réputés pour leur grande taille, ce qui est loin d’être un mythe. Partant de ce constat, on peut facilement comprendre ce standard qui a tout d’un avantage des plus notoires pour les passagers en classe Éco. 

La Classe Premium, anciennement Premium Economy, est cette étape intermédiaire avant la fameuse Classe Affaires. Les sièges sont encore plus larges et confortables, chacun a son accoudoir, fini les jeux de coudes diplomatiques et embarrassants avec le voisin. Le dossier ergonomique s’adapte à votre dos et posture. Le maintien des jambes des plus idéal en raison de la configuration fauteuil, ce qui vous donne déjà une assise qui renforce l’effet cocooning. Le siège est inclinable et l’on peut quasiment trouver une position allongée avec les mollets relevés comme dans le fauteuil de Joey et Chandler dans Friends

Devant vous, un espace de rangement pour des bouteilles, un ordinateur ou tablette. Au-dessus, un autre filet de rangement à la fermeture douce pour y ranger un livre ou des lunettes. Un petit loquet se trouve au niveau de l’écran pour y accrocher une veste. Chaque passager a une vraie prise électrique, en plus d’une prise de recharge USB et USB-C. Un vrai casque absorbant avec annulation de bruit est fourni, ce qui a le mérite de rendre le voyage des plus sereins et vous laisser aller à une vraie session d’écoute musicale parmi un choix d’albums des plus variés. 

La sélection de séries télé et filmiques laissant quelque peu à désirer. On regrette fortement l’absence frappante de ces séries télé comme Friends, Will and Grace ou The Nanny. Des classiques de la sitcom états-unienne incontournables, d’autant plus quand on s’envole vers New-York. 

Une offre WiFi est disponible gratuitement et vous propose internet à usage limité aux services de messagerie instantanée mais dont l’envoi et la réception de photos est très lent pour ne pas dire restreint. Pour une utilisation de bande passante permettant l’envoi de mails avec pièces-jointes ou accéder aux services de streaming pour 38 euros. 

Une trousse de toilette, laundry bag, à base de matériaux et textiles recyclés contenant un masque, une brosse à dents en bambou, des bouchons d’oreilles vous est offerte à chaque passager. 

On savait que le temps file dans un lounge à cause de la pléthore d’activités proposées. Ici, le confort notoire et le fait de communiquer en ligne feront passer le voyage encore plus rapidement. 

C’est l’heure du service, avec d’abord un apéritif qui vous est proposé. Pas de Champagne hélas, juste un Cava mais on se laisse séduire par cette intrigante bouteille en forme de tube qui est un Espresso Martini de Bols cocktails. Le célèbre cocktail, ici à base de liqueur de café, Galliano et de ristretto avec une vodka Bols est déjà préparé, il vous suffit de shaker et vous êtes servis. Pour accompagner l’apéro, rien de tel qu’un snacks des plus sains avec ce mélange de noix de cajou, noix et amandes. 

Arrive ensuite le plateau repas. En entrée, crevettes épicées au chili sur un lit de salade de riz sauvage à la mangue et aux tomates séchées, le tout nappé de crème de coco et de raifort. Côté plats chauds, vous avez le choix entre poulet tandoori mariné ou ravioli d’aubergines et légumes et sauce tomates aux herbes. Détail drôle qui va faire hurler les bretons, le vrai beurre non salé et une amusante salière poivrière deux en un. 

À côté, des fromages dont de la tomme de fenugrec, fromage bleu crémeux aux raisins secs et pignons de pin, servis avec des raisins. 

Le meilleur pour la fin, avec une glace au cherry cheesecake de chez Dessert Meesters avec une glace à base de mascarpone, morceaux de cookie et sauce cerise. 

Quelques heures plus tard, un repas léger est également servi avant l’atterrissage. Il s’agit d’une salade de pâtes fraîches Florentine avec concombre, tomate cerise, laitue frisée et olives Taggiasca, garnie de pousses de petits pois. En accompagnement, un délicieux poulet asiatique au sésame puis un gâteau citron-pomme. 

Le voyage vaut le détour avec KLM car il s’agit de la même famille qu’Air France, ainsi vous bénéficiez toujours des avantages des Miles et XP puis vous faites l’expérience d’un voyage avec un personnel chaleureux, très attentionné et soucieux de tout mettre en place pour que le voyageur passe un vol dans les meilleures conditions.

L’Arlatan : hôtel très particulier à Arles

Au détour d’une flânerie autour des arènes d’Arles, il est difficile d’imaginer que la rue du Sauvage abrite un immense hôtel particulier qui s’étend sur plus de 4 000 mètres carrés. 

À tel point, qu’une fois le check-in effectué, le réceptionniste vous accompagne jusqu’à votre chambre afin de vous orienter dans ce labyrinthe. Et pour cause, nous traversons cette cour, pavée de vieilles pierres, qui mêle une ambiance à la fois tropicale et provençale. On aperçoit à droite, une piscine extérieure dont on devine déjà la température glaciale. Nous nous engouffrons dans cet autre bâtiment où se trouve le restaurant, ensuite nous arrivons à une autre porte qui mène à un escalier en colimaçon qui vous emporte dans un tourbillon aux inspirations art contemporain où trône un chandelier des plus arty. Nous traversons le palier du premier étage, puis passons une autre porte et arrivons enfin dans un couloir des plus cinématographiques dont le sol a été orné de mosaïques faites à la main. 

Les portes et leur encadrement font penser à des toiles de peintures à l’huile aux motifs des plus abstraits. Une fois déverrouillée et le seuil franchi, l’on est aussitôt empli par la chaleur des couleurs vives dominant la pièce qui est très haut de plafond et laisse apercevoir ces poutres apparentes centenaires ou encore ce pan de mur d’une ancienne basilique romaine. 

Cette décoration multi couleur des plus ensoleillées est l’œuvre de l’artiste cubain Jorge Pardo qui s’est assuré de prolonger cette continuité esthétique des mosaïques jusque dans la salle de bain. 

Le mobilier, lui non plus, n’a pas été négligé avec cette chaise à bascule et son repose pied rétro, ces luminaires nébuleux ou encore ces armoires uniques et sur mesure qui au-delà de leur fonctionnalité s’élèvent au rang d’œuvre d’art. 

Des nougats caramels, mais également des fruits vous sont offerts avec ces bouteilles, d’eau plate ou pétillante, en verre. Des victuailles, qu’il faut absolument déguster dans un bain de mousse avec cette « gelée lavante » à la lavande de Végétalement Provence. 

On ne pouvait rêver mieux pour se détendre avant de s’endormir dans une literie des plus confortables et aux traversins qui vous feront passer une belle nuitée.

Daniel Latif

Central Park on ice

Il s’agit probablement de la patinoire la plus connue dans le monde : la patinoire Wollman Ice rink NYC. Même si vous n’avez jamais été à New-York, vous l’avez probablement aperçue dans cette scène du cultissime film Maman, j’ai encore raté l’avion, Home Alone 2, avec les casseurs flotteurs, qui prévoient leur prochain sale coup.

Cachée au cœur de Central Park, cette immense patinoire à ciel ouvert, avec de la vraie glace, elle offre une vue à couper le souffle sur les gratte-ciels de Manhattan. Pour y accéder, la meilleure entrée se trouve du côté du Plaza Hotel, ou bien au gré d’une déambulation dans Central Park, ce qui, comme pour moi, aura le mérite d’encore plus vous surprendre. 

Cette patinoire iconique, symbole de l’hiver à New-York, est plus qu’une simple piste où l’on tourne en rond. En effet, elle accueille sur un pan des entraînements de hockey ou de patin artistique, pour tous les âges. On se laisse rêver à la vue de la Billionaires’ Row, une nouvelle génération de gratte-ciel ultra fins mais dont la hauteur ultra dominante est une autre façon pour les milliardaires d’afficher encore plus leur richesse.

Les patineurs sont choyés par du très bon son. Mieux qu’une playlist musicale, la patinoire Wollman dispose de sa propre radio avec ses jingles qui s’enchaînent proprement et garantissent l’effet féérie de façon constante. La bonne ambiance est au rendez-vous, des chefs de piste sont présents et s’assurent que tout se passe comme sur des roulettes. C’est le moment crépusculaire, un magnifique panachage de couleur s’étire dans le ciel pour rapidement afficher cette carte postale d’un New-York by night où toutes les lumières des tours depuis longtemps désertées restent allumées. 

C’est également un lieu où l’on peut se restaurer au Wollman Café où sont servies des boissons chaudes et des snacks. La patinoire Wollman ice rink propose des petits espaces dédiés et privatifs pour différentes occasions. Une bonne raison de chausser les patins et de serpenter sur la glace d’un lieu mythique qui fête aujourd’hui ses 75 ans. Argument ultime, qui m’a fait chausser, pour la première fois depuis le siècle dernier, des patins de location. Alors, à tous les patineurs en partance pour New-York, n’oubliez pas d’emporter vos patins à glace — et votre brosse à dents, bien-sûr !

Daniel Latif

Lounge de New-York : la french touch AF à NY

Situé à l’autre extrémité de l’aéroport John F. Kennedy, le salon Air France de New-York cache derrière une porte opaque vitrée un lounge inattendu. En effet, un salon en duplex avec dès l’entrée à votre droite, l’espace soin Clarins qui propose vingt minutes de relaxation et un soin du visage. 

Le rez-de-chaussée est plein alors l’on prend l’escalator pour accéder à cette extension à l’étage qui offre la plus belle vue sur la piste et les avions, mais surtout sur la Skyline de New-York — particulièrement lors du coucher de soleil. 

Le mobilier se compose essentiellement de chaises et tables dans une configuration deux personnes, si bien que vous vous retrouverez rapidement à manquer de place car les passagers aiment à occuper l’autre fauteuil avec leurs sac ou blouson. Car, on déteste tous devoir partager une table avec un inconnu et c’est bien dommage. 

Une table et une rotonde sont délimitées par un ruban rouge Sky Priority, et une pancarte indique clairement réservé aux clients Ultimate. Il s’agit du plus haut statut voyageur chez Air France, et les compagnies faisant partie de Sky team, qui voyagent six fois plus qu’un passager Platinum. 

Côté buffet, Air France vous propose des plats chauds typiques français comme un bœuf bourguignon, un gratin dauphinois bien chargé de fromage qui file abondamment, du saumon lentement cuit, à la texture fondante, et enfin les incontournables quiches et croque-monsieur. 

Les palmiers on ne peut plus étouffe-chrétien, la tarte aux pommes visuellement alléchante qui s’est révélée des plus industrielles, heureusement les madeleines de qualité ont ce goût de reviens-y et se marient parfaitement avec le champagne Joseph Perrier, cuvée Royale, dont la bouteille ventrue et son col serré rappelle ces anciens beaux flacons. 

Côté vin rouge, Air France ne plaisante pas et propose un Bourgogne 2022 Joseph Drouhin. On reste dans la région avec cette curiosité, ce Gin de la maison Gabriel Boudier, liquoriste à Dijon depuis 1874. 

Après un tel festin, l’envie d’une sieste est des plus tentante, et si en plus vous aviez rendez-vous à l’espace soin Clarins, prenez garde à ne pas vous endormir dans cette bulle de relaxation des plus reposantes.

C’est le moment crépusculaire et l’on a absolument plus l’envie de décoller. Et pourtant, l’embarquement a déjà commencé. Let’s go et bon voyage, comme ils disent ici.

Salut la compagnie !

Coup de foudre à la Trump Tower

À quelques encablures de Central Park, sur la 5ème avenue, se trouve la Trump Tower. Sous le premier mandat de Donald Trump, les agents des services secrets y montaient la garde en permanence et les visiteurs devaient passer à travers un portique de sécurité avec des contrôles similaires aux aéroports en raison de la présence très régulière du magnat de l’immobilier qui y séjourne notamment les weekend. 

Le Président Trump réside désormais à la Maison Blanche à Washington. Il y a toujours une présence policière aux alentours mais plus de contrôle à l’entrée de la Trump Tower. 

Assis au bar du restaurant le « Trump Grill » — où trône un tableau du charismatique père de Donald, Fred Trump — je décide de tester le fameux menu « Prix fixe » à 47 dollars. En entrée, c’est salade César ou soupe du jour.

À ma gauche, au bout du comptoir, Jeff, habillé d’un jean Levi’s et d’un pull rose, double chaîne, dont une avec une croix bien pendante, au look typique étasunien. L’homme a un certain flegme, dont l’intonation de voix charismatique, qui rappellerait un personnage tout droit sorti d’une de ces sitcoms US des années 90. Il semble bien connaître la maison et s’entretient régulièrement avec Luca, la directrice du restaurant.

Arrive une dame avec son bonnet sur la tête, qui s’installe à ses côtés. Elle commande une coupe de Champagne, lui a déjà sa pinte de bière. Ils se regardent, se sourient et ont l’air de se connaître puis commencent à échanger des banalités sur leur début de journée quand soudain, la femme retire son bonnet et enlève son manteau :
« enchanté, je suis Lisa, je suis de Californie
Pareillement, Jeff, je suis de Pennsylvanie »

Serait-ce un début de « date » après avoir déjà conversé en ligne ou une conversation codée ? Je tends l’oreille, tout en finissant la soupe minestrone. 

Arrive un jeune homme qui demande s’il peut s’asseoir aux côtés de Lisa. Il commande un « Burger Trump » et un Coca-Cola, puis se joint naturellement à leur conversation, comme s’il était un ami de longue date. Le « Burger Trump » est un burger signature dont la sauce est « spéciale » au « fromage américain ». Pas impressionnant du tout. Le garçon plie son déjeuner, paye et s’en va aussitôt.

Il me reste encore trois alternatives : le « black bean burger », version végétarienne avec sauce Chipotle, fromage américain, avocat et pickles d’oignons. Non, merci ! Le « Cajun chicken sandwich », fromage au poivre, bacon, mayonnaise chipotle et avocat. Bof…

Enfin, le « Prime NY Strip steak », une belle pièce de bœuf recouvert de sauce au poivre, saupoudré de persil et accompagné de frites maison. « C’est le plat préféré de Donald Trump » recommande Luca. Pour ce plat, comptez un supplément de 20 $. 

Vient la question cruciale de la cuisson :
« rare, s’il vous plaît
Saignant ?
Tout à fait ! » lancé-je impressionné

Pendant ce temps, nos deux amis échangeaient sur leurs vies respectives : « j’étais marié, divorcé, contrairement à mes frères et sœurs, je n’ai fait aucune étude mais j’ai toujours su me débrouiller. Et j’ai pris ma retraite anticipée quand j’ai vu que tout le monde autour de moi disparaissait. C’est à ce moment que j’ai pris conscience qu’il était temps de vivre » confesse Jeff à Lisa qui boit ses paroles…

Arrive le fameux plat préféré du Président Trump. Un verre de vin est offert dans le « prix fixe menu », j’opte pour le verre de Showdown, un vin rouge Cabernet sauvignon de Californie. Un étonnant rouge, à la robe puissante, parfaitement construit, qui inspire le soleil à chaque gorgée, laissant de douces notes sucrées en bouche.

Le fondant du « Prime NY Strip Steak », dont la cuisson parfaitement maîtrisée, sa sauce au poivre mêlée à son jus qui donne encore plus de saveur aux frites, faites maison, ponctué de ce surprenant vin californien m’ont plongé dans un moment hors du temps où je savoure chaque bouchée. 

« Ce jeune homme a l’air de se régaler » commente Lisa, qui poursuit dans le récit en détail de son curriculum vitæ avec Jeff, tout en m’observant.

« Cette viande me donne l’envie d’en prendre une bouchée, vous me la recommandez ? Relance-t-elle
Absolument, tout est délicieux ! Habituellement, je n’aime pas les frites mais là je me suis délecté de leur fraîcheur et de leur croustillant.
Ça se voit, je vous observe depuis tout à l’heure et nous autres américains nous mangeons trop vite. Je n’ai jamais vu quelqu’un manger avec autant de raffinement et prendre autant son temps. Ça doit être le côté français. Et de poursuivre, enchanté, moi c’est Lisa et voici Jeff, nous venons de nous rencontrer à l’instant.
Votre proximité, vos regards dégagent une harmonie qui laisse à croire que vous vous connaissez depuis de nombreuses années.
Et pourtant… je viens tout juste de le rencontrer : je me suis approchée pour prendre un verre avec ce monsieur, car il m’intriguait. Vous pensez qu’on va finir ensemble ?
Je perçois une complicité qui vous conduira vers une grande amitié, qui mènera naturellement aux grandes amours.

Lisa semble ravie de connaître ma perception, Jeff en rougit et se rapprochant d’elle : « c’est vrai qu’on s’entend bien alors qu’on vient seulement de se rencontrer », lance-t-il tout émoustillé. Ils se regardent et s’embrassent aussitôt. Le spectacle amoureux est aussi beau que spontané. 

Le chef a été généreux, j’ai eu deux boules de glace au café. Servies dans ce pot en carton « Trump sweets », je me saisis de la cuillère en plastique et prends une bouchée. Lisa ne perd pas le Nord : « je vais vous commander un steak, comme celui du jeune homme qui me donne envie » annonce-t-elle à Luca. 
Il est quinze heures Madame, les cuisines sont fermées. »

Jeff lui propose d’aller manger dans un restaurant qu’il connaît dans le quartier, ce qu’elle accepte. Il paye, elle refuse, elle veut payer, il insiste, elle hausse le ton : « Jeff, stop it ! »

Elle demande à la maîtresse des lieux le livre d’or de Trump puis s’éloigne pour y écrire un mystérieux message. 

Elle revient et prend Jeff par le bras : « allons-y !
Qu’as-tu écrit dans le livre d’or ?
Un message personnellement adressé à Donald Trump.
M. Trump lit personnellement tous les messages qui y sont inscrits » précise Luca qui referme soigneusement le livre et le range aussitôt. 

Eu regard du grand sourire dessiné sur le visage de Luca, on pourrait très probablement penser que Lisa a pris le soin d’informer le Président Trump qu’il devrait adapter les horaires de son restaurant au rythme New-Yorkais.

Pas le temps de roter dans un moyen courrier

Quand c’est pas dans le lounge, Michel Roth invite aussi à sa table dans les airs à bord d’un Embraer 170. Le ticket d’entrée pour accéder à la cuisine de ce Chef français, Meilleur ouvrier de France et Bocuse d’Or, est au prix d’une carte d’embarquement en Business.

Au menu de ce repas presque gastronomique dans les airs : Crevettes snackées, sauce homardine à l’estragon, riz rouge, champignons et sarrasin grillé.

Pas évident de manger sur son plateau lorsque le voisin de devant a incliné son siège à fond. On se retrouve donc obligé de jouer les acrobates avec les couverts et forcément à en mettre même partout.

La tranche de Cantal AOP et de Saint-Nectaire n’auront pas fait long feu. Surtout avec ce pain cosmique, sorte de bloc sorti des fourneaux de l’espace qui ne donne absolument pas envie mais qui avec ce beurre doux reste passable.

On ne va pas se plaindre, c’est toujours mieux que le pseudo morceau de pain tartiné qu’on refuse volontiers mais qu’on prend quand même parce qu’on a faim.

« PNC niveau 100 », jargonne le pilote à la radio. L’avion entame sa descente, le plateau, lui aussi, suit la trajectoire et commence à pencher.

Les oreilles se bouchent, je n’ai pas encore entamé ce moelleux au chocolat. Je demande une coupe pour accompagner le dessert. L’hôtesse troque mon plateau contre un verre. J’avale en deux temps trois mouvements ce fondant qui n’a pas vraiment fondu.

Dix minutes plus tard, nous atterrissons. Pas même eu le temps d’un café ou d’un thé — ni même de roter. C’est le jeu du moyen courrier.

Allez, salut la compagnie !

Iberia ne baisse pas les bras

« Iberia, no me gusta ! » c’est ce que j’ai lancé à ce passager italien qui se lamentait de ne pas avoir plus d’information sur le retard ou l’éventuelle annulation du vol IB3406, Madrid – Orly. 

Notre vol semblait compromis depuis ce matin où un mail de la compagnie nationale espagnole nous informait d’un changement d’horaire sur le vol initialement prévu pour 14h. Certains confrères avaient déjà reçu leur carte d’embarquement pour le vol de 16h.

Le vol de 11h, annoncé porte M24 et 25, est affiché en retard sur les écrans mais toujours pas de porte affichée pour celui de 14h. Voyant tout le monde scotché devant les écrans, en attendant Godot, je décide quand même de me diriger vers la porte M24. Un pari risqué, car les portes M sont situées à l’autre extrémité de l’aéroport et pour y accéder, il faut prendre une navette. Allez, salut la compagnie !

Après un périple digne d’un parcours UTMB, à descendre des escalators, embarquer dans la navette, faire un trajet assez conséquent puis remonter des escaliers, j’arrive enfin devant la porte d’embarquement M24. Seul, devant le comptoir, le vol pour Orly de 11h y est bien affiché. 

Ce n’est qu’une vingtaine de minutes plus tard qu’une horde de voyageurs arrive. Ça y est, ça commence déjà à soupirer, d’autres à se prendre la tête. Puis, les fameux impatients aux cents pas, qui vont et viennent au comptoir. Arrive enfin une hôtesse d’escale, toute tranquille qui s’installe à son ordinateur feignant de ne pas entendre la rumeur qui gronde. 

Voyant tout le monde s’affairer avec leur carte d’embarquement, je décide de vérifier mon billet. Et là, c’est la panique… le numéro de vol de ma carte d’embarquement ne colle pas avec celui affiché sur l’écran. Je me connecte aussitôt sur le site Iberia, je procède au check-in avec le risque de voir ma carte précédente annulée et de voir un message qui me ferait perdre toute dignité, surtout que je suis le premier de la file pour embarquer.

Choix du vol, clic, clic… choix du siège, clac clac… tiens donc,  je viens de passer du siège 15F au siège 15J. Je lève les yeux et me rends compte de la présence d’un Airbus A350-900 en bout de la passerelle aéroportuaire. Iberia aurait-il affrété ce bel oiseau flambant neuf pour rattraper le retard des deux vols ? Un collègue trouve l’entreprise trop ambitieuse pour un moyen courrier. Bingo, mon intuition était la bonne. 

Nostalgie à bord d’un Airbus A350

C’est ainsi que j’ai pu embarquer pour la première fois à bord d’un Airbus A350, un imposant coucou qui trône juste en face de son grand frère le regretté Airbus A380-800, toujours opérationnel chez Emirates — mais qu’Air France s’est empressé de se débarrasser après la pandémie. Même s’il n’a qu’un seul étage, l’A350 a un gabarit assez conséquent et on le ressent rien qu’à l’embarquement. 

À bord, je me retrouve en classe Premium economy, avec des sièges relativement confortables, des vrais casques audio englobants les oreilles pour réduire le bruit en cabine mais surtout la possibilité de relever les jambes comme le fauteuil de Joey et Chandler dans Friends

En parlant de Friends, l’écran en face à moi propose un catalogue de films et de séries télé à faire pâlir n’importe quelle plateforme. En effet, parmi la pléthore de sitcoms, les 10 saisons de Friends y sont proposées, également la saison 1 de The Golden Girls. Nous sommes bien en 2024, vous ne rêvez pas ! Et pour cause, le reboot de Full House, plus connu sous le nom de la Fête à la maison, Fuller House, y est proposé ou encore le sequel de la cultissime série Will & Grace, une suite, onze ans après, avec les même acteurs. 

Voilà de quoi ravir certains spécialistes sérivores. Seul souci, le vol ne dure pas longtemps, les instructions de sécurité et les interminables annonces inutiles puis tout le blabla — en espagnol et en anglais — du pilote s’excusant pour le retard ont pour effet de mettre en pause la diffusion. Or, le petit carré en bas de l’écran m’indique qu’il ne reste 1h18 avant l’atterrissage. Il va falloir être précis dans son choix de programmation. Challenge accepté, c’est parti pour le marathon de sitcoms. 

Daniel Latif

Demi Sky Priority

C’est une nouvelle mode dans certains aéroports tels que Nice, Marseille, Copenhague, Istanbul, Barcelone, Hanover, Milan, entre autres… que de vous frustrer lors d’un voyage à deux. En effet, si votre billet vous permet de passer en Sky Priority et que vous voyagez avec votre ami, compagne, collègue ; ce dernier sera systématiquement refoulé du « fast track ». Lumière rouge à Barcelone pour mon photographe qui m’accompagne sur un reportage : « Monsieur est avec moi…
– Non, il ne peut pas vous accompagner
– Si, il est avec moi, nous voyageons sur le même vol »

La dame tient absolument à jouer les chefaillons : « vous : oui ; lui, non »

Un policier passe à cet instant, voyant que la situation est toujours bloquée. Il inspecte mon billet et ne comprend pas non plus pourquoi madame ne veut pas me laisser passer avec mon accompagnant. N’osant pas contrarier sa collègue, il hausse les épaules et s’excuse de ne pouvoir rien faire dans cette situation. 

Ce cas n’a plus rien de trivial et se produit souvent dans de nombreux aéroports, où l’on pourrait penser que chaque passage est facturé et retenu sur les salaires de ces sheriffs d’aéroport. Pourtant, il ne s’agit qu’un peu de bon sens et d’un minimum d’intelligence. 

Du côté d’Air France, on nous confirme bien que « ce manquement n’est conforme aux engagements Sky Priority envers les clients et afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise » cette énième mésaventure « a été prise en compte dans l’amélioration de notre service »

Voilà, comment un voyage peut rapidement mal tourner parce que votre compagne ou ami vous lance, avec un regard des plus culpabilisateurs : « donc, tu vas me laisser seul pour prendre les contrôles normaux ? »

Décision crève-cœur, qui semble être des plus égoïstes, certes, mais mieux vaut un demi Sky Priority, que plus de Sky Priority

Allez, salut la Compagnie !

Daniel Latif

Carte postale d’été

À l’heure où plus personne ne prend la délicatesse de s’écrire, à l’heure où les correspondances postales riment avec un autre temps que les moins de vingt ans ne peuvent connaître…

Voici, encore mieux qu’une carte postale, une parenthèse où se conjuguent les sons, les images mêlés à un doux parfum d’été. Au-delà de la performance théâtrale, cette synesthésie des plus intimistes s’intitule « J’avoue » et a réuni, autour de Daniel Latif, un cœur des plus prometteurs, le groupe Confessions. Avec au chant : Selen Karlikaya, Georgie Brown, Zara Asatrian, au piano Jazz Cuti, à la basse Adrien Legleye et Tudi Cariou à la batterie en direct de la plage de Saint-Nazaire.

Laissez-vous embarquer par cette vue imprenable sur l’océan atlantique, une caresse estivale, un rêve à observer et une douceur pour les oreilles orchestré par La Voix et Craig.

Une production Wolface pour Fréquence 3